Un hululement strident...Des petits coups rapides sur le carreau de la fenêtre sale...A ces bruits, Harry Potter, 17 ans dans deux semaines, et héros mythique du monde des sorciers, s'éveilla en ronchonnant. Il posa les pieds sur le plancher, se leva, les yeux mi-clos, et buta contre sa valise.

On lui avait annoncé, une semaine plus tôt, qu'il quitterait la maison des Dursley dans trois semaines au plus tard...et il se tenait prêt, toujours dans l'espoir de recevoir une lettre lui promettant un départ prompt.Et si ce départ tant attendu venait dans la lettre apportée par Hedwige ? A cette pensée soudaine, Harry rompit précipitemment les derniers centimètres qui le séparaient de la vitre.

Il aggripa la poignée de la fenêtre, l'ouvrit, laissant sa chouette entrer dans la pièce sombre. Quelques instants plus tard, le Survivant avait allumé la lumière jaunâtre de sa chambre.

Alors ma belle, qu'est-ce que tu m'amènes là ? murmura-t-il à son animal.

Sur ces mots, il décrocha la lettre blanche de la patte de sa chouette, posée sur son lit, et vexée qu'il ne lui ait pas ouvert plus tôt.

Un écriture claire, fine et précise était posée sur le parchemin. Harry lut à haute voix :

Cher Harry, j'espère que tout va bien pour toi à Privet Drive, et même s'il en est autrement, sache que celà ne durera pas plus longtemps. Cet été, comme tu le sais, les conditions sont particulières...Ainsi, malheureusement, tu ne pourras pas voir Ronald Weasley, car il lui est interdit de quitter le Terrier. Je suppose que tu comprends bien le danger qu'encourerait sa famille si tu lui rendais visite. Malgré tout, d'ici après-demain, Mr and Mrs Granger viendront te rendre une petite visite à toi et ta valise, pour vous emmener chez eux. Donc tu passeras tout le restant des vacances chez Hermione. Désolé pour cette lettre tardive, mais nous sommes débordés. Tu auras de plus constentes nouvelles quand tu seras chez les Granger. A bientôt, je l'espère, Remus Lupin.

Restant un instant interdit, Harry fronça les sourcils soudainement, et jetta le papier à terre. Il le reprit rageusement, le froissa entre ses mains, l'écrasa, le mit en boule, et pour finir tenta d'en faire des confétis. Mais à la première déchirure qu'il fit, il se rendit compte de l'absurdité de ses gestes.

Sur ce, il s'affala sur son lit au matelas si abîmé qu'il aurait pû être millénaire. Toute sa hargne avait été contenue par cette maison horrible, aux habitants plus insupportables encore. Et à l'instant où une brèche avait été ouverte vers l'autre visage de sa vie, il avait saisi l'opportunité de faire savoir sa rage au monde sorcier.

Hedwige, inquiétée par l'état de son maître, vint se poster près de lui, et se lova contre son épaule. Harry baissa les yeux vers sa chouette, étonné. Puis, plus apaisé qu'avant, il lui caressa la tête machinalement, tout en relativisant sur la nouvelle position des choses. Il ne verrait pas Ron, mais pourrait toujours dialoguer avec lui par lettres...et puis après tout, il allait passer l'été auprès d'Hermione ! Sa meilleure amie ! Et pas entouré de membres de l'Ordre, sombres et graves.

Rassuré par ses propres pensées, il s'allongea de nouveau dans son lit, rabattant la couverture sur son torse. Tout en fermant les yeux, il écoutait les bruissements faibles parvenants de l'extérieur, dus très probablement à la brise sur les feuilles des arbres verts. Ce fut sur une pensée destinée à sa meilleure amie que le Survivant, épuisé par le manque de nourriture et les cauchemards incessants, tomba dans les bras de Morphée.

Un fracas à réveiller un mort...Une voix d'ogre jamais repu qui grondait...Et Harry, exhaspéré, ouvrit les yeux lentement, et sans envie. A quoi beau répondre aux insultes de son cousin énorme aux accents de pachiderme. Il se leva, s'habilla avec des gestes posés, ne permettants nullement de deviner son état d'énervement de la nuit passée. Sur ce, il descendit les escaliers, l'esprit occupé par tout ce qui allait bien pouvoir se passer durant le mois et demi à venir.

Presque machinalement, il évita la peau de banane laissée intentionellement sur la deuxième marche, le croche-pattes tenté par son cousin dès la fin des escaliers, et même le corps entier de son oncle Vernon qui était sur le point de s'affaler sur lui. Le noireaud était comme sourd, aveugle et muet. Il n'exécutait que des gestes simples et fluides. Il se servit un bol de thé, l'avala en quelques gorgées, et remonta dans sa chambre.

