Aujourd'hui, ça fait tout juste deux ans.

Deux ans que Gale m'a quitté du jour au lendemain après trois ans d'amour intense. Pourquoi est-il parti ? Je n'en sais fichtrement rien. Tout ce dont j'ai eu le droit était à un texto. Un misérable texto, aussi misérable que sa nouvelle copine, aussi misérable que sa nouvelle vie, heureux comme un imbécile. Tout lui réussit. Tout. Et moi, je suis presque six pieds sous terre.

Depuis deux ans, ma vie est inintéressante. Je suis à peu près restée au même point, je n'ai personne dans ma vie pour combler son absence et j'espère chaque soir un signe de sa part, ne serait-ce que pour apaiser ma souffrance, comprendre pourquoi il est réellement parti… même si j'ai ma petite idée sur la question.

Gale a été mon premier, sexuellement parlant. Et c'était réciproque. Ma mère m'avait prévenu. Elle m'avait dit qu'il n'était qu'un homme comme les autres et que je ferais mieux de me reconcentrer sur mes études, que je laissais de plus en plus en plan. Et qu'ai-je répondu ? Bordel, mais qu'ai-je répondu ce jour-là à ma mère ? Tenez-vous bien…

« Il n'est pas comme les autres. »

Oui, j'ai osé lui dire cette merde. Comme la dernière des abruties. Comme ces filles complètement niaises dont je me moque depuis l'âge de huit ans. J'étais devenue exactement ce que j'ai toujours haï. Mais j'étais tellement amoureuse…

Mon cul, qu'il n'était pas comme ça. Il est comme tous les autres, comme tous les hommes. Il a voulu voir si l'herbe n'était pas plus verte ailleurs. Il a voulu goûter aux plaisirs de la chair. Car je ne le satisfaisais pas. Il ne prenait pas son plaisir avec moi. Deux blaireaux du sexe, ce n'est pas ce qui va faire tourner l'usine.

Alors après trois ans, il est parti lamentablement. Et il n'est pas parti comme une fleur. Non. Monsieur a voulu marquer le coup. Alors pendant des mois, il a tout fait pour que je le haïsse. Et moi, complètement aveuglée par l'amour, je faisais de terribles efforts pour faire redémarrer mon couple, croyant dur comme fer que le problème venait de moi. Plus je faisais d'efforts, plus il me rejetait. Et quand il comprit que me rejeter n'était pas suffisant, il a commencé à m'insulter. Mal me traiter. Jusqu'au jour où il a pris les devants, en m'envoyant ce texto :

« Maintenant, c'est officiel. Toi et moi c'est terminé. »

Depuis je vis un enfer.

Ma mère en a rajouté des couches. Des « je t'avais prévenu », « tu ne m'écoutes jamais », « continue comme ça et tu vas tout rater dans ta vie »… Heureusement que ma sœur était là. Discuter avec elle remet les idées en place. Elle a beau être jeune, elle a été très franche avec moi sur son point de vue. Rien n'est grave. Il est parti, soit. La vie ne se termine pas là. Que s'arrêter à ce pauvre type était bien triste et qu'elle me savait capable de trouver un bien meilleur parti. Et puis, s'il est parti, s'il ne fait plus partie de ma vie, c'est que quelqu'un d'autre m'est destiné et qu'il s'agit là d'un mal pour un bien.

Elle est une fille qui est d'apparence fragile, mais garde une certaine froideur envers les garçons. C'est ce qui la rend si attirante à leurs yeux. Cette inaccessibilité. En moi, il ne voit que la fille chiante à problème qui va les agresser à la moindre conversation.

Pendant un an, je n'ai pas pu me laisser approcher par un garçon. Et puis, l'anniversaire de la première année de rupture approchant, il fallait absolument que je fasse quelque chose. Alors je me suis jetée dans le lit du premier venu… et ça a été l'extase. Le problème ne venait pas de moi…

Et puis je n'ai plus donné de nouvelles. Ce type a été un exutoire. Une histoire sans lendemain. Affaire classée.

Et je suis retombée en dépression. Après un an, Gale n'avait jamais cherché à me recontacter. J'avais des échos comme quoi il avait rencontré quelqu'un, qu'il avait un nouveau job, des projets… Et moi, case zéro. J'avais difficilement réussit à passer à l'année supérieure de mes études. Et toujours personne dans ma vie.

Puis, je me suis renfermée.

Je me suis jetée corps et âme dans mes études, ne pensant qu'à ça tout le temps et ait décroché une mention. C'était il y a cinq mois.

Depuis, beaucoup de choses ont basculé.

J'avais décidé de devenir une femme. A vingt-trois ans, il était grand temps. Nouvelle garde-robe, nouvelle coupe de cheveux. Il était temps que j'aille rencontrer des hommes.

Je me suis jetée trop vite dans ce genre de soirées, de sorties entre copines. Madge a été d'un grand secours. Elle a su me laisser faire mes propres bêtises pour me prouver à moi-même que je pouvais plaire. Sans me juger.

Et puis un soir que je rentrais bredouille de soirée, Madge me laissa en plan pour roucouler avec son nouveau passe-temps. Je n'étais tombée que sur des lourdingues de premières, des cas sociaux du Capitole et des mecs déjà en couple à la recherche de quelque chose pour pimenter leurs vies. Comme cent pourcent des soirées qu'on s'organise Madge et moi.

La maudissant, j'attendais le train dans une gare miteuse. Je me lamentais pour la trente-trois mille deux cent quarante-septième fois sur ma vie de merde lorsque quelqu'un me dérangeât.

