Hello tout le monde ! Et bien me revoilà là on ne m'attendait pas : relever un défi sur Miraculous ! Je réponds ici au défi n°15 lancé par Crazy Av sur le thème Voyage.
A la base, ceci devait être un long OS, mais pour vous facilitez la lecture, j'ai décidé de le couper en 3 chapitres.
J'attends votre avis dans les commentaires à la fin de votre lecture.
Sur ce, bonne lecture!
Chapitre 1
– Aller, Marinette. Respire profondément, ça va finir par passer.
– Ça fait des heures que tu dis ça ! Laisse-moi souffrir en paix !
Alya émit un petit rire discret face au calvaire que subissait sa meilleure amie.
En effet, ce n'était pas tous les jours que cette dernière prenait le car scolaire, et encore moins qu'elle faisait des longs trajets.
Refoulant d'épouvantables nausées et un mal de cœur qui ne voulait pas en finir, Marinette aurait tout donné pour que ce fichu car s'arrête et la laisse sur le bas côté. Qu'ils arrivent enfin à leur destination. Cela faisait près d'une journée entière qu'ils roulaient, traversant le pays du Nord au Sud pour rejoindre la Côte d'Azur, et n'ayant effectué qu'une brève pause le midi pour se restaurer. Selon le chauffeur et Mademoiselle Bustier, ils devaient absolument arriver à destination avant la nuit, pour qu'ils puissent s'installer, dîner et se reposer avant de commencer les activités prévues les deux jours suivant.
Car oui, le directeur et les professeurs de français des deux classes de troisième du collège Françoise Dupont avaient eu la superbe idée d'organiser pour leurs élèves un voyage scolaire à Grasse, dans le Sud de la France, tout en gardant un aspect pédagogique et culturel.
Soit à plus de sept heures de bus. Et d'après les calculs de Marinette, il lui restait encore deux heures à tenir. Elle devait faire un petit effort : elle sera bientôt libre.
Quand les professeurs avaient fait circuler l'autorisation de sortie il y a un mois, Marinette se s'était absolument pas inquiétée de l'opinion de ses parents. Il est vrai que ces derniers étaient plus que favorables à l'idée que leur fille découvre un maximum de lieux à travers la France et à travers le monde (pour eux, sa double culture franco-chinoise était un bonus).
Non, ce que la jeune fille redoutait, c'était le fait de délaisser son rôle de Ladybug. Si elle partait ne serait-ce que quelques jours loin de Paris, cela pouvait laisser de superbes opportunités au Papillon pour lancer de nouvelles attaques, et elle avait peur que Chat Noir ne puisse pas se débrouiller sans elle.
Elle avait longuement hésité toute une journée, ruminant dans sa tête, se demandant si il fallait qu'elle accepte de partir ou non. En en discutant avec Tikki, elle avait convenu qu'elle pouvait s'accorder un peu de vacances, et que Chat Noir combattrait les akumatisés, conservant les papillons noirs jusqu'à son retour.
Mais ce qu'elle n'avait pas prévu, c'était que Chat Noir choisirait de s'absenter exactement en même temps qu'elle...
*O*o*O*o*O*
Quelques jours plus tôt, les héros de Paris venaient de vaincre un énième ennemi envoyé par le Papillon pour terroriser la capitale et tenter de dérober leurs bijoux pour on ne sait quel dessein. Alors qu'un petit « bip » avait émané de la bague de Chat Noir, annonçant qu'il lui restait peu de temps pour aborder le sujet avec son coéquipier, Ladybug n'avait même pas pu en placer une. Son partenaire avait choisi de parler le premier.
– Oh désolé, ma Lady, mais je vais devoir filer, lui avait-il dit avec son éternel grand sourire en s'appuyant sur son bâton. Mais avant ça, j'ai deux mauvaises nouvelles pour toi. Une petite et une très grosse. Tu veux que je commence par laquelle ?
– Je sais pas, moi … La plus grosse, lui avait-elle répondu en faisant tourner son yo-yo après un petit instant de réflexion.