A peine entré, il s'assit sur son lit qu'il venait de quitter quelques instants plus tôt, et entreprit de relire la lettre à moitié déchirée. Il n'avait pas mémorisé le jour d'arrivée des Granger. Il relut le morceau de parchemin rapidement, et s'enquit de l'information désirée. Ainsi donc c'était demain...

La journée passa assez rapidement, mais trop lentement à son goût. Harry était impatient de voir Hermione courir vers lui et le serrer dans ses bras. Celà le changerait probablement des travaux de jardinage imposés par la tante Pétunia. En fin d'après-midi, le jeune homme était encore dans le jardin, à bêcher le petit coin de potager de sa tante, qui était en friche depuis la fin de l'été dernier. Torse nu sous la chaleur inhabituelle au Royaume-Uni, il était en sueur. Un petit groupe de jeune filles passèrent près de la clôture de la maison, et gloussèrent en le regardant. Alerté par ce bruit, Harry jeta un oeil dans leur direction, ce qui fit redoubler les rires étouffés et les rougissements de ces demoiselles.

Dépassé par ces gloussements dont il ne comprenait le sens qu'à moitié, il pousuivit sa pénible tâche, sans s'aperçevoir que l'une des jeunes filles s'approchait dangeureusement de lui, alors que la petite troupe s'était arrêtée pour mieux voir.

Nom d'une gargouille, Potter, tu as du succès auprès des demoiselles ! chuchota la brunette.

Harry sursauta, et se tint prêt à frapper avec sa pioche. Mais la jeune personne ne fit aucun geste pour s'éloigner, malgré la peur qu'aurait dû lui inspirer l'attitude du Gryffondor. Celui-çi ouvrit des yeux grands comme les cookies faits maison d'Hagrid. La jeune fille n'était pas vraiment grande, les cheveux bouclés un peu touffus, un corps fin mis en valeur par un t-shirt un peu décolleté, et des yeux mutins et pétillants d'intelligence sur un visage aux courbes douces.

Euh...je...Hermione ? s'exclama Harry.

Chuut...tais-toi un peu, les filles ne sont pas censées savoir qu'on se connaît.

Mais qu'est-ce que tu fais là ? Je croyais que c'était pour demain !

Hermione prit une pose quelque peu aguicheuse, pour faire croire aux jeunes moldues qu'elle tentait de séduire Harry. Celui-çi joua le jeu après un moment d'hésitation, et posa une main contre le mur de la maison, bloquant Hermione.

Je fais du repérage sur demande de l'Ordre, murmura-telle.

Comment ça ? Mais ils te font courir des risques inutiles ! Inconsidérés ! C'est dangeureux tu sais, et..., s'emporta Harry.

Arrêtes ça, tu veux ? Tu sais parfaitement que c'est utile. Ils vont placer des sortilèges de protection le long de la route cette nuit.

Et chez toi aussi, non ?

Bien évidemment. Mes parents ne sont pas ravis de ces sorts, mais ils sont contents de pouvoir aider malgré tout. Ma maison est bien moins exposée que celle de Ron, et puis Voldemort n'aura jamais le moindre contact avec ma famille, alors que la famille Weasley est connue dans tout le monde sorcier.

Mais...

La ferme, Harry, dit Hermione, calmement, quoique un peu exhaspérée par l'attitude surprotectrice de son meilleur ami envers elle.

Le noireaud comprit le message, et se tut, se contentant de faire un sourire en coin à la brunette.

Bon, bah je suppose que là je suis sencé faire semblant d'être conquis par ta beauté et tout ce qui va avec, n'est-ce pas ? plaisenta Harry.

Tu es obligé de faire semblant pour ça ? rit Hermione en affichant un air faussement vêxé.

Oh, eh bien si tu veux la vérité..., entama le jeune homme.

Non, stop, tais-toi. Finalement je veux rien savoir.

Et elle le laissa, après un petit signe de la main, et s'en retourna vers les autres filles. Harry se dit qu'Hermione aurait pû être actrice. D'ailleurs, elle le lui avait déjà prouvé en cinquième année, lorsqu'elle avait littéralement berné Ombrage.

C'est sur ces pensées qu'il s'en retourna à son épuisant travail. La nuit venue, alors qu'il était près d'une heure du matin, Harry ne trouvait pas le sommeil. Il se remémorait sans cesse, et sans savoir pourquoi, les paroles d'Hermione: "Tu es obligé de faire semblant pour ça ?".

