Au départ, c'était censé être un OS, mais je l'ai transformé en une fiction à chapitres parce qu'il était trop long… Je prévoie cinq chapitres. J'ai hésité à mettre Hunter et Blaine en personnages pour « Characters » parce que l'histoire tourne plus autour d'eux, mais bon… Je ne donne pas plus de détails, ENJOY!

Blaine : gras.

Hunter : italique.


* Blaine *

– Oh, oui, Kurt…

Je m'appelle Blaine Anderson. Et ce qui est en train de se passer dans ma salle de bains est dégoûtant.

– Kurt…

Je levai les yeux au ciel. Combien de temps ça allait encore durer ?

– Kurt !

Il pourrait quand même avoir un peu de respect pour moi, non ? Il sait très bien que je suis là, sur mon lit, en train de lire le dernier numéro du magazine "Vogue".

Enfin, après d'interminables minutes, il sortit de ma salle de bains, portant seulement une serviette autour de la taille. Il me regarda avec un sourire. Je ne le lui rendis pas. Il s'assit sur son propre lit, tout près du mien.

– Sebastian, combien de fois il va falloir que je te demande de mettre quelque chose sur toi après t'être douché ?

Le grand châtain rit et prit place près de moi en me murmurant tendrement :

– Mais tu aimes tellement me voir comme ça, pourtant…

Je haussai un sourcil. Est-ce qu'il me draguait vraiment ?

– C'est pas vrai. Va te mettre un truc, Smythe.

– Oooh, t'es pas marrant !

– Ça, je savais.

Mon colocataire me sourit une dernière fois et retourna dans la salle de bain. Je l'entendis parler avec un garçon à la voix haut perchée. Sûrement ce Kurt. Quelques secondes plus tard, Sebastian ressortit de notre salle de bains, sa chemise déboutonnée.

– Alors, tu me trouves comment ?

– C'est une question piège ?

– Roh, allez, sois sympa ! Réponds-moi !

– T'es beau.

Le brun sourit et s'approcha de moi. Il chuchota :

– Avoue que tu me trouves mieux que ça.

Je plantai mon regard dans le sien, sans répondre.

– Je le vois bien, Anderson. Je t'excite…

– Je te signale que ton "coup d'un soir" est encore dans la salle de bains.

– Qui ça, Kurt ? C'est pas mon "coup d'un soir", c'est mon petit ami.

– Ah oui ? Et dans combien de temps vous allez rompre ? Dix minutes ? fis-je, sarcastique.

– Ça fait un mois qu'on est ensemble. D'ailleurs, on va les fêter aujourd'hui.

Je haussai un sourcil. Lui ? Tenir un mois avec le même mec ? Attendez. Qui êtes-vous ? Sortez tout de suite du corps de Sebastian Smythe !

– Vraiment ? dis-je.

– Oui, je ne sais pas ce qui me prend. En plus, je ne l'ai pas encore trompé.

Pas encore ? Eh ben, t'es sacrément dérangé, toi.

Sebastian me sourit. Il boutonna sa chemise. Je regardai ma montre.

– Fais gaffe qu'il ne se noie. Ça fait presque une demi-heure qu'il est dans la salle de bains.

– Ouais, je sais. Il a son rituel d'hydratation à cette heure-là.

– Son quoi ?

– C'est pour hydrater sa peau, ou je ne sais pas trop quoi.

– T'aurais pas pu trouver plus gay ?

Sebastian rit.

– Je l'aime vraiment, se justifia-t-il.

Depuis quand Sebastian aimait-il les personnes avec lesquelles il couchait ? Ah oui, j'oubliais, Kurt n'était pas un coup d'un soir, c'était son petit ami. Peut-être que ce garçon avait su dresser Sebastian ?

– Mais…

– Mais ? l'encourageai-je.

Sebastian soupira. Il passa une main dans ses cheveux humides.

– Non, rien. Je ne pense pas que tu me comprennes… Tu n'es pas comme moi.

– Comme toi ? C'est-à-dire un "je-saute-sur-tout-ce-qui-bouge-et-je-m'en-fous-des-conséquences" ?

– Voilà…

La porte de la salle de bains s'ouvrit. Un garçon un peu plus grand que moi – en fait, ce n'est pas très difficile d'être plus grand que moi, vu que je fais la taille d'un Hobbit mais bon – aux cheveux châtains et aux yeux bleus en sortit. Magnifique. Tout simplement magnifique. Mon journal m'échappa des mains. Le garçon s'approcha de Sebastian, qui était encore sur mon lit, et posa une main sur son épaule.

– C'est bon, je suis prêt, Bas.

"Bas" ? C'est quoi ce surnom ?

– Ok. Attends-moi quelques minutes.

Sebastian se leva. Kurt me fixait étrangement. Il s'assit sur le lit de son petit ami.

– C'est bizarre qu'on ne se soit pas rencontré avant, vu que ça fait un mois que vous êtes ensemble, dis-je.

Kurt hocha simplement la tête. Puis il me tendit une main pour se présenter :

– Kurt Hummel.

– Blaine Anderson, fis-je en la lui serrant. Sebastian ne m'a pas vraiment dit comment vous vous étiez rencontrés…

– Oh, c'était merveilleux ! s'exclama le châtain en me coupant la parole. Il pleuvait. C'était un dimanche. Je courais dans la rue pour ne pas être trempé. On s'est rentré dedans. Et il m'a proposé d'aller dans un café pour nous réchauffer. Il m'a payé un Mocha avec de la chantilly. Il a été si… galant, si j'ose dire. Ensuite, il m'a ramené chez lui. Tout est allé très vite : il m'a embrassé et… Je suis devenu son petit ami.

Pendant son discours, il parlait en regardant le plafond, comme s'il essayait de revivre ses souvenirs. Mais en arrivant à la dernière phrase, sa voix aigue perdit toute sa gaité. Son regard bleu clair s'était un petit peu assombri. Que cachait-il ?

– Tout ça est très romantique. Surtout pour quelqu'un comme Sebastian ! commentai-je.

Kurt me regarda bizarrement.

– Pourquoi tu dis ça ?

Je me retrouvai dans une situation assez inconfortable. Alors, Sebastian était romantique ? C'était une première.

– Bas est la personne la plus romantique que je connaisse.

Oh. Il y avait vraiment un truc qui clochait. Soit je devenais fou, soit ce gars avait vraiment réussi à faire changer Sebastian.

– Il n'est pas comme ça, d'habitude ? demanda le garçon.

Je me mordis la lèvre inférieure. C'était un de mes tics – avec passer ma main sur mes cheveux noirs bouclés pleins de gel. Est-ce que je devais lui révéler la vraie nature de Sebastian ou le laisser vivre dans son conte de fée ?

– Si, si, bien sûr ! le rassurai-je. Mais, tu sais, je n'ai jamais été son petit ami, donc je ne connais pas trop sa manière de fonctionner…

Le garçon en face de moi parut convaincu et me sourit. Peu après, Sebastian sortit de la salle de bains, dans une tenue qui lui allait à la perfection.

– C'est bon, petit cœur, on peut y aller !