– Parfait c'est toi qui a choisi.
Il s'était interrompu avant de reprendre soudainement d'un air désespéré :
– Tu ne verras plus ce sublime héros que tu aimes tant durant plusieurs jours !
Les yeux de Ladybug s'étaient écarquillés d'eux-même, et seul le tintement provenant d'une de ses boucles d'oreilles la fit revenir à la réalité. Elle en avait même lâché son yo-yo.
– Pardon ? Tu peux expliquer ?
– C'est justement en lien avec la petite mauvaise nouvelle. Tu seras toute seule à combattre le crime, a-t-il dit en la prenant par les épaules et lui désignant les rues.
– J'ai besoin de plus d'explication, Chat Noir, s'était-elle énervée en retirant le bras du garçon.
– Ma vie « normale » me rattrape (il avait pris le soin de faire les guillemets avec ses doigts). Je dois partir quelques jours super loin d'ici. Je te dirais bien où, mais tu m'empêcherais de te le dévoiler. Donc à partir de … (il s'interrompit, comptant sur ses doigts afin de retrouver ses jours d'absence) … A partir de jeudi et jusqu'à dimanche soir, tu devras assurer toute seule, ma Lady. Mais je ne m'en fais pas pour toi, je sais que tu en es capable.
Ladybug se figea complètement. Tout ce qu'elle avait compris, c'était les jours dont venaient de lui parler son partenaire... et comme par hasard, ils correspondaient aux jours où elle sera absente.
– Chat, tu ne peux pas annuler ou déplacer ce que tu as à faire ?
– Euh... non pourquoi ça ? lui avait-il demandé interloqué.
– Parce qu'il y a que... j'ai moi aussi des obligations ces jours-là... Je ne serai pas sur Paris moi non plus.
Tous deux se regardèrent en clignant des yeux sans rien dire. Et comme pour les rappeler à l'ordre, leurs miraculous respectifs émirent à nouveau un « bip » caractéristique. Ladybug avait encore un peu de temps devant elle, ce qui n'était pas le cas de Chat Noir. Il devait se sauver au plus vite avant de redevenir humain.
– Okey... avait-il soupiré en se grattant la tête. Le dicton dit bien « Quand le chat n'est pas là, les souris dansent »... Hum... Et bien j'espère qu'en mon absence, la souris ne dansera pas ! Ou je lui ferais passer un sale quart d'heure !
Chat Noir avait adressé un clin d'œil à Ladybug avant de partir sans prévenir, comme si la conversation n'avait jamais eu lieu et ne l'avait pas ébranlé. La jeune héroïne réalisa alors qu'elle allait devoir faire comme lui : espérer qu'en leur absence, le Papillon décide de rester tranquille.
*O*o*O*o*O*
Ainsi, malgré son mal-être, Marinette consultait son téléphone assez régulièrement afin de vérifier les informations. Vérifier qu'aucune attaque n'avait eu lieu. De toute façon, elle savait que, si elle loupait ladite information, Alya serait tout à même de la lui transmettre puisqu'elle consultait toutes les cinq minutes les commentaires sur son Ladybug. Mais la jeune fille redoutait qu'une attaque ne survienne en son absence. Les parisiens seraient alors seuls et sans défense. Elle maudissait ce voyage scolaire depuis que les deux cars (le premier avec les élèves de sa classe, et l'autre avec la seconde classe) avaient quitté le collège. Si jamais quelque chose arrivait, elle s'en voudrait terriblement. Et même la perspective de pouvoir de passer un petit moment seule avec Adrien ne lui remontait pas le moral.
C'était pour dire à quel point elle se sentait mal d'abandonner Paris.
– Regarde tous ces champs de lavande, s'émerveilla Alya en voulant les montrer à Marinette depuis la fenêtre. A mon avis, on n'est plus très loin.
– Comment tu peux en être aussi sûre ? demanda son amie la main sur le cœur, toujours nauséeuse.