Et justement, il se posait la question. Comment trouvait-il sa meilleure amie ? A vrai dire, ce n'était pas la question la plus existentielle de sa vie mouvementée. Elle aurait plutôt été "Comment trouver les Horcruxes ?", ou "Comment venir à bout de Voldemort ?", ou tout simplement "Comment sortir de ce cauchemard ambulant ?".

Mais étrangement, cette nuit là, Harry ne s'en préoccupa pas. Et ne dormit pas non plus. La faim lui tiraillait le ventre, car celà faisait depuis le début des vacances que les Dursley avaient bien compris que l'Ordre ne pouvait venir au secours d'Harry pour une simple affaire de nourriture, par crainte de se faire repérer.

Le Survivant passa donc la période où la lune était haute dans le ciel à ruminer des idées noires.

Il était près de neuf heures du matin lorsque l'on sonna à la porte. Harry sursauta, il n'avait pas vu la nuit passer, et le soleil avait déjà repris sa place au firmament. Il prit quelques instants pour ranger sa baguette dans la poche de son vieux jean, et prendre sa valise. Hedwige se tenait sur cette dernière, car son maître avait abandonné l'idée de la mettre en cage.

Il sauta les dernières marches, avide de goûter à un peu du bonheur qui lui avait été refusé jusque là. Ouvrant la porte à la volée, il regarda les visages souriants et accueillants des parents d'Hermione, qu'il n'avait pas vus depuis la deuxième année.

Bonjour Harry ! Désolés, nous arrivons peut-être un peu tôt..., s'exclama Mr Granger.

Non, n'ayez aucune inquiétude, les seuls que vous risquez de réveiller sont mon oncle, ma tante et mon cousin. Autrement dit, vous ne dérangez personne, plaisenta Harry.

Quelques instants plus tard, le jeune homme, plus maigre et fatigué que jamais, entra dans la voiture. Il eut un instant de déception, en voyant que sa meilleure amie n'y était pas. Mrs Granger dût le sentir, car elle sourit doucement.

Elle est restée à la maison, avec les membres de l'Ordre de je-ne-sais-trop-quoi...

Phoenix, madame. L'Ordre du Phoenix.

Oui, c'est ça. Des gens biens, très biens, chuchotat-elle, pensive.

Harry sourit, et se décida à contempler le paysage par la vitre. Une vitre...sa seule échapatoire vers un monde où le Bien aurait triomphé du Mal des milliers d'années auparavant. Mais bien sûr, le Survivant savait parfaitement qu'il n'y a nul Bien sans Mal, et inversement. Ils étaient complémentaires, et si destructeurs à eux deux... Les nuages blancs, fins et cottonneux poursuivaient leur fuite infinie vers l'horizon, sans se soucier de la misère des Hommes, sorciers et moldus, nul n'étant épargné.

Le jeune homme passa le trajet d'environ une heure à admirer le ciel, d'une beauté époustouflante. Les parents d'Hermione avaient allumé la radio, et écoutaient des chansons moldues, pensant probablement qu'Harry s'y intéraisserait. Bien sûr, celui-çi s'en moquait éperduement, mais était reconnaissant à ses hôtes de ne pas tenter d'entamer une discussion avec lui.

Nous y sommes presque, dit soudainement Mr Granger, sortant Harry de sa rêverie.

Le ruelle était plutôt déserte, calme. Les maisons n'étaient pas vraiment grandes, mais leur apparence acceuillante rassura Harry malgré tout. La voiture stoppa devant l'une de ces maisons, qui n'avait vraiment rien de particulier, mis à part des rideaux rouges tirés à l'étage. Dès l'instant où il descendit de la voiture, Harry ressentit une sensation au fond de lui. La sensation d'être entouré de magie.

Sa valise dans une main, il s'avança derrière Mrs Granger, qui ouvrit la porte d'entrée. La première chose qu'Harry remarqua fut la présence d'une plaque dorée près de la boîte au lettre. Il y était inscrit : Mr & Mrs Granger, dentistes. Leur cabinet devait se trouver dans la maison. Il avait à peine posé un pied à l'intérieur qu'une main s'abattit violemment sur son épaule. Le premier réflexe du Survivant fut de brandir sa baguette.

Elle était à présent pointée sur la gorge d'Alastror Maugrey, dit Fol'oeil, l'un des anciens de l'Ordre du Phoenix. Honteux, il la rabaissa fébrilement.