"Petit cœur" ? Sebastian, mais qu'est-ce qui te prend ?

– Au revoir, Blaine ! A une prochaine fois peut-être !

A une prochaine fois peut-être… Ces mots résonnaient dans ma tête. Si ça avait été un autre "coup d'un soir" de Sebastian, j'aurais ri à ces paroles. Mais là, c'était Kurt qui parlait. Et je n'avais pas du tout envie de rire à ça. Parce que Sebastian n'était plus lui-même.

Je lui souris tout de même. Sebastian me fit un petit signe de la main, que je lui rendis. Un peu plus tard, dans la soirée, je décidai d'élucider ce mystère. Et je ne reviens toujours pas à qui je décidai de m'adresser.

« (20:12) A : Hunter.

Salut. »

« (20:12) De : Hunter.

Qu'est-ce que tu veux ? »

« (20:13) A : Hunter.

Ecoute, je sais qu'on n'est pas en très bons termes, mais je veux te parler de quelque chose d'important. »

« (20:13) De : Hunter.

Accouche. »

« (20:14) A : Hunter.

C'est à propos de Sebastian. »

« (20:14) De : Hunter.

Qu'est-ce qu'il a encore, ce connard ? »

Ok, j'aurais peut-être pas dû lui dire de qui ça parlait…

« (20:15) A : Hunter.

Hunter, je crois qu'il se passe quelque chose avec lui. Il… a changé. »

« (20:15) De : Hunter.

Qu'est-ce que tu veux que ça me fasse ? »

« (20:16) A : Hunter.

Ce soir, il a ramené un mec à l'appart. Jusque là, je ne me suis pas inquiété, ça lui arrive tout le temps, après tout. Mais il m'a dit que ce garçon n'était pas un de ses coups d'un soir. Il a dit que c'était son petit ami. Son petit ami. »

« (20:17) De : Hunter.

Depuis quand est-ce qu'il a des petits amis ? »

« (20:17) A : Hunter.

C'est ce que je me suis dit aussi. Tu ne devines pas le meilleur ? Ça fait un mois qu'ils sont ensemble ! »

« (20:18) De : Hunter.

Là, il y a vraiment un problème. »

« (20:18) A : Hunter.

Hunter, il ne veut pas me dire ce qu'il se passe. J'ai essayé mais il a dit que "je n'étais pas comme lui, je ne comprendrais pas". »

« (20:19) De : Hunter.

Attends, c'est pour ça que tu me déranges ? Tu veux que j'aille lui parler ? »

« (20:19) A : Hunter.

S'il te plaît, Hunter. Il se passe quelque chose de pas clair. Toi seul peux comprendre ce qui ne va pas chez Sebastian. Je t'en prie. »

« (20:20) De : Hunter.

Jamais. Tu m'entends ? Jamais je n'irai le voir. Je préfère crever plutôt que d'aller lui parler ! »

« (20:20) A : Hunter.

Tu ne veux pas savoir ce qu'il se passe ? »

« (20:21) De : Hunter.

NON ! Je m'en fous de lui ! Je m'en fous de lui et de tout ce qui peut se rapporter à lui ! Je le déteste. Je le hais. »

« (20:21) A : Hunter.

Ecoute, ce n'est pas parce qu'il a fait une erreur qu'il faut être si dur avec lui. »

« (20:22) De : Hunter.

Une erreur ? Ce n'était pas une erreur, Anderson ! Il savait exactement ce qu'il faisait ! »

« (20:22) A : Hunter.

Il s'en veut, Hunter. Je te jure qu'il regrette. »

« (20:23) De : Hunter.

Il regrette ? Tu parles ! Il s'en fout de moi comme de la personne avec qui il baise ! »

« (20:23) A : Hunter.

Je t'en prie, Hunter. Tu sais très bien que Sebastian tient à toi. »

« (20:24) De : Hunter.

Il ne tient pas à moi. Il n'a jamais tenu à moi et ne tiendra jamais à moi. Il ne m'aime pas. Je ne suis rien pour lui. Juste un simple jouet qu'il prend et qu'il jette. »

« (20:24) A : Hunter.

Tu sais que c'est faux. Tu te fais du mal à toi-même en disant ça. »

« (20:25) De : Hunter.

Arrête de faire genre tu es désolé pour moi et tout ça parce que tu ne l'es pas. Toi, tu es du côté de cette salope de Smythe. Tu l'as toujours soutenu. Et moi, dans tout ça ? Qui me soutient ? Qui est là pour moi quand je ne vais pas bien ? Qui me prend dans ses bras ? Qui me réconforte quand je pleure ? Qui fait tout ça pour moi ? Personne ! Personne ! »

« (20:26) A : Hunter.

Hunter, calme-toi. Tu sais très bien que tu peux compter sur nous si tu te sens mal. »

« (20:26) De : Hunter.

Sur vous ? Sur vous ? Tu veux dire qu'il serait prêt à faire tout ça pour moi ? Bien sûr que non ! Il est trop occupé à chercher des mecs à mettre dans son lit dont il ne se souviendra plus dans un mois ! »

« (20:27) A : Hunter.

Oui, mais tu m'as moi. »

« (20:27) De : Hunter.

Toi ? Tu ne ferais jamais ça pour moi. Tu es beaucoup mieux à rire avec ton salopard de meilleur ami. »

« (20:28) A : Hunter.

C'est faux. Tu peux me demander de venir chez toi n'importe quand, je viendrai. Si tu as besoin de moi, je serai là. »

Plus de réponse pendant cinq bonnes minutes.

« (20:33) De : Hunter.

Est-ce que c'est vrai ? »

« (20:33) A : Hunter.

Tu me connais. Je ne mens pas quand il s'agit de ça. »

Encore cinq minutes d'attente.

« (20:38) De : Hunter.

Ok. Demain, 18:00, chez moi. »

Je restai hébété devant mon portable. Hunter était mal à ce point ? Il voulait vraiment que je vienne chez lui pour parler ? Il devait vraiment être au bout du rouleau pour me demander ça. Mais enfin, si ça pouvait me permettre de percer le secret de Sebastian et de devenir un peu plus proche de Hunter, pourquoi pas ? Après tout, Hunter avait le droit d'avoir quelqu'un près de lui, lui aussi.

« (20:38) A : Hunter.

Ça marche. »

Je souris. Peut-être que, en fin de compte, Hunter pouvait être gentil ?

Je mangeai un bout et me remis au lit. Vers 2:00, j'entendis un grand bruit suivi d'un :

– Putain, Kurt, fais attention !

– Désolé, Bas, j'avais pas vu…

– Bon, c'est rien, bébé, mais j'espère que tu n'as pas réveillé Blainy.

"Blainy" ? De mieux en mieux ! Alors si maintenant Sebastian se mettait à me donner des surnoms à moi, ça n'allait plus !

Sebastian vint me voir pour vérifier si j'étais réveillé. Je fis semblant de dormir.

– T'as de la chance, il dort encore. C'est la Belle Au Boit Dormant, ma parole !

Je grognai.

