Bonjour à tous. C'est avec une certaine fébrilité que je me lance dans cette histoire, huit ans après ma dernière contribution à ce site en tant qu'auteure. Le fandom de Star Wars est nouveau pour moi. J'ai eu une révélation en allant voir l'épisode VII qui m'a redonné l'inspiration que je cherchais depuis des années. J'ai beaucoup aimé le film et comme je n'ai pas la patience d'attendre un an et demi, je vous livre ma version de l'épisode VIII. Les updates risquent d'être irrégulières, mais la bonne nouvelle, c'est que j'ai un plan précis de chaque chapitre de mon histoire et j'en connais déjà l'issue. Je sais où je vais avec cette histoire, je sais à peu près comment je vais l'amener à sa fin, mais je ne sais pas forcément si les mots pour la raconter me viendront toujours aussi facilement qu'avec le prologue ci-dessous. N'hésitez pas à me laisser vos commentaires !
AVERTISSEMENT : Spoilers de l'épisode VII, ne lisez pas si vous n'avez pas encore vu le film ! ; en outre, je suis loin de maîtriser toutes les subtilités de l'univers de Star Wars, mon histoire se base avant tout sur les films.
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Prologue
D'un geste agacé, le sénateur Mapar ajusta sa toge, qui ne voulait décidément pas rester en place. Un pli s'obstinait à toujours se former au niveau de son épaule gauche. Pourtant, lors des essais, tout avait été fait sur mesure pour que le tissu épouse parfaitement le moindre centimètre carré de son corps. Non pas qu'il se réjouissait d'assumer la tâche qui lui avait été confiée, mais il s'agissait ne pas faire mauvaise impression.
Chancelier Suprême par intérim, pensa-t-il.
Une dénomination à laquelle il ne s'habituait pas et qui lui avait été attribuée à la suite d'un vote sur lequel il n'avait pas eu son mot à dire. La Nouvelle République peinait déjà à se maintenir en place avant même la destruction d'Hosnian Prime et de l'ensemble des planètes du système hosnien. Maintenant que le siège de la Nouvelle République avait disparu, pulvérisé par une arme terrifiante, la cinquantaine de sénateurs survivants qui avaient échappé à la mort s'étaient retrouvés sur Coruscant, l'ancienne capitale de la République puis de l'Empire, et avaient dû élire en catastrophe un remplaçant au regretté Chancelier Villecham. Koreri Mapar, cinquante-deux ans et politicien averti, s'était imposé comme une évidence aux yeux des sénateurs rescapés, jeunes et peu expérimentés pour la plupart, terrifiés par le cataclysme provoqué par le rayon rouge destructeur dont la provenance n'avait pu être établie avec certitude.
Koreri Mapar soupira. Trop de sénateurs rompus à la politique avaient péri dans l'attaque. Ne restaient que de jeunes idéalistes voulant révolutionner le Sénat, nés peu de temps voire après la dislocation de la terreur instaurée par l'Empire, ne connaissant la vie sous l'empereur Palpatine que par les récits de leurs parents. Ils ne pouvaient avoir véritablement conscience de la cruauté de l'époque. Eux qui avaient presque fini par croire que les ravages des deux Étoiles de la Mort de l'Empire n'étaient qu'exagération des récits historiques, les voilà qui étaient durement ramenés à la réalité.
Aujourd'hui, la charge lui incombait de rouvrir et de présider le Sénat Galactique après huit mois de deuil. Son premier discours devait redonner espoir et marquer le début de nouvelles élections au Sénat pour que celui-ci retrouver son intégrité. La destruction d'Hosnian Prime avait nécessité la relocalisation du Sénat. Le choix de la planète ville Coruscant avait été critiqué par ceux qui la considéraient comme indissociable des jours sombres de l'Empire, tandis que d'autres y voyaient le signe d'un retour aux sources, un souvenir du temps ancien, où Coruscant se posait fièrement en capitale de la démocratie et de la liberté, appuyée par le légendaire Ordre des Jedi.
L'Ordre des Jedi.
Mapar était un homme pragmatique, limitant ses croyances à ce que ses yeux lui permettaient de voir. Il avait grandi sous le joug de l'Empire qui punissait sévèrement ceux qui faisaient mention des Jedi ou de cette soi-disant Force qui leur conférait leurs pouvoirs. Çà et là, il avait entendu des histoires sur ces Jedi, gardiens de la paix et de la justice, mais ils les avaient toujours considérées comme des bribes vaguement reliées à des événements passés que les peuples soumis à l'Empire avaient cru bon d'interpréter à leur guise dans l'espoir de jours meilleurs. Il ne pouvait croire à la grandeur et l'intégrité que l'on prêtait à ces chevaliers. Tout juste n'avaient-ils été que de simples soldats combattant pour la République, maniant un sabre laser à la place d'un pistolet. La Force, le Bien, le Mal… ce n'étaient que des contes pour enfants et des espoirs vains pour leurs parents.
