L'HISTOIRE DE LANA

Chapitre I : La petite fille

Aiolia était satisfait de lui. Il se sentait renaître, sentiment qu'il n'avait pas éprouvé depuis la mort de son frère Aioros. Celui-ci était le chevalier du sagittaire. Shura, le chevalier du capricorne, l'avait tué alors qu'il s'enfuyait hors du sanctuaire, leur demeure. Aioros avait trahi son entourage en portant atteinte à la réincarnation d'Athéna, à qui il avait juré fidélité. Aiolia était considéré comme le frère d'un traître et faisait tout dans le but de montrer qu'il était un serviteur dévoué à la déesse Athéna et à son représentant le Grand Pope.

Mais cet homme, dont personne ne connaissait l'identité exacte, mentait avec habileté à ses chevaliers. En effet, il n'accordait jamais d'entrevue avec la déesse sous prétexte qu'il était le lien entre les hommes et elle. En fait il ne savait pas où elle se trouvait. Aioros l'avait soustraite à son poignard alors qu'il tentait de la tuer. Il était le seul à le savoir et cela l'enchantait de voir combien ses chevaliers lui étaient fidèles. Mais il avait un autre problème: 2 ans avant Athéna, une autre réincarnation était née, celle de la déesse Artémis. Or il ignorait où elle se trouvait elle aussi. Il fit faire des recherches sur les filles née environ 2 ans avant la déesse Athéna: il y en avait 10 près du sanctuaire, à Athènes, mais celle qu'il cherchait était justement la soeur d'Aioros, Lana.

Celle-ci habitait avec Aiolia depuis la mort de leur frère. Ce jour-là Aiolia avait décidé de son destin pour elle de devenir un chevalier. Elle avait maintenant 7 ans et pouvait débuter sa formation si le Grand Pope donnait son accord. Aussi Aiolia avait demandé une entrevue pour lui exposer sa requête. Il espérait être son maître pour en faire une lionide comme l'avait été leur mère. Lui-même était chevalier du lion.

"Lana! Lana! Où est-tu ?

Ici ! heu... heu... J'arrive !

Lana sortit en courant de sa chambre.

Que faisais-tu dans ta chambre ? Il fait si beau dehors ma puce.

Je pensais toute seule.

Et à quoi pensiez-vous chère demoiselle?

A rien d'intéressant. J'peux aller jouer maintenant?

Oui mais avant fais-moi un gros bisous, je t'adore."

Elle le serra fort dans ses bras puis retourna à ses occupations. Elle était si vive, si drôle. Elle rendait la vie de son frère moins dure. Et puis elle était si jolie avec ses longs cheveux noirs et ses yeux aussi rieurs que sombres. Elle avait la démarche gracieuse. Aiolia savait que ce serait une femme magnifique et qu'elle aurait beaucoup de succès auprès des autres chevaliers. Elle les avait déjà tous séduits par sa joie de vivre et ils étaient contents quand elle leur rendait visite. Et dire qu'elle avait l'age pour être chevalier. Aiolia était pensif et n'avait pas sentit arriver le chevalier du taureau, Aldébaran. C'était son meilleur ami et Lana l'adorait. Elle passait volontiers ses soirées chez lui pour l'écouter parler de son enfance et de la façon dont il avait connu son frère.

En effet Aldébaran et Aiolia s'était connus à la mort du père d'Aiolia. Aldébaran, orphelin de naissance, avait pris sous son aile le jeune garçon et s'était comporté comme s'il avait été son frère aîné. Pendant ce temps Aioros avait débuté son apprentissage de chevalier afin de succéder à leur père le chevalier du sagittaire. La mort de son frère avait rapproché Aiolia du chevalier du taureau. Il n'était pas en très bons termes avec les autres chevaliers, qui le considéraient comme frère d'un traître. Seule Lana semblait échapper aux insultes. Elle ne paraissait retenir que ce qu'il y avait de meilleur à dire et abordait les gens avec gaieté.

