« Aliz ! Tu as reçus une convocation du professeur Chimney ! Estimes-toi heureuse d'avoir reçue cette offre inespérée pour les autres habitants de Minolys ! Bon, je dois te laisser, alors en mon absence profite pleinement de votre entrevue. Bisou, ma belle. »
Ma cousine interrompit la discussion vidéo et l'écran de mon ordinateur s'éteignit aussitôt. Elle ne m'a pas laissé la moindre opportunité de placer un mot dans ce dialogue à sens unique. Je n'ai même pas eus le temps d'argumenter ma gêne.
C'est au même moment qu'arriva dans ma chambre un renard au pelage crémeux. J'orientai mon fauteuil vers l'animal et celui-ci vint poser son museau sur mes genoux. Je caressai son doux pelage de soie.
« Je le sens mal, cet entrevu. Pourquoi elle sollicite subitement ma venue dans son laboratoire ? Il doit y avoir une raison...
-Feunard, souffla l'animal.
-Et si... »
Aussitôt je me souvins de mes visites dans le laboratoire. Il est en accès libre pour les visiteurs voulant s'intéresser aux matériels employés par les scientifiques pour mener leurs études. De nombreuses écoles de la région viennent jusqu'à Minolys pour parvenir auprès du professeur Chimney et parfois elle se déplace jusqu'à des établissements prestigieux pour expliquer sa profession. D'où son titre. C'est une femme dynamique qui ne tient jamais en place mais surtout une grande tête en l'air que je trouve plutôt inquiétante quand je la croise.
La dernière fois que je l'ai vus, ce fut après les cours sur le chemin du retour. J'y suis allé jeté un coup d'œil et j'ai remarqué sur son bureau un prototype de pokéball mauve qu'on prétend lui avoir été exporté depuis une région lointaine. Alors que je l'examinai pour mieux étudier sa spécificité, un ordinateur s'est subitement allumé devant moi pour sonner bruyamment. Sous l'effet de la surprise, j'ai lâché l'objet tenu en main et comme qui dirait cassé la pokéball. Pourtant il n'y avait personne dans les alentours... Et si j'ai été filmé ? Pourquoi avoir attendu deux semaines alors... Pour me faire languir avant de me faire venir sur le lieu du crime pour me faire avouer mon méfait ? Voilà trop de choses à faire ! Je ne la savais aussi cruelle et calculatrice.
Le pokémon canidé se détache de moi pour quitter ma chambre. Il doit être affamé. Avant de le suivre, je sortis de mon placard une veste en jean et fouillai dans mes tiroirs pour en sortir une pokéball luisante. Toujours sortir avec un pokémon pour pouvoir se défendre contre de potentiels agresseurs, comme m'a toujours averti ma mère. Même si je n'en ai encore jamais croisé dans Minolyss, où les habitants sont réputés pour être pacifiques. C'est qu'ils n'ont pas tord.
Je n'oubliai pas de nourrir Flamingold avant d'enfiler mes baskets et de sortir dans le jardin. Par manque de boutiques, dont de ventes de véhicules, les habitants du coin circulent exclusivement à pied ou sur le dos d'un pokémon. On croise souvent des poneys, des chiens ou d'autres animaux aux pelages flamboyants. Pour ma part, je n'ai jamais éprouvé d'attachement envers les pokémon de type feu. Je lançai ma pokéball et celle-ci s'ouvrit pour libérer une gerbe de lumière qui s'élança dans le ciel toujours clair et dégagé en toute saison. Quand la lumière se dissipa, une longue créature se détacha du bleu du ciel pour venir se poser en douceur devant moi. Les perles ornant sa nuque scintillaient autant que ses yeux, c'est que Lilys est contente de me revoir. Malgré que je l'ai pas sortis de ma chambre depuis des années, elle ne montre aucune amertume envers ce qu'elle put légitimement interpréter comme de l'abandon. J'approche ma paume de son museau, elle poussa un petit cri pour manifester sa joie de nos retrouvailles.
« Prête à m'emmener jusqu'au laboratoire de maman ?
-Draco ! S'enthousiasma le pokémon, toujours ravie quand il s'agit de m'emmener jusqu'auprès du laboratoire familial pour profiter de sa piscine. Lilys ne manque jamais l'occasion de tremper ses plumes dans de l'eau de mer ou chargée en chlore tant qu'elle peut s'immerger dans de l'eau translucide.
-J'aimerai avoir ton enthousiasme... » soufflai-je pour moi-même, inquiète de la raison de notre déplacement.
