Titre : Laissez-moi vivre – Bonus I.

Auteur : Rukyoshû & son alpha lecteur qui souhaite garder son anonymat.

Base : SuG, 12012, LM. C, plus particulièrement Takeru, Wataru et Maya.

Note : Relation fraternelle étrange, mais je trouvais que ça allait bien.

Note 2 : J'ai totalement inventé la maladie de Takeru. Il se peut qu'il y ait certaines choses étranges à ce niveau mais j'ai essayé de faire en sorte que ça ne choque pas.

Note 3 : Je divise en chapitres parce que c'est assez long.

Note 4 : Je vous propose d'aller lire « Laissez-moi vivre » – pour ceux qui sont venus ici sans passer par là – même si vous comprendrez très bien sans ça.

Déclaration de l'auteur : Ce qui suit a été écrit avec l'aide spéciale de mon alpha lecteur, comme tous les bonus.

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Bonne lecture !

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I – Le commencement.

Takeru, à quatre ans, était un enfant sans problème. Il allait à la maternelle comme les autres, découvrait le monde avec enthousiasme et envie, et passait ses mercredis après-midi avec son frère, plus vieux de deux ans. Le soleil brillait joyeusement dans le ciel et une douce brise faisait voler ses fins cheveux blonds cendrés tandis que son frère le poussait sur la balançoire du parc près de chez eux. Riant doucement, il lui demanda tout de même d'arrêter pour qu'ils puissent jouer à la balle tous les deux.

Repoussant l'une des mèches châtain qui lui barrait le visage, Wataru enfonça ses pieds dans le sol pour arrêter la balançoire de son petit frère, et l'aida à descendre pour qu'il ne se fasse pas mal. Takeru était encore petit, il le savait, il devait faire très attention. Il l'avait promis à sa mère avant de partir jouer dehors. Il prit Takeru par la main, et l'amena près de leur sac, qu'ils utilisaient pour transporter leurs jouets jusqu'au parc. Il en sortit un ballon, et le fit rouler délicatement vers son frère.

Takeru l'attrapa et lui renvoya avec un grand sourire. Il aimait beaucoup jouer avec Wataru, il faisait toujours attention à lui. Au bout d'un moment cependant, il sentit son corps frissonner et il commença à avoir vraiment froid malgré le soleil. Il marcha jusque son frère et tira sur sa manche.
« Fait froid, on rentre ? »

Wataru lui fit un sourire et partit ranger le ballon dans son sac, avant de le prendre sur son dos. Puis il prit la main de Takeru dans la sienne et l'entraîna doucement vers la sortie. Ils n'habitaient pas très loin d'ici.

Takeru ne comprenait pas, il avait de plus en plus froid mais il sentait des gouttes de sueur tremper son front à mesure que le temps passait. Alors il serra la main de son frère dans la sienne pour se donner du courage.

« Ca va pas ? demanda doucement Wataru en sentant son petit frère lui serrer la main. »
Il vit également qu'il était trempé de sueur. Il disait avoir froid pourtant ?

« J'ai froid, dit-il tout bas. »
Il s'arrêta de marcher pour passer sa petite main sur son front.
« Je suis tout chaud, déclara-t-il alors. »

Wataru posa sa main à son tour, comme pour en être convaincu. Son front était brûlant. Il fronça les sourcils.
« On va rentrer, comme ça tu auras moins froid. »
Il pressa donc légèrement l'allure pour rentrer plus vite. Leur mère n'était pas là, mais elle ne devrait pas tarder à rentrer. Elle donnerait quelque chose à Takeru et tout rentrerait dans l'ordre.

Une fois à la maison, Takeru fonça s'enrouler dans la couverture du canapé et alla retrouver son frère. Il n'aimait pas être tout seul dans leur grande maison. Tout en le cherchant, il se rendit compte qu'il avait toujours aussi froid, voire même plus encore que précédemment, mais que son corps était brûlant et en sueur.
« Grand frère, appela-t-il de sa petite voix enfantine. »

« Je suis là, le rassura celui-ci en apparaissant à ses côtés. Tu as toujours froid ? »

Il hocha la tête en allant se blottir contre lui.
« Tu crois que maman va me rouspéter ? »

« Pourquoi ? s'étonna Wataru. »
Après tout, ce n'était pas de sa faute.