– Ah, merde, ses oreilles fonctionnent encore quand il dort…

Kurt rit. Le grand brun partit vers l'autre garçon. Les yeux mi-clos, je regardais ce qu'il se passait. Sebastian avait attiré Kurt contre lui et ils s'embrassaient, debout. Puis le plus grand se laissa tomber sur son lit, tirant Kurt sur lui. Le châtain ne protesta pas. Je ne sais pas pourquoi, mais je suis un peu jaloux. C'est peut-être parce qu'eux ont un petit ami et pas moi ? C'est vrai, je n'ai jamais trop cherché à en avoir un, mais personne – à part peut-être Sebastian – ne me prend dans ses bras ou m'embrasse (ouais, bon, ok, Sebastian ne m'embrasse pas mais il me fait quand même des bisous… Quand il est bourré.) Il est vrai que maintenant que j'y pense, avoir un copain pourrait être pas mal…

– Kurt, s'il te plaît…

Oh non. Ça ne va pas recommencer ?

– Kurt…

J'ouvris un peu plus les yeux pour voir ce qui faisait presque gémir mon ami. Mais Kurt ne faisait rien de particulier. Il embrassait simplement Sebastian dans le cou.

– Kurt ?

– Oui ? fit-il entre deux baisers.

– Je t'en prie… J'en peux plus !

Kurt sourit faiblement.

– S'il te plaît, mon amour, s'il te plaît…

Je n'y comprenais rien. Vraiment.

– Bas…, murmura Kurt, comme s'il était embêté.

– Allez, bébé…

– Il y a Blaine…

« Blaine ? Quoi, Blaine ? Qu'est-ce qu'il a, Blaine ? », me demandai-je mentalement.

Sebastian se dégagea de l'étreinte de Kurt. Il le repoussa et se releva. Il se retrouva assis, dos à moi. Kurt posa une main sur l'épaule nue du jeune homme mais ce dernier l'enleva.

– Bas, mon ange…

– Kurt, j'en ai marre.

– Mais, mon chéri…

– Ça ne peut plus durer.

– Mais, Sebastian…

– Non, Kurt. Maintenant, tu m'écoutes.

Le châtain soupira mais obéit.

– J'en ai ras-le-bol, tu m'entends ? Ça fait un mois. Un mois ! Un mois que j'attends un petit signe de ta part, une parole. Mais rien. Rien en un mois. Tu ne te rends donc pas compte que je n'en peux plus de vivre comme ça ? Tout ça, ça me rend fou ! J'ai été très clair avec toi la toute première nuit. Je t'ai averti que ce ne serait pas facile. Mais tu as dit que tu prendrais ton temps. Moi, ça m'allait. Alors, deux jours ont passé. Puis trois, quatre, une semaine, deux semaines, trois semaines, un mois. Et je n'en peux plus. J'en ai besoin. Et tu connais la raison pour laquelle je m'abstiens d'aller voir ailleurs. Je pourrais très bien me taper d'autres mecs tout en sortant avec toi. Tu le sais. Mais je ne le fais pas. Tu veux savoir pourquoi ? Parce que je t'aime et je ne veux pas te blesser, te perdre. Mais toi tu me pousses à bout. Tu repousses mes limites. J'aime la compétition, les défis. Mais ce challenge est le plus dur que j'aie jamais eu à surmonter. C'est si dur. Il faut que tu cèdes. Je t'en prie, Kurt ! Rien qu'une fois ! Une fois et après, ce sera fini ! Notre vie de couple pourra reprendre son cours. Tout redeviendra normal, mais je t'en supplie, Kurt, une seule fois !

Je sentais que Sebastian était à bout. Sa voix était brisée et exprimait un désir intense, tant voulu, que je ne connaissais pas. Que voulait-il de Kurt ? Le châtain soupira une seconde fois. A présent, je les distinguai parfaitement. J'avais totalement ouvert les yeux sans m'en rendre compte. Kurt embrassa Sebastian dans le dos.

– Bas, tu sais que je t'aime…

– Alors prouve-le.

Kurt, qui continuait d'embrasser Sebastian un peu partout, poursuivit :

– Je voudrais tellement te satisfaire, mais… J'ai si peur.

– Kurt, tu n'as pas à avoir peur. Je suis là.

Le plus petit passa sa main dans les cheveux du brun.

– Kurt, qu'est-ce que tu dirais de maintenant ?

– Blaine…, dit-il.

« Quoi, encore ?! »

– On s'en fiche de Blaine.

Je haussai les sourcils. Cette phrase venait-elle de sortir de la bouche de Sebastian ? J'eus un pincement au cœur.

– Je ne veux pas le réveiller.

Sebastian s'énerva et, sous le coup de la colère, il poussa Kurt par terre.

– J'en ai marre de toutes tes excuses ! La dernière fois, c'était parce qu'il y avait ton stupide chat ! Et une autre fois, tu avais peur que les voisins se posent des questions ! Je croyais que tu étais fier d'être gay ? Je croyais que tu étais fier d'être mon petit ami ?

Il avait presque crié. Je me dis que ça ne serait pas normal que je n'entende rien, vu que j'étais sensé dormir. Je feignis d'être dérangé dans mon sommeil en grognant.

– Chut, Sebastian, tu vas réveiller Blaine, dit la voix effrayée de Kurt.

Le grand brun se calma un peu. Le châtain tremblait de tous ses membres. Il avait peur à cet instant, peur de son petit ami. Mais Sebastian se radoucit aussitôt devant la mine terrorisée de Kurt. Il l'aida à se relever, le prit dans ses bras et le câlina tendrement.

– Oh, Kurt, souffla-t-il, je suis désolé. Tellement désolé. Je ne voulais pas. Je t'aime. Tu ne m'en veux pas ?

– Non, répondit le garçon dans un murmure.

– Je t'en supplie, dis-moi que tu es d'accord…

Kurt regarda Sebastian dans les yeux. Il ne cilla pas. Il cessa de respirer. Puis, dans un souffle, il dit :

– Oui.

La joie du plus grand fut alors indescriptible. Son sourire fit le tour de son visage, ses yeux pétillèrent, son cœur sembla s'accélérer. Il prit Kurt dans ses bras en fermant instinctivement les yeux.

– Merci, chuchota-t-il. Je t'aime.

– Après-demain, Bas, promit le châtain.

– Ça me va. C'est une promesse. Et tu tiens toujours tes promesses.

Kurt lui sourit. Sebastian ne le vit sûrement pas, il était trop heureux pour ça, mais moi je le remarquai : c'était un sourire sans joie.

– Je t'aime, Kurt.

– Je t'aime, Bas.

Ils s'embrassèrent tendrement. Je me retournai dans mon lit pour me retrouver le dos tourné à eux. Je pensai. Que pouvait bien avoir promis Kurt ? Pourquoi était-il si triste à l'idée d'avoir fait une promesse à son petit ami ? Qu'avait-il à craindre ? Sans m'en rendre compte, je m'endormis, tourmenté.


– Allez, debout, Blanche-Neige !

Blanche-Neige, la Belle Au Bois Dormant, il était fan de Disney ou quoi ?

– Seb, laisse-moi dormir ! grognai-je.

