Chapitre 1 : Le combat du cœur et de la raison
AC 198, Mars
Les yeux fixes, Lucrezia Noin regardait les résultats de son analyse sanguine qui venaient d'arriver. En effet, quelques jours auparavant, se sentant fatiguée et un peu malade, elle avait décidé de consulter le médecin de la colonie minière qu'elle et Zechs avaient installée sur Mars, et le verdict était sans appel : elle était enceinte de sept semaines, et il n'y avait pas d'erreur possible. Elle qui n'avait jamais douté ou eu peur de quoi que ce soit ignorait cette fois comment réagir à cette nouvelle…que devait-elle faire ?
Elle n'avait pas du tout pensé à cette conséquence lors de la conception de cet enfant, quelques semaines auparavant…
Mars, Syria Planum, sept semaines auparavant
Comme il leur arrive souvent, Zechs Merquise, dit aussi Milliardo Peacecraft, et Lucrezia Noin sont allés reconnaître de nouveaux gisements à la surface de Mars, s'éloignant du dôme de la colonie…voilà déjà un an et demi qu'ils avaient quitté la Terre pour le MTP (Mars Terraforming Project), et avaient travaillé sans relâche à l'installation d'une petite colonie minière sur Mars, à l'intérieur d'un dôme. Depuis six mois, les premiers colons s'y étaient installés, et l'exploitation fonctionnait très bien, au grand plaisir de la vice-ministre des Affaires Etrangères Relena Darlian, qui s'était beaucoup impliquée dans le projet. Zechs dirigeait la petite colonie, et se satisfaisait de la vie simple qu'il y menait. Lucrezia elle aussi s'y plaisait, loin de tous les combats qu'ils avaient mené ces dernières années. Ils recevaient parfois des nouvelles des anciens pilotes de Gundam, dont certains avaient travaillé ici un bon moment avant de retourner sur Terre ou sur leurs colonies respectives. Wu Fei travaillait toujours pour Preventer avec Sally Po, Duo vivait sur sa colonie en compagnie d'Hilde, Trowa continuait ses tournées avec le cirque où il travaillait, dont il hériterait à terme car le directeur avait fait de lui son légataire, Quatre dirigeait la compagnie Winner, et Heero veillait à la sécurité de Relena. Ce dernier point rassurait Zechs, qui savait pouvoir compter sur l'ancien pilote du Gundam Wing Zero pour protéger sa petite sœur. Ils recevaient aussi parfois des nouvelles de Lady Une, toujours directrice de Preventer, qui élevait à présence la petite Mariemeia. La fillette de douze ans était vite redevenue elle-même, et suivait à présent une scolarité normale au milieu d'enfants de son âge…
Comme tout cela paraissait loin ! Lucrezia voyait se dérouler devant elle la magnificence ocre et rouge des plaines martiennes, et se disait qu'elle n'aurait échangé sa vie contre aucune de celles qu'elle aurait pu vivre sur Terre…elle savait cependant que la présence de Zechs, de l'homme qu'elle aimait en silence depuis plus de dix ans, n'était pas étrangère à sa plénitude.
La voix de Zechs la tira de sa méditation :
" Noin ? Tu es bien loin tout à coup… "
Elle tourna ses yeux bleu foncé vers lui et dit :
" Oh non, j'étais juste perdue dans mes pensées… "
Un léger sourire fendit le beau visage aux traits aristocratiques de Zechs et il dit :
" Nous sommes bientôt arrivés, d'après les derniers relevés la zone doit être riche en oxyde de fer… "
Lucrezia prit son bloc-notes électroniques, et vérifia ce qu'il venait de dire en précisant :
" On y trouve aussi beaucoup de cuivre en profondeur… "
Zechs stoppa le véhicule et dit :
" Nous allons y aller voir maintenant, mais méfions-nous, cette brume qui se lève à l'horizon ne me dit rien qui vaille… "
Ils avaient appris à se méfier du climat martien, de ces tempêtes de sable qui se levaient sans prévenir sur la plaine, et étaient toujours équipés d'un kit de survie leur permettant de tenir quelques jours. Mars ne possédant pas d'atmosphère respirable, ils avaient chacun un scaphandre, mais leur véhicule transportait également une tente spéciale, des bonbonnes d'oxygène et un purificateur d'air pour tenir quatre jours à trois personnes, plus du ravitaillement.