Il haussa les épaules et toussa un peu. Il sentait ses jambes trembler légèrement et il tira son frère dans le salon pour qu'il puisse s'asseoir sur le canapé avec lui.

Immédiatement, il passa ses bras autour de son frère pour le réchauffer un peu et le rassurer.
« T'inquiète pas, ça va passer. »

Il fit une moue boudeuse.
« J'ai froid mais j'ai chaud. »

« Tu as peut-être attrapé quelque chose dehors… »

Il dénia de la tête.
« J'ai rien pris dehors. »

Wataru eut un sourire.
« Ca veut dire : tu es peut-être malade, expliqua-t-il. »

« Oh ! Vi, je suis tout chaud. Maman, elle dit qu'on est malade quand on est tout chaud. »

« Ca doit être ça alors, en conclut Wataru. Elle te donnera un médicament et tu seras guéri après. »

« Elle revient quand ? »

Wataru n'eut pas le temps de répondre qu'il entendit la clef tourner dans la serrure, annonçant le retour de leur mère.
« Maintenant ! sourit-il. »

Takeru se déroba des bras de son frère et sauta sur ses pieds en vacillant. Il fronça les sourcils, se maintint droit et fila jusque l'entrée pour sauter dans les bras de leur mère.
« Mamaaaan ! »
« Hey, mon poussin, sourit-elle en le prenant dans ses bras. »

« Il est malade, expliqua Wataru en se levant à son tour. Il a froid à l'intérieur, mais il est tout chaud. »

« Hm, en effet, il est brûlant de fièvre, constata-t-elle en posant un bisou sur sa joue. Tu viens, on va soigner ton frère ? demanda-t-elle à l'adresse de Wataru en lui tendant une main. »

Il hocha la tête en signe d'assentiment puis vint mettre sa main dans celle de sa mère pour la suivre vers, il le supposait, la salle de bain. C'est là qu'elle cachait les médicaments, pour ne pas qu'ils ne les attrapent sans elle, lui avait-elle expliqué.

Une fois dans la pièce d'eau, elle posa Takeru à côté de son frère et fouilla dans l'armoire à pharmacie pour en sortir des médicaments contre la fièvre. Elle prit la boîte dans sa main et attrapa la petite main de Takeru de l'autre. Il prit celle de son frère immédiatement, comme s'il avait peur qu'ils l'oublient. Leur mère sourit et les emmena dans leur chambre pour coucher Takeru dans son lit.

Wataru en profita pour s'asseoir sur le bord du lit de son petit frère et posa son regard sur sa mère.
« Il sera malade longtemps ? »

« On ira voir le médecin demain et tu pourras lui demander, sourit-elle en servant un verre d'eau pour dissoudre le médicament. »

« D'accord. »
Même s'il n'aimait pas beaucoup aller chez le médecin.

« Veux pas aller voir le docteur, protesta Takeru avec une moue vraiment boudeuse. »

« Il est obligé ? demanda Wataru. »

« Je suis désolée mes trésors, mais s'il veut guérir, il faut qu'il aille voir le docteur, expliqua calmement leur mère. »
Puis elle demanda à Takeru de s'asseoir pour qu'il puisse boire son cachet.

« Ca a quel goût ? demanda Wataru à sa mère avant que Takeru ne boive, par mesure de précaution. »

« Un petit goût d'orange. »
Takeru prit le verre doucement et le but d'une traite avant de faire la grimace.
« C'est pas bon. »

« Je le savais ! fit Wataru. J'en ai déjà pris… »

« Je vais avoir plus chaud maintenant ? demanda Takeru. »
« Il faut attendre que le médicament fasse effet, mais tu devrais te réchauffer. »
Elle posa un baiser sur son front et le recoucha.
« Tu veilles sur ton frère, je vais appeler le médecin, sourit-elle envers Wataru. »

« Oui. »
Il se rapprocha de lui et lui fit un grand sourire.
« T'inquiète pas, demain y aura plus rien. »

« Veux pas voir le docteur, il me fait peur, avoua Takeru. Et puis, il a toujours les mains froides. »

« Je serai là avec maman, ça passera plus vite, assura-t-il. »

« Hm. Et puis, si après j'ai chaud, c'est bien. »

« Oui, sourit-il. Comment c'est maintenant ? »

« J'ai toujours froid. Et j'ai les mains qui tremblent, regarde ! »
Il tendit une main devant son frère.

