Titre : Les pertes de la guerre
Couple : Achille/Patrocle
Rating : M
Disclaimars : MPreg et Deathfic
Note : Ce texte est pour Sissi1789, puisque l'idée vient d'elle.
Les pertes de guerre
Pov Achille
La vie était douce. Il suffisait d'un rien pour trouver le bonheur, la paix. Beaucoup d'hommes l'ignoraient malheureusement. Ils cherchaient la guerre quand le bonheur était à portée de leurs doigts… Moi j'avais su le saisir. J'en étais le premier étonné, et s'il ne s'était pas présenté à moi… Mais désormais je n'aspirais plus à la querelle. Juste à une vie saine, simple…
Au bord de la falaise, je surveillais en contrebas mon ancien disciple qui se baignait avec insouciance. Le soleil était délectable, les vagues douces… Il n'avait absolument rien à craindre. Dans ce domaine oublié des hommes, personne ne viendrait s'en prendre à lui. J'étais là pour y veiller si jamais quelqu'un osait aller contre cette règle.
Un corps se matérialisa derrière moi. L'aura qui s'en dégagea ne m'inspira aucune crainte, si bien que je me permis de profiter du spectacle envoutant encore quelques secondes avant de me retourner.
_ Mère, la saluais-je avec un sourire. J'espère ne devoir votre visite à aucun malheureux présage.
La déesse qui m'avait porté me rendit mon sourire en venant m'enlacer, soupirant de bien-être une fois dans mes bras. Le contraste de nos statures était saisissant. Elle paraissait si frêle entre mes bras… Sans même parler de ma taille…
_ Mon fils… Je peine à te voir si grand quand chaque nuit je rêve à ce nourrisson qui dormait paisiblement dans mes bras.
Sa main glissa sur ma joue alors que son regard passait sur moi avec une certaine nostalgie. Elle s'écarta pourtant de moi peu après, attrapant la besace qui lui frottait la hanche pour y chercher quelque chose.
_ Ceci est pour toi.
Ma mère me présenta un flacon qui semblait taillé dans le cristal, contenant un liquide d'un bleu éclatant. Ce produit, quel qu'il soit, ne me rappelait rien de ce que j'avais vu. Je me saisis de la fiole délicate, pour m'en assurer, mais j'ignorais de quoi il s'agissait.
_ Qu'est-ce ?l'interrogeais-je.
_ Un présent du père de toutes choses.
J'arquais un sourcil, étonné par cette information. Pourquoi voudrait-il me gâter de ses bienfaits ? Je n'avais à son égard pas le moindre respect… et ses temples ne jouissaient pas de mes présents…
_ Il te faut le donner à l'être aimé. C'est la promesse d'immenses bonheurs. C'est tout ce que je sais, mais je n'imagine pas qu'il puisse y avoir de mauvaises intentions derrière ce don.
Je doutais grandement de cette affirmation. Les dieux ont cela de cruel qu'ils sont blasés par la vie, et leurs méchancetés deviennent imprévisibles car c'est là leur seul divertissement. La vie d'immortel doit être tristement longue… Bien que mortel moi aussi, je suis béni par la présence chaude de Patrocle à mes côtés. Je ne crains ni l'obscurité ni le froid avec lui… sa lumière concurrence celle d'Apollon…
Justement, cette pensée me ramène à l'affection que le roi des dieux porte à ma mère. S'il avait ignoré la prophétie, le désir qu'il nourrit à son égard l'aurait conduit à m'engendrer, ce qui m'aurait à mon tour amené à l'évincer, à prendre le trône sur l'Olympe. Je suis néanmoins heureux qu'il ait su se contenir, penser à sa gloire éternelle en premier. Je n'aurais pas voulu mener la vie solitaire d'un éternel… je n'aurais pas voulu mener sa vie… Multiplier les conquêtes éphémères, et retrouver une femme repoussante, aigrie et vengeresse… J'avais trouvé ma place dans la monogamie, avec la fidélité stricte que j'embrassais avec plaisir, toujours remotivé par la simple vue de mon éphèbe…
Alors je ne devais pas craindre Zeus. Sa couardise l'avait rendu malheureux, permettant ainsi mon bonheur. En se privant de l'amour de sa vie, il était bien placé pour comprendre à quel point Patrocle m'était précieux, et il ne pouvait donc pas engendrer mon malheur. S'il osait, il engendrerait celui de ma mère, seule femme qu'il avait aimée…
J'acceptais donc le présent, non parce qu'il venait du roi des dieux, mais parce que ma mère elle-même l'avait fait transiter jusqu'à moi. Si elle avait confiance, alors je me devais d'en faire autant… Ma mère disparut dans une brume fine, un sourire aimant aux lèvres. Sans porter une nouvelle fois mon regard sur la fiole, je fis route jusqu'à ma demeure. J'y avais délaissé mon tendre Patrocle assoupi, quelques heures plutôt, après un rude entrainement à la lutte, mais depuis il avait eu le temps d'aller se rafraichir dans l'océan.