Bon réflèxe Potter. Je dois avoir de l'influence sur vous ! plaisanta Fol'oeil.

Je...merci m'sieur.

Mr Granger adressa un signe de tête poli à Maugrey avant de disparaître dans le cabinet annexé à la maison. Mrs Granger dit à Harry de monter ses affaires dans la chambre d'Hermione, où il dormirait, car malheuresement la troisième chambre, très grande, avait été remplacée par le cabinet.

Le jeune homme aquiesca et suivit l'Auror à l'étage. Arrivés sur le pallier, Maugrey prit des nouvelles d'Harry.

Alors, comme ça va mon garçon ? grogna-t-il.

Plutôt bien je crois, répondit-il, ne voulant pas avouer son manque de nourriture.

Bien, très bien...bon, écoute, je suis le dernier ici, on a tout arrangé, vous pouvez être tranquilles ton amie et toi. Je vais y aller maintenant.

Je vous remercie. C'est très gentil à vous tous.

De rien, de rien, Potter. Au fait, on vous a peut-être pas dit, mais faut pas que vous sortiez de la limitte des sortilèges.

C'est à dire ?

Eh bien, vous pouvez vous déplacer dans la maison, le jardin, et jusqu'aux deux bouts de la rue qui la borde.

Bien.

Harry serra la main de l'homme balafré, et celui-çi translpana. Le gryffondor, seul dans une maison qui lui était inconnue, se risqua à entr'ouvrir la porte de la première des trois pièces de l'étage. Il retenait son souffle, hanté par l'idée de voir quelque chose qu'il n'aurait pas dû voir. Mais par chance, il s'agissait de la salle de bain. Par la serrure de la deuxième porte, il aperçu la chambre des parents d'Hermione.

Harry, devinant ce que contenait la dernière pièce, n'osait pas entrer. Il restait planté devant la porte, comme si elle était d'une magnificence à couper le souffle.

Monsieur Potter, on ne vous a jamais dit de ne pas afficher cet air stupide durant plus d'une minute ? Parce que franchement vous avez une tête d'attardé, comme ça !

Miss Granger, je vous prie de ne point tenir de tels propos. Vous semblez oublier la figure importante de l'histoire de la magie à qui vous avez affaire ! s'exclama Harry, avec la voix la plus dédaigneuse et snob possible.

Hermione s'approcha de lui, et le serra dans ses bras, dans une avalanche de cheveux châtains. Il s'ennivra de son parfum, sans pour autant avoir la moindre idée du "pourquoi" il le faisait. Mais il s'en fichait éperduement, seul l'instant comptait.

La jeune fille ouvrit sa porte, et fit passer son meilleur ami devant elle. Il découvrit une chambre assez petite, mais très différente de ce qu'on aurait pû croire. Il n'y avait ni montagnes de livres, ni cascades de grimoires et de parchemins.

Une petite étagère, sur laquelle étaient posés quelques livres, une fenêtre assez grande avec des rideaux rouges rabattus, un bureau encombré de parchemins en tout genre, de CDs et de stylos. Des photos diverses meublaient les murs : sur la plupart d'entre elles figuraient Harry et Ron. Les autres étaient des photos figées, probablement de ses amis moldus et de sa famille.

Harry se dit alors qu'Hermione et lui savaient tout de Ron, que ce dernier et Hermione savaient tout de lui, mais que Ron et lui ne savaient rien de leur meilleure amie. Quel genre de musique aime-t-elle ? A-t-elle des amis moldus ? Tant de questions...qu'Harry n'allait pas se risquer à poser.

Tu as maigri...encore, chuchota Hermione.

Je...oui, peut-être, répondit le jeune homme, face à la fenêtre.

Non, je l'ai vu hier. Mais tu as aussi pris du muscle...je...c'est pas franchement bon pour ta santé de maigrir tout en te musclant...

Elle s'était approchée de lui en prononçant la phrase.

T'inquiètes pas pour moi. J'ai toujours su me débrouiller.

Il entendit des pas légers s'éloigner de lui, et un petit grincement. Hermione s'était probablement assise sur son lit. Il ne se retourna pas pour autant.

Alors, qu'est-ce que t'as prévu durant ces quelques semaines ?

Oh...eh bien... on pourrait aller se promener un peu...regarder des films, écouter de la musique...et si tu veux j'te présenterais à certains de mes amis.

Harry se retourna doucement.

Vrai ?

Bien sûr ! Mais je vais pas te forcer...on fera uniquement ce dont t'as envie.