– Tu étais trop occupée à te plaindre comme quoi tu avais mal au cœur que tu n'as pas écouté Mademoiselle Bustier tout à l'heure. Grasse est la ville du parfum. Et donc si il y a des champs de fleurs ici, c'est qu'on ne doit plus être loin... Car ils ont besoin de ces fleurs pour créer les parfums, en déduit la jeune rouquine.
Marinette sourit devant la déduction simpliste de son amie, mais elle devait reconnaître que l'étendue violette qu'elle distinguait par la fenêtre était à coupée le souffle. Le soleil amorçait sa longue descente, donnant quelques reflets orangers aux champs de blés situés à côté des fleurs.
– En plus, on sera là pour l'Exporose ! continua Alya complètement surexcitée.
– L'Expo-quoi ?
– L'Exporose ! Oh, quand même Marinette, j'étais sûre que cette partie, tu l'aurais au moins entendu. C'est un événement qui a lieu chaque année où il y a plein d'expositions, de marchés, des ventes, des spectacles et même des concours en rapport avec la rose. Imagine un peu, tu arrives à attirer Adrien à un spectacle sur la rose, vous passez un super moment romantique et là, BOUM ! Tu lui avoues tes sentiments !
– Alya, ça se rapproche plus du film romantique que du voyage scolaire ce que tu me racontes là, dit Marinette avec un sourire triste et dépité. Et puis, tu as oublié un facteur important dans ton plan génial.
Son amie l'interrogea du regard, et Marinette se détourna (avec un mal fou à cause des nausées) sur son siège pour désigner un duo de sièges un peu éloigné du leur. Le duo où étaient assis Adrien et Chloé, et où cette dernière se collait littéralement au premier. Adrien avait l'air de vouloir tout donner pour s'enfuir par la fenêtre à côté de lui, mais cela semblait impossible.
Alya rit de la scène, en se demandant comment Adrien avait bien pu supporter la peste de la classe durant ces sept heures de trajet. Puis elle se retourna vers Marinette qui se tenait en avant, les mains posées sur le siège avant. Un peu plus, et elle devrait lui donner un sac en papier.
– Malade à cause de ce que tu viens de voir, ou à cause du car ?
– Les deux. Et je ne sais pas lequel est le pi-
Marinette s'interrompit, refoulant un nouvel élan gastrique, et commença à prier toutes les forces possibles et inimaginables pour que rien – absolument rien – de mal ne se produise durant ce séjour à Grasse.
Et accessoirement, elle pria pour que le car s'arrête le plus vite possible.
Environ deux petites heures plus tard, alors que le soleil était déjà couché, le cauchemar de Marinette avait cessé. Les cars s'étaient arrêtés près d'une auberge de jeunesse, en périphérie de Grasse, mais la ville était visible depuis leur lieu de repos. C'était véritablement la campagne pure et dure, et certains élèves, trop habitués à la ville, s'émerveillèrent même de voir des vaches ! Et bien sur, Chloé Bourgeois ne manqua pas une occasion pour se plaindre de cet « endroit qui manquait cruellement de charme » selon ses dires.
L'auberge était suffisamment grande pour accueillir les deux classes, soit environ soixante élèves, ainsi que leurs professeurs. Ces derniers avaient organisé la répartition des chambres, en tenant cependant compte de souhaits émis par les élèves.
Après avoir récupéré leurs sacs de voyages (et sa valise pour Chloé, que la pauvre Sabrina se devait de transporter en plus de ses propres affaires), tous avaient en tête de profiter d'un bon lit douillet et d'un repas chaud. Les garçons étaient logés au premier étage de l'établissement, et les filles au deuxième. On avait pris soin de noter sur chaque porte le nom des élèves pour que ceux-ci trouvent rapidement leur chambre. Alya et Marinette avaient demandé à dormir ensemble et leur souhait avait été respecté. Elles se retrouvaient dans la même chambre que Rose, Juleka et Mylène. Cela promettait des bonnes parties de polochons avant de se coucher ! Au moins, elles n'étaient pas avec Chloé, et c'était déjà un immense cadeau.
