Disclaimer : Les SHINee ne m'appartiennent pas. (Même si j'aimerais beaucoup ...)
Pairing : JongTae
Rating : UA / Hurt / Romance
NDA : Voici le premier chapitre d'une fiction qui en comportera quatre. Les chapitres seront postés tous les lundi, si possible, ou du moins en début de semaine.
C'est la première fois que je sors les SHINee de leur contexte habituel. J'ai voulu tester le UA. Après Les Quatre Saisons, j'avais envie d'un texte différent, peut-être pour changer du doux. Hu hu ... Enjoy !
Best Place
Le sang gicla. Quelques gouttes tâchèrent un peu plus sa chemise anciennement blanche. Il relâcha sa main et la batte de base-ball fit un bruit sourd en retombant sur le sol, bruit qui fût amplifié dans le silence oppressant de la nuit. Il poussa un soupir en sortant de sa poche intérieure son paquet de cigarette. Il en porta une à ses lèvres, le regard, impassible, posé sur le corps de sa dernière victime. Il tourna la tête et observa les corps jonchant le sol. Il y en avait sept. Ils étaient éparpillés dans la petite ruelle. Certains étaient étalés à même le goudron, d'autres le dos contre un mur ou même encore certains dans des poubelles. Tous ressemblaient à des poupées de chiffons, des poupées désarticulées : leurs membres cassés et déboîtés formaient des angles improbables et impensables.
Il tourna son regard vers l'entrée de l'étroite ruelle. Quelques personnes s'étaient arrêtées. Il pouvait desceller dans leurs regards la peur, l'horreur, la surprise ou encore la peine. Il était las, tellement las. Il leur lança un sourire amer, auquel les badauds répondirent par des cris ou des gestes d'indignations. Il les vit tous, un par un, partir, sans un regard en arrière. Il eu un rire froid. Oh oui, tellement las.
Il se pencha, un sourire froid toujours aux lèvres, récupéra sa batte et balança sa cigarette, à peine entamée, sur le sol défoncé et humide de sang de la ruelle, la laissant se consumer seule.
Il sorti de la ruelle, une main dans la poche, l'autre autour de la batte de base-ball, le pas lourd et la tête haute. Il déboucha sur une rue animée du centre ville. Les quelques passants qu'il croisait à cette heure avancée de la nuit le dévisageaient mais personne ne l'interpella ou ne l'approcha, par crainte ou par instinct de survie, il ne saurait dire.
Alors qu'il marchait, sa vue se brouilla, son sang cogna fortement à ses tempes, ses jambes tremblèrent et le lâchèrent. Ce fût le trou noir.
Quand il reprit connaissance, il savait d'ors et déjà qu'il n'était pas chez lui. Une lumière vive frappait ses paupières closes. Une odeur de fleurs fraîchement coupées et de thé vert emplissait ses narines. Sa tête, ainsi que le reste de son corps, reposés sur une surface douce et moelleuse. Il sentait autour de sa taille le toucher rugueux d'une bande étirable pour pansement et il pouvait sentir sur lui le léger poids d'un drap frais et propre, ayant encore l'odeur de la lessive et de l'assouplissant. Il ouvrit précautionneusement un œil, puis l'autre, avant de les refermer, agressés par la lumière diffuse de la pièce trop claire à son goût. Il réitéra son geste et ouvrit, cette fois-ci, lentement ses yeux, les laissant s'habituer à la luminosité de son environnement. Une fois cela fait, restant toujours couché, il observa les alentours.
Il se trouvait, à priori, dans un petit salon, puisqu'il était couché sur ce qui lui semblait être un canapé moelleux et de couleur beige. Il tourna la tête vers la droite et son regard parcouru la pièce : une petite table basse en bois clair qui croulait sous le poids de papiers en tout genre, de magazines et de livres, ainsi que d'un vase plein d'orchidées, un petit tapi coincé dessous, de couleur bordeaux, une télévision éteinte posée sur un petit meuble télé, lui aussi croulant sous toutes sortes de choses pas forcément à leur place. Il y avait à côté de la télévision une bibliothèque de taille modeste, et pour ce qu'il en voyait, il y avait toutes sortes de littératures et de livres, bandes-dessinées, mangas et d'autres choses encore, le tout entouré de babioles hétéroclites.
