« Maître, pourquoi ?! »
Une vive lueur, puis le noir. Pas le noir de la nuit, éclairée par les rayons opalescents de la lune. Pas le noir réconfortant d'une pièce, plongée dans la pénombre. Le noir d'un esprit divaguant, le noir complet, pas un sens fonctionnant. Le noir.
Et pourtant, j'étais conscient. Je savais que j'étais conscient. Ma perception des auras m'indiquait ce qu'il se passait dehors. Parce que je savais que j'étais enfermé. Dans quoi, je ne saurais le dire. Je ne pouvais me focaliser que sur un souvenir en particulier, les autres comme occultés, pour ne laisser que l'amère vérité. Il m'avait trahit.
Pourquoi ?
Toujours cette question immuable, qui revenait inlassablement.
Pourquoi ?
Pourquoi m'avait-il fait ça ?
Pourquoi, après toutes les épreuves que nous avions surmontées ?
Pourquoi, pourquoi… Pourquoi ?
Je n'avais plus de corps, pourtant je pouvais ressentir un étau autour de mon cœur, une douleur lancinante me parcourir et des larmes couler sur mon visage.
Cela faisait mal. Très mal.
J'ai été trahi. Pourquoi ?
J'étais entièrement tourné vers ma vérité et cette question. Elles tournaient, retournaient, en moi, se répercutant entre les parois de ma prison, prenaient de l'ampleur et revenaient me percuter encore plus fort.
Ma peine se muait peu à peu en quelque chose de plus sombre. Cela ne me faisait plus mal. Cela ne faisait qu'accroitre et me bruler de l'intérieur. Les « pourquoi » désespérés se transformaient en questions agressives.
Le peu de conscience qui me restait s'envola sous l'assaut d'une tempête noire comme l'encre. Des tentacules tout aussi ténébreux encerclaient, emprisonnaient mon esprit.
Vengeance.
