Titre : Il était une Fois
Rating : T
Pairing : Soriku (par ce que oui, il était tout de même temps que je rende justice à mon OTP par le biais d'une fic longue)
Bêta-Lecteur : Plantecarnivore (qui mérite un tonnerre d'applaudissement car ce jeune homme accepte de lire du yaoi alors que c'est pas trop sa came o/)
A/N : Bonjour à tous et à toutes. Me voilà donc avec cette Fic longue qui a beaucoup d'importance pour moi non seulement parce qu'elle traite de mon pairing favori dans Kingdom Hearts, mais également parce que l'intégralité de son plan a été rédigé un soir d'insomnie provoquée par le décalage horaire à Hiroshima. Bref, sur ce je ne vous importune pas plus, en espérant que l'on va bien s'entendre vous et moi durant la publication de cette histoire ! Sur ce, bonne lecture (=
Cela commence ainsi
Riku poussa un long, très long soupir. D'après sa montre, il se trouvait dans cette vieille bibliothèque poussiéreuse depuis exactement trois heures, douze minutes et trente-quatre secondes, et commençait plus que sérieusement à perdre patience. Franchement, quelle idée aussi d'accepter d'aider Kairi dans ses recherches, et pour un exposé auquel il ne participait même pas en plus ! Pointilleuse comme elle était, ils en avaient encore pour jusqu'à ce que le bâtiment ferme ses portes, si ce n'était plus. Ô joie.
Il fut sorti de ses fort agréables pensées lorsqu'une volumineuse pile de livres fut posée avec brusquerie juste sous son nez. Un nuage de poussière s'en échappa, le faisant violemment éternuer. Il ignora cependant le regard courroucé de la bibliothécaire et tâcha de se concentrer un minimum. S'il y mettait de la bonne volonté, cela devrait aller plus vite, n'est-ce pas ?
« Bon, je crois que j'ai trouvé tous les contes de la réserve. Heureusement que Mademoiselle Gainsborough m'a laissé y aller, il n'y en avait presque aucun dans les rayons !
— Oui, quelle chance inouïe en effet, ironisa le jeune homme. »
Une main fine écarta les volumes, et un regard bleu comme la mer se planta dans le sien.
« Si tu t'ennuies, alors pourquoi est-ce que tu as proposé de m'aider ?
— Tu as la mémoire courte on dirait : aurais-tu déjà oublié qui est-ce qui m'a menacé de révéler à Axel ce qui est vraiment arrivé à ses frisbees débiles si je ne l'assistais pas cet après-midi ? grogna Riku avec mauvaise humeur.
— Ceux que tu as brûlés pour avoir la paix ? Ah oui c'est vrai, où avais-je la tête enfin ! s'exclama Kairi. Mais je n'aurai jamais fait ça voyons, je voulais juste savoir si tu marcherais. ajouta-t-elle malicieusement. »
Riku lui lança un regard meurtrier. Il s'était infusé la lecture de stupides contes pour gamins pendant plus de la moitié de son samedi après-midi afin que sa manipulatrice de meilleure amie puisse avancer plus rapidement parce qu'elle le testait ?! Il allait commettre un meurtre très prochainement si elle n'ôtait pas rapidement ce petit sourire victorieux de son visage.
« Oh allez, arrête de faire la tête ! Quand on aura fini, je t'invite à manger dans l'endroit de ton choix, d'accord ? proposa-t-elle.
— Hum, d'accord. Mais sache que je me ferai un plaisir de choisir un restaurant tellement cher que tu seras obligée de garder des mioches bruyant le vendredi soir jusqu'à la fin de tes jours, répondit-t-il avec un sourire inquiétant. Sérieusement, tu ne pouvais pas aller en S, comme tout le monde ? reprit-il après avoir vaguement feuilleté un livre à la couverture dorée.
— Et passer la moitié de l'année scolaire dans un laboratoire puant au milieu d'une bande de crétins qui font S pour faire plaisir à Papa et Maman ? Très peu pour moi, je suis très bien en L, merci de t'en inquiéter !
— Je peux savoir ce que tu entends par ''crétins qui font S pour faire plaisir à Papa Maman'' ?!
— Exactement ce que j'ai dit. Mais ne t'inquiète pas : cela ne s'applique bien évidemment pas à toi, Monsieur ''J'ai-seize-de-moyenne-un-mois-avant-le-Bac-et-je-m'y-crois''.
— Quel honneur, se moqua Riku. Jalouse ?
— Pas du tout, mais j'aimerai tout de même avoir une meilleure note que cette peste de Rinoa, aussi j'apprécierai que l'on s'y mette rapidement si tu n'y vois pas d'inconvénients.
— C'est bon, c'est bon, mais rappelle-moi le sujet exact déjà ?
— ''En quoi les contes de fées étaient-ils représentatifs de leurs époques ?'' énonça Kairi.
— Passionnant, bailla Riku.
— Tu sais, je peux toujours aller parler à Axel si tu ne t'investis pas plus que ça.
—...Passe-moi un de ces fichus bouquