Hey hey !

Bienvenue à toutes et à tous sur cette nouvelle et dernière trilogie !

Merci pour vos reviews sur le précédent tome, ça fait chaud au coeur de voir que vous nous suivez, toujours plus nombreux ! Du fond du coeur, merci !

En espérant que vous avez passé un joyeux Noël, voici un petit cadeau en retard, le tout dernier chapitre de l'année 2012. On vous promet une année 2013 pleine de rebondissements !

Sans plus tarder, place à la lecture !


LA TRILOGIE D'AVALON

TOME 1 : L'ANKOU

Chapitre 1 : De retour à la réalité

3 mois plus tard…

Une chaleur écrasante régnait en ce début de mois d'août et les badauds se dépêchaient de rentrer chez eux, en cette fin de journée, pour profiter de la fraîcheur de leur foyer. Au milieu de cette agitation, une jeune femme respirait à plein poumons dans la rue animée. Les gens la contournaient, pestant contre cette personne qui restait plantée en plein milieu du trottoir, observant un bâtiment délabré.

Contrairement aux passants, la jeune femme voyait les portes d'un hôpital qu'elle avait enfin pu quitter, après des longues semaines enfermée dans une chambre du service psychiatrique. Ses mâchoires se contractèrent légèrement et elle chassa les sombres souvenirs qui envahissaient sa mémoire. Tout ceci était fini, enfin. Serrant son sac contre elle, elle tourna les talons et se rendit jusqu'à la bouche de métro la plus proche. Elle fouilla dans sa poche et trouva un ticket ainsi que quelques pièces de monnaie. Elle décida de s'installer à la terrasse d'un café et commanda un expresso.

Les mains sur la tasse, son regard se perdit dans le liquide amer. Qu'allait-elle faire, maintenant qu'elle était libre ? Qu'elle avait été déclarée saine d'esprit ?

Elle étouffa un sanglot et but une courte gorgée. Ses parents étaient toujours en Australie, sans aucun souvenir d'elle. La rentrée universitaire commençait dans un mois et elle n'avait pas d'argent pour entreprendre des études. Son séjour forcé à Sainte Mangouste avait éloigné d'elle ses amis et personne ne l'avait attendue à la sortie de l'hôpital sorcier. Toute sa vie tenait dans le sac qu'elle portait en bandoulière.

La réalité la frappa de plein fouet : elle était seule, sans avenir certain. Il n'y avait que la fine tige de bois, se trouvant dans sa poche, qui lui rappelait ce qu'elle était de nature. Une sorcière.

Elle abandonna le montant de l'addition sur la table, finit d'une traite son café et quitta la terrasse pour se diriger vers le métro. En haut des marches, elle hésita, puis tourna les talons, décidant de regagner à pied l'ancien domicile familial. Elle voulait profiter du soleil qui caressait sa peau, l'irradiant de sa douce chaleur qui lui avait tant manqué toutes ces semaines, dans sa cellule froide et sombre.

Sur le chemin la ramenant à la maison de son enfance, les questions tournoyaient dans son esprit. Devait-elle ramener ses parents en Angleterre ? Pouvait-elle les rejoindre et s'installer en Australie? Après tout, rien ne la retenait ici.

Hermione tenta de se changer les idées mais, comme les 90 derniers jours, la même question, douloureuse, surgit : Pourquoi McGonagall avait-elle appelé les médicomages ? Pourquoi ne l'avait-elle pas crue ?

