Un défi du Poney Fringant : la Flaque de boue.
Un sujet qui laisse une bonne marge de manœuvre pour l'interprétation, ce que j'ai l'habitude de faire de toute façon. Un sujet qui me plait donc, mais qui a été frappé de cette malédiction où on sait ce qu'on va dire, on a son plan, son histoire et des tournure indispensables, mais ça ne marche pas.
Voici donc ma flaque de boue, petite gadoue intellectuelle en attendant la neige, plus facile à manier quand même, et moins salissante.
Ce n'était d'abord qu'un murmure, la douce protestation du vent dans les branches d'aubépine en fleur. Le nuage lui a répondu, le ciel s'est assombri d'orgueil, il a envoyé ses hordes sombres faucher le jeune champs encore en herbe… La foudre a frappé le vieil arbre dans la cour, ses fleurs se sont flétries, avec elles notre insouciance.
J'ai vu le monde arrêté, figé, s'effritant, s'écroulant peu à peu par morceaux, et si le silence est revenu, si la pluie a cessé, que le vent est revenu comme un chat se caresser sur mon visage, nous avons perdu. L'espoir que nous avions en l'avenir, la foi en notre maître. La valse des saisons a repris pourtant, les semences ont rendu de nouvelles récoltes, qui ont gardé l'amer goût de celle qui a été perdue.
Partir vers les rives immortelles ? Terre, douce terre, je ne suis pas des belles gens à la vie épargnée, ni de ceux qui gardent le visage grave de ceux qui veillent sur eux gavé dans le marbre pour l'éternité. Leurs richesses ne sont pas les miennes, leur honneur ne fait pas éclore la rose. Je suis un humble jardinier, mais je revendique une sépulture grandiose : pour l'éternité sous les rayons d'or, couronné de fleurs fraîches, roi sous les étoiles ; car redeviendrai eau et terre, je rejoindrai ce qui me tenait le cœur, ceux que j'ai aimés, une flaque de boue, vestige du fugace orage d 'été.