Chacun se prépara, puis ils sortirent, portant chacun du matériel de forage. Malgré le vent qui se levait, ils parvinrent à prélever quelques échantillons, qu'ils mirent dans des tubes spéciaux, avant de regagner précipitamment le véhicule. Zechs dit alors :
" Pas de chance, il va nous falloir demeurer ici un peu… "
Il tenta de démarrer le véhicule, qui ne fit pas dix mètres à cause de la violence des éléments, et il fut forcé de s'arrêter, ensablé. Il dit alors :
" Je crois que nous allons vraiment demeurer ici plus longtemps que nous ne l'avions prévu…dès que le temps se calmera, j'irai monter la tente… "
Lucrezia se contenta de hocher la tête, se disant qu'elle n'était pratiquement jamais restée seule avec lui depuis qu'ils étaient arrivés. Pendant le voyage, ils avaient tué agréablement le temps en devisant et en jouant aux échecs, mais jamais ils n'avaient parlé d'autre chose que du bon vieux temps ou du travail à effectuer, jamais leurs rapports n'avaient excédé la complicité qu'ils partageaient depuis le temps de l'école militaire…Lucrezia préférait cela, se souciant beaucoup plus de lui que d'elle-même, et se disant que si la situation lui convenait elle lui convenait aussi.
La tempête se calmant quelque peu, ils sortirent et installèrent un camp de base dans une grotte, à l'abri du vent, à l'aide de la tente et des bonbonnes d'oxygène, puis, alors que Lucrezia préparait l'intérieur, Zechs protégea le véhicule avec des bâches qu'il arrima solidement. Elle sortit quelques rations auto-chauffantes d'un sac, prépara deux matelas et attendit qu'il revienne. Elle sentait la nervosité la gagner, car jamais elle ne s'était retrouvé ainsi seule avec lui, dans un espace restreint. Secouant la tête pour chasser ces idées dérangeantes de son cerveau, elle lissa sa combinaison d'un geste machinal…
Zechs apparut enfin dans le petit sas, et entra ensuite dans la grande pièce qui formait le centre de la tente en disant :
" Depuis que nous sommes ici, j'ai rarement vu une tempête de cette intensité, heureusement que nous avons de quoi survivre un peu ici… "
Lucrezia leva le nez du livre qu'elle lisait pour se donner une contenance et demanda :
" Et le véhicule ? "
Il saisit une ration auto-chauffante et dit :
" Il est bien ensablé, je l'ai couvert pour éviter qu'il ne se dégrade, nous verrons bien demain… "
Elle hocha juste la tête et dit :
" Oui, nous verrons demain… "
Il mangea un peu et demanda :
" Que lis-tu ? "
Elle releva la tête et dit :
" Un roman que m'ont envoyé Hilde et Duo à Noël dernier, je n'avais pas encore eu le temps de le continuer… "
Zechs sourit et dit :
" Duo a un humour particulier, il m'a envoyé un modèle réduit d'armure mobile en précisant bien que celle-ci ne ferait de mal à personne… "
Lucrezia, malgré sa légère nervosité, sourit en pensant aux remarques gouailleuses de l'ancien pilote du Gundam Deathscythe Hell. Duo avait toujours été un comique, mais ce comique avait trouvé son maître avec l'esprit critique et cartésien de Hilde, et tous deux songeaient à fonder une famille à présent…
La voix inquiète de Zechs la tira encore de sa rêverie :
" Tu es sûre que tu vas bien ? Tu as l'air bien méditative…que se passe-t-il ? Tu n'as pas reçu de mauvaise nouvelle, au moins ? "
Elle le regarda et dit :
" Je vais bien, je t'assure…tout va bien, juste un peu de fatigue… "
Il répondit :
