Elle était là, dehors, comme au moment de notre premier baiser. Au même endroit. Debout sous la pluie, le regard mauvais. J'aurais aimé la serrer contre moi, lui demander d'oublier, de remettre les compteurs à zéro. Elle était amoureuse de moi, je le voyais; je le sentais. Tout son corps vibrait de cet amour tût. Mais moi, je ne pouvais pas, pas encore ; c'était bien trop tôt. Certes, la chaleur de ses bras m'apaisais, la pression de ses lèvres sur les miennes m'adoucissais, le ton de sa voix me transportait ; mais mon cœur était encore trop meurtrit pour pouvoir l'aimer où ne serait-ce que pour aimer qui que ce soit. J'effectue quelques pas hésitants vers elle, et le regard qu'elle m'adresse me donne envie de pleurer, de hurler. C'est fini. Je sens qu'elle veut tout arrêter, qu'elle va tout arrêter. Et tout ça à cause de Stevens. Encore. Elle m'a piqué mon mari, et maintenant, à cause de ses conneries passées, elle me met ma compagne à dos. Parle, Callie. Dis lui que tu veux qu'elle reste, que tu es désolée de n'être qu'un peu du côté d'Iziie Stevens, de n'être qu'un peu lesbienne, On pourraît se laisser une seconde chance, je pourrais essayer de tomber amoureuse, pour de vrai de vrai. Oui, j'ai besoin de sa présence plus que celle de n'importe qui d'autre, j'ai besoin de son odeur, de ses bras, de ses mains. Elle est ma séance de yoga, mon Lexomil. « Toi, je ne te connais pas du tout. » Non. Non, non, non, non. Retourne toi, reviens, ne t'en vas pas. Pitié, dis moi que tu seras là demain, jure le moi. Jure moi qu'on pourra continuer à se côtoyer, ne serait-ce qu'au boulot. Erica... Ce n'est que lorsque je m'effondre en longs sanglots dans ma voiture que je comprends qu'en me quittant, elle a emporté avec elle une partie de mon coeur. Comme le souvenir d'un voyage dans une petite boule qui fait de la neige quand on la secoue.