Le Chancelier tenta une dernière fois de faire disparaître le pli rebelle de sa toge. C'était peine perdue. Il se regarda dans le miroir, résigné par la mission qu'il allait devoir assumer : parler à quelque cinquante sénateurs égarés, les convaincre de poursuivre leur engagement pour la République et se disperser dans la galaxie pour trouver de nouveaux espoirs de la politique et sauver la Nouvelle République d'une dislocation certaine. Mapar lui-même n'y croyait plus. Ses vingt ans et l'enthousiasme qui avait suivi la destruction de la seconde Étoile de la Mort à l'issue de la bataille d'Endor étaient bien loin. Trente ans plus tard, il ne croyait plus à l'installation d'une paix durable. La destruction d'Hosnian Prime avait eu raison de ses derniers espoirs.
On toqua à la porte du luxueux appartement qu'il occupait au dernier étage de l'un des nombreux gratte-ciel de la planète. Un Togruta entra, imposant avec sa peau rouge et sa tête coiffée de larges cornes.
- Chancelier Suprême, il est l'heure, annonça-t-il.
Par intérim, corrigea aussitôt Mapar mentalement.
Mapar fit un petit signe de tête et suivit le Togruta hors de l'appartement, la porte se refermant automatiquement derrière lui. Il entendit un petit bruit électronique, signe que le droïde chargé d'assurer la sécurité des lieux en son absence s'était mis en marche. Il faisait encore nuit et la navette privée qui devait le conduire au Sénat l'attendait quelques dizaines de mètres plus loin, sur une plateforme qui offrait une vue à couper le souffle sur la ville et ses millions de lumières.
Prenant place dans le vaisseau, le Chancelier remarqua que deux gardes y étaient entrés à sa suite. C'était l'une des nombreuses contraintes de sa nouvelle position. Il ne se sentait pas en danger — Coruscant avait renforcé sa sécurité sur terre et dans les airs, notamment aux abords de son système solaire — mais le règlement lui imposait une sécurité rapprochée.
Le vaisseau se déplaça légèrement dans le ciel de Coruscant, déjà encombré de nombreux véhicules. Quinze minutes plus tard, la navette atterrit sur l'aire d'arrivée du Sénat. La plateforme était immense et faisait tout le tour du bâtiment, dont le dôme ressemblait à un gigantesque champignon. C'était dans ce même bâtiment qu'avaient siégé le Sénat Galactique de l'Ancienne République, puis le Sénat Impérial au début du règne de Palpatine, avant d'être fermé sur ordre de celui-ci. Le Sénat Impérial n'avait jamais été que de la poudre aux yeux pour faire croire à un semblant de maintien de la démocratie sous la terreur de l'Empire.
Le Togruta venu le chercher à son appartement le fit descendre du vaisseau et l'invita à le suivre. Le gigantesque amphithéâtre du Sénat se composait de mille plateformes individuelles attribuées chacune à un Sénateur. Au centre se dressait un Podium qui culminait à plusieurs dizaines de mètres de haut, réservé au Chancelier Suprême chargé de superviser les débats. L'accès au Podium se faisait à partir des combles du bâtiment, qu'on ne pouvait atteindre que par un ascenseur réservé uniquement à cet effet. C'est à cet ascenseur que Koreri Mapar fut mené par son guide.
- Merci Ungbe, dit Mapar.
Le Togruta s'inclina silencieusement et se retira. Le Chancelier pénétra dans l'ascenseur qui s'actionna automatiquement une fois les portes fermées. A son arrivée dans les combles, ses assistants l'accueillirent avec le sourire, mais Mapar sentit que l'atmosphère était pesante. Lui-même était nerveux, et ce n'était pas à cause du nombre des auditeurs qui attendaient impatiemment son discours : sur les mille sièges qui composaient l'assemblée, seule une petite cinquantaine serait occupée. Non, il était inquiet à propos de ce qu'il allait dire à ses pairs. Comment les convaincre de poursuivre le rêve de la Nouvelle République si lui-même n'y croyait plus ?
Vous doutez Chancelier… vous n'êtes vous-même plus vraiment sûr de vouloir défendre ce qui fut jadis votre idéal...
Mapar fut envahi d'une étrange sensation en parcourant les derniers mètres qui le séparaient du Podium. Comme si une petite voix était en train de mettre des mots sur les doutes qui s'intensifiaient en lui de jour en jour.
Il s'installa dans le confortable fauteuil de la nacelle et celle-ci s'éleva dans les airs. Bientôt, il se trouva suspendu dans une immense salle, entourée de centaines de sièges flottants. Il dut jeter des regards de part et d'autre de la salle pour trouver le coin où l'on avait réuni les sénateurs survivants. Quand il aperçut enfin les visages des représentants de peuples de la Galaxie, si différents les uns des autres et qui le scrutaient avec attention, il se rendit compte qu'il n'y avait au mieux qu'une petite trentaine de sièges occupés. Les autres avaient déjà renoncé.
La paix ne viendra pas de la République. Elle a toujours été gangrenée par les doutes et la corruption des sénateurs. Le Premier Ordre saura maintenir l'ordre et la peur.