Les deux premières semaines, elle avait tenté de résister. Ses souvenirs étaient si vifs, si présents qu'ils ne pouvaient être que vrais. Puis, les drogues, les séances d'électrochocs, les sortilèges d'oubliettes, les psychanalyses s'étaient enchaînées et avaient eu raison d'elle. Ses défenses s'étaient affaiblies, la douleur en venant à bout, et elle avait lâché prise. Plus jamais elle n'avait prononcé les mots Sages, Hauts, qui n'avaient maintenant que peu de signification pour elle. Des concepts vides et creux. Elle n'avait plus aucun souvenir de ce qu'elle avait vécu pendant son coma. Seuls des cris se faisant entendre la nuit, des images de corps sans vies, des fragments de batailles aux motifs oubliés surgissaient par flash dans ses rêves. C'était tout ce qui lui restait. Ca, et la sensation insaisissable mais persistante qu'elle avait quitté un monde merveilleux pour s'enfoncer dans l'horreur de la réalité. Ca, et le goût d'un bonheur irréel dont elle ne savait plus la cause, mais dont elle déplorait avec amertume la perte.

Elle songea à la dernière fois qu'elle avait vu Minerva McGonagall. Elle ne se rappelait plus de leur entrevue, de la teneur de leur conversation. Mais que lui avait-elle révélé pour que l'animagus prenne peur ?

Elle secoua la tête. Elle ne s'en souvenait plus. Pourtant, elle était sûre de ne pas l'avoir rêvé. Elle se rappelait vaguement avoir suivi son ancien professeur dans les couloirs dévastés du château qui avait essuyé les ravages d'une guerre violente, sanglante. Elles avaient trouvé refuge dans le bureau circulaire du septième étage et elle s'était assise en face de l'animagus. Elle avait dû commencer à lui raconter son rêve –elle n'en était même pas certaine- dans des grandes lignes qui lui échappaient maintenant et une vingtaine de minutes plus tard, sans qu'elle s'y attende, Pomfresh était arrivée accompagnée de deux médicomages. Et, en croisant le regard vert émeraude triste et inquiet, elle avait compris ce qui l'attendait. Elle s'était débattue, en vain. Epuisée, les trois médicomages l'avaient facilement maîtrisée.

Perdue dans ces pensées qui n'étaient déjà plus que des lambeaux et sur la douleur du vide qui l'habitait maintenant, elle était parvenue sans s'en rendre compte dans son ancien quartier. Arrivée devant la maison, elle s'arrêta net, choquée. Un panneau avait été planté dans le gazon. « Saisie par huissier».

- Merde… siffla Hermione en pénétrant dans le jardin envahi par les herbes folles.

Elle grimpa les trois marches du perron et eut une moue dégoutée en remarquant les scellés sur la porte. Après avoir regardé rapidement autour d'elle, elle sortit sa baguette et lança discrètement un sort. Un déclic se fit entendre puis la serrure sauta. Hermione appuya sur la poignée mais la porte refusa de s'ouvrir. Elle donna un grand coup d'épaule et le panneau de bois finit par pivoter. La brune passa la tête dans l'entrebâillement et remarqua une immense pile de courriers qui s'entassaient, bloquant le passage. Elle fit passer son pied et dégagea comme elle le put les diverses enveloppes et prospectus afin de pouvoir rentrer chez elle. Le salon n'avait pas changé depuis qu'elle avait quitté cette maison, il y avait plus d'un an maintenant. La poussière s'était amoncelée sur les rares meubles restants et quelques toiles d'araignées s'étaient logées dans les coins. La plupart des affaires avaient disparu. Hermione avait fait les valises de ses parents avant de les expédier à l'autre bout du monde et le reste des objets ayant un peu de valeur avaient dû être pris par les huissiers. Elle se retrouvait dans une maison vide, aussi vide qu'elle.

Elle se laissa tomber sur le canapé et un fin nuage gris s'éleva dans les airs. Elle se prit la tête dans les mains et pleura, maudissant les médicomages qui lui avaient pris ses souvenirs, son identité. Maintenant, elle n'était plus rien. Juste une née de moldus qui se retrouvait bloquée dans un monde qui n'était plus le sien, sans les souvenirs qui l'avaient façonnée. Elle n'avait plus de repères, elle était seule et se demandait si elle avait un avenir dans cette réalité si douloureuse à vivre.