- Ah, tu es réveillé !
Il tourna son regard vers la personne qui était entrée dans la pièce. C'était un jeune homme, plutôt grand, fin et élancé, les cheveux mi-longs et châtains retenu en arrière par un catogan, le visage ovale, des yeux noisettes, un nez rond et une bouche parfaitement dessinée en forme de cœur, qui s'était étirée en un grand sourire rayonnant et attentionné quand il avait posé ses yeux sur lui.
Le jeune homme s'approcha lentement de lui, comme pour ne pas l'effrayer, et s'installa, en poussant par terre ce qui s'y trouvait, sur la table basse, face à l'occupant du sofa.
- Je m'appelle Taemin. Enchanté !
Il lui tendit la main, mais voyant que le blessé ne faisait aucun geste, à part le regarder fixement, il remit sa main sur son genoux, un sourire un peu moins grand sur le visage.
- Je t'ai trouvé en rentrant de mes cours du soir hier. Je ne savais pas quoi faire, et comme tu t'es effondré sur mon paillasson, je t'ai amené chez moi. J'ai soigné comme j'ai pu ta blessure au flan, mais je pense que tu as besoin de quelques points de suture …
Le jeune homme se tut, observant son interlocuteur, attendant une réponse de sa part, ou du moins un remerciement. Pourtant, son « patient » n'ouvrit pas la bouche. Celui-ci souffla en fermant le yeux, se passa la main sur le visage et essaya de se lever, mais une douleur aiguë le fit grimacer, ce qui ne passa pas inaperçu aux yeux de son « infirmier ». Le jeune châtain lui posa une main sur l'épaule.
- Tu ne devrait pas forcer pour le moment, l'entaille est assez profonde, reste tranquille.
Taemin, car c'est comme cela que le jeune homme s'était présenté, se leva en retirant lentement sa main de son épaule et se dirigea vers la sortie de la pièce, le tout sous le regard impassible du jeune homme allongé. Le châtain revint une petite minute après, une verre d'eau dans la main droite et un médicament anti-douleur dans la main gauche. Il présenta le tout au blessé. Celui-ci acquiesça avant de tendre la main pour prendre le cachet, l'avaler et prendre le verre d'eau, qu'il avala lui aussi d'une traite.
- Comment t'appelles-tu ? Demanda Taemin, se rasseyant sur la table basse, un sourire engageant aux lèvres.
Le jeune homme hésita. Il chercha autour de lui et dans les yeux de son interlocuteur une fausse intention, un piège ou quoique se soit qui pourrait l'éclairer sur la situation. Mais il n'y avait rien, à par de la curiosité et de la bonté dans ce regard noisette.
- Jonghyun.
Il lui avait répondu d'une voix basse et grave. Le regard de Taemin s'éclaira un instant avant qu'il ne lui fasse un nouveau sourire et se lève.
- Enchanté Jonhyun ! Bon, ne fais pas attention au bordel de cette pièce, ou même de l'appartement en fait !
Il rit et se gratta la nuque, légèrement embarrassé.
- J'appelle ça mon bordel organisé, mais mes amis ne le voient pas comme ça …
Il laissa sa phrase en suspend, et se remit à rire, la main devant la bouche, comme pour cacher son nouvel embarra. Sur ce, il laissa de nouveau Jonghyun pour repartir vers la pièce d'à côté, qui devait être, comme le pensait Jonghyun, la cuisine.