Je...y'a très longtemps que j'ai pas vu un bon film...on en regarde un ce soir ? sourit Harry.

Hermione lui fit don d'un sourire magnifique, et lui proposa une liste d'oeuvres intéraissantes. Ils optèrent pour un film de monstres.

L'après-midi se passa presque silencieusement, chacun perdu dans ses pensées, bien qu'ils envoyèrent un hiboux à Ron, pour avoir de ses nouvelles. Harry lisait La Gazette du Sorcier, la dernière en date, quand les parents d'Hermione vinrent leur annoncer que le dîner était servi.

Ils se levèrent tous deux, et descendirent.

La jeune fille profita du dîner pour demander à son père de leur prêter son ordinateur portable, afin qu'ils puissent visionner le film tranquillement. Tranquilles, c'était le mot parfait pour décrire leur état d'esprit durant le film. Harry n'avait pas eu telle quiétude depuis des mois, alors il savoura l'instant, simple et magique à la fois.

Il s'était installé sur un matelas posé à terre, à quelques centimètres seulement du lit de sa meilleure amie. Celà faisait une heure environ qu'ils s'étaient allongés dans l'optique de dormir, et ils n'avaient fait que parler durant la première demi-heure. Harry la regardait à présent dormir, avec une furieuse envie de la prendre dans ses bras. Mais il n'en avait pas le droit, c'était un fruit défendu auquel il ne devait pas goûter sous peine de perdre l'amitié de Ron ou pire encore, faire d'Hermione une cible prioritaire de Voldemort.

Le jeune homme sentait bien qu'il ne résisterait pas longtemps à ce désir qui lui tailladait les veines à chaque battement de son coeur. Il se retourna afin de ne plus la voir, et ferma les yeux.

Il était tôt quand Hermione vit enfin le jour. Il lui avait semblé n'avoir dormi que quelques minutes. La lumière émanant de la fenêtre l'éblouit, et instinctivement, elle regarda vers son meilleur ami. Les couvertures étaient en vrac, mais aucune trace de ses cheveux noirs de jais. Où était-il donc passé ? La jeune fille supposa qu'il était parti se doucher, ou autre... Mais nul bruit ou son provenant de la salle de bain, ni d'ailleurs.

Elle passa un jean et un débardeur, et ce faisant, elle remarqua le short qu'Harry avait passé pour dormir la nuit précédente, ainsi que son t-shirt. Les ramassant, elle les déposa sur le matelas à terre, et sortit de sa chambre. Des sons de couverts se firent entendre, et elle sourit, se disant que ses parents étaient définitivement fous d'ouvrir le cabinet durant les vacances d'été, qui n'en étaient plus si c'était pour se lever si tôt. Posant un pied en bas de l'escalier, elle aperçu une silhouette dans la cuisine...celle d'une personne qui n'aurait pas dû se trouver là.

Il posait des verres sur la table, cherchant dans les tiroirs afin de trouver les fourchettes, couteaux et autres ustenciles. Hermione était sur le point d'aller le rejoindre quand elle se rendit compte qu'il avait des écouteurs sur les oreilles, et fredonnait un air qui ressemblait à du rock. Bougeant au rhytme de la musique, Harry mettait la table, jonglait avec les bouteilles de jus d'orange et de lait, et semblait plus décontracté et libre que jamais. La jeune femme le regardait faire, restant dans l'embrasure de la porte, un sourire amusé aux lèvres.

Soudain, le Survivant se retourna, et vit sa meilleure amie qui se mordait la lèvre inférieure pour ne pas rire. Harry enleva ses écouteurs, et balbutia, ne sachant que dire.

Je...euh...la table...

C'est bon pas la peine de te justifier, plaisenta Hermione avant d'ajouter qu'il avait un très bon sens du rhytme.

Roh, te moques pas ! Ca fesait longtemps que j'avais pas écouté de la vraie musique.

Et t'écoutais quoi ?

C'est un peu vieux maintenant, mais bon...Bon Jovi, je sais pas laquelle de ses chansons.

J'adore ! Mets le CD dans le lecteur, qu'on écoute un peu.

Harry sourit, heureux de partager quelque chose avec Hermione. Il n'avait pas eu besoin de demander, il savait à présent que le Pop/Rock était son style préféré. Celà le rassura de voir qu'elle n'avait pas remarqué son lever deux heures auparavant, bien avant que le soleil ne pointe à l'horizon. Regardant par la fenêtre, il vit un ciel aux reflets rougeoyants pâles, et sans nuages. La journée s'annonçait belle, enfin.