" Tu travailles trop, tu devrais te reposer davantage…ne voudrais-tu pas retourner un peu sur Terre ? "
Elle secoua la tête et dit :
" Non, ne t'inquiète pas pour moi…je suis bien ici… "
Dehors, le jour baissait, et elle alluma la petite lumière pour éclairer l'intérieur de la tente. Zechs prit le bloc notes électronique, et y inscrivit quelque chose avant de s'allonger sur le matelas et de fermer les yeux…Levant alors la tête de son livre, elle le regarda un petit moment dormir, ses traits reposés, alangui dans le sommeil. Comment imaginer que cet homme avait été un prince, puis un soldat, avant de lutter pour la paix dans un monde désuni et déchiré par la guerre ? Dans le sommeil, il ressemblait à un petit garçon sans défense…
Elle reprit alors sa lecture, incapable de dormir alors que la tempête se déchaînait de nouveau de toute sa force au dehors. Elle se savait en sécurité mais le sommeil la fuyait…au bout d'un moment, Zechs se réveilla et demanda :
" Tu n'as pas dormi ? "
Elle secoua la tête et dit :
" Non, je n'ai pas sommeil… "
Il se releva et vint s'asseoir près d'elle en disant :
" Ton livre est si intéressant que cela ? "
Elle hocha la tête et dit :
" Il est intéressant, Hilde sait bien choisir les livres… "
Le savoir si près d'elle la rendait nerveuse, et elle était comme tétanisée, mais elle leva les yeux sur lui, plongeant dans son regard bleu clair insondable…ils restèrent ainsi un bon moment, leurs regards incapables de se séparer, puis leurs lèvres s'unirent en un premier baiser plein de douceur. Quand ils se séparèrent, un flot de larmes noya le regard bleu de Lucrezia, et elle se mit à sangloter sans pouvoir s'arrêter. Doucement, Zechs la prit dans ses bras, et laissa passer l'orage en la serrant contre lui avant de lui dire :
" Je suis désolé, nous n'aurions pas dû faire cela, je ne pensais pas… "
Lucrezia laisse les émotions qu'elle ressent depuis si longtemps envahir son cœur, mais elles sont si violentes qu'elles la submergent entièrement, la laissant désemparée et sans force. Elle a désiré cela de toutes ses forces, mais, maintenant que cela arrive, elle se sent faible comme une petite fille. Pourtant, elle reste blottie contre Zechs, s'enivrant de sa chaleur et de son odeur si masculine…
Doucement, il lui dit :
" Je t'ai brusquée, et j'en suis désolé…repose-toi… "
Doucement, il l'allongea sur son matelas, et caressa son front jusqu'à ce qu'elle s'endorme, épuisée par la tension nerveuse…il resta seul dans la lueur de la lampe, réfléchissant à ce qui venait de se passer. Bien sûr, il avait toujours su qu'elle avait de forts sentiments pour lui, mais il ne lui en avait jamais parlé, et jamais elle ne les lui avait laissé entrevoir une seule seconde, elle avait trop de fierté et de dignité pour cela. S'il l'avait considérée au début comme un bon camarade, il s'était rendu compte que ses sentiments envers elle étaient autres, plus forts que ce qu'il pensait, et cela au milieu de la bataille finale où Treize, son ami de toujours, avait trouvé la mort. Mais jamais il n'en avait parlé à Noin, respectant sa discrétion…
Il se sentait désolé de lui avoir fait de la peine, sachant que c'était l'atmosphère particulière de cette soirée où ils étaient seuls qui les avaient poussé à le faire, mais il ne comprenait pas tout à fait la violence de sa réaction…allait-elle si mal ?