Jonghyun reposa sa tête sur l'oreiller. Il souffla une nouvelle fois tout en fixant le plafond blanc crème. Il ne savait pas pourquoi, mais là, tout de suite, il se sentait bien. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas ressentit ce sentiment de bien-être, de plénitude. Cela faisait trop longtemps qu'il était las, las de tout et de lui-même. Il ferma les yeux pour profiter de l'ambiance présente dans l'appartement. Il se rendormit.
Quand il rouvrit les yeux, la lumière de la pièce était plus tamisée, moins diffuse et ses yeux furent moins agressés. Il observa les alentours pour se rendre compte que la nuit était tombée et que la lumière provenait de la petite lampe posé sur un guéridon près du canapé où il était installé. Il y avait un silence apaisant dans l'appartement.
Lentement, pour ne pas rouvrir la blessure qui cicatrisée, il se mit en position assise et se passa une main sur le visage. Il prit appuis sur ses mains et se mit péniblement debout, sentant son flan le tirailler. Et alors qu'il relevait la tête, il entendit une porte s'ouvrir et se refermer avant que Taemin ne fasse son entrée dans la pièce, bonnet noir sur la tête, écharpe assortie autour du cou, manteau noir sur les épaules, boots aux pieds et dans ses bras un sac en papier kraft rempli à raz-bord de nourriture fraîchement achetée.
Il eu l'air surpris de le voir debout avant de lui sourire en posant sur la table basse, toujours autant surchargée, ses courses.
- Je suis sorti faire quelques courses le temps que tu dormais. Heureux de te voir debout, mais ne force pas trop hein, je ne veux pas que tu te fasses plus de mal encore.
Jonghyun le regarda, totalement surprit du comportement de ce jeune homme. Il était un total étranger pour lui, il ne se connaissaient pas et pourtant, il agissait comme si. Il l'avait juste ramassé dans la rue, comme on ramasse un chaton abandonné, en toute générosité, sans rien lui demander en retour. Pour Jonghyun, c'était le monde à l'envers, lui qui ne connaissait depuis sa naissance que la violence, la recherche du pouvoir et la cupidité.
À cet instant, devant cet être si pur et si bon, Jonghyun se sentait minuscule et faible, tellement faible. Jonghyun se dit alors qu'il était temps pour lui de partir de ce lieu, pourtant si accueillant et si rassurant.
- Merci de ton accueil, lui dit-il en se courbant, mais il est temps que je parte.
Taemin le regarda quelques secondes sans comprendre - il était entrain d'enlever bonnet, écharpe et blouson - le regard un peu perdu devant l'attitude de son invité surprise. Puis, voyant Jonghyun prendre lentement sa veste, qu'il avait la veille au soir posé sur l'un des accoudoirs du canapé, il sortit de sa torpeur et se précipita sur le jeune blessé. Posant sa main sur le poignet droit de Jonghyun, il fut surpris par la rapidité qu'eut celui-ci pour s'extirper de sa faible poigne et pour le pousser loin de lui, le faisant tomber sur le canapé. Il y eut un moment de silence et de gêne, chacun essayant de comprendre ce qu'il venait de se passer.
- Désolé.
La voix basse et froide de Jonghyun résonna dans l'appartement silencieux. Taemin le regardait, toujours avachi sur le canapé, le cœur battant férocement dans sa poitrine, les yeux légèrement exorbités et le souffle court. Il était effrayé, Jonghyun le savait, il le sentait comme un prédateur sentait la peur de sa futur proie.
Jonghyun se courba une nouvelle fois en direction de son hôte improvisé, attrapa sa veste et, sans un dernier regard, sortit de l'appartement. Il se retrouva dans une rue animée, celle-là même où il s'était évanouit pratiquement vingt-quatre heures plus tôt. Il lorgna un instant la porte de l'immeuble derrière lui, songeant au jeune homme quelque peu choqué et à son appartement chaleureux qu'il venait de quitter, puis, poussant un énième soupir, se passant une nouvelle fois la main sur le visage, il se mit en marche.
Le clan n'attendait pas et il était déjà trop en retard.
