Zoro attendait nerveusement derrière la porte avec ses compagnons. Les cris de Robin l'angoissaient. Assis en tailleur, appuyé contre la rambarde, il fixait cette porte comme si sa vie en dépendait. Les autres attendaient, debout, à ses côtés. Enfin, on entendit les pleurs d'un nourrisson :

- OOOOUUUUIIIINNNNNN !

Le bretteur se raidit. La porte s'ouvrit sur Nami qui tenait dans les bras un bébé enveloppé dans une couverture. Elle s'accroupit devant Zoro :

- Félicitations ! Tu as une belle petite fille !

Elle déposa le petit trésor dans les bras de son père. Celui-ci dévorait l'enfant du regard, fou de bonheur. Il n'osait plus bouger, de peur de briser ce nouveau petit être. Ses amis le félicitaient tout en admirant la merveille. Lorsqu'il put à nouveau parler :

- Merci Nami. Comment va Robin ?

Chopper sorti à cet instant :

- Elle est en parfaite santé. Mais je ne peux pas te laisser la voir avant une dizaine de minutes.

- Merci Chopper.

Et Zoro posa à nouveau les yeux sur l'enfant qui s'était endormi dans ses bras puissants. Tout à sa contemplation, il ne se rendit pas compte qu'il pleurait. Pour une fois, personne, malgré la stupéfaction de chacun ou peut-être à cause d'elle, ne fit de commentaire. Tout le monde sourit en silence, attendrit par cette scène touchante et cet adorable bébé. Le soleil était couché depuis un moment quand Zoro put aller voir Robin. Celle-ci, épuisée mais heureuse comme elle ne l'avait jamais été, reçu le bébé dans ses bras. Zoro s'assit au bord du lit, l'aida à se redresser et l'appuya contre son torse. L'archéologue avait noté avec émotion les tâches laissées par les larmes sur les joues de son époux.

- Comment va-t-on l'appeler ? demanda-t-elle alors qu'il déposait un baiser passionné sur sa joue.

- J'aimerais que ce soit Kuina, mais seulement si tu es d'accord. C'était le nom d'une de mes amies d'enfance à laquelle j'étais très attachée avant qu'elle ne meurt dans un accident.

- Kuina ? C'est très joli, ça lui ira à ravir !

- Ma chérie, je suis le plus heureux des hommes… Cette nuit est si belle et si douce auprès de vous deux…

Quelques mois plus tard, alors que Nami jouait sur le pont avec sa filleule qui gazouillait joyeusement, elle songeait en même temps à ses sentiments. Ceux qui étaient en train de changer. Mais ces sensations lui étaient inconnues. Ce qu'elle éprouvait désormais pour l'un de ses compagnons, était-ce de toujours de l'amitié ? Il fallait qu'elle demande à Robin ! Elle pourrait la renseigner. Elle prit donc le petit bout de chou dans ses bras et se dirigea droit sur Robin qui lisait tranquillement sous un parasol. Celle-ci releva la tête à leur approche. Nami s'assit à ses côtés, le bébé sur ses genoux.

- Que t'arrive-t-il, chère navigatrice ?

L'intéressée rougit.

- Je… Je dois te poser une question, mais ce n'est pas évident…

Robin sourit :

- S'agirait-il d'une affaire de cœur ?

- En fait… je n'en sais rien. J'éprouve des sentiments très différents pour… quelqu'un et… je na sais pas… enfin, je ne suis pas sûr…

- Puis-je connaître le nom de l'heureux élu ?

De rouge, les joues de Nami devinrent cramoisies. Mais elle avoua tout de même, en regardant Robin aussi franchement que le lui permettait sa gêne :

- Sanji…

- Sanji ? s'étonna la femme brune.

- Oui et j'ai d'autant plus peur que… tu sais comment il est…

- En effet. Mais j'ai également remarqué qu'il se comportait différemment envers toi ces derniers temps.

- Tu dis ça pour me faire plaisir.