Elle essuya ses yeux rouges de larmes et releva la tête. Elle fronça les sourcils en remarquant un parchemin plié posé au milieu de la table du salon. Elle se leva et le prit entre ses mains, observant le papier. Du papier sorcier, à n'en point douter. Elle déplia la feuille et se demanda ce que signifiaient les mots écrits.

QUI ES-TU ?

- Je suis une coquille vide… marmonna-t-elle en jetant négligemment le parchemin sur la table.

Elle fit le tour de la maison et découvrit quelques provisions, des boites de conserve, dans la cuisine. Au moins, elle aurait de quoi manger pour les prochains jours, le temps de se retourner, de trouver une solution, de répondre aux questions qu'elle se posait. Elle devait trouver de l'argent, un endroit où loger, ne pouvant rester dans cette maison qui visiblement ne lui appartenait déjà plus.

La sonnette de la porte d'entrée retentit, la faisant sursauter. Elle tira vivement sa baguette de sa poche et s'approcha du judas pour y jeter un coup d'œil. La stupéfaction apparut sur son visage et, poussant à nouveau le courrier du pied, ouvrit rapidement la porte.

- Neville ? fit-elle, surprise.

- Salut Hermione, commença l'ancien Gryffondor avec un sourire. J'ai appris que tu étais sortie. Les médicomages m'ont dit ça quand je suis allé voir mes parents, ajouta-t-il en remarquant l'air soupçonneux de l'ancienne préfète.

La brune était impressionnée par le changement de Londubat. Le garçon craintif et maladroit était devenu en une année un jeune homme plein d'assurance, au sourire franc.

- Tu as le temps de discuter un moment ? demanda-t-il. Enfin, si tu en as envie, bien sûr.

Hermione hocha la tête et le laissa pénétrer dans la maison. Neville jeta un coup d'œil au salon et eut un regard navré.

- J'ai vu la pancarte à l'extérieur, je suis vraiment désolé pour toi. Tu as trouvé un nouveau logement ? Tu veux venir quelques jours chez moi le temps de trouver une solution ?

- Non, ça ira, marmonna Hermione en haussant les épaules. Une tasse de thé ? Je devrais bien pouvoir en trouver…

Elle retourna dans la cuisine, fouilla à nouveau les placards et exhuma deux sachets qu'elle jeta dans des tasses. Quelques minutes plus tard, les deux rouge et or étaient assis dans le canapé et seule la cuillère de Neville qui tournait dans son mug coupait le silence.

- Tu fais quoi à la rentrée ? Tu as des projets ? Des envies ? demanda-t-il avec curiosité.

- Non, répliqua mollement Hermione. Et de toute façon, qui voudrait engager une folle… marmonna-t-elle à voix basse.

Le silence, gêné, embarrassant, se réinstalla et la brune sentit qu'elle devait retourner la question à son ami. Par politesse.

- Et toi ?

- La Directrice McGonagall m'a embauché comme professeur de botanique, dit-il, réjoui. Le professeur Chourave a décidé de prendre sa retraite.

- Félicitations.

Le mot fut difficilement lâché et Neville remarqua qu'elle s'était forcée. Mais il ne lui en tint pas rigueur. Il devinait que les trois mois que l'ancienne préfète venait de passer avaient été plus qu'éprouvant.

- Mais j'y pense ! McGonagall n'a toujours pas trouvé de professeur de métamorphose. Elle est tellement désespérée qu'elle pense l'enseigner elle-même, malgré sa charge de Directrice. Tu pourrais le faire ! Tu étais la meilleure de l'école ! Et en plus, tu aurais un logement de fonction.

- Non merci.

- Mais, tu viens de dire que tu…

- Je sais, je n'ai rien de mieux à faire. Mais vraiment, être à Poudlard ne me tente pas. Et puis, elle trouvera bien quelqu'un dans sa famille prêt à prendre le poste.