« C'est bizarre, fit-il en la prenant entre les siennes. Tu as mal ? »

« Non, mais j'ai l'impression que mes jambes aussi. »

C'était un peu inquiétant de le voir comme ça, mais il avait confiance en sa mère, elle le guérirait.
« Maman ? appela-t-il alors. »

« Attends, fit Takeru en mettant un doigt sur ses lèvres, elle téléphone. »

« Mais elle sait pas que tu trembles, fit-il gravement. »

« Oh ! Peut-être que tu devrais aller la voir alors. »

« Oui. Je reviens. »
Il descendit doucement du lit et chercha sa mère dans la maison. Une fois repérée, il vint tirer le bas de sa manche pour attirer son attention.

« Excusez-moi une seconde, dit-elle avant de poser sa main sur le combiné pour se tourner vers son fils et se mettre à sa hauteur. Qu'est-ce qu'il y a, trésor ? »

« Takeru il tremble, expliqua-t-il doucement pour ne pas faire de bruit. »

« Il tremble ? Comment ça ? demanda-t-elle calmement. »

« Ses mains elles tremblent. Et ses jambes aussi, il me l'a dit. »

Elle fronça les sourcils et se mordit la lèvre en se redressant.
« Excusez-moi, il faut que j'aille voir mon fils, dit-elle rapidement. Je vous rappelle. »
Elle raccrocha, prit son fils dans ses bras et remonta en vitesse jusque la chambre de ses enfants.

« C'est grave ? demanda calmement Wataru. »

« Je n'en sais rien poussin, j'espère de tout cœur que non. »
Elle le reposa par terre et vint s'asseoir sur le bord du lit de Takeru.
« Ton frère m'a dit que tu tremblais, souffla-t-elle doucement. »
Il acquiesça d'un signe de tête.
« Mon corps tremble partout, avoua-t-il. »
Il fit une grimace.
« Et j'ai mal quand je respire. »

Wataru grimpa sur le lit et vint s'asseoir à côté de son frère.
« Ca fait mal comment ? »
Il avait déjà vu à la télé, les médecins voulaient toujours savoir l'effet que ça faisait. C'était important.

Leur mère le regarda attentivement, passant une main légère sur sa joue.
« Je sais pas… beaucoup, dit-il avec une respiration sifflante. »
Leur mère ferma les yeux en inspirant profondément.
« Les garçons, on va chez le médecin immédiatement, annonça-t-elle. Wataru, tu veux bien aider ton frère à se préparer, maman doit donner un coup de téléphone important. »

« D'accord. Viens, fit-il en prenant la main de son frère. »
Il le rhabilla, l'entraîna doucement à sa suite en bas, défroissa un peu ses vêtements, puis l'aida à enfiler son manteau. C'était un peu inquiétant de devoir partir maintenant, mais il tacha de ne pas le montrer. C'était le grand frère, il devrait montrer l'exemple.

Takeru garda sa main dans celle de son frère, essayant de tenir sur ses jambes. Il avait l'impression qu'il allait tomber d'une minute à l'autre. Leur mère finit par arriver, enfila une veste et prit son fils dans ses bras.
« Wataru, s'exclama Takeru en lâchant les doigts de son frère. »
« Ne t'inquiète pas, mon poussin, il vient avec nous aussi. »
Elle ouvrit la porte et fit sortir Wataru en premier pour pouvoir la refermer ensuite.
« Vas t'installer dans la voiture, trésor, lui souffla-t-elle en actionnant l'ouverture centralisée. »

Il ouvrit la portière arrière sans faire d'histoire, puis s'installa à sa place et mit sa ceinture. Takeru fut mis dans son rehausseur, à côté de son frère, puis leur mère s'installa au volant.