- Non, je l'ai réellement constaté. Je le trouve à la fois plus timide et plus passionné. Mais peut-être n'est-ce que temporaire.

Nami soupira. Elle oubliait toujours que Robin avait un sens du réconfort très… particulier. Elle lui rendit sa fille et partit se réfugier auprès de ses chers mandariniers. Elle allait cueillir un de ses fruits préférés lorsqu'une main d'homme l'attrapa pour elle et la lui tendit. Elle se retourna et se retrouva nez à nez avec Sanji.

- Merci…, murmura Nami en rougissant.

- De rien.

Les joues de Sanji avaient viré à l'écarlate. Elle était si près de lui, sa bouche à quelques centimètres de la sienne, tentante.

- Nami…

Elle tressaillit. Sa voix avait prononcé son nom d'une façon si douce, si tendre…

- Oui Sanji ? trouva-t-elle le courage d'articuler.

Il s'approcha de son oreille, il pouvait humer son délicat parfum fruité.

- Je dois t'avouer quelque chose… et j'aurais dû le faire il y a longtemps.

Le cœur de Nami rata un battement, sa respiration s'accéléra.

- Je…, commença Sanji. Je t'aime !

La belle navigatrice cru défaillir. Ses jambes faiblirent soudain et elle dut s'accrocher au cuisinier pour ne pas tomber. Il la soutint d'abord… puis la rapprocha de lui… et la serra finalement contre sa poitrine. Elle leva la tête pour le regarder. Ils étaient si proches qu'ils pouvaient sentir le souffle de l'autre sur leur visage. Sanji n'avait jamais été aussi grave, ses yeux n'avaient jamais été si brûlants, son cœur n'avait jamais battu aussi vite. Il se pencha lentement, pour qu'elle ne s'effraye pas. Nami ferma les yeux. Elle attendait et redoutait à la fois ce qui allait se passer. Les lèvres de Sanji se posèrent finalement sur les siennes, et les scella dans un baiser passionné. Nami répondit à son baiser avec beaucoup de tendresse.

Lorsqu'enfin ils se séparèrent, elle resta blottit contre lui et lui déclara :

- Moi aussi, je t'aime.

Il embrassa ses cheveux roux puis il répondit :

- Je suis le plus heureux des hommes. Et je veux que tu saches, Nami-chérie, que quels que soient mes antécédents, tu es la seule que j'aime et tu le seras toujours. Je t'aime comme un fou et ma vie est vide sans toi.

- Je ne peux pas vivre sans toi non plus… mon chéri.

Elle l'avait appelé « mon chéri » ! Sanji en était malade de bonheur ! Il l'embrassa à nouveau, un baiser plein de gratitude et de dévouement.

Ce matin-là, Nami se réveilla beaucoup trop tôt. Elle sortit sur le pont. Il faisait encore nuit et il elle frissonna de froid. Elle décida de s'abriter à la vigie. Elle pensait trouver Zoro mais Sanji avait prit le dernier quart. Il l'accueillit sans un mot, avec un tendre sourire. Elle vint l'embrasser et il la prit dans ses bras. Le ciel étoilé était magnifique. Nami, en pyjama, grelotta. Il ôta alors sa veste et lui couvrit les épaules… avant de la serrer tout contre lui. Elle cala sa tête sur son épaule et accrocha délicatement ses belles mains fines à sa chemise bleue. Elle était fatiguée. Elle s'endormit à moitié en écoutant les coups puissants et réguliers, quoi que très rapide, de son compagnon. Soudain, le soleil se leva et éclaboussa l'horizon d'or scintillant tout en parant la mer de saphir et d'argent. Sanji plongea avec délice son nez dans la chevelure rousse de son bien-aimé à la recherche de son oreille. Il la lui mordilla gentiment lorsqu'il l'eût trouvée, pour la faire doucement sortir de sa somnolence. Il lui murmura alors un affectueux :

- Bonjour ma Nami-chérie.

- Bonjour Sanji…

- Tu viens ? Je vais préparer le petit-déjeuner.