Elle s'interrompit quelques instants, sa dernière phrase faisant échos dans son esprit. Une silhouette se dessina dans la brume de ses souvenirs. Un homme, grand et de corpulence assez fine. Quel était son nom et son lien de parenté avec l'animagus ?

Elle secoua la tête, persuadée de divaguer et frustrée de ne se souvenir de rien. Elle n'avait jamais rencontré la famille McGonagall et n'était pas certaine que la Directrice de Poudlard en ait vraiment une.

- Sur ce, Neville, c'était très gentil d'être passé, fit-elle en se levant. Bon courage pour la rentrée.

Le jeune homme l'imita et l'embrassa sur la joue.

- A bientôt Hermione. Et si tu as besoin de quoi que ce soit, tu sais où me trouver.

Il quitta la maison, laissant l'ancienne Gryffondor seule au milieu de son salon. Elle prit sa baguette et commença à faire le tour des pièces, voir ce qu'elle pouvait récupérer. Elle devait trouver quoi faire de sa vie, mais n'avait plus aucune idée, plus aucune envie.


La nuit était prête à tomber quand Hermione finit de boucler ses valises et de faire un brin de ménage. Poussiéreuse tandis que la maison était maintenant propre, la brune éternua. En écho, la sonnette de la porte d'entrée résonna. Elle ôta de son front une toile d'araignée et se rendit dans l'entrée pour ouvrir la porte. En croisant le regard vert émeraude, elle étouffa un juron et ferma violemment le panneau de bois. Cependant, elle se raidit. Elle avait bien reconnu les yeux de son ancien professeur mais cette dernière semblait... jeune ?

La jeune femme fronça les sourcils, agacée. Son esprit fatigué lui jouait-il des tours ? Elle devait s'en assurer. La main sur la poignée, elle hésitait. Après tout, qu'est-ce que ça pouvait lui faire ? Si McGonagall avait trouvé le moyen de rajeunir, grand bien lui fasse ! Elle ôta sa main de la poignée et tourna les talons avec l'intention de regagner son salon. Mais la curiosité s'insinuait en elle et l'envie d'en avoir le coeur net le partageait à la colère qu'elle ressentait à savoir l'animagus dans son jardin.

Réflexion faite, elle rouvrit la porte et se planta devant la visiteuse, les poings sur les hanches, masquant la stupéfaction qu'elle éprouvait à voir le visage jeune de son ancien professeur.

- Bonsoir Madame la Directrice. Vous venez vérifier que la folle est bien guérie ? aboya-t-elle, préférant être de mauvaise humeur que de poser les questions qui lui brûlaient la langue. Je vous rassure, le travail des psychiatres de Ste Mangouste est excellent. Vous voilà rassurée ? Bonne nuit !

Et elle claqua à nouveau le battant. Elle n'avait fait que quelques pas en direction du salon que la sonnette retentit une nouvelle fois. Hermione agita sa baguette et un léger cri se fit entendre de l'extérieur.

- C'est dangereux, les vieilles installations électriques… murmura-t-elle avec un rictus satisfait, espérant retrouver sa solitude pour faire le tri de ses pensées.

La visiteuse en avait décidé autrement et ne se décourageait visiblement pas. Délaissant la sonnette, elle heurtait maintenant la porte.

- Miss Granger, fit la voix étouffée, je ne bougerais pas de là tant que je ne vous aurai pas parlé. En face à face, ajouta-t-elle après un instant.

La brune roula des yeux, agacée. Elle ne céderait pas aux demandes de celle qui l'avait fait interner. Elle retourna dans le salon, sortit de son sac des boules Quies et se les enfonça dans les oreilles. Elle déplia son sac de couchage sur le canapé, prit un livre et s'allongea avant de feuilleter le roman qu'elle avait choisi, sans prêter attention aux mots qu'elle lisait. Comment McGonagall avait-elle fait pour retrouver sa jeunesse passée ? Un accident de potions ? Peu probable...