Après un repas bien mérité et une petite heure à parler chiffon avec ses amis, Marinette était bien heureuse de pouvoir enfin gagner son lit temporaire – et confortable elle devait le reconnaître. Leur chambre comportait deux lits superposés et un lit simple. Alya et Marinette avaient élu domicile dans l'un des lits superposés; la rouquine en haut, la brunette en bas. En se tournant dans le lit pour que ses amies ne la voient pas, la jeune héroïne avait pu laisser sortir Tikki de sa cachette. Celle-ci avait tout aussi souffert du voyage que sa maîtresse, accueillant la délivrance avec joie. Marinette ne pouvait pas parler à son kwami avec les autres filles dans la même pièce, mais elle lui adressa un regard qui lui souhaitait la bonne nuit. Tikki se positionna sur l'oreiller à côté du visage de Marinette, avant que toutes les deux ne s'endorment, facilement pour l'une et difficilement pour l'autre.
Le lendemain matin, après une nuit qui fut relativement tranquille, les élèves avaient été entraînés à l'extérieur et marchaient en direction de la ville. Chloé Bourgeois ne manquait pas de se plaindre en disant que, même si seulement un kilomètre séparait l'auberge de la ville, on aurait tout de même pu les y emmener en voiture. Leur professeur leur répondit que pour une raison d'argent et de praticité, il était préférable qu'ils rejoignent la ville à pied. En effet, Grasse était une ville située en hauteur et assez rustique dans son architecture. Elle était comme perchée sur une colline sertie de pierres, toutes les rues étaient pavées et il était très difficile pour les voitures de circuler (alors un bus scolaire, n'en parlons pas). Cela offrait de magnifiques points de vue et la possibilité de visiter la ville entièrement à pied. La troupe ne mit pas longtemps avant d'arriver et ils restèrent bouchée-bée face au spectacle.
Bien qu'elle considérait Paris comme la plus belle ville du monde, Marinette devait bien reconnaître que Grasse avait un charme fou. Et elle comprenait mieux la volonté d'Alya de la forcer à passer du temps avec Adrien lors de ce voyage. A son image, Grasse paraissait être une ville romantique d'une toute autre manière qu'à Paris.
Les élèves ne manquèrent pas de souligner la présence dans les rues de banderoles accrochées aux maisons, sur lesquelles étaient dessinées différentes fleurs et notamment des roses. Mais pour le moment, leur destination était le Musée International de la Parfumerie. Grasse, ville des parfums, ils étaient forcés d'y passer. Ceux qui n'aimaient pas les musées, à l'instar de Kim, se plaignaient déjà de l'ennui que cela serait. Et d'autres plus intéressés, comme Adrien, se mettait à parler culture avec leurs amis. Ainsi, Marinette, Alya et Nino purent en apprendre plus grâce à leur ami, et la jeune héroïne était impressionnée de constater que son amoureux secret en savait autant. Elle apprit par ailleurs qu'il avait déjà lu le livre Le Parfum de Patrick Süsking, qui était au programme pour leur entrée en seconde l'année prochaine. C'était par ailleurs cette perspective de prendre de l'avance sur le programme scolaire qui avait motivé les professeurs de français à organiser ce voyage de quelques jours, afin que les élèves ne soient pas totalement ignorants de l'œuvre et de l'univers de la parfumerie à leur entrée au lycée.
Marinette buvait les paroles d'Adrien. Il avait l'air tellement passionnée par le sujet, et rien que pour cela, elle avait elle aussi hâte de lire ce fameux livre. Peut-être cela lui permettrait-il de se rapprocher du garçon blond, en ayant avec lui un sujet de conversation plus « culturel » dirait-on. De même, si elle ne comprenait pas l'histoire, elle pourrait lui demander conseil... Oui, tous les moyens étaient bons pour se rapprocher de lui!