Mr. Granger, descendant les escaliers, entendit de la musique provenant de la cuisine. Il sourit, se disant que sa fille pouvait enfin s'amuser avec un ami sorcier. Sa femme le rejoignit, et ils pénétrèrent ensemble dans le couloir. Il stoppèrent brusquement devant la porte ouverte de la cuisine. Harry dansait avec Hermione, ou plutôt ils bougaient dans tous les sens, chantant les paroles de Livin' on a Prayer à tue-tête. Ils avaient fini de mettre la table, et les quand parents d'Hermione interrompirent leur improvisation, ils se sentirent quelque peu gênés.

Après un petit déjeuné rapide mais convivial, Mr et Mrs Granger se préparèrent à recevoir les premiers clients de la journée, pendant qu'Harry aidait Hermione à ranger la table. Leur tentative musicale les avait un peu rapprochés, mais leurs retrouvailles étaient trop récentes pour qu'ils brisent entièrement la glace, et parlent de tout. Le sujet à éviter était les Horcruxes, et pour l'instant, Harry n'avait aucunement l'intention d'y penser. Son esprit se focalisait sur sa meilleure amie, de laquelle il ne pouvait plus détacher son regard ni ses pensées. Mais que lui arrivait-il ? Bien qu'il ait rompu avec Ginny pour causes pratiques, il ne s'imaginait pas ressentir de nouveau ce sentiment étrange un jour. Ou en tout cas pas aussi tôt. Pas à cet endroit. Pas envers elle.

Elle entraîna le Gryffondor dans le parc de l'autre côté de la rue. Il se laissa mener, et s'affala sur un banc de bois. Observant quelques enfants chahuter sur les balançoires en riant aux éclats, il sourit, se disant qu'il aurait aimé connaître ce bonheur simple également. Hermione le sentit mélancolique, et se serra contre lui, passant un bras autour de sa taille. Etonné mais agréablement surpris par ce contact plus qu'innatendu, il se laissa aller, en enlaça à son tour la jeune fille. Il était près de onze heures du matin, et les passants défilaient, certains pénètrant dans le cabinet des Granger, d'autres tournant au coin de la rue. Harry adorait regarder ces gens vaquer à leurs occupations. Il se sentait normal, comme les autres, et ne se surprenait pas à faire quelques réflexions à Hermione concernant des tenues vestimentaires qui le fesaient rire, ou autres. Il s'amusèrent ainsi d'un rien, jusqu'à ce qu'un jeune homme s'avance vers eux. Hermione n'y prit gare, et poursuivait ses rêveries dans les bras du Survivant.

Hey Hermione ! s'exclama le jeune homme aux cheuveux chatains en pics.

Celle-çi, interpellée, se redressa, et abandonna soudainement les bras d'Harry pour se jeter dans ceux du nouveau venu .

Alex ! Mais qu'est-ce que tu fais là ? demanda-t-elle après lui avoir fait la bise.

Dois-je te rappeller que j'habite aussi ce quartier ? Bah ça alors si je m'attendais à te voir ! D'habitude tu disparaît l'année entière, et c'est à peine si on a de tes nouvelles.

Harry se leva doucement, et reconnu le dénommé Alex, qu'il avait vu sur une des photos de la chambre de la jeune femme.

Salut, tu dois être son petit ami ! sourit le jeune moldu.

Non non ! s'exclamèrent précipitemment les deux Gryffondors, rougissants.

Ah, ok, désolé, sourit Alex.

Hermione fit les présentations, introduisant Harry en tant que James Evans, son meilleur ami rencontré au collège, et dans sa classe au lycée également. Alex était un ami d'enfance, et également un de ses voisins. Ils avaient fait les quatre cent coups étants petits, et en gardaient d'excellents souvenirs.

Ils se rassirent tous les trois, Hermione se posant entre les deux garçons.

Tu ne me croiras peut-être pas, James, mais Hermione n'était pas du tout comme ça à l'école primaire ! On aurait dit un vrai rat de bibliothèque ! Studieuse comme pas deux, passant sa vie dans des livres, et ce dès qu'elle a su lire. Une vraie surdouée. Mais on a remarqué avec la bande que chaque été depuis notre entrée au collège, elle revient encore plus bizarre, plus changée. Jusqu'à ce jour où je la vois comme une jeune femme magnifique, pétillante, intrépide mais toujours aussi diablement intelligente. Vous nous l'avez changée dans votre pensionnat ! s'exclama Alex joyeusement.