- C'est à vous ?

Je fronce les sourcils avant de me retourner. Un beau brun aux yeux verts me temps un papier, m'interrogeant du regard.

- Je vous demande pardon, je demande un peu brusquement avant d'essayer de radoucir mes traits.

- Ce papier, c'est le vôtre ?

-Non, je ne crois pas…

Il semble un peu déçu et nous nous regardons un peu en silence, gêné. J'imagine qu'il se demande rapidement comment tenter une approche, puis semble se raviser.

- Oh, et bien… excusez-moi du dérangement. Bonne soirée…

Il me fait un petit sourire timide et s'en va. Il avait l'air si mignon, quel dommage…

- Hé ! hurlais-je après avoir été bousculée par quelqu'un.

Mon épaule me fait mal et je me mets à frotter ma main dessus.

- Je suis désolé. Je vous ai fait mal ?

- Quand même ! Marchez doucement la prochaine fois…, dis-je d'une voix faible sans lui accorder un regard, concentrée sur mon épaule qui commence à me faire grimacer.

- Excusez-moi, j'étais pensif. Ça va aller ?

- Ça devrait, oui… dis-je en soupirant.

Je finis par lever les yeux pour regarder mon « agresseur ». Un type plutôt sportif, bon chic, bon genre, blond, les yeux clairs, un côté métrosexuel… Tout ce qui ne m'attire pas chez un mec quoi. Et pour parfaire le tout, qu'est-ce que c'est que cet air à la fois fermé et niais ?

Il m'offre un petit sourire en coin coupable et semble moins pressé d'un coup.

- Vous prenez le train de 03h08 ?

- Oui. Vous aussi, je suppose ?

- C'est ça.

J'acquiesce et détourne le regard pour lui faire comprendre que je n'ai pas très envie d'être son amie. Je le vois néanmoins s'approcher doucement de moi.

- Ce n'est pas très prudent de s'aventurer dans cette gare à une heure pareille, dit-il de manière protectrice.

- Oui, mais quand on a pas le choix, on fait avec…

- J'imagine bien.

Allait-il continuer à me parler toute la nuit ou allait-il me ficher la paix ?

- Où habitez-vous ?

Bon. En temps normal, je lui aurai parlé de manière assez subtile pour qu'il comprenne que je m'en tape les burnes. Mais je suis tellement désespérée que je m'accroche à la moindre chaleur masculine.

- District 12. Et vous ?

- District 13. On pourra faire le chemin ensemble, ce sera plus rassurant.

Je profitais du passage d'un train sans arrêt qui nous plongea momentanément dans le noir pour faire les gros yeux et les lever au ciel. Bon sang, j'avais le droit à la totale lover boy ce soir.

Une fois le train arrivé, nous prîmes place l'un face à l'autre. Le voyage se passa correctement et cet homme m'intriguait de plus en plus.

Nous discutions de tout et de rien, semblait réellement se soucier de ma sécurité, ne regardais jamais mon décolleté plongeant ni mes jambes dénudées. Il ne parlait pas d'un éventuel rendez-vous, ne cherchait pas à savoir si j'avais quelqu'un dans ma vie. Un parfait gentleman. Trop beau pour être vrai.

- Ah. On arrive au District 12, déclare-t-il.

Je commence donc à me lever, inconfortée. Je ne sais pas si quel discours lui servir. Il s'est si bien comporté que je ne sais s'il attend de moi que je lui donne mon numéro ou autre. Puis, il se lève à son tour et fais mine de m'accompagner aux portes.

Je sors du train et m'emboîte le pas à l'extérieur. Je le dévisage le temps que le train quitte la gare, ne comprenant pas pourquoi me suivait-il.

- Vous ne vous rendez pas au district 13 ? je lui demande suspicieuse.

Il sourit, comme démasqué et baisse le regard.

- Je voulais m'assurer que vous rentreriez bien saine et sauve. Et je vous ai un peu menti. Je n'habite pas au district 13, je vis aujourd'hui au district 5.

Je hausse le sourcil et serre les dents avant de lui sourire.

- Je vois…, dis-je la voix pleine de sous-entendus.

Semblant ne pas suivre mon manège, il frappe dans ses mains, comme reprenant le contrôle de la situation.

- Bien, dit-il. Maintenant que je suis rassuré, je vous souhaite une excellente… - il jette un œil à sa montre – fin de nuit. Ce fût un plaisir. Rentrez bien.

Il me fait un signe de la tête et un sourire chaleureux, puis s'en va reprendre le train en sens inverse.

Cet homme a disparu dans la nuit. Il n'a pas demandé mon numéro, ni même mon nom. Il n'a jamais eu ni de gestes, ni de regards déplacés à mon égard. Il s'est juste assuré qu'une jeune femme d'apparence sans défenses puisse sainement rentrer chez soi.

Un gentleman.

Un gentleman comme il n'en existe plus.

Je n'arrive pas à croire que pour une fois, dans ma vie, je puisse tomber sur un homme bien. Un homme qui me veut du bien.

Serait-ce trop beau pour être vrai ?

Voilà une petite mise en contexte ! Pas grand chose, mais assez pour positionner l'intrigue ! N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, mais sachez que vous ne serez pas au bout de vos surprises :) Ne pensez pas que tout coulera de source... :p

Le narrateur de l'histoire ne sera pas Katniss. Ce sera un point de vue extérieur très concentré sur ses pensées. Et il y aura moins de pensées, plus de blabla. Le chapitre 1 est presque fini et plusieurs pages word de scènes pour la suite !

A très vite,

Palinka