Après une bonne demi-heure de marche à la fin de laquelle la plupart des élèves se plaignaient d'avoir mal aux pieds, les professeurs les firent entrer dans le musée. Deux guides vinrent à leur rencontre, déblatérant quelques mots de présentation, avant d'emmener les collégiens à travers les allées du musée.
A la grande surprise des professeurs, les élèves se montrèrent intéressés et investis dans les explications de leurs guides. Certains étaient même curieux d'apprendre que les premiers objets servant à transporter du parfum avaient été inventés il y a plus de neuf mille ans ! Pour une fois, aucun remue-ménage ne se fit entendre malgré l'effet de masse. Poussée par Alya, Marinette avait tenté à plusieurs reprises (avant un arrêt devant un objet, par exemple) de se placer à proximité d'Adrien. Mais celui-ci était toujours attiré par Chloé au dernier moment à quelques mètres plus loin, l'éloignant toujours plus de la jeune fille. Au bout d'un moment, elle finit par y renoncer, en se disant qu'elle atteindrait la prochaine activité pour tenter quelque chose.
A croire que Chloé Bourgeois avait exactement les mêmes objectifs qu'elle durant ce voyage...
La prochaine activité en question eut lieu plusieurs heures après, au cours de l'après-midi. Chacune des deux classes étaient parties de son côté avec deux professeurs, mais allaient accomplir la même chose : fabriquer un parfum. Mademoiselle Bustier avait entraîné ses élèves dans l'atelier d'un maître-parfumeur situé près d'une petite place où trônait une fontaine. La chaleur écrasante se fit moins ressentir une fois à l'intérieur, en partie dû au fait que l'atelier se trouvait en sous-sol, dans une sorte de cave en pierre. Le maître se présenta comme étant Monsieur Cavalier, et il informa les élèves qu'il leur apprendrait à reconnaître différentes odeurs, mais surtout à les associer eux-mêmes afin de créer leur propre parfum. Une odeur qui serait unique au monde car fabriquée par leurs soins, pour eux-mêmes ou pour quelqu'un.
Cette idée mit en joie la totalité de la classe. Monsieur Cavalier et Mademoiselle Bustier demandèrent aux élèves de se mettre par groupe de deux, le matériel étant en nombre insuffisant pour permettre à chacun de disposer de ses propres outils. Alors que Marinette allait instinctivement dire à Alya qu'elles se mettaient ensemble, cette dernière avait ni une ni deux empoigné (assez violemment, il fallait l'avouer) le bras de Nino, affirmant qu'ils le feraient ensemble. En conséquence, Nino avait déclaré :
– Et bien, toi et Adrien n'avaient qu'à vous mettre ensemble. Désolé, mais avec Alya, on veut le faire tous les deux.
Pour autant, Marinette n'avait pu s'empêcher de distinguer la pointe de malice qui se logeaient dans les yeux du couple d'amoureux. Un peu déboussolée, mais ravivée par l'espoir d'être avec Adrien, elle l'avait approché et avait tapoté son épaule d'un doigt. Il s'était retourné, lui demandant ce qu'elle voulait (devinant très certainement qu'elle allait lui proposer de faire équipe pour l'activité), mais avant même qu'elle n'ait pu dire un mot, Adrien se retrouva une nouvelle fois entraîné par Chloé. Tout ce que Marinette avait pu entendre de sa voix surexcitée, c'était : « Viens mon Adrichou. Nous allons fabriquer le meilleur parfum du monde. Qui sait, peut-être qu'on le vendra ! Tu feras la publicité, hein dis ! »
D'abord figée sur place, Marinette ne sembla redescendre sur terre que lorsque Nino et Alya s'insurgèrent face à l'attitude de la fille du maire. Le cœur de la collégienne se serra un peu plus. Elle qui pensait enfin pouvoir passer du temps avec celui qu'elle aime, cela semblait impossible. Cependant, Nathaniel avait remarqué au loin la détresse de la jeune fille et lui avait proposé, gêné, d'être son binôme. Ce que Marinette avait tout naturellement accepté.