Harry sourit en regardant la jeune sorcière, rougissante. Il aquiéça à ces propos, rajoutant qu'elle était très probablement la fille la plus intelligente qu'il lui ait été donné de rencontrer. L'heure du déjeuner était arrivée, et Harry et Hermione prirent congé du brun, et s'en retournèrent dans la maison. Les dentistes étants occuppés, Hermione proposa de faire à manger.

Des pâtes, ça te vas ?

Bien sur, sans le moindre problème. Tu veux que je t'aide ?

Pourquoi pas ! Mais t'auras pas grand chose à faire...

Ils rallumèrent la radio, et entreprirent de préparer le repas dans la joie et la bonne humeur. Seuls durant le déjeuner comme durant le reste de l'après-midi, aucun élément ne vint troubler leur quiétude, ni quand ils remontèrent regarder un film. Hermione, la tête posée contre l'épaule de son meilleur ami, était affalée contre lui, qui n'y voyait pas le moindre inconvéniant...

Harry se prépara mentalement à revivre le supplice de la nuit précédente, et se résigna. Mais pourquoi ne pouvait-il pas penser à lui pour une fois, sans se soucier des conséquences ? Juste une fois, une toute petite fois. Allongé sur son matelas, il lui semblait entendre les rires de quelques démons venus se moquer de lui et de son incapacité à se montrer égoïste. Le désir et l'Amour étaient-ils donc devenus pêchés mortels ? Peut-être bien pour Hermione s'il se permettait de réaliser ce qui l'obsédait depuis quelques jours: l'embrasser. Juste l'embrasser. Mais non, elle ne semblait rien voir de son malaise grandissant. Comment tiendrait-il donc un mois et demi dans ces conditions ? Sans céder une seule fois à la tentation qui le tiraillait au plus profond de son être ? Et ses démons intérieurs continuaient à se rire de lui, s'exclaffant bruyamment. Dégoûté par lui-même et par l'égoïsme dont il s'apprètait à faire preuve, il se leva, et sortit.

Une fois de plus, au petit matin, Hermione était seule dans sa chambre. Mais cette fois-çi, le short et le t-shirt d'Harry ne se trouvaient pas sur son matelas aux draps défaits. Restant en nuisette, elle descendit afin de voir s'il répètait son action du jour précédent. Mais il ne se trouvait pas dans la cuisine, il n'y avait que des restes du petit déjeuner de ses parents, éparpillés sur la table. Où était-il encore passé ? Son regard fut attiré par une main dépassant d'un des accoudoirs du canapé, dans le salon. S'approchant doucement, elle y trouva Harry, endormi, les cheveux plus en bataille que jamais, ses lunettes posées sur la table basse.

Harry ouvrit des yeux encore engourdis par le sommeil. Cherchant à se remémorer ses actions de la veille, il se souvint être descendu afin de ne pas être tenté de rejoindre sa meilleure amie dans son lit. Il s'était endormi sur le canapé, après de longues heures passées à ruminer ses idées noires, comme à son habitude. Le Survivant tenta se d'étirer, mais avait nà peine commencé à soulever un bras qu'il ressentit un présence contre lui. Plissant les yeux pour arranger quelque peu sa vue, il distingua Hermione, collée à lui, qui s'éveillait, son sommeil interrompu par le geste du jeune homme.

Bah alors, pourquoi tu dormais ici ? murmura-t-elle doucement.

Désolé, je me suis réveillé très tôt ce matin et je voulais pas t'empêcher de dormir, alors je suis descendu, mais je crois que je me suis rendormi, bredouilla-t-il, quelque peu confu.

Elle sourit gentillement, et se cala contre son meilleur ami avec paresse. La sentir aussi près de lui le rendait fou. Il n'avait plus qu'une envie, celle de l'embrasser, encore et toujours. Ses yeux se fixèrent sur les lèvres de la jeune Gryffondor, et il ne put plus en détacher son regard. Hermione, les yeux fermés, ne semblait pas s'en rendre compte. Ils persistèrent dans cette position durant près d'un quart d'heure, puis se décidèrent à manger un morceau avant qu'il ne soit trop tard. Harry, par la suite, invoqua une subite envie de prendre l'air, et d'explorer seul les environs. Ceçi arrangait la brunette, qui désirait réviser un peu.