J'ouvris les yeux. Son visage était à quelques centimètres du mien. Il me sourit. Je sentis son souffle chaud sur mon visage. Ses beaux yeux fixaient les miens, une lueur étincelante à l'intérieur.

– Bon, d'accord, j'arrive, murmurai-je.

Pourquoi je murmurais ? Eh bien, parce que, vu le gêne que me procurait la proximité de nos lèvres, je me sentais obligé de chuchoter.

– Parfait. Kurt nous a fait des pancakes !

– Il est encore là ? m'étonnai-je.

Sebastian haussa les épaules.

– Bah, il avait envie de rester, je n'allais pas lui dire non !

Je hochai la tête. Ça me ferait du soutien pour supporter Sebastian ! Le grand brun partit vers la cuisine. Je me levai, entrant dans la salle de bain. Je pris une bonne douche. Puis je m'habillai d'une de mes plus belles tenues (un t-shirt noir, un pantalon rouge, une ceinture blanche, et des chaussures qui laissaient apparaître mes chevilles) et plaquai mes cheveux sous une assez épaisse couche de gel pour ne pas montrer mes petites bouclettes qui me rendaient ridicule. Je choisis une paire de lunettes de soleil (jaunes) et les accrochai à ma ceinture. Je pris un de mes nombreux nœuds papillons – ok, je l'admets, j'y suis accro – et le mis. C'était un nœud bleu foncé rayé de rouge et de blanc*. Très beau. Je sortis après trois-quarts d'heure de la salle de bain. Quand j'entrai dans la cuisine, Kurt me regarda bizarrement. C'était comme s'il me voyait pour la première fois. Il écarquilla les yeux et m'observa de haut en bas. Je lus « Waouh » sur les lèvres du garçon. Sebastian me sourit.

– Tu t'es fait beau aujourd'hui, Blaine. C'est pour qui ?

– Personne en particulier, fis-je en m'asseyant près de lui.

Kurt finit de préparer les pancakes et les déposa sur la table. Sebastian se servit, moi aussi, puis Kurt. Mon Dieu. Je crois que c'est les meilleurs pancakes que j'aie jamais mangé ! Ils sont délicieux ! Kurt rit en me voyant déguster avec gourmandise les crêpes. Sebastian les engloutissait une par une. Kurt y allait plus doucement, lui.

– Ils sont excellents, bébé.

– Merci, mon cœur.

– Il a raison ! renchéris-je. J'adore.

Kurt rougit. Trop mignon. Hum. Je devrais arrêter de dire que le copain de Sebastian est mignon… Après tout, c'est le copain de Sebastian, pas le mien.

Après le déjeuner, Sebastian et Kurt repartirent dans une séance de câlin. Sérieux, on se croirait chez les Bisounours. Moi, je finissais de lire le "Vogue" que j'avais commencé. A un moment donné, Kurt me regarda. Il sourit et dit :

– Est-ce que tu serais en train de lire "Vogue" ?

– Euh, oui, j'ai pas le droit ?

Kurt, un peu confus par mon agressivité, dit en s'excusant :

– Si, pardon… C'est juste que j'adore !

Sebastian soupira et libéra Kurt de la prison de ses bras. Le plus petit sautilla jusqu'à moi.

– Le numéro 253 ! Le tout nouveau ! Et dire que je ne l'ai toujours pas acheté ! Quelle chance tu as ! Ils sont en rupture de stock !

Je lui souris.

– Un de mes amis travaille dans un magasin de journaux. Il me garde un exemplaire à chaque fois qu'il en sort un, dis-je dans un clin d'œil.

Kurt regarda avec envie le magazine. Je le lui tendis.

– Tiens, je te le prête. Mais, le prévins-je, promets-moi de me le rendre : j'en fais la collection !

– Ouais, marmonna Sebastian. Ils prennent trois tonnes de place dans l'armoire où ils sont en train de pourrir…

Je le fis taire et Kurt prit le magazine entre ses mains, comme s'il en dépendant de sa vie.

– Oh, merci, Blaine ! Je t'adore !

Il me sourit de toutes ses dents. Dieu qu'il avait un beau sourire. Le châtain s'installa sur le lit de Sebastian et dévora le magazine, murmurant parfois des « Non ! » surpris ou des « Je n'y crois pas ! » ravis. Sebastian me regardait, visiblement. Je l'interrogeai du regard.

« Quoi ? »

« Rien. »

« Si, il y a bien quelque chose… »

« Non. »

Je soupirai. On était très doués pour les conversations muettes, Sebastian et moi. Si bien que Kurt ne s'en aperçut même pas, trop absorbé dans sa lecture.

« C'est à propos de Kurt ? »

« Oui… »

« Qu'est-ce qui se passe ? »

« Il a l'air de bien t'aimer. »

« Oui, et alors ? »

« Rien. »

Je compris soudain.

« Seb, je te ferais jamais une chose pareille ! »

« C'est vrai ? »

« Bien sûr. On est amis. Je ne te piquerais jamais ton mec. »

« Merci. »

Son visage s'illumina d'un mince sourire. Moi, je ne mentais pas. Même si Kurt me plaisait bien, jamais je ne pourrais l'enlever à Sebastian. Ce serait si méchant et il m'en voudrait à vie. Or, je ne veux pas le perdre.

Vers la fin de l'après-midi, Kurt partit, me rendant mon précieux "Vogue".

– Merci beaucoup ! Ce numéro était vraiment génial !

On entendit Sebastian klaxonner pour dire à Kurt de se dépêcher.

– Au revoir, Blaine…

Il se pencha en avant – comme je déteste être petit… ! – et déposa un baiser sur ma joue.

– Au revoir, Kurt, chuchotai-je.

Le garçon partit en vitesse, me faisant un petit signe de la main. Tout en fermant la porte, je me frottai la joue droite du bout de mes doigts, là où la bouche de Kurt m'avait touché.

17:45 sonnèrent. Sebastian n'était toujours pas rentré. Je n'oubliais pas Hunter, bien sûr. Je pris ma voiture et me dirigeai vers sa maison. C'était un vrai palace. Elle devait être aussi grande que la Dalton Academy, là où j'avais fait des études au lycée, en compagnie de Sebastian et Hunter. Je passai une main sur mes cheveux et sur mes vêtements puis sonnai. La porte s'ouvrit très vite. Hunter se tenait devant moi, la mine sombre, mais bien habillé et bien coiffé. Il me tendit une main.

– Bonjour, Blaine.

– Bonjour, Hunter, répondis-je en la lui serrant.

Il se décala pour me laisser entrer. Sa maison était vraiment spacieuse et luxueuse. Dommage qu'il ne la partage avec personne. Je ne me risquais pas à lui demander s'il avait un petit ami, sous peine de repartir comme j'étais arrivé.

– C'est magnifique, chez toi, dis-je, impressionné.

– Merci.

Sa voix était triste et sans conviction.

– Je te ferais bien visiter, mais on y passerait la soirée. Viens dans ma chambre.

