Hey B,
Elle n'a pas voulu me dire où tu es. Je savais que ta mère était têtue et coriace, mais pas à ce point. Tu me manques. Et je ne sais pas où tu es. Où es-tu, B ? Pourquoi tu te caches ?
Quinn m'a dit hier que tu ne reviendrais pas au lycée pendant un moment. Je t'ai appelée, je t'ai laissé des tonnes de messages. Mais tu n'as pas répondu. J'espère que tu les écouteras. Tous. Ils sont pour toi.
Réponds-moi, je t'en supplie.
Je suis allée chez toi, hier. J'ai escaladé le mur de ta chambre jusqu'à ta fenêtre, pour espérer te trouver là, peut être malade, d'où ton absence… Mais je ne t'ai pas vue. J'y suis même rentrée, parce que tes parents n'étaient sortis. Ton parfum était toujours là. Je sais que tu n'es pas loin. Je sais que tu es là. Parles moi.
Je me suis allongée sur ton lit et j'ai fixé le plafond. Tu avais déjà repéré cette petite fissure à côté du lustre ? Pas moi.
Quand je suis entrée dans ta chambre (par la fenêtre, les vieilles habitudes sont dures à quitter), mis à part ton parfum, quelque chose m'a surpris. Je veux dire, je ne veux pas critiquer mais c'est comme si ce n'étais plus ta chambre. Bien sûr, il y avait tes affaires, absolument toutes. Mais il n'y avait pas tes survêtements de danse parterre, tes draps n'étaient pas roulés en boule au fond de ton lit et tes feuilles d'exercice de maths n'étaient pas en désordre sur le bureau.
Je veux dire, absolument tout était rangé. Et je sais que ce n'était pas toi. Parce que je connais que trop bien ton système d'organisation. Je sais que tu ne ranges pas tes cours par matière mais par semaine. Je sais que tu laisses toujours tes crayons de couleur sortis à coté de ton lit pour pouvoir dessiner quand tu n'arrives pas à dormir. Je sais que tes vêtements sont rangés par couleur et non pas en fonction de la saison à laquelle tu les portes. Et je sais que la panière de Lord T. est toujours à coté de ton lit.
Mais elle n'y était plus, ainsi que les crayons de couleur. Comme si rien n'était à sa place dans ton petit monde.
Je sais qu'il n'a pas disparu, lui. Lord Tubbs, je veux dire. Je l'ai vu dans le jardin. Il est même venu me voir par lui-même et il ne m'a pas griffé. Peut-être qu'il veut bien que je vienne chez toi maintenant ? Je crois qu'il te cherche Britt. Et moi aussi. Où es-tu ?
Quand j'étais dans ta chambre, j'y ai déposé les bonbons que je suis allé chercher pour toi. Je pensais que tu étais malade alors j'ai pris tes préférés. Les multicolores, ceux qui piquent. Je sais que tu les adores. Parce qu'ils sont 'méchants à l'extérieurs et incroyablement doux à l'intérieur'. Comme moi. Parce que tu m'aimes, pas vrai ?
J'espère vraiment que tu les trouveras avant Lord Tubb.
Il y avait ton bracelet sur la table de chevet. Le bleu. Celui du centre commercial.
Tu te souviens de ces grandes boites à surprises, celle dans laquelle j'avais vidé mon portemonnaie pour avoir le plus beau ? C'était là qu'on avait eu. Peut-être que tu as oublié. J'avais le rouge et tu avais le bleu. Je voulais que tu aies celui-là parce qu'il est exactement de la même couleur que tes yeux. Bleu azur, bleu océan. Cette couleur dans laquelle tu peux plonger sans avoir peur de couler. Cette couleur qui me laisse penser que tout est possible.
Ne paniques pas si, quand tu rangeras tes T-shirts tu ne retrouves pas celui avec le canard. Je l'ai pris avant de partir. Et je l'ai aspergé de parfum, ce que je n'aurais pas dû faire parce que j'ai éternué pendant tout le trajet du retour. Mais maintenant je le porte, comme si tu étais un peu avec moi. J'espère que l'odeur ne partira pas. Je ne veux pas. Je dormirais avec ce soir.
C'est l'automne. En rentrant chez moi j'ai remarqué ça. C'était étrange parce que c'est toi d'habitude qui porte attention à ce genre de choses. Pas moi. Mais cette fois, j'ai vraiment vu, les feuilles rouges tomber, le ciel gris clair, presque bleu pale. Je sais que c'est ta saison préférée parce que c'est comme si le monde était un tigre entrain de rugir. Tout est cuivré, tout est calme. Les feuilles tombent, elles 's'envolent', elles 's'enfuient'. Il commence à faire froid. Et il commence à faire nuit tôt. Où es-tu ?
Je me suis toujours assuré que tu rentres avant la nuit pendant l'hiver. Je t'ai toujours raccompagnée chez toi après les cours. Pour m'assurer que tu n'aies pas froid. Et pour être sure que tu sois chez toi, en sécurité. Je fais parfois le chemin jusqu'à ta maison, inconsciemment après les entrainements de Sue. Et je m'assois sur ce banc en face de ta maison ou alors je vais sur la balançoire dans ton jardin quand tes parents ne sont pas là. Et je t'attends. Je regarde chaque lumière s'allumer et s'éteindre par les différentes fenêtres de ta maison, je guette ta présence, je cherche ta silhouette. Il m'arrive de m'allonger dans ton jardin quand la nuit est tombée, mes yeux alternent entre la fenêtre sombre de ta chambre et les étoiles qui éclairent le ciel.
Je ne sais pas où tu es, Britt. Dis-moi, envoies moi un signe, n'importe quoi. Dis-moi où tu te caches. Tu ne peux pas partir comme ça, tu ne peux pas t'en aller, disparaitre et me laisser là. Je t'attendrais, Brittany. On ne se débarrasse pas d'une Lopez comme ça.
J'espère que tu liras cette lettre, je la déposerais sur ton oreiller demain matin. Fais en sorte que Lord T. ne la réduise pas en confettis, tu sais autant que moi qu'il en est capable.
Je t'aime Brittany S. Pierce. Je te supplie de me répondre. Appelles moi.
San.