Takeru se mit à tousser pour essayer de récupérer un souffle moins saccadé. Mais voyant que ça ne fonctionnait pas, il se mit à pleurer doucement. Leur mère roulait aussi vite qu'elle pouvait vers l'hôpital.

Wataru attrapa la main de son petit frère et la serra doucement dans la sienne.
« Pleure pas Takeru… »

Il renifla piteusement et regarda son frère.
« Ai mal… »

« Je sais, mais ça va passer, souffla-t-il pour le rassurer. Et t'es pas tout seul, on est là. »

Il frotta ses yeux et toussa à nouveau.
« Je suis désolée mes poussins, on arrive bientôt, souffla leur mère. »

« Ca va aller maman, assura Wataru. »
Elle aussi semblait inquiète, et il ne voulait pas qu'elle soit triste.

Moins de cinq minutes plus tard, elle se garait dans le parking de l'hôpital. Elle se dépêcha de couper le contact et de faire sortir ses fils. Prenant Takeru dans ses bras, elle attrapa la main de Wataru de l'autre et se dirigea rapidement vers l'entrée du bâtiment.

Wataru resserra sa prise. Le bâtiment était grand, très blanc, et sentait très fort le propre et les médicaments. Ce n'était pas très agréable, et il se demandait pourquoi les médecins travaillaient dans des endroits comme celui-là. Ce genre d'endroit lui faisait un peu peur.

Leur mère s'arrêta à l'accueil et expliqua rapidement la situation à la secrétaire. Takeru la regarda avec ses grands yeux gris marron plein de larmes. Il avait l'impression de l'avoir déjà vue.
« Le médecin vous attend dans son bureau, dit-elle. »
« Merci, répondit leur mère. Je me souviens où il se trouve, ajouta-t-elle en voyant qu'elle se levait. »
Elle emmena ensuite ses fils jusqu'au bureau du médecin et elle donna deux coups sur la porte.

Wataru regarda la porte s'ouvrir avec appréhension, et sa mère fut accueillie par un homme de grande taille, à la carrure imposante, mais au sourire rassurant à travers sa moustache. Il serra la main de sa mère et ébouriffa gentiment les cheveux de Takeru et son frère avant de les faire entrer.

« Alors bonhomme, commença-t-il d'une voix grave en se tournant vers Takeru, ta maman a dit que ça n'allait pas fort. »
Il acquiesça d'un signe de tête, tandis que le médecin invitait Wataru et leur mère à s'asseoir sur le fauteuil devant son bureau.

« Il est malade, expliqua Wataru avec importance. Il a froid mais il a chaud, et il tremble aussi. »

Le médecin lui offrit un sourire amical et demanda à prendre Takeru dans ses bras. Celui-ci le regarda avec appréhension mais tendit les bras vers lui en respirant de plus en plus difficilement. Le docteur l'installa sur un fauteuil médical pour l'ausculter, glissant un truc froid sur son torse pour écouter son cœur comme tous les docteurs faisaient.

« On entend quoi ? demanda curieusement Wataru. »

« Tu veux écouter ? proposa le médecin. »

Il approuva d'un signe de tête, quitta son fauteuil et vint s'installer près de son petit frère. Le docteur lui installa le stéthoscope sur les oreilles, et il entendit les battements du cœur de son frère.
« C'est bizarre, avoua-t-il. »

« Il bat très vite, expliqua le médecin, parce que ton petit frère respire mal. Quand il aura récupéré un souffle normal, son cœur battra plus lentement. »
Il lui fit un sourire, récupéra son stéthoscope et s'occupa de Takeru. Il lui fit relever le menton et l'obligea à respirer profondément. Voyant qu'il n'y arrivait pas et que ça lui faisait mal, il se leva et alla prendre un tube dans une armoire.
« Quand je te le dirai, tu inspireras très fort par la bouche, d'accord ? »
Il hocha la tête en signe d'assentiment. Le docteur lui dégagea la trachée en lui faisant à nouveau relever le menton et glissa le tube entre ses lèvres.
« Vas-y. »
Takeru inspira profondément en même temps que le médecin appuyait sur le tube, ce qui le fit tousser.