Ainsi durant près d'une demi-heure, les collégiens apprirent à reconnaître différentes fragrances extraites de différents éléments, aussi bien communs comme la vanille ou le jasmin, que plus surprenant comme l'odeur du pain. Marinette se dit instantanément qu'elle aimerait incorporer cette odeur à son parfum, faisant ainsi honneur au métier de son père.
Suite à cette séance d'analyse olfactive, Monsieur Cavalier expliqua aux élèves comment fabriquer leur propre parfum. Ils pouvaient s'aider de toute la réserve de fragrances mise à leur disposition en veillant à n'incorporer que quelques gouttes à chaque fois, chaque fragrance étant assez intense à l'odeur. De plus, il leur appris à faire la différence entre les notes de tête, les notes de cœur et les notes de fond. Ils pouvaient mettre autant d'odeurs qu'ils le souhaitaient, mais ils devaient veiller à suivre cette répartition, ces trois différentes notes devant s'évaporer de plus en plus lentement.
Bien que maladroite par habitude, Marinette faisait cette fois-ci tous les efforts du monde pour ne pas casser le moindre outil... qui était tous en verre! Heureusement pour elle, Nathaniel avait l'air assez dégourdi et l'aidait par moment. Assez vite, Marinette avait fait son choix en testant différentes associations. Elle souhaitait, qu'au premier jet, on reconnaissance l'odeur du pain chaud (qu'elle plaça donc en note de tête), mais que le restant d'odeur soit composé d'épices qu'elle aimait. Ainsi, elle plaça la cannelle en note de cœur, mélangée à un soupçon de bergamote, avant de placer en note de fond un ensemble de vanille et de baie rose. Cela lui avait pris une bonne heure, comme à tous les autres, mais le résultat lui plaisait. Cela serait son parfum.
Monsieur Cavalier aida chacun des élèves à finaliser leur parfum avant de leur remettre une toute petite fiole, dans laquelle ils pourraient mettre leur préparation. Ainsi les élèves se rendirent compte que pour tout ce temps passer à préparer le parfum, la quantité était très minime. A eux désormais de ne pas gaspiller ces quelques gouttes.
Quand ils sortirent de l'atelier, Alya et Marinette se hâtèrent l'une vers l'autre pour faire sentir le fruit de leur travail, et Marinette reconnut des notes plutôt fleuries dans le parfum de son amie.
Après avoir salué le maître-parfumeur, Mademoiselle Bustier décida qu'il était temps de retourner à l'auberge, la soirée étant déjà bien avancée. Sur le chemin, Marinette et Alya ne purent s'empêcher de s'approcher des petits commerçants qui vendaient toutes sortes d'objets ou décorations en rapport avec les fleurs ou les parfums. Elles se prirent même au jeu d'essayer de reconnaître des odeurs cachées dans des fioles secrètes, fioles semblables à celles qu'on leur avait donné pour y conserver leur parfum. Marinette avait même trouvé dans une petite braderie un exemplaire du livre Le Parfum et l'avait acheté (pour deux euros, elle n'allait pas se priver). Elle pensait commencer à le lire ce soir. Peut-être qu'ainsi, si elle intéressait Adrien par ce sujet de discussion, il ne craquerait pas aussi facilement en suivant Chloé.
Le reste de la soirée passa relativement vite pour tous, épuisés par la marche. Lors du dîner, Nino avait juré qu'à force d'avoir tout senti à l'atelier, il était incapable de reconnaître l'odeur du repas. Cette remarque avait fait sourire ces amis. L'extinction des feux n'eut pas besoin d'être donnée par les professeurs, les élèves étant trop fatigués pour protester à l'idée de se coucher. Toutefois, dans la chambre qui nous intéresse, alors que Mylène, Juleka, Rose et Alya s'étaient endormies plus ou moins rapidement (dans cet ordre), Marinette, elle, ne sentait pas le sommeil la gagner.