Après avoir tourné le problème dans tous les sens et ne trouvant pas de réponse magique satisfaisante, elle se leva et risqua un œil par la fenêtre. McGonagall s'était sûrement lassée. Elle fut estomaquée de constater qu'il n'en était rien. Surprise par la scène qu'elle découvrit, elle cessa un instant de respirer, puis hésita entre la colère et le rire.

La Directrice de Poudlard était assise sur les marches du perron, adossée contre un mur, les jambes croisées, et lisait paisiblement. Hermione ouvrit brutalement la porte d'entrée et l'animagus se contenta de lever les yeux sur la brune.

- Que voulez-vous ? s'emporta Hermione.

- Seulement discuter avec vous, répondit doucement Minerva.

- Non. Autre chose ?

- Je ne suis pas au fait de la législation moldue, mais je crois comprendre que vous avez des soucis avec votre maison, répondit l'animagus en tournant la tête vers la pancarte de saisie qui trônait dans le jardin. Je pourrais…

Mais Hermione ne la laissa pas finir sa phrase.

- Vous pourriez partir et disparaître de ma vie ! ordonna la brune. Vous l'avez déjà assez chamboulée sans en rajouter.

- Ce qui s'est passé n'était certainement pas dans mes intentions.

- Ca vous va bien de dire ça aujourd'hui ! s'exclama vertement l'ancienne Gryffondor. Vous étiez où pour prendre ma défense pendant qu'on détruisait mon esprit ?

- J'ai essayé d'intervenir mais n'étant pas votre tutrice légale je…

McGonagall ne put finir sa phrase. Elle sursauta en grimaçant alors que la brune claquait la porte derrière elle. L'animagus resta encore quelques instants à observer son ancienne élève par les fenêtres donnant sur le salon et se demanda si elle devait insister une nouvelle fois. Cependant, quand Hermione tira les rideaux pour couper la vue à la Directrice de Poudlard, cette dernière décida de retenter sa chance plus tard et transplana.


22 mois plus tard…

La lumière s'alluma brusquement et Hermione grommela en enfouissant son visage dans la couverture rêche qui la couvrait.

- Debout Granger ! aboya une femme. Deux accidents de balais arrivent d'ici trente secondes. T'en as vingt pour bouger sinon je demande aux vigiles de te tirer de ton plumard.

La porte claqua et l'ancienne Gryffondor se redressa pour s'asseoir dans son lit de fortune. Elle passa sa main sur son visage aux traits tirés et bailla à s'en décrocher la mâchoire. Les réveils de Parkinson étaient toujours aussi délicats…

Elle se leva et se dirigea vers le lavabo afin de s'asperger le visage d'eau fraiche. Elle vérifia sa tenue, glissa sa main dans sa poche pour attraper sa baguette et sortit de la salle de repos. Elle déambula dans les couloirs de Sainte Mangouste jusqu'à arriver à l'accueil. Des sorciers s'agitaient dans tous les sens et, au milieu de cette pagaille habituelle, Pansy Parkinson était appuyée contre un mur, les mains dans les poches de sa blouse, calme, immobile.

Les cheveux noirs de l'ancienne Serpentard tombaient souplement sur ses épaules. Hermione se dit que la jeune femme n'avait pas changé depuis Poudlard, mis à part les tailleurs moldus hors de prix qu'elle portait. Toujours le même regard dur, froid et méprisant qu'elle lui adressait quand leurs yeux se croisaient. Aux côtés de la vert et argent, le chef des urgences, le docteur Grant, aboyait des ordres pour dégager le passage.

- Granger ! Tu surveilleras les constantes du patient numéro un. Parkinson, celles du numéro deux ! Et qu'on me trouve Rupert !

Hermione acquiesça et serra sa baguette dans ses mains. Les portes de Sainte Mangouste s'ouvrirent et des brancardiers poussaient deux chariots. Deux hommes gisaient, inconscients, couverts de sang.