« Qu'est-ce que c'est ? demanda Wataru avec de grands yeux. »
Ca faisait un peu peur de voir Takeru subir toutes ces choses.

« On appelle ça de la ventoline. Ca permettra à ton frère de mieux respirer. »
Il passa une main douce dans le dos de Takeru qu'il sentit trembler. Il attrapa sa main et glissa son index entre ses doigts.
« Tu peux serrer mon doigt ? »
Il essaya mais à peine ses doigts se furent refermés qu'ils se desserrèrent instantanément.
« Ils veulent pas, marmotta Takeru. »
« C'est rien, sourit-il en passant une main dans ses cheveux. »
Il prit ensuite sa température et lui demanda s'il avait toujours froid. Il acquiesça.
« Bien, merci bonhomme. »
Il le remit sur ses pieds et retourna s'asseoir derrière son bureau alors que Takeru trottinait jusque son frère.

Wataru se rassit à côté de sa mère et prit Takeru sur lui, en regardant attentivement le médecin, comme pour essayer de deviner le diagnostic.
« Alors, il a quoi ? demanda Wataru, convaincu que la solution allait tomber. »

« Ton petit frère a tous les symptômes de la maladie qu'avait également ton papa, expliqua gravement le médecin. »

Wataru ouvrit de grands yeux, sans vouloir comprendre. Son père n'était plus là, il le savait. Il savait aussi qu'il était mort parce qu'il était malade. Takeru allait mourir aussi ? Non, ce n'était pas possible.
« Et c'est grave ? demanda-t-il d'une petite voix. »

« Malheureusement, oui. Il faudra que tu prennes grand soin de ton petit frère. Depuis deux ans, les médicaments ont bien évolué et, même s'il nous est encore impossible de guérir sa maladie, nous pouvons l'atténuer pour lui permettre de vivre normalement. »
Takeru le regarda, puis sa maman et son frère, sans comprendre pourquoi ils avaient tous des mines si tristes.

Wataru attrapa la main de son frère, et la serra fort dans la sienne. Non, il ne le laisserait pas partir comme son père. Sa mère avait été trop triste pendant longtemps, ça ne devait pas recommencer. Et Takeru, il ne devait pas comprendre…

« Quelle sorte de médicaments devra-t-il prendre ? demanda leur mère d'une voix serrée. »
« Pour le moment, il est encore jeune pour prendre des gélules donc je vais lui prescrire des médicaments à dissoudre dans l'eau qu'il devra prendre matin et soir. Je me vois également dans l'obligation de vous donner rendez-vous au moins un week-end sur deux pour voir l'évolution de la maladie. »
« Bien. Merci beaucoup, souffla leur mère. »
Elle espérait que son fils puisse vivre au moins aussi longtemps que son père.

« Ca sera long ? demanda Wataru. »

« Je suis désolé de devoir te dire qu'il devra vivre ainsi pendant très longtemps. »
« Je comprends rien, bouda Takeru. »

Il se voyait mal dire à son frère qu'il devrait prendre des médicaments tous les jours pour ne pas que la maladie empire. Et que, par conséquent, ça ne serait pas drôle du tout.

« C'est rien trésor, sourit leur maman en passant une main sur sa joue, je t'expliquerai tout quand tu seras un peu plus grand. En attendant il faudra que tu sois très sage et que tu prennes bien tes médicaments, d'accord ? »
Takeru lui fit un grand sourire et hocha la tête, il aimait bien quand leur maman souriait comme ça.

« Je pourrai l'aider ? demanda Wataru. »

« Bien sûr, répondit-elle en lui ébouriffant les cheveux. »
Le médecin eut un sourire attendri et remplit une ordonnance qu'il tendit à la mère. Puis ils fixèrent une heure et une date de rendez-vous, avant que le médecin les congédie. Et juste avant qu'ils ne partent, il donna une sucette à Takeru et Wataru.