Sans réponse à ses questions, il éteignit la petite lumière, alla s'allonger sur le matelas conjoint à celui de Lucrezia, et tenta lui aussi de trouver le sommeil. Près de lui, Lucrezia sommeillait tranquillement, et seul le bruit de sa respiration douce et égale troublait le silence de la grotte. Il résista à l'envie de la prendre dans ses bras, et parvint lui aussi à s'endormir. Quand il se réveilla, quelques heures plus tard, il s'aperçut que Noin, dans son sommeil, avait roulé vers lui, et que sa main reposait sur son bras…elle respira alors un peu plus fort, et prononça son nom avant de s'agiter et de se réveiller en sursaut, ses larmes recommençant à couler sur ses joues. Désolé de la voir ainsi, il se rapprocha d'elle, lui caressa le front jusqu'à ce qu'elle se calme…encore dans le sommeil, elle se blottit contre lui, et son corps alangui contre le sien lui fit prendre conscience qu'il lui fallait bien admettre ses sentiments, et l'effet particulier que le corps de Lucrezia produisait sur le sien.
Elle ouvrit alors les yeux, s'aperçut de la situation, et voulut s'éloigner de lui, mais il ne la laissa pas faire, resserrant même son étreinte. Elle cessa alors de lutter, restant là où elle avait toujours rêvé d'être, et ne dit rien de plus, elle n'en avait pas besoin, d'ailleurs, le regard bleu de Zechs posé sur elle disait plus de choses que n'importe quel discours…
Le doux frôlement de leurs deux corps produisait chez chacun des sensations qui commençaient à s'intensifier, réclamant autre chose, mais aucun des deux n'osait faire le premier pas dans cette direction… alors qu'ils avaient tous deux fermé les yeux, savourant l'intensité de l'instant, Lucrezia glissa sa main sous la chemise de son bien-aimé et frôla sa peau mate dont elle avait si souvent rêvé. Il tressaillit et la lâcha. Surprise, elle retira sa main et s'éloigna de lui…
Zechs se releva sur son coude et la regarda. Il savait ce qui était en train de se passer dans le corps et l'esprit de Noin, et respectait cela…jamais il ne la forcerait à quoi que ce soit. Il avait tressailli de surprise, mais manifestement elle ne l'avait pas compris…
Doucement, il approcha sa main de sa joue, et la caressa lentement, puis son cou. Elle soupira légèrement, mais se laissa faire. Ses yeux grands ouverts montraient une totale confiance en lui…il s'arrêta un instant avant d'aller plus loin, attendant un signe de sa part, mais elle ne dit ni ne fit rien.
Alors il continua ses caresses à travers les vêtements, puis enleva le haut de sa combinaison. Elle ne portait qu'un débardeur léger en dessous, ce qui lui plut car il mettait en valeur ses formes. Après tout, il ne l'avait presque toujours vue qu'en uniforme, et découvrait tout ce qu'elle cachait sous cette raideur militaire…
Elle ne disait toujours rien et, inquiet, il lui demanda :
" Tu es sûre que… ? "
Mais elle ne le laissa pas terminer, et lui mit la main sur la bouche en disant avec un léger sourire :
" Si je ne voulais pas, je ne te laisserais pas faire… "
Ceci étant dit, les choses s'accélérèrent quelque peu, et tous deux se retrouvèrent torse nu, la peau mate de Zechs se démarquant de la peau claire de Lucrezia. Il avait pris la direction des opérations, mais Lucrezia ne le laissait pas tout faire, loin de là. Elle avait déjà vu le torse de Zechs lors de blessures, mais lui découvrait le corps de sa compagne, si longtemps caché sous les raides uniformes d'Oz. Sportive et dynamique, elle avait un corps musclé et ferme mais aux rondeurs fort attirantes. La serrant contre lui, il se promit de ne pas la blesser, jamais il ne lui ferait du mal, il tenait trop à elle pour cela…
Il fallait qu'elle eût énormément confiance en lui pour accepter de se montrer à lui ainsi sans fard, à demi nue, elle qui dissimulait aussi bien son corps que ses sentiments…elle n'était pas froide, mais assez pudique et calme de nature. Pourtant, telle une statue de marbre qui prend vie sous la main du sculpteur, elle était comme façonnée par ses mains, comme faite pour lui de toute éternité.