Dans sa chambre ? On se croirait encore à nos 16 ans, alors qu'on en avait 26. Sa "chambre" ressemblait plutôt à un salon. Le lit deux places était contre le mur, près de la fenêtre. Il y avait une baie-vitrée, qui donnait sur un balcon spacieux, équipée de stores. Le mobilier était très ancien : des fauteuils et un canapé en cuir, des tables de chevet en bois de hêtre, un lustre en faux diamants.

– Waouh, ne puis-je m'empêcher de dire.

Hunter eut un petit sourire, qui disparut aussitôt après. Mais ça faisait du bien de le voir sourire.

– Où est passé ton chat ? demandai-je timidement.

– Il est mort. Mais j'en ai racheté un autre. Exactement le même.

Je hochai la tête. En parlant du loup, un magnifique chat blanc à poils longs entra dans la pièce. Hunter le souleva et le prit dans ses bras tout en s'asseyant sur son grand lit. Je le regardai caresser le félin, le fixant intensément.

– Viens, me dit Hunter.

J'obéis et m'assis près du chat.

– Regarde comme il est doux.

Hunter prit ma main et la posa délicatement sur la bête aux poils blancs. Je frémis. Pas au contact du chat, mais à celui du garçon. Ça devait faire longtemps que Hunter n'avait pas reçu de visite, s'il s'en résumait à me faire caresser son chat. Le félin sauta alors du lit. Nos mains restèrent liées. Le brun leva les yeux vers moi puis lâcha ma main. Et Hunter se mit à parler.

– Tu sais, je ne suis pas sûr que ça soit une bonne idée.

– De quoi ?

– Que j'aille Lui parler.

Je sentais bien qu'il ne voulait pas dire son nom. C'était trop dur pour lui.

– Tu n'es pas obligé.

– Mais j'aimerais vraiment savoir ce qui Lui prend. Il est bizarre.

Hunter soupira puis s'allongea sur son lit. Je le regardai sans rien dire.

– Hunter, je ne sais pas si tu en as envie, mais si tu veux parler, je suis là…

Alors, il se passa quelque chose d'impensable. Hunter fondit en larmes. Là, devant moi. Des larmes perlèrent sur ses joues et il sanglota bruyamment. Je ne savais plus quoi faire. Mais j'ai fait ce que j'aurais fait avec un bon ami : je fis le tour du lit, je le redressai et le pris dans mes bras. Il apprécia le contact et posa sa tête dans le creux de ma clavicule. Je sentis ses larmes tacher mon t-shirt et mouiller mon cou. Une main du châtain me prit par la taille. Et il se laissa aller.

– Oh, Blaine ! Je suis tellement malheureux ! Tellement, tellement triste ! Je ne vis plus ! Je pleure dès que j'en a l'occasion, je ne mange presque pas, j'écoute des musiques tristes, je matte des films romantiques ! Comment j'en suis arrivé là ? Tout ça pour un mec ? Tu te rends compte ? Un mec a tout fait chaviré ! Il a tout bouleversé : ma vie, mon cœur, ma tête… Je ne pense plus qu'à Lui. A chaque fois que je fais quelque chose, ma première pensée est : « Qu'est-ce qu'Il penserait de moi s'Il savait que j'ai fait ça ? » C'est un enfer. Ma vie est un enfer. Je crains. Tout ce que je fais craint. Ma vie craint. Je ne sers à rien. Et personne ne m'aimera jamais. Aucun mec ne voudra de moi. Aucune fille – même si je m'en fous des filles – ne voudra de moi. Je resterai seul pour toujours. Tu imagines ? Tout ce que j'ai réussi à construire a été détruit par une paire de beaux yeux. Comment j'ai pu finir comme ça ? Je… J'ai honte, tellement honte de moi. Toute ma vie, j'ai cherché l'amour. Mais en fait, j'ai compris un truc. J'ai compris que l'amour n'apporte rien. Il apporte seulement la haine, la tristesse et la solitude. A quoi ça sert que l'amour existe si j'en suis privé ? Je n'ai rien fait de mal, moi. Je voulais juste quelqu'un près de moi, et j'ai juste gagné à être seul pour le reste de ma vie. Alors, est-ce que je le mérite ? Est-ce que je mérite de vivre cet enfer ? Peut-être. Après tout, j'ai été si méchant avec tout le monde… Mais je ne mérite pas un ami comme toi. Ça, c'est sûr. Je t'ai tellement insulté, ignoré.

– C'est faux, Hunt-

– Non, Blaine. Tu te souviens au lycée ? Quand… Quand je sortais encore avec Lui ? Je me prenais pour le roi. Je… Les gars comme toi, je ne m'en souciais pas. Pourtant, un jour, tu es venu vers moi. Tu avais besoin de moi. D'ailleurs, je ne me souviens pas pourquoi c'est moi que tu es venu voir… Enfin, toujours est-il que tu es venu, en pleurs. Et tout ce que j'ai fait, c'est de t'envoyer chier en te disant que je ne voulais plus te voir dans mes pattes. Tu t'en rappelles ?

– Oui, murmurai-je.

– Je m'en veux. Je suis tellement désolé. Je me rends compte seulement maintenant que j'aurais peut-être pu t'aider si je n'avais pas été si égoïste et prétentieux. Blaine, tu me pardonnes, dis, tu me pardonnes ?

– Bien sûr, Hunter, bien sûr.

– Merci. Je suis désolé, désolé…

Je le serrai encore plus fort contre moi.

– Hunter ?

– Quoi ? fit-il en reniflant.

– Tu… Tu veux qu'on parle de Sebastian ?

– Oui.

Je savais qu'il allait parler. Alors j'attendis que les mots sortent de sa bouche.

– La première fois que je L'ai vu, c'était si… peu commun. Je cherchais mon chat dans tout le lycée. Il avait encore filé en douce. Et… (Il eut du mal à prononcer ce mot) Sebastian est arrivé dans ma chambre. Moi, j'étais mort d'inquiétude, bien sûr. Alors, tu penses, quand il est rentré avec mon chat dans les bras, j'ai sauté sur lui ! Enfin, façon de parler. Je me suis levé, j'ai pris mon chat et j'ai fait un câlin à Sebastian. Il était surpris, mais il n'a rien dit. Il est resté dans ma chambre un bon moment. On est devenus amis au bout de quelques jours. Et… C'est là que j'ai commencé à tomber amoureux. Bien sûr, j'entendais toutes les rumeurs sur lui comme quoi il enchainait coup d'un soir sur coup d'un soir, jamais de relation exclusive. Mais je n'y croyais pas. Je ne voulais pas y croire. Un jour, je me suis lancé. Je lui ai tout avoué. Et il m'a juste embrassé. C'est tout. Il m'a emmené dans son lit et a commencé à me déshabiller. Mais je l'ai prévenu. Je lui ai dit que je voulais être son petit ami et pas juste un mec qui avait partagé son lit une nuit. Il a réfléchi. Trop longtemps. J'aurais peut-être dû me douter de quelque chose. Mais j'étais jeune, si jeune. Bien trop jeune pour me rendre compte de ses plans diaboliques. Il a accepté. On a fait l'amour. Je ne saurais dire combien de fois. Je l'aimais. Je l'aimais tellement… On a annoncé à tout le monde qu'on était ensemble une semaine plus tard. Ils étaient là, bouche bée, à n'en pas croire leurs yeux. Sebastian Smythe ? Se caser avec quelqu'un ? Impossible. J'aurais dû les écouter. Ils me sermonnaient, me disant qu'il n'était pas sérieux. Mais l'amour me rendait aveugle et arrogant. Je leur disais d'aller se faire voir et que Sebastian m'aimait plus que tout. M'a-t-il aimé au moins une seconde ? Peut-être. En tout cas, il a tenu bon. On est sorti ensemble pendant longtemps. Pour tout te dire, ça faisait cinq ans qu'on était ensemble quand on a rompu. Cinq ans. Tu te rends compte ? Il a réussi à faire semblant pendant cinq ans ! Je vais te raconter comment ça s'est passé. La rupture, je veux dire.