Tout en mâchouillant le bonbon, Wataru réfléchissait. Maintenant, il n'avait plus de père. Sa mère devait tout faire toute seule, et Takeru était malade pour longtemps maintenant. Il fallait qu'il fasse quelque chose. Si son père n'était plus là, c'est lui qui devrait le remplacer.
« Maman ? »

« Qu'est-ce qu'il y a mon poussin ? demanda-t-elle en surveillant Takeru qui marchait lentement à ses côtés, le bonbon à la bouche. »

« Je pourrais m'occuper de Takeru, et de toi, à la maison ? »

Elle s'arrêta et se mit accroupie devant lui avec un tendre sourire avant de le prendre dans ses bras.
« J'en serais très contente. »

« Alors je ferai plus de choses à la maison, comme ça tu t'inquiéteras moins, d'accord ? »

« C'est très gentil mon cœur. Mais si tu prends bien soin de ton frère et que tu es sage, ce sera parfait. Ça te va ? »

« Hm, approuva-t-il, en se disant qu'il en ferait quand même plus quand elle ne serait pas là. »

Takeru s'était assis par terre pour ne pas tomber et attendait qu'ils repartent.
« On rentre ? demanda alors leur maman avec un sourire. »
Elle avait vraiment deux petits garçons adorables.

« Oui ! fit Wataru en aidant son petit frère à se relever. »

Elle installa Takeru dans son rehausseur pendant que Wataru s'asseyait à sa place en bouclant sa ceinture et elle se mit au volant.
« Vous voulez manger quoi ce soir mes trésors ? »
« De la purée ! s'exclama Takeru. »

« Et des knackies ! rajouta Wataru. »

« Alors, adjugé pour purée et knackies. Vous irez vous laver les mains et mettrez la table pendant que maman fait à manger ? demanda-t-elle. »

« Oui ! Je pourrai t'aider ? »

« Moi aussi ! s'enthousiasma Takeru. »

« D'accord, vous pourrez écraser les pommes de terre quand elles seront cuites. »

« D'accord, approuva Wataru en souriant à son frère. »

Takeru lui répondit d'un grand sourire et tendit le bras pour enlever une mèche qui tombait devant les yeux de son frère.

Le reste du trajet se passa sans histoire, et Wataru oublia même un instant que son frère était malade. Maintenant il souriait et avait l'air de n'avoir mal nul part. C'était plutôt bon signe.

La voiture finit par se garer dans l'avancée et leur maman les fit sortir calmement avant d'aller ouvrir la porte.
« Mes mains elles collent, rigola Takeru. »
« C'est pour ça que vous allez filer vous laver les mains. »
Elle ôta le manteau et les chaussures de Takeru pendant que son frère faisait pareil et les laissa filer dans la salle de bain avant d'aller faire cuire les patates.

Wataru se lava les mains en vitesse, mais prit un soin tout particulier à s'occuper de celles de Takeru. En plus, une fois sur trois, il réussissait à mettre de l'eau partout. Il fallait qu'il le surveille.

Takeru envoya joyeusement de la mousse savonneuse sur le nez de son frère.
« Ca fait des bulles ! »

« Hey, doucement ! fit Wataru en s'écartant un peu. J'ai failli en avoir dans les yeux… »

Takeru fit une petite moue penaude.
« Pardon, s'excusa-t-il en se laissant faire. »

« Bouge pas, j'ai presque fini… »

Il se retint de faire le moindre mouvement, restant aussi figé que possible.

Une fois qu'il eut fini, il essuya consciencieusement les mains de son frère, puis l'entraîna à sa suite pour rejoindre leur mère à la cuisine.

« Faites-moi voir vos mains, sourit-elle. »
Takeru tendit ses mains en avant.
« C'est Wataru qui les a lavées ! »

« J'ai fait attention, dit-il. Comme il est trop petit, je l'ai aidé. »

« C'est bien, félicita leur maman. T'as bien fait ça, elles sont toutes propres. »
« Il m'a rouspété, bouda Takeru. »
« Pourquoi ? »

« Il faisait voler la mousse, expliqua Wataru en rougissant un peu. »

« Je voulais juste en mettre sur son nez pour rigoler. »
« Mais il faut faire attention trésor, sourit-elle, ça peut piquer si tu en reçois dans les yeux. »

« C'est ce que je lui ai dit. Mais c'est rien, il a pas fait exprès que ça vole partout… »

Takeru hocha la tête pour signifier qu'il n'avait vraiment pas fait exprès et elle lui posa un baiser sur le front.