Je rejoignis ma demeure d'un pas pressé. Il me fallait déposer la fiole et me dévêtir au plus vite si je voulais pouvoir surprendre dans son bain océanique. Or j'adorais le surprendre durant ces baignades… Je ne comptais pas manquer cette occasion…
Une fois nu, je me mis en route sans bruit vers la mer, vérifiant au passage que mon tendre Patrocle savourait toujours cette pause. L'apercevant de dos, j'en profitais pour lui faire la surprise. Arrivé au bord de l'eau, je pénétrais dans la surface mouvante, à peine agitée, avec délectation. La fraicheur était plus qu'appréciable en cette journée chaude. Mais des choses bien plus agréables m'attendaient…
Sans faire de bruit, je m'immergeais entièrement et nageais avec des gestes parfaitement mesurés. Mon corps heurta vite celui de mon amant, et je m'empressais alors de l'attirer à ma suite sous l'eau. Mon tendre Patrocle se débattit, sous le coup de la surprise, mais je n'allongeais pas son calvaire, le ramenant prestement à la surface dans mes bras. Le voir entièrement mouillé, les cheveux en tous sens, et encore un peu abasourdi, me fit rire.
_ Achille !s'écria mon bienaimé réprobateur.
Je voulu l'embrasser, toujours fasciné par sa beauté candide, mais mon amant opposa ses deux mains à mes lèvres et repoussa ainsi mon visage. Avant que je puisse protester et piller ses lèvres, mon aimé se glissa agilement hors de mes bras et plongea à nouveau. Je compris qu'il s'agissait maintenant de confronter notre rapidité à la nage, et je m'y pliais avec un plaisir insouciant. Mon aimé nageait bien, mais je le suivais de près…
Je profitais de son besoin de recharger ses poumons en air pour fondre sur lui. Ses rires emplirent mon cœur alors que je le serrai amoureusement contre moi. Existait-il une forme plus pure de bonheur ? Moi je n'avais pas besoin de plus…
Cette course poursuite puérile avait réveillé l'ardeur que je réservais uniquement à mon Patrocle. Je saisis délicatement mon amant dans mes bras pour le presser contre moi, et ainsi le laisser connaitre ce qu'il engendrait, l'enthousiasme dont il m'emplissait toujours… Rompant avec ses habitudes, mon aimé ne se serra pas encore plus contre moi. Au contraire, il gigota dans mes bras, embarrassé.
_ Achille… non, je…
Ses yeux seuls m'indiquaient l'objet de son tourment. Nous étions dans l'eau, or l'océan était le domaine réservé de ma mère. Mon bienaimé craignait que copuler dans cette sorte de sanctuaire soit mal vu…
_ Ma mère a eu des enfants, et des amants… Et elle t'adore…
Je sentais venir d'autres protestations alors je le bâillonnais avec mes lèvres. Ce n'était pas comme si je méprisais le parfait consentement de mon amant. Je savais juste qu'il m'était acquis… Depuis longtemps d'ailleurs. Peut-être même depuis le tout premier jour, quand je n'envisageais pas encore les choses ainsi…
Je me forçais à me retirer des lèvres qui n'appartenaient qu'à moi pour pouvoir regarder correctement mon amant. Il ne manquait pas de beauté, c'était le moins que je pouvais dire. Je ne résistais pas à ses yeux d'un vert inimitable, pas plus qu'à ses lèvres roses et fraiches qui me rappelaient sans cesse à lui. Feulant tout en l'admirant, je m'avançais, l'obligeant à reculer. Patrocle était d'humeur joueuse, je le voyais bien dans ses yeux, mais je n'avais pas beaucoup de patience à lui offrir. Aussi, j'empoignais ses hanches pour hâter son recul jusqu'à pouvoir le plaquer contre la paroi rocheuse, assuré que l'eau l'avait lissée assez pour ne pas risquer de le blesser.
_ Achille !s'écria-t-il hilare.
Le sourire qu'il m'offrait n'avait pas de prix. Mon Ether terrestre se tenait là, dans mes bras… En plus tout jouait dans ce sens. Cette course nous avait éloignés de l'étendue de sable, et maintenant adossé aux falaises, bercés par les vagues douces, nous étions confinés dans un monde de douceur, à l'abri de tous les regards. C'était parfait…
_ Je t'aime Patrocle…, chuchotais-je en sondant ses yeux.
Une légère rougeur s'empara des joues de mon bienaimé. J'aimais cette réaction, et j'étais soulagé qu'il la conserve malgré le temps qui s'était écoulé depuis la première fois que ses mots avaient glissé hors de ma bouche…
_ Tout comme je t'aime… mon maître…
Le parfait milieu entre timidité et malice, voilà ce qu'était Patrocle. Et il savait parfaitement jouer des deux, ce qui me rendait invariablement fou de lui, envouté par ses charmes…
_ Petit impudent… tu sais parfaitement l'effet que tu me fais en usant de ce titre obsolète…
Le sourire effronté que me servit mon amant confirma ses intentions. Caressant sa mâchoire tendrement, je me noyais dans ces orbes émeraude en réfutant mentalement la promesse de ma mère. Quel bonheur supplémentaire aurais-je pu trouver ?