Il prit son inspiration, essuyant en même temps ses larmes, et poursuivit :

– On avait 21 ans, on était jeunes, ignorants. Enfin, j'étais jeune et ignorant. Lui savait très bien ce qu'il faisait. Un jour, alors que je parlais de s'installer ensemble, dans une maison, il a ri. Au début, je n'y ai pas prêté attention. J'ai poursuivi. Je lui ai dit qu'on pourrait ensuite se marier, avoir un enfant – un garçon, parce que les garçons c'est mieux, et qu'il s'appellerait Elliot, s'il était d'accord – et vivre heureux jusqu'à la mort. Mais lui continuait de sourire. Je lui ai demandé ce qui le faisait rire mais il n'a pas répondu. Comme tous les lundi soir, je suis allé à mon club de musculation – eh ouais, je faisais de la musculation… Mais ça, c'était avant – puis, me rendant compte qu'il était fermé, je suis retourné à la maison. Sans prévenir Sebastian. Je suis entré et j'ai entendu des voix. Celle de Sebastian, bien sûr, et celle d'un autre homme. Mais ces voix sonnaient étrangement. En réalité, ils étaient saouls. J'ai décidé d'écouter ce qu'ils disaient. Sebastian parlait de moi : « Hunt' a parlé de notre futur, cet après-midi. Moi, je me marrais. Tu sais pourquoi c'est drôle, James, tu sais pourquoi ? Parce qu'on n'a aucun futur, lui et moi ! Ouais, aucun ! Il a toujours pas compris que je suis pas quelqu'un comme lui, qui se case pour la vie ! Moi, j'ai besoin de liberté, tu vois ? Pouvoir coucher avec qui je veux, quand je veux, où je veux ! Mais il a pas compris ça. Il pense encore que je suis à lui, mais il se fourre le doigt dans l'œil ! Je suis à personne, moi, à personne ! Hunter ou pas Hunter, je ferai ma vie avec mes coups d'un soir et mes amourettes sans lendemain. Lui m'aime peut-être comme au premier jour, même plus, mais moi c'est fini. J'ai besoin d'un autre gars. Avoir le même tous les jours ne me suffit plus. C'est pour ça que ça fait quatre ans que je me tape des mecs autre que lui les lundi soir ! J'en peux plus, moi ! Ok, Hunter est super sexy, il est génial au lit et tout mais il ne me suffit pas ! J'ai besoin de voir autre chose ! Je suis un chasseur, moi. Tu comprends, James ? J'veux pas faire de peine à Hunt'. Je l'aime bien, ce gars. Mais il faut qu'il comprenne que c'est fini, nous deux. D'ailleurs, je lui dirai demain. Ce soir, quand il reviendra, je vais coucher une dernière fois avec lui, pour la route, et ensuite, je me barre. Huntbastian, c'est terminé. Il est temps de sortir de la cage et de prendre son envol ! Bon, on s'emmerde, ici. Et si on s'envoyait en l'air ? »

Hunter ne pleurait pas encore. Mais quand il eut fini son récit, il sanglota de nouveau. Je faisais tout ce que je pouvais pour le réconforter mais il semblait inconsolable.

– C'est si injuste… Moi je lui étais dévoué, et lui, il se moquait de moi depuis le début ! Blaine, j'aimerais ne jamais avoir posé les yeux sur lui ! Je l'aimais tant et il me trompait tous les lundi soir… Je le hais ! Je voudrais le tuer ! Mais je ne peux pas parce que… je ressens encore des choses pour lui. Mon cœur et mon corps ne sont toujours pas passés à autre chose. Ils le veulent encore. Je… l'aime.

Hunter leva les yeux vers moi. Alors, je l'embrassai sur le front. Il sourit mais la joie n'y était pas. Il continua :

– Tu sais ce que j'ai fait après avoir entendu ça ?

Je secouai la tête.

– Vu qu'ils… Enfin, qu'ils réglaient leurs affaires dans la cuisine, je suis monté dans la chambre, j'ai fait mes valises et je suis parti. Comme ça. Sans un mot, sans rien. J'ai juste pris ma voiture et j'ai fui. J'ai fui le plus loin possible. Vu que mon appartement – c'était ce que j'avais à l'époque – était à une heure de route, ça m'arrangeait. Et le lendemain, pas un appel, pas un message, pas une visite. Rien. Il m'avait raillé de sa vie. Et c'était mieux comme ça. Après, j'ai poursuivi ma vie. Mais ce n'était plus une vie, sans lui. Et maintenant, je suis dans l'état que tu me vois. Vide de tout sentiment. Il m'a tout pris, jusqu'à mon cœur. Il m'a seulement laissé mes yeux pour pleurer et voir comme je suis inutile.

– Hunter, tu n'es pas inutile.

– Ah oui ? Alors dis-moi un peu à quoi je sers ?

– Hunter, tout le monde a une fonction précise. Un jour, tu rencontreras un garçon et…

– Non, je ne veux pas rencontrer de garçon. Le seul garçon que je veux, c'est Sebastian !

– Hunter, écoute, il ne faut pas que tu restes comme ça, à te morfondre. Tu dois vivre ! Tu as 26 ans ! La vie vient de commencer !

– Mais avec qui veux-tu que je la partage ?

– Tu trouveras quelqu'un. Hunter, tu es magnifique et intelligent.

– Je pense que les gens ne voient que le fait que je sois riche.

– Non. Moi, je vois plein d'autres choses en toi.

– Comme quoi ?

– Tu as des sentiments. Toute cette haine, cette rage… Si tu la transformais en amitié ou même en amour, tu serais si heureux.

– Mais je ne peux pas. Sebastian m'a fait trop de mal.

– Il faut que vous parliez, tous les deux. Vous devez vous expliquer.

– Je ne pourrais pas. Dès que je vais le voir, je vais le tuer, Blaine.

Je soupirai. Mon portable sonna alors. Quand je vis le nom, ma respiration s'arrêta.

– Te gêne pas pour moi.

Je décrochai. Je n'avais pas vu que c'était sur haut-parleur.

– Allô ?

– Salut, Beau Gosse ! T'es où ?

Tout en éloignant un peu le téléphone de mes oreilles, je répondis :

– Chez un… ami.