Sur ce, il sortit dans la rue, afin de s'aérer l'esprit. Il flâna durant quelques heures, s'arrêtant pour s'asseoir de temps à autres, oubliant pour quelques instants ses préoccupations du moment. Revenant près de la maison de ses hôtes, il leva les yeux vers la fenêtre aux rideaux rouges, presque par automatisme. Ses yeux s'écarquillèrent tout d'un coup, il ne crût pas à ce qu'il vit. Un jeune homme roux tenait Hermione dans ses bras, qui se laissait faire. Il l'embrassa doucement, et elle répondit à son baiser. Leurs doigts se croisaient, et leurs corps se collaient l'un à l'autre. Harry sentait le sang battre dans ses tempes, et entendait le bruit assourdissant de son coeur meurtrit.

Souriant avec tendresse, Hermione avait tourné son regard vers la rue, et son sourire s'effaça immédiatement quand ses yeux croisèrent ceux d'Harry. Elle repoussa Ron, et Harry le vit tourner son regard vers lui à son tour. Presque méprisant envers celui qu'il avait toujours considéré comme son frère, il lui jetta un regard plein de fierté de posséder la seule chose qu'il désire. Après un baiser, il transplana. Le noireaud vit Hermione se retourner dos à lui, et ses mains aller à l'arrière de sa tête, comme si elle se sentait mal. Mais Harry Potter, le Survivant, ne survivait pas à ce coup porté au coeur par son meilleur ami. Il se précipita vers un panneau de signalisation, et sous le joug de la colère, le fit plier d'un coup de poing qui retentit dans la ruelle vide. Il se décida à ne rentrer qu'à la nuit tombée, au risque d'inquiéter la maîtresse de son coeur, qui le mettait au supplice.

Lorsqu'il franchit le seuil de la porte, il était près de vingt heures. Hermione, assise dans un coin de sa chambre, ne dit pas un mot. Il s'installa sur le matelas, et entrepris de lire un peu. Le silence était pesant, et la voix de sa meilleure amie sortit Harry de sa torpeur.

Pardonne-moi, chuchota-t-elle d'une voix quelque peu brisée.

Tu n'as pas à l'être, votre histoire ne me regarde pas.

Si, bien sûr que si ! Je me sens doublement coupable...de ne pas t'avoir dit la vérité, et pire encore de sortir avec Ron sans éprouver le moindre sentiment envers lui.

Tu n'as pas à te justifier, tu sais, dit-il.

Mais dans le fond, il était plus qu'heureux de savoir qu'Hermione ne ressentait rien pour le rouquin.

Si, je dois le faire ! Et d'ailleurs, je vais tout t'avouer. On a été loin Ron et moi, très loin. Pas jusqu'à sauter le pas, mais presque.

Ca ne me regarde pas, Hermione...dit-il faiblement.

Je te le dois bien. Je me suis comportée comme la dernière des garces.

Ne dis pas ça, c'est faux !

Il la détestait pour ce qu'elle lui faisait subir, mais ne pouvait s'empêcher de l'aimer. Une contradiction plus que douloureuse, qu'il savait ne pas pouvoir empêcher. Mais à présent qu'il savait tout cela, oserait-il avouer ses sentiments à sa meilleure amie ? Il le fallait, ou il finirait par se détruire. Mais pas tout de suite. Attendre que la blessure de chacun d'eux cicatrise, avant de frapper dessus de nouveau. Ils décidèrent d'un commun accord de mettre ces évènements de côté, afin de cohabiter dans la bonne humeur.

Une semaine passa, et Harry et Hermione devenaient plus proches chaque jour, pour le plus grand bonheur du Survivant. Celui-çi profitait de chaque instant passé avec sa bien-aimée, stockant en lui la joie et la plénitude ressenties, les gardant pour les jours difficiles.

Le dimanche venu, Harry et les Granger passèrent la journée tous ensembles, jouant à des jeux de société, et riant de tout et de rien. Ce soir-là, Harry et Hermione, qui avaient pris l'habitude de louer un film, s'assirent sur le matelas du jeune homme afin de visionner leur trouvaille. Harry tenait sa meilleure amie contre lui, assise entre ses jambes. Absorbé par le film, il ne la sentit pas s'affaisser. Durant le générique de fin, le noireaud pit conscience du fait que sa meilleure amie s'était endormie profondément. Ne voulant pas la réveiller, il l'allongea sur son propre matelas, et ne sut plus quoi faire.

Salut à tous ! Désolée pour cette fic tardive, qui pour une fois, n'est pas un OS ! Eh oui, l'instpiration m'est revenue, et je me sens prête à renouveler l'expérience d'une fic longue. Enfin bref, le prochain chapitre est exactement le même, mais du point de vue d'Hermione, ce qui change bien des choses... A bientôt, et Reviews please !