D'un geste instinctif, elle caressa ses pectoraux qu'elle avait si souvent eu envie de toucher, puis son côté, son dos, n'osant par pudeur encore pousser son exploration plus loin…
Sans qu'elle s'en rende vraiment compte, engourdie par les sensations exquises qu'elle ressentait, elle était maintenant nue, offerte à son regard, et une étrange chaleur commençait à l'envahir sur tout le corps, pour se concentrer dans son bas-ventre. Sa respiration s'accéléra, alors qu'il tentait quelques caresses plus osées…
C'est alors qu'il découvrit qu'elle était vierge, ce qui lui fit ralentir le rythme…cela ne l'étonnait pas, il l'avait toujours sue dévouée à sa mission au point de négliger sa vie personnelle. Se pouvait-il aussi qu'elle se soit préservée pour lui ? Mais il n'était plus temps de se poser la question…
Il sentait sa propre résistance s'amenuiser, mais il ne s'agissait pas de brusquer les choses…quand il retira sa main, elle se cambra pour le retenir, et il comprit que le moment était proche. Il voulait l'amener au point de non-retour pour qu'elle souffre le moins possible mais, dans un souffle, elle lui dit :
" Maintenant… "
Le plus doucement qu'il put, il entra en elle, et resta un moment sans bouger pour que son corps s'habitue à lui. Puis, pris par la fièvre de l'instant, il accéléra son mouvement jusqu'à ce qu'elle rende les armes, gémissant au point culminant de son plaisir, et il put enfin se laisser aller au sien.
Reprenant leur souffle, ils restèrent dans les bras l'un de l'autre, puis Lucrezia reprit ses esprits la première, se rendant compte de façon pleinement consciente de ce qui venait de se passer…elle baissa le regard, et aperçut une traînée de sang sur sa cuisse droite. Ce sang-là était l'acte de naissance d'une nouvelle Lucrezia, enfin femme entièrement…
Zechs lui aussi avait vu le sang, et demanda :
" Je t'ai fait mal ? "
Elle secoua la tête, mais ne sut quoi dire alors que, doucement, il nettoyait le sang qui maculait sa cuisse. Son silence l'inquiéta, et il lui demanda :
" Tu regrettes ? "
Elle secoua la tête et dit :
" Non, pas du tout…mais peut-être que toi… "
Il lui caressa le dos et dit :
" Non, je n'ai aucun regret, je l'ai désiré autant que toi…mais qu'allons-nous faire maintenant ? Rien ne sera plus pareil… "
Elle resta silencieuse un moment et dit :
" Non, effectivement, mais je t'ai aimé en silence pendant toutes ces années, je peux continuer…je vivrai de mes souvenirs de cette nuit sublime, et je ne ferai jamais rien qui puisse te gêner… "
Il frôla de ses lèvres son front et dit :
" Je ne veux pas entendre cela de ta part, je tiens trop à toi pour accepter ce sacrifice…Dors maintenant, je veillerai sur ton sommeil… "
Il resta éveillé un moment encore, réfléchissant, car ce qu'elle venait de dire l'interpellait. Bien sûr, il savait qu'elle avait terminé seconde de leur promotion pour lui laisser la première place, et l'avait aidé à plusieurs reprises pendant les combats de l'année 195. Elle avait toujours été dans son ombre, le suivant même jusqu'ici, sur Mars. Pourtant, elle méritait mieux que lui, mieux qu'un mort…elle était belle, intelligente et vive, elle méritait de vivre normalement, et jamais il ne pourrait lui offrir cette vie normale qu'il voulait pour elle…