– Oh, génial ! Tu vas enfin te caser ?

– Non…

Je jetai un coup d'œil à Hunter. Il pleurait.

– Sa voix, murmura-t-il en sanglotant. Elle n'a pas changé…

Je passai une main sur sa joue.

– Bon, tu rentres quand ? demanda Sebastian.

– Je ne sais pas.

– Je te fais à manger, ou pas ?

– Non, laisse, je me le ferai tout seul. Merci.

– Ok. Bye. Amuse-toi bien !

– Au revoir.

Je raccrochai. Hunter était en larmes.

– Il… Il me faisait toujours à manger quand je rentrais tard… Il m'appelait tout le temps "Beau Gosse" au téléphone…

– Hunter, je suis désolé…

– Blaine, je veux le voir.

– Ce n'est pas une bonne idée.

– Mais je l'aime tant !

– Tu n'as pas peur d'être déçu ?

– Je veux le récupérer, dit-il d'un air sérieux. Par tous les moyens.

Je le pris dans mes bras. Il ne refusa pas le contact et se blottit tout contre mon torse. Quelques minutes plus tard, Hunter me dit :

– J'irai le voir, Blaine. Je vais aller le voir demain.

– Bien. Moi, j'irai voir Kurt.

– C'est qui, Kurt ?

– Son petit ami.

– Ah, ouais. Son "petit ami".

– Je vais lui expliquer que Sebastian n'est pas ce qu'il croit. Je vais lui dire tout ce qu'il t'a fait. Ça le fera réfléchir. Peut-être qu'après, Kurt décidera de le quitter et Sebastian serait tout à toi.

– Oh, merci, Blaine ! Je t'aime !

Bien sûr, il ne m'aimait pas en vrai. Mais il m'embrassa quand même sur la joue.

– Si tu savais comme ça m'a fait du bien de parler à quelqu'un.

– A moi aussi. Même si je n'ai fait qu'écouter.

– Je ne demandais rien de plus. Merci.

Je me levai de son lit. Il me suivit. Nous descendîmes jusqu'à la porte d'entrée. J'allais sortir quand il me fit :

– Non, Blaine, attends !

Je me retournai. Il baissa un moment les yeux puis me prit la main. Je n'étais pas gêné. Je savais qu'il avait seulement besoin d'un ami.

– Merci.

Il pressa ma main. Puis il la tira légèrement, pour que je revienne auprès de lui. Je me retrouvai à quelques centimètres de lui. Il rompit l'espace entre nos corps et me serra une dernière fois dans ses bras. J'étais collé contre son torse musclé. Je sentis ses lèvres embrasser ma tête. Je levai les yeux. Il me sourit et me délivra de son emprise.

– Au revoir.

– Au revoir, Hunter.

Je pris ma voiture et revins chez moi. Sebastian dormait. Je mangeai rapidement puis m'endormis.


Le lendemain matin, Sebastian vint me réveiller.

– Allez, Blainy, on se lève.

J'étais déjà réveillé. Je voulais discuter avec Sebastian. Après m'être préparé, je m'installai près de lui à la table de la cuisine où il déjeunait en lisant le journal.

– Sebastian. On doit parler.

Il me fixa pendant quelques secondes. Il sourit.

– Je sais ce que tu vas me dire. Mais je suis désolé. J'ai déjà quelqu'un et tu le sais très bien. Par contre dès demain, je suis tout à toi.

– Hein ?

Sebastian réalisa qu'il venait de dire une bêtise. Est-ce qu'il pensait vraiment que je l'aimais ?

– Rien. Bon, que voulais-tu me dire ?

– Sebastian, j'ai besoin de savoir… Est-ce que tu joues avec Kurt ?

– C'est-à-dire ?

– Tu l'aimes vraiment ?

Sebastian rit à ma question.

– Réponds-moi.

– Bien sûr ! Quelle question !

– Je ne comprends pas. La dernière fois que tu as eu une relation comme ça, c'était avec Hunter. Et tu l'as laissé tomber.

– C'est Lui qui m'a quitté, fit-il en s'assombrissant. Je L'aimais et Il m'a quitté sans prévenir.

– Pas étonnant ! Tu le trompais tous les lundi soir !

– Qui t'a dit ça ?

– C'est une expression, mentis-je en me reprenant. Ça veut dire que tu le trompais tout le temps.

– Je… Je ne le savais pas mais… Je pensais qu'Il ne me suffisait pas. Mais c'était faux. Il me suffisait amplement. Je ne le voyais pas mais Il était parfait. C'est pour ça que je Le trompais. Je ne pouvais tout simplement pas contempler cet homme et me dire qu'Il était tout à moi. J'avais peur. J'étais… si effrayé. Et Kurt… Kurt Lui ressemble tellement. Il Lui ressemble tellement que ça me fait souffrir. Mais je le garde quand même à mes côtés parce que c'est comme une deuxième chance avec Lui. Avec Kurt, au moins, je ne gâcherai pas tout. Mais… Oh ! Je ne sais pas… Je ne sais plus… Avoir quelqu'un comme Lui près de moi me fait tellement peur et tellement de mal ! Je ne veux pas refaire deux fois la même erreur… Mais, en même temps, je n'aime pas vraiment Kurt. Je ne suis pas très honnête avec lui… Mais il me Le rappelle tellement…

Là, sous mes yeux, Sebastian venait de se confesser. Il n'avait jamais eu l'air si sentimental, sincère et désespéré. Il ne parlait jamais de Hunter comme ça, non plus. D'habitude, il disait que c'était un connard ou un salaud. Mais là, on aurait dit qu'il n'avait jamais cessé d'aimer Hunter. Qu'il regrettait ce qu'il lui avait fait.

– Tu l'aimes encore ?

Sebastian réalisa alors ce qu'il venait de dire et fit :

– Bien sûr que non. Ce connard m'a laissé en plan après cinq ans de relation.

Ah, tout d'un coup, Hunter redevenait un connard…

– C'est bon, t'as fini ? demanda Sebastian.

– De quoi ?

– Ton interrogatoire.

– Euh, non… Kurt est quelqu'un de bien, tu sais. Je ne veux pas qu'il souffre. Tu me le dirais s'il se passait quelque chose ?

– Ouais. Mais tout va bien. Kurt ne souffrira pas.

– Maintenant, j'ai fini.

Je n'étais pas du tout convaincu. Sebastian avait sous-entendu que dans quelques jours, il serait de nouveau célibataire, ou, en tout cas, capable de se mettre avec moi. Cela voulait dire qu'il larguerait Kurt ou qu'il le tromperait. Et ça, je ne le voulais pas. Je me levai sans m'en apercevoir.

– Où tu vas ?

« Chez Kurt. » Hum. Mais c'est où, chez Kurt ? La réponse était dans le téléphone de Sebastian.

– Nulle part.