Le Premier Ordre ? Un véritable sentiment de malaise commença à le gagner. Pourquoi pensait-il au Premier Ordre ? Il n'envisageait aucune solution impliquant le Premier Ordre, une organisation qui se proclamait successeur de l'Empire et qui n'aspirait qu'au pouvoir et à qui l'on attribuait de nombreux massacres à travers la galaxie sans pouvoir les prouver, mais qui n'avait certainement pas les moyens de...
Vous avez passé trop de temps sur Coruscant, Chancelier. Le Premier Ordre dispose depuis longtemps d'une flotte capable de conquérir chaque parcelle de cette galaxie.
L'effroi saisit Mapar. Ce n'étaient pas ses pensées. Quelqu'un s'était introduit dans son esprit. Mais… c'était impossible !
Vous avez ignoré la Force et le Côté Obscur. La Nouvelle République et la Résistance sont ses deux seuls obstacles. Votre mort contribuera à leur élimination.
Entendant l'horrible sentence comme dans un rêve, Koreri Mapar porta une main à son front comme pour chasser l'intrus de son esprit. Quelques mètres plus loin, de jeunes sénateurs observaient son geste avec inquiétude. Quelques murmures, presque inaudibles, s'élevèrent.
Quand le Chancelier se redressa pour tenter de prendre la parole, plusieurs silhouettes surgirent de plateformes voisines. Des cris s'élevèrent dans l'amphithéâtre. Mapar eut le temps de voir qu'elles brandissaient des pistolets blasters.
Dans sa direction.
Il n'eut pas le temps de crier. Plusieurs tirs l'atteignirent au torse et à l'abdomen. L'un d'entre eux arracha le morceau de toge qui refusait encore une heure plus tôt de tenir en place. Mapar s'effondra, mortellement blessé.
Dans les nacelles, la panique éclata. Les sénateurs actionnèrent désespérément le mécanisme de descente de leurs plateformes pour qu'elles les ramènent à la sortie, d'où ils pourraient s'échapper. Les assassins du Chancelier se lancèrent à leur poursuite. Au nombre de six, ils se mouvaient rapidement de plateforme en plateforme dans leurs combinaisons claires. Chacun d'entre eux portait un casque élongé blanc et noir, doté d'un emblème qui permit aux sénateurs d'identifier les attaquants.
- La Résistance… C'est la Résistance ! La Résistance veut nous assassiner !
Les six intrus tirèrent en direction des sénateurs, les poussant à la suite hors de l'amphithéâtre, dans lequel retomba le silence, légèrement troublé par la respiration saccadée de Koreri Mapar qui était en train de rendre son dernier soupir.
Dans cette atmosphère fantomatique, une botte noire foula le sol du Podium sur lequel le Chancelier gisait encore, abandonné de tous. Le bruissement d'une tunique rasant le sol marbré de la plateforme centrale se rapprocha lentement du corps ensanglanté.
Kylo Ren se pencha sur le Chancelier. Dans ses derniers instants, ce dernier crut entendre la voix parasite dans sa tête une dernière fois :
- Je vous remercie, Chancelier.
Koreri Mapar n'était plus.
Kylo Ren se détourna du corps et se pencha légèrement au-dessus du vide. Son masque noir n'empêchait pas de deviner, à sa posture décontractée, qu'il était parfaitement satisfait. Il était temps de rappeler ses chevaliers de Ren.
Cessez la poursuite. Laissez-les vivre. Plus il y aura de témoins, plus crédible sera notre petite mise en scène.
Sur ces mots transmis par la pensée, domaine dans lequel il excellait, il quitta le Podium, utilisant les nacelles pour se frayer élégamment un chemin en direction de la sortie.
Dissimulé dans les sous-sols de la planète Coruscant, Kylo Ren retournait à son vaisseau, emmenant avec lui les six Chevaliers de Ren qui avaient assassiné le Chancelier Suprême Koreri Mapar. Ils avaient abandonné leurs vêtements de Résistants et revêtu de nouveau leurs tuniques noires ainsi que leurs masques, à l'image de leur leader, Kylo Ren. Ce dernier ne résista pas à l'envie de contacter son maître pour l'informer de la réussite de leur mission. D'un geste, il pria l'un de ses sbires de lui donner le communicateur et stoppa sa course au milieu d'un tunnel. L'image holographique de Snoke apparut devant le seigneur des chevaliers de Ren, tandis que les six autres hommes se retiraient respectueusement derrière lui.
- Tout s'est déroulé selon vos ordres, maître, déclara Kylo Ren.
Le visage monstrueux de Snoke se déforma en un rictus satisfait.
- Bien. La Résistance ne pourra plus compter sur le soutien de la République.
- Que devons-nous faire à présent ? demanda Kylo Ren.
Kylo Ren regarda son maître. Le masque empêchait de lire toute émotion sur son visage, mais sa voix caverneuse trahissait son dévouement inconditionnel.
- Rejoins-moi sur Arnecind, répondit Snoke. Le vent de la trahison de la Résistance sera bientôt répandu dans la galaxie par ces imbéciles de sénateurs. Et là… les Résistants n'auront pas le choix… ils devront faire intervenir Luke Skywalker...
La suite très bientôt...