« Vous voulez toujours m'aider ? »

Il hocha la tête en signe d'assentiment, puis partit chercher une fourchette dans le tiroir. Ca devrait aller, s'il voulait écraser des pommes de terre.
« Ca ira ça ? »

« Oui, c'est très bien. »
Elle lui fit un baiser sur le front également et posa une grande assiette avec des pommes de terre sur la table.
« Et moi ? demanda Takeru en tirant sur la manche de son frère. »

Il lui fit un sourire, tira une chaise pour que son petit frère grimpe dessus, puis partit chercher une autre fourchette pour lui donner. Ca irait plus vite à deux, et comme ça ils pourraient aider leur maman à faire autre chose.
« Tu es prêt ? »

Il acquiesça d'un signe de tête sous le regard attendri de leur maman et attrapa sa fourchette bien en main avant d'écraser une pomme de terre avec beaucoup de concentration.

Wataru le surveilla un instant, pour voir s'il s'en sortait, puis s'appliqua à son tour à la tâche. Les pommes de terre étaient assez cuites, ce n'était pas encore trop difficile de les écraser. Mais il fallait faire attention de ne pas en mettre partout.
« Tu dis si tu as mal au bras. »

« Hm, je le fais bien ? »

« Oui. Fais attention que ça ne parte pas de l'assiette. »

« Oui. »
Il fit encore plus attention, tirant un peu la langue sous la concentration.

Sous les efforts réunis, la purée fut vite faite. Wataru corrigea les morceaux qu'il restait, puis se tourna vers sa mère.
« On met la table maintenant ? »

« Oui, tu peux mettre la table. Mais tu fais attention surtout, prévint-elle. Tu peux t'occuper de sortir les serviettes si tu veux Takeru, d'accord ? »
Il hocha la tête, descendit de sa chaise et se mit sur la pointe des pieds pour sortir les serviettes de table du tiroir.

Son grand frère quant à lui s'appliqua à sortir trois assiettes du placard, qu'il répartit à leur place habituelle sur la table. S'en suivirent les couverts, où il fit particulièrement attention aux couteaux en présence de son frère. Il mit également des dessous de plat, mais il était encore trop petit pour atteindre les verres, situés dans les placards du haut.

Takeru posa les serviettes à leurs places respectives et se tourna vers son frère.
« On fait quoi maintenant ? »
« Vous m'avez bien aidé mes poussins, vous pouvez aller regarder un peu la télé pendant que je m'occupe du reste. »

« Tu es sûre ? »

« Oui, joue un peu avec ton frère. »

Il prit Takeru par la main et l'emmena du côté du salon.
« Tu veux regarder quoi ? »

Il haussa les épaules en se hissant sur le canapé où il s'installa confortablement.
« Tu crois que maman est fâchée après moi ? »

« Non pourquoi ? »

« Bah, j'ai pas compris tout ce que le docteur avait dit mais elle avait l'air triste à cause de moi. »

Wataru savait d'avance que le sujet serait difficile à aborder.
« C'est parce que tu es malade. Mais elle est pas fâchée. »

« Toi non plus, t'es pas fâché ? Parce que moi veux pas que tu sois triste ou fâché contre moi. »

« Je suis pas fâché, assura-t-il en souriant. Je serai jamais fâché pour toi. »

« Dis… Pourquoi vous étiez tous tristes chez le docteur ? »

« Parce ce que tu es malade, et que tu avais des trucs bizarres. Mais ça va mieux maintenant, non ? »

« Oui, sourit-il. Tu avais raison, je suis guéri maintenant. »

« Hm. Et si ça recommence, on aura des médicaments pour que tu aies pas mal, d'accord ? »

« Hm, mais ça recommencera pas, puisque je vais mieux. »

Wataru lui sourit, comme pour approuver silencieusement, et vint s'asseoir à côté de lui. Non, il ne le laisserait pas tomber. Puisqu'il était son grand frère, il devait veiller sur lui, c'était comme ça.

