Ce soir dans cette chambre où toute intimité est impossible, nous venons tous les trois de nous témoigner notre amitié. Mais comment pourrais-je me lier d'amitié à une personne qui se méfie à ce point ?
Comment décoder ces yeux qui scrutent mon visage dans l'obscurité avec une telle intensité ?
Ce soir dans cette chambre où toute intimité est impossible, nos regards se fixent et nos yeux sont profondément rivés les uns aux autres. Les inspecteurs de police qui partagent notre quotidien se sont certainement assoupis devant les écrans qui continuent à enregistrer le moindre de nos faits et gestes.
Un léger tintement se fait entendre quand tu t'approches de moi, ce qui m'extrait de mes pensées. Ce bruit émane des menottes portées par les deux meilleurs ennemis au monde.
Je serre les poings et mon corps tremble malgré moi : je ne sais pas quelles sont tes intentions. Ta main se lève et tente d'atteindre mon visage. Dans un brusque mouvement de recul, ma main frappe la tienne, qui fait tinter plus fort la longue chaîne des menottes que tu portes.
Ce bruit ne réveille pourtant pas la troisième personne présente dans cette pièce, qui se tourne simplement pour retrouver son sommeil.
Une fois assurés de la profondeur son sommeil, nos regards reviennent s'arrimer l'un à l'autre.
Nullement alarmé par cette interruption, tu laisses ta main reprendre ce qu'elle avait précédemment entrepris et la poses sur ma cuisse.
Comprenant à présent où tu veux en venir, je veux te dire d'arrêter mais les mots restent coincés dans ma gorge. Des larmes d'impuissance coulent alors le long de mes joues pendant que ta main continue son exploration.
Dans un ultime mouvement de recul, j'arrive à m'extraire de ton champ d'action pour me blottir dans un coin de la pièce. Retenu par cette chaîne à ton meilleur ennemi qui dort, tu ne peux plus m'atteindre.
Ce n'est qu'à ce moment que ma bouche est enfin capable d'articuler ces quelques mots :
- Je… je croyais que nous étions amis… Ryuuzaki. Tu… tu sais que j'aime Light et que je lui suis fidèle.
Une fois cette phrase prononcée, je baisse la tête et, silencieusement, laisse couler mes larmes sur ma jupe.
Impassible, tu reprends ta place sur le canapé dans cette position qui te caractérise, et entames une nouvelle part de gâteau à la fraise.