En vérité, elle avait été très marquée par le décès de son frère et espérait que le destin d'Aiolia serait moins tragique. Elle avait choisi de devenir chevalier car tous les membres de sa famille en étaient. En effet, elle souhaitait acquérir l'armure de sa mère, morte en lui donnant naissance, et ainsi faire honneur à celle dont elle ne pourrait jamais avoir de souvenir. Ses frères lui avaient pourtant parlé d'elle, mais les souvenirs ne sont rien si on ne les a pas vécus. Aussi, elle avait décidé de profiter au maximum de son temps libre avec Aiolia avant qu'elle n'entame son apprentissage. Et elle redoutait le jour où on viendrait la chercher sur ordre du Grand Pope. Marine lui avait annoncée ce qui l'attendait sans grands détails: Lana porterait un masque, n'aurait pas le droit de montrer son visage. Elle serait peut-être séparée d'Aiolia. Rien d'autre, rien qu'un lourd silence, grave, rempli de sous-entendus sur des actes qui allaient sans doute être commis, sur leurs conséquences. Le soir même la petite fille s'était couchée, pleine d'une appréhension mêlée de curiosité:ce n'était pas si terrible que ça puisque Marine, Shina et les autres femmes étaient devenues chevaliers. Le destin avait choisi la pire des tortures pour elle.

Alors qu'elle était retournée dans sa chambre persuadée que quelque chose d'important allait se produire, Aolia et Aldébaran s'étaient assis sur les marches de la maison du Lion et discutaient:

"La petite n'a pas l'air bien, sais-tu ce qu'elle a ?

- J'en ai aucune idée : depuis ce matin elle reste dans sa chambre et n'en sort que lorsque je l'appelle.

-Tu crois que ça a un rapport avec sa formation:elle sent peut-être que le moment est venu et elle s'y prépare.

-Pourquoi ne m'en parle-t-elle pas alors?

-Tu lui a dis tout ce que tu savais et ça ne servirait à rien de lui répéter des choses qu'elle sait déjà.

-Tu as raison mais ça me chagrine de la voir comme ça.

-Je sais, moi aussi je suis inquiet pour elle,mais on ne peut rien changer c'est le destin.

-En parlant de destin on dirait que celui-ci nous a rattrapés : regarde qui arrive."

Aldébaran se tourna dans la direction que lui indiquait Aiolia : un garde courait vers la maison du Lion, haletant mais ne perdant pas de vitesse. Il s'arrêta devant les deux chevaliers :

"-Pardonnez-moi de vous déranger mais le Grand Pope souhaite vous voir avec la petite fille.

-Merci à toi, nous arrivons."

A peine le chevalier reparti, Lana sortit de sa chambre, habillée de frais, d'une toge immaculée qui faisait ressortir sa jeunesse. On aurait dit une prêtresse. Les deux chevaliers la regardèrent sans étonnement, essayant simplement d'imprimer dans leur mémoire le souvenir de ce visage si beau, si délicat,qu'aucun homme ne pourrait contempler sous peine de mourir lorsqu'elle serait adulte.

Aldébaran prétexta un rendez-vous urgent et parti, non sans avoir auparavant souhaité « bonne chance » à Lana pour l'obtention de son armure. Aiolia revêtit son armure et ils se mirent en route Lana et lui vers la maison du Grand Pope. Il sentait qu'elle n'était pas dans son état normal. Elle ne disait rien mais sa façon de marcher lentement en mesurant ses pas la trahissait. Elle semblait se forcer à marcher à la hauteur de son frère. Mal à l'aise,elle regardait le paysage, détaillant chaque colonne, chaque arbre sans jeter un regard à Aiolia.

"Bon tu me dis ce que tu as depuis ce matin? ça t'effraie tant que ça de devenir chevalier. Tu peux renoncer si tu le veux vraiment.

Non c'est pas ça. Laisse-moi tranquille. Tu comprendrais pas.

Alors change de tête! Sinon tu vas faire mauvaise impression au Grand Pope.

Oui."

Mais Lana ne changea pas d'attitude pour autant et se tut jusqu'à leur arrivée au temple du Grand Pope. Là,un garde les salua respectueusement et les engagea à le suivre. Ils entrèrent dans la grande salle où le Grand Pope recevait. Celui-ci était assis sur son trône et leur demanda de s'avancer jusqu'à lui. Arrivés à sa hauteur, les deux visiteurs s'inclinèrent devant celui qui représentait la déesse Athéna. Aiolia remarqua que Lana avait modifié son comportement et se soumettait presque, par respect sûrement, au Grand Pope. Celui-ci les dévisagea un instant, puis dit d'une voix étouffée par son masque:

"Laissez-là ici chevalier Aiolia. Elle vous sera ramenée.

Avec tout mon respect, j'aimerais tout d'abord savoir si c'est moi qui serait son maître ?

Oui, mais les autres chevaliers lui fourniront aussi leur enseignement. Maintenant pars chevalier et attend."

Ainsi avait parlé le personnage le plus énigmatique de tout le sanctuaire. Aiolia s'apprêta à partir lorsqu'il vit le regard hagard de Lana. Elle avait l'air effrayée et sans force, soumise et résignée. Il ne lui dit pas un mot et la laissa, priant secrètement pour que tout se passe bien.