J'attendis patiemment que le grand brun aille dans la salle de bains. J'ouvris doucement le tiroir de la table de chevet de Sebastian. Je pris son portable et fit le mot de passe que je connaissais par cœur : "Iwantyouback". Etait-ce pour Hunter ? Voulait-il son retour ? Peut-être. Je fouillai dans ses contacts. Je remarquai avec un petit sourire sans joie que Hunter y était encore présent. Puis le nom que je cherchais apparut : Kurt Hummel. Par précaution, je copiai ce contact dans mon propre téléphone. Après avoir appris par cœur l'adresse de Kurt, je rangeai l'iPhone dans le tiroir. Je lançai à Sebastian que j'allais faire un tour et partis en direction de l'appartement de Kurt. Je m'arrêtai devant et sonnai.

« (10:53) A : Hunter.

Tu es déjà parti ? Je suis devant chez Kurt. »

« (10:53) De : Hunter.

Je suis dans la voiture. J'arrive bientôt. »

« (10:54) A : Hunter.

Courage. »

La porte s'ouvrit. Je levai les yeux de mon portable et vis Kurt me sourire.

– Salut, Blaine ! Comment tu as eu mon adresse ?

– Sebastian.

– Entre !

J'obéis. Kurt me fit installer dans son petit salon. Nous commençâmes d'abord par parler de nous – enfin, surtout de Kurt : c'est un vrai moulin à parole… – puis il me demanda :

– Au fait, qu'est-ce qui t'amène ? Je me doute que ce n'est pas pour m'entendre te raconter tous mes exploits du lycée !

J'esquissai un sourire qui se perdit tout de suite quand je dis :

– On doit parler… de Sebastian.

– Ah oui, pourquoi ?

– Ecoute, Kurt… (Ma gorge se serra.) Sebastian n'est pas la personne que tu crois.

Le jeune homme fronça les sourcils.

– Comment ça ?

– Il ne… Je ne pense pas qu'il soit vraiment amoureux de toi.

– Pourquoi tu dis ça ?

– Kurt, je connais son passé. Et je peux te dire qu'il te cache bien son jeu.

– Pourquoi ?

– Sebastian est un coureur. Il n'a que des coups d'un soir, des amours sans lendemain. Il ne reste pas plus de quelques heures avec un garçon. Une seule fois dans sa vie, il a eu une relation stable. Pendant cinq ans.

– Tu vois ! dit Kurt, comme s'il essayait de se convaincre lui-même. Alors arrête de dire ça…

– Laisse-moi finir. Pendant cinq ans, il est sorti avec Hunter, un garçon très amoureux de lui. Pendant ces cinq ans, Sebastian n'a pas été très honnête. Il l'a trompé dès leur deuxième année ensemble. Et il a continué pendant quatre ans encore. Quand Hunter l'a découvert, il l'a immédiatement quitté. Maintenant, il a le cœur brisé et fait une sorte de dépression. Tout ça à cause de Sebastian et ses continuels mensonges.

– Tu es en train d'insinuer qu'il me trompe ?

– Non. Il ne te trompe pas. Mais il va bientôt le faire, parce que tu ne lui suffis pas.

Kurt se mordit la lèvre. Il leva soudainement les yeux et décréta, une lueur de défi dans les yeux :

– Je ne te crois pas.

– Ah bon ? Je ne sais pas ce que vous avez prévu aujourd'hui, mais il m'a dit clairement que dans deux jours, il serait libre.

– Il n'a pas…

Je savais qu'il n'allait pas me croire. Je sortis mon téléphone. Oui, j'avais tout bien préparé. J'avais enregistré notre petite conversation, ce matin.

« Je sais ce que tu vas me dire. Mais je suis désolé. J'ai déjà quelqu'un et tu le sais très bien. Par contre dès demain, je suis tout à toi. »

Kurt porta une main à sa bouche. Une larme coula sur sa joue.

– Non… Non… Il ne peut pas avoir dit ça !

Soudain, il me regarda méchamment.

– Pourquoi tu me fais ça ?

– Je veux t'aider…

– Tu ne m'aides pas du tout, là !

– Je ne veux pas que tu fasses une connerie et que tu le regrettes.

Il baissa les yeux.

– Que t'a demandé Sebastian ?

Il ne se demanda même pas comment je savais ça et répondit, presque dans un murmure :

– Il veut… Il veut qu'on fasse l'amour, tous les deux, ce soir.

Je ne compris pas tout de suite. Mais la lumière vint.

– Attends, tu es en train de me dire que ça fait un mois que vous êtes ensemble mais vous n'avez toujours rien fait ?

Kurt approuva. Ah, quand même. Sebastian, ne pas avoir de sexe pendant un mois, ça pouvait s'avérer dangereux… Oh non ! Et Hunter qui est seul avec lui !

– Il ne t'a toujours pas trompé ? m'étonnai-je.

Oups. J'aurais peut-être pas dû dire ça…

– Comment oses-tu me poser cette question aussi normalement que si tu me demandais comment va mon père ?

– Je suis désolé. C'est juste que Sebastian est très infidèle.

Kurt fondit en larmes. Je ne savais pas quoi faire. Avec Hunter, ça avait été plus simple. Mais là, Kurt venait d'apprendre une mauvaise nouvelle. Est-ce que je devais le prendre dans les bras ?

– Kurt, est-ce que tu veux que-

Je ne pus pas finir. Il sauta sur le canapé près de moi et pleura dans mes bras.

– Est-ce que tu es vraiment sûr qu'il ne fait ça uniquement pour le sexe ?

– Oui. Il a toujours été comme ça. Il ne changera jamais.

– Mais pourquoi tous ces surnoms, ces fleurs, ces sorties… ?

– A mon avis, il voulait te mettre le plus rapidement possible dans son lit. C'est la seule explication plausible, mentis-je.

Je ne voulais bien sûr pas lui dire que Sebastian sortait avec Kurt parce qu'il lui faisait penser à un autre garçon. Parce que c'était bien ça, je venais de le comprendre. Les surnoms, les fleurs, les sorties – comme disait Kurt – c'était tout ce que Sebastian avait manqué avec Hunter. Peut-être qu'au fond, il s'en voulait et voulait le faire revenir ? Mais pourquoi continuer à sortir avec Kurt ?

Kurt pleura encore plusieurs longues minutes. 12:00 sonnèrent.

– Tu veux que je te prépare quelque chose ?

– Oui, merci beaucoup…

Il s'allongea sur le canapé pendant que je cuisinais. Je fouillai partout pour trouver un plateau, des couverts, une assiette, un verre. Je lui apportai le tout. Il me remercia d'un regard fatigué. Je déposai le plateau sur la table-basse. Il mangea. Je le regardais, une pomme à la main. Je restai tout l'après-midi avec lui, à le réconforter, le prendre dans mes bras, l'embrasser sur le front, lui parler…


*Tenue de "It's Not Unusual".

Alors ce premier chapitre ? Donnez-moi vos impressions ! J'ai vraiment envie de savoir ce que vous en pensez ! Cela fait très très longtemps (peut-être deux voire trois ans) que j'ai écrit cette fiction, je ne sais pas ce qu'elle vaut, elle fait un peu simpliste et enfantine, même si l'histoire est compliquée et longue, vous le remarquerez plus tard. Dites-moi tout s'il vous plait, ne restez pas muets !