A leur retour au Mars Dome, ils n'avaient plus jamais fait allusion à ce qui s'était passé, se concentrant sur leur travail respectif…et voilà que cela lui revenait brutalement à l'esprit ! Avait-ce été une erreur que de céder à ses sentiments cette nuit-là ? Maintenant, le souvenir lui en resterait à jamais, sous la forme d'un petit être qui prenait déjà ses forces pour grandir…bien sûr, il lui restait la possibilité, à ce stade de la grossesse, d'avorter, mais elle en était incapable, cet enfant était le sien et celui de l'homme qu'elle aimait, elle faisait le choix de le mettre au monde. Zechs n'en saurait rien, elle irait sur Terre et le confierait là-bas pour qu'il y soit élevé de façon plus saine que sur Mars. Peut-être un jour lui dirait-elle…
Ce soir-là, alors qu'ils dînaient, il lui demanda :
" J'ai appris que tu étais allée chez le médecin…tu n'es pas malade au moins ? "
Elle lui sourit et lui dit sereinement :
" Non, pas du tout, juste une visite de routine, je vais très bien… "
Zechs crut aisément ce demi-mensonge, car il n'avait pas eu l'idée de compter les semaines…généralement, les hommes n'ont pas ce réflexe. Il dit alors :
" J'ai reçu une lettre de Relena, aujourd'hui, elle viendra peut-être en visite l'année prochaine, dès que ses fonctions lui en laisseront le loisir… "
Lucrezia sourit et dit :
" Quelle bonne nouvelle ! Cela fait si longtemps que nous ne l'avons pas vue…j'aimerais aussi que nos amis viennent, mais ils sont tous si occupés ! "
Zechs acquiesça et dit :
" Alors nous irons les voir, dès que nous le pourrons… "
Lucrezia se dit alors que, vu la situation, elle n'aurait le loisir de visiter personne sur Terre…elle irait dans la propriété familiale d'Ombrie, en Italie, dont elle avait hérité d'une de ses tantes, et mettrait là son enfant au monde le plus discrètement possible. La voix de Zechs la tira de ses pensées :
" Tu deviens de plus en plus rêveuse…à quoi pensais-tu donc ? "
Elle lui sourit encore, prit le temps de trouver une pensée plausible, et lui dit :
" Je pensais à Lady Une, je ne sais pas pourquoi…j'aimerais aussi la revoir, ainsi que Mariemeia. Elles ne sont absolument pas mère et fille par le sang, mais j'ai toujours trouvé qu'elles se ressemblaient, ne fût-ce que dans leur adoration pour le colonel Treize… "
Zechs éclata franchement de rire et dit :
" Treize savait se faire aimer, il jouait de son charme en pleine connaissance de cause…je suis sûr que tu n'y étais pas insensible à l'époque où il était ton instructeur… "
Elle se mit à rire aussi et rétorqua :
" Peut-être, et alors ? Je n'ai pas poussé la dévotion aussi loin que Lady Une…en tout cas, elle est une mère admirable pour cette petite fille qui a eu tellement de malchance elle aussi…Mariemeia débutera bien dans la vie, elle le mérite… "
Zechs acquiesça et dit :
" Elles ont tellement souffert toutes les deux qu'elles méritent bien d'avoir un peu de paix à présent…la présence de Mariemeia aide Lady Une, cela j'en suis sûr, et ses fonctions de directrice de Preventer lui conviennent à merveilles. En fait, je ne sais pas qui aide le plus l'autre. "
Il s'interrompit et reprit :
" Finalement, nous avons tous plus ou moins trouvé une sorte d'équilibre, de paix intérieure, chacun dans une activité différente, et je prie pour que cela continue… "
Lucrezia se contenta d'acquiescer, et se demanda si elle parviendrait elle aussi à trouver cette paix un jour…
A suivre…