Un garde la ramena dans la soirée. Elle portait un masque argenté et une tunique d'entraînement.

"Alors, comment tu te sens ?

Laisse-moi ! Je ne veux plus te parler. Le Grand Pope a dit que tu commencerais à m'entraîner dès demain. Maintenant, je vais me coucher. Bonne nuit.

Bien si tu le prends avec tant de sérieux. Bonne nuit."

Cette nuit-là, la petite fille ne dormit pas, tout comme les autres nuits. Ainsi pendant près de 5 ans, elle s'entraîna avec les chevaliers d'or et d'argent du sanctuaire. Elle attendait le jour où elle pourrait revêtir son armure d'or et montrer ainsi qu'elle était digne de sa famille. Elle avait un peu perdu de sa gaieté mais était toujours prête à rendre service et passait de bons moments en compagnie de son frère, même si elle avait mis une distance entre eux.

Enfin vînt ce jour qu'elle attendait tant. Le Grand Pope avait convoqué tous ses chevaliers dans la grande arène. Elle eut à affronter 50 soldats, 20 chevaliers d'argent et le chevalier du Cancer, qui ne put mettre fin à leur combat qu'en avouant qu'elle était devenue un vrai chevalier d'or : leur combat aurait duré 1000 jours si le Grand Pope ne l'avait pas interrompu. Lana devînt donc le chevalier d'or de la lionide et revêtit l'armure que sa mère avait portée il y avait maintenant 12 ans.

Peut après le combat, la jeune fille fut convoquée par celui qui lui avait accordé son armure, son bien le plus précieux.

Elle était anxieuse et ne comprenait pas pourquoi. Un mauvais pressentiment l'habitait mais elle n'en trouvait pas l'origine. Elle entra dans la grande salle et entendit les lourdes portes se fermer dans son dos. Puis plus rien, le silence. Elle attendit, essayant de trouver la cosmo-énergie du Grand Pope, mais il n'y avait apparemment pas ombre qui vive. Elle s'apprêta à partir lorsqu'elle fut projetée dans le mur. A moitié sonnée, elle ne vit pas les autres coups arriver.

A ce moment-là elle aperçut celui qui l'attaquait et hésita à rendre les coups : que lui arrivait-il ? Etait-ce une ultime épreuve? Elle aurait du prendre son armure...Mais qu'aurait-elle fait devant le représentant d'Athéna?

Il la souleva comme s'il s'agissait d'une simple plume. Il était différent des autres fois, même de cet après-midi. Ses cheveux étaient devenus gris et son visage était sans masque. Elle le regarda de plus près et poussa un cri étouffé : ses yeux étaient d'un rouge sang, et il semblait être l'incarnation du mal. Elle se mit à trembler, tant le mal se dégageait de cet homme. Jamais elle n'avait eu aussi peur et elle sentait qu'elle ne serait pas de taille à lutter. Il commença à l'étrangler, ne lui laissant que très peu d'air et détaillant de son regard avide le corps sans défense de la jeune fille.

Elle avait peur, très peur. Elle savait ce qu'il allait faire. C'était ça son pressentiment. Elle était blessée, et se demandait quand il allait en finir avec elle, tout comme il l'avait fait avec les jeunes filles qui n'étaient devenues que soldat. Elle attendait, pétrifiée, quand Il arriva.

Il apparut d'un seul coup, surprenant le monstre en l'attaquant, projetant ainsi Lana loin de lui.

Un bref combat s'ensuivit entre les deux hommes, puis Il lança une violente attaque qui fit trembler les murs, mettant le monstre à terre. Encore tremblante, Lana tenta de se relever,mais Il l'aperçut et fut d'un bond a ses côtés.

"Comment vas-tu? Tu es blessée...attends,calme-toi, je ne te veux aucun mal.

Est-ce qu'il est mort ?

Non simplement sonné. Tu devrais retourner chez toi. Tu peux marcher?

oui.

alors vas et ne t'inquiète pas. Il ne te touchera plus jamais. Je te le jure."

A ces mots il ouvrit la lourde porte et laissa sortir Lana en faisant attention aux gardes (qui dormaient). Celle-ci se retourna une dernière fois afin de mieux voir cet homme qui venait de lui sauver la vie. Il était grand, assez jeune (environ 15 ans) et ressemblait étrangement à l'autre, sauf qu'il dégageait une impression de sagesse et de respect.

Elle savait qu'elle le reverrait encore, elle en était persuadée....