Un peu frustrée de ne pas avoir pu passer du temps avec son amoureux, Marinette s'était alors plongée dans la lecture de son nouveau livre, aidée simplement d'une lampe de poche que Tikki l'aidait à maintenir en hauteur pour ne pas trop la gêner. De temps à autre, elle regardait sur son portable (comme elle l'avait fait durant la journée) pour vérifier que Paris n'avait subi aucune attaque du Papillon.
Rien.
Le néant.
A croire que soit elle était chanceuse, soit le Papillon avait lui aussi pris des vacances.
Alors pourquoi ne trouvait-elle pas le sommeil, en sachant pertinemment que leur ultime jour à Grasse le lendemain serait aussi chargé que celui-ci, et qu'elle était rassurée de l'absence d'attaque.
– Marinette, je ne crois pas que c'est en restant avec la lumière allumée que tu arriveras à dormir, murmura Tikki à l'oreille de la jeune fille, tout en retenant la lampe de poche.
– Il parait que lire le soir, ça fatigue. Un peu comme quand je dessine tard dans la nuit... Sauf que là ça ne donne rien, lui répondit-elle visiblement désespérée et tout aussi doucement. (En effet, il serait bien fâcheux de réveiller ses camarades, et de devoir expliquer la présence de son kwami... Déjà expliquer ce qu'était un kwami.)
– Ce livre est intéressant, au moins ?
– Bah c'est que le début pour l'instant, il ne se passe pas grand chose... Mais c'est super glauque, dit-elle en ressentant un frisson dans le dos.
– Il est quelle heure, dis moi.
La jeune fille attrapa son téléphone qu'elle avait posé sur son sac à dos en guise de table de chevet provisoire.
– 23 heures 47.
– Vraiment toujours aucune fatigue ?
– Non... soupira-t-elle.
– Je suis sure que si tu éteins la lumière, le sommeil arrivera tout seul.
– Hum peut-être... Bon je finis ce chapitre et j'éteins, affirma Marinette tout en comptant le nombre de pages qu'il lui restait avant d'achever sa lecture.
Alors qu'elle avait fini sa prochaine double page, Marinette fut interrompue par le bruit assourdissant d'une sirène. Guidée par son instinct et sa curiosité, elle se leva en douceur de son lit, marchant à pas loup sur le sol pour aller regarder par la fenêtre. Elle vit alors plusieurs voitures de police rouler à toute vitesse sur la route campagnarde, se dirigeant vers Grasse.
Fronçant les sourcils, elle n'hésita pas une seconde.
– Viens Tikki, il faut qu'on intervienne, chuchota-t-elle déterminé.
– Mais, Marinette c'est de la folie. On ne connaît pas cet endroit ! La police devrait bien faire son travail. Et imagine si il t'arrive quelque chose. On n'est pas à Paris ici ! s'inquiéta la petite kwami.
– Peut-être que ce n'est pas Paris, mais ça ne veut pas dire que c'est moins important. Je dois faire quelque chose.
Sentant pertinemment que sa maîtresse ne capitulerait pas, Tikki accepta de suivre Marinette dans sa folie. La jeune fille fit tous les efforts du monde pour traverser la chambre, ouvrir la porte et sortir sans faire de bruit (non sans avoir tout de même glisser son oreiller sous sa couverture … juste « au cas ou »). L'épreuve du couloir fut tout aussi rude en raison du parquet qui grinçait.
Marinette alla se réfugier aux toilettes de son étage et ferma la porte à clé. Elle ouvrit la fenêtre située en hauteur et bloqua celle-ci avec des produits d'entretien pour qu'elle ne se referme pas.
Après quoi, enfin, elle demanda à Tikki de la transformer.
Moins de deux secondes plus tard, Ladybug se faufila par la fenêtre et atterrit au sol deux étages plus bas sans la moindre égratignure.
Je sais, pardon pour le suspens, mais hé il faut justement le ménager :) Pas d'inquiétude, les deux autres chapitres seront postés à 1 ou 2 jours d'intervalle!