- Ils sont relativement stables. Le choc fut violent. Ils étaient ivres, apparemment… fit un des ambulanciers.

Grant donna des ordres et Hermione se dirigea vers une des victimes. L'homme était blond, de taille moyenne, et elle agita rapidement sa baguette au-dessus de lui.

- La tension est faible, dit-elle à son supérieur. Il a perdu beaucoup de sang et… commença-t-elle.

- On l'emmène au bloc. Vous venez avec moi. Et ne traînez pas ! coupa son supérieur.

Alors que le médicomage tentait d'arrêter le sang qui s'écoulait, Hermione poussait le chariot dans les couloirs. Ils empruntèrent l'ascenseur et elle appuya d'un geste sec sur le bouton du troisième étage.

« Mais qu'est-ce qui m'a pris de vouloir être médicomage ? » soupira-t-elle intérieurement en examinant le crâne du patient.

- Du sang s'écoule par l'oreille droite, fit-elle remarquer.

- Merde… lâcha Grant. On échange. Poursuivez l'examen sur le reste du corps.

L'ancienne Gryffondor se glissa entre le brancard et la paroi de l'ascenseur et découpa proprement le pantalon du patient.

- Multiple fractures de la jambe, tibia et péroné, plaies ouvertes… marmonna-t-elle alors que les portes s'ouvraient.

Elle attrapa le chariot et le tira vers l'extérieur, aidée du médicomage. Ils se dirigèrent vers le premier bloc alors qu'un autre brancard apparaissait dans leur champ de vision. Parkinson, le visage impassible, discutait avec un chirurgien. Ses yeux ne quittaient pas la victime et elle semblait noter mentalement toutes les blessures de son patient.

- Elle est brillante. Pas autant que vous, mais elle est douée… fit Grant en agitant sa baguette au-dessus du sorcier blond.

- Je sais, se contenta de répondre Hermione en nettoyant le sang pour y voir plus clair.

- Vous irez loin, toutes les deux. Vous avez pensé à la spécialité que vous comptez faire l'année prochaine ?

- Chirurgie, répondit la rouge et or en réparant une fracture.

- Et ensuite ?

- Je me vois bien médicomage légiste…

- Vous n'allez pas gâcher votre talent avec des morts ! s'exclama, outré, le docteur Grant.

- Les vivants m'ennuient, répliqua l'ancienne Gryffondor, impassible.

- On finit cette intervention et vous rentrez chez vous. Mais vous passerez me voir demain soir une heure avant le début de votre garde. On discutera de votre avenir autour d'un café.

Hermione hocha la tête et tous deux se concentrèrent sur leur patient.


Le réveil sonna de son bruit strident et Hermione l'éteignit d'un coup de poing. Elle repoussa la couette et se leva en s'étirant. Elle jeta un coup d'œil au réveil. 15 heures. Elle devait être à l'hôpital à 18 heures. Elle replia son canapé, glissant les draps dans le coffre et se prépara un café dans le coin cuisine de son studio. Une fois sa boisson prête, elle récupéra le journal qui l'attendait sur la table et s'installa. Elle parcourut la petite pièce du regard et, comme à tous ses réveils, elle regrettait l'absence de Pattenrond.

Ces problèmes financiers avaient rapidement trouvé une solution inattendue. Quand Neville était parti de chez elle, deux ans plus tôt, elle avait récupéré dans la pile de parchemin qui l'attendait une lettre officielle du Ministère, signée par la main de Shakelbot, lui indiquant qu'elle s'était vu octroyer l'ordre de Merlin première classe pour son rôle déterminant dans la lutte contre Voldemort, ainsi qu'une récompense en gallions. Elle s'y était rendue dès le lendemain et avait été reçue par le Ministre de la Magie lui-même. Ils avaient tous deux discuté une petite heure et, en sortant de son bureau, elle avait reçu la promesse que son inscription à Sainte Mangouste se ferait dans la matinée, malgré le délai tardif et son absence d'ASPIC, et qu'une bourse d'études couvrant ses frais d'inscription et un peu plus lui serait versée.

