Vous connaissez cet espèce de sentiment bâtard, perdu entre l'amour et l'admiration ? N'étant ni totalement l'un, ni vraiment l'autre ? Orihime oui. Elle l'a connu dès le jour où elle a posé ses grands yeux gris terriblement innocents sur Ichigo Kurosaki. Et elle a cru l'aimer. Fort, d'une passion violente, presque douloureuse, qu'elle maintenait bien tout contre son grand cœur, dans l'espoir qu'on ne remarquerait ainsi pas chaque regard douloureux qu'elle aurait lorsque le roux l'ignorerait royalement. Et elle a chérit ce sentiment, cette jolie fille que tout le monde trouve si douce, à peu près autant qu'elle s'est méprisée pour son manque de courage en se rendant compte qu'elle était tout simplement incapable d'avouer ses sentiments à l'homme dont elle était amoureuse.

Mais elle n'a pas abandonné ce petit cœur qui bat bizarrement pour Kurosaki. Elle a simplement enfermé les sentiments dans une petite boîte, bien fermée à clé. Jusqu'au jour où elle a compris qu'elle n'avait aucune chance. Le jour où elle a vu le regard que portait Rukia sur Kurosaki. Elle a su, immédiatement, que ça n'avait rien à voir. Et il y a quelque chose, dans cette petite boîte qu'elle chérissait, qui s'est mis à pourrir de l'intérieur. Et bientôt, quand elle a voulu y jeter un œil, elle n'a plus retrouvé que le fruit pourri d'un sentiment sans nom. Et puis elle a pris un peu de temps, pour regarder le fruit pourri, le disséquer du regard, l'analyser dans les moindres détails. Et à sa manière, Orihime a contemplé ce qu'il restait de son " amour " pour le shinigami. Elle s'est demandé si une fée des sentiments était rentrée dans son cœur, et avait fait pourrir le fruit. Et puis, finalement, elle a bien dû se rendre à l'évidence, et admettre que peu importe la raison pour laquelle le fruit a pourri, l'essentiel étant qu'il ait justement pourri.

Pourtant, lorsqu'on l'a emmenée au Hueco Mundo, en ne lui laissant la possibilité d'aller voir une seule personne avant son départ, c'est au chevet de Kurosaki qu'elle s'est rendue. Elle l'a observé dormir, perdue dans ses pensées, et dans le souvenir du fruit qu'elle gardait précieusement dans son coeur auparavant. Et l'idée d'un baiser volé lui est venue. Elle a hésité, beaucoup. Et elle a fini par l'embrasser. Et au lieu des papillons, elle a constaté simplement qu'il ne lui restait de ce baiser papillon qu'un malaise, discret mais présent. Elle a revu le fruit pourri dans son coeur, et un sourire triste est apparu sur ses lèvres. Elle n'avait jamais aimé Kurosaki. Il était le temps de l'accepter. Et de démarrer sa nouvelle vie de traîtresse. Ils seraient en sécurité au moins, et elle survivrait. Son absence lui pèserait moins à présent qu'elle savait que Kurosaki n'était pas, et n'avait jamais été l'élu de son coeur.