Takeru se blottit contre lui. Il aimait bien être comme ça avec son grand frère et il voulait que ce soit toujours comme ça.
« Les enfants, on mange, vous venez ? appela leur maman au bout de quelques minutes. »

« On arrive ! répondit Wataru en prenant son frère avec lui. »

Ils entrèrent dans la cuisine, où leur mère les attendait avec un doux sourire, et s'installèrent calmement pour manger.

Wataru mit la serviette autour du cou de Takeru, puis sourit à sa mère avant de commencer à manger.
« Faites attention, c'est chaud, prévint-il. »

Takeru prit une fourchette et souffla doucement dessus pour que ça refroidisse un peu avant de la mettre dans sa bouche.
« C'est bon ! s'enthousiasma-t-il. »

« C'est parce qu'on l'a bien fait ! »

« Oui, vous êtes des petits chefs, sourit leur mère. »

« Et toi t'es une grande chef ! »

Elle rit.
« C'est spécialement pour vous, souffla-t-elle avec un clin d'œil. »

« Hm, tu fais bien tous les jours ! Et nous on t'aidera tous les jours ! »

« Oui ! s'exclama Takeru. On sera des gentils garçons ! »

« Comme ça tu auras moins de choses à faire. »

« Vous êtes vraiment des amours. Mais n'oubliez pas de bien travailler à l'école, c'est le principal. »

« Hm, mais on peut faire les deux en même temps, non ? »

Elle lui offrit un sourire sans répondre et ce fut Takeru qui brisa le silence en gémissant.
« C'est chaud ! »

« Je l'avais dit, fit doucement Wataru. »
Il prit le verre de son frère et le remplit d'eau.
« Bois, ça va passer. »

« Ai pas fait exprès ! »
Il attrapa le verre et but doucement son contenu.

« Il faut toujours faire attention quand tu fais quelque chose, expliqua Wataru. Si tu fais pas attention tout le temps, tu peux te faire mal. »

Il fit une moue chagrine, les yeux humides.
« Mais j'ai soufflé dessus, marmotta-t-il. »

« C'est pas grave tu sais. Je sais que tu as pas fait exprès. »

Il reposa son verre pour récupérer sa fourchette et recommença à manger, soufflant un peu plus longtemps sur la nourriture pour ne pas se brûler sous le regard fier de leur mère.

« Ca va maman ? demanda Wataru une fois qu'il eut bien surveillé son frère. »

« Très bien, trésor, vraiment très bien, sourit-elle. Mange aussi, sinon ça va refroidir. »

Il eut l'air perplexe trente secondes, avant de s'exécuter. S'il devait être « l'homme de la famille » en cachette, mieux valait ne pas poser trop de questions et agir dans l'ombre.

La fin du repas se passa tranquillement, chacun mangeant à son rythme.

Malgré le retard qu'il avait prit en s'inquiétant pour les autres, Wataru termina le premier son assiette, suivi de sa mère, puis de Takeru. Il se proposa spontanément pour débarrasser la table, puis leur mère les monta à l'étage pour les préparer à aller se coucher.

Takeru bâillait à s'en décrocher la mâchoire, se laissant faire sans rechigner avant de se rouler en boule dans son lit, serrant sa peluche dans ses bras.

« Passe une bonne nuit maman, souffla Wataru en partant s'emmitoufler dans ses couvertures. »

« Bonne nuit mes poussins. »
Elle alla les embrasser tous les deux, éteignit la lumière et sortit de la chambre, laissant la porte contre.

« Dors bien Takeru, dit-il en fermant les yeux, mi-inquiet mi-rassuré. »

« Toi aussi grand frère, souhaita-t-il en s'enfonçant dans ses couvertures. »

Il eut un petit sourire et, tout en se calant confortablement dans son oreiller, il se laissa glisser vers les limbes apaisants du sommeil.

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A suivre...

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Déclaration de fin : Alors, ce début de bonus vous plaît-il ?