Et en arrivant dans le hall du Ministère, elle avait croisé Harry qui venait finaliser son inscription au bureau des Aurors. Le jeune homme l'avait invitée à boire un verre, s'excusant de ne pas lui avoir rendu visite à Sainte Mangouste. Comprenant la situation dans laquelle se trouvait son amie, le Survivant l'avait aidée à se dégoter un nouveau logement et s'était porté garant, réglant deux mois d'avance le temps que la bourse promise par Kingsley soit débloquée.

Depuis, Hermione et Harry s'arrangeaient pour se voir toutes les deux semaines, malgré leur emploi du temps. Et le jeune homme insistait toujours pour régler une facture d'eau, de gaz ou d'électricité, le plus important étant que le Survivant gardait pour lui les difficultés financière de son amie qui, malgré son aide, devait quand même faire attention à ses dépenses.

Son mug à la main, elle parcourait rapidement la une. Rien d'intéressant, comme tous les jours depuis qu'elle était sortie de l'hôpital. La rubrique mondaine parlait jour après jour du couple Potter. Harry, le Survivant, allait bientôt devenir Auror et Ginny avait interrompu une carrière prometteuse de poursuiveuse pour élever James, leur premier enfant. Il se murmurait qu'un deuxième serait bientôt en route.

- Ce qui est complètement faux... murmura la brune avant de boire une courte gorgée.

Elle finit son café, mit le mug dans l'évier et se dirigea dans l'entrée pour récupérer son courrier. Pub, relevé bancaire, facture d'électricité. Hermione décacheta la dernière enveloppe et posa la facture sur une petite commode avec celle du gaz.

- A faire ce week-end, soupira-t-elle en s'étirant.

Elle récupéra le reste du courrier et déplia un parchemin qui attira son attention.

QU'EST-CE QUE LA SOURCE ?

Hermione fronça les sourcils. Encore un de ces parchemins bizarres. Elle en avait reçu trois, quatre depuis la fin de son séjour à l'aile psychiatre et avait décidé de les ignorer.

- Qu'est-ce qu'une source ? Prend un dictionnaire… maugréa la jeune femme en jetant le papier dans la poubelle la plus proche.

Elle décacheta une autre lettre et retint un soupir. Un petit mot de Ron qui lui disait combien il avait apprécié avoir passé la journée de dimanche dernier avec elle et qu'il avait hâte de remettre ça. Il lui proposait de venir déjeuner samedi soir au Terrier et d'y passer la nuit.

Hermione haussa les épaules et frotta sans y penser la bague de fiançailles que le jeune homme lui avait offert dix mois plus tôt. Elle connaissait Ron par coeur et savait les non-dits qu'exprimaient ces quelques lignes. Le futur Auror voulait avoir l'occasion de s'étendre dans un lit avec elle et de lui faire enfin l'amour. Et elle ne le souhaitait pas. Pas plus qu'elle ne voulait aller au Terrier. Elle ne désirait pas passer toute une soirée avec les Weasley, avec Molly qui s'afférait à préparer leur futur mariage. Avec Ginny qui lui dirait que deux mois, c'est vite passé, et qu'elle devait se choisir une robe.

Elle fila dans la salle de bain, se dépêcha de se préparer, et partit pour Sainte Mangouste, ses livres de cours sous le bras. Elle serait en avance, comme tous les jours, et en profiterait pour réviser, les examens approchant. Et elle se débrouillerait pour trouver cinq minutes afin de rédiger une lettre de refus à son… fiancé.


Alors ? Vos impressions ? Ca vous a plu ?

En vous souhaitant un joyeux réveillon de la St Sylvestre, on vous donne rendez-vous en 2013 !

Bises,

Link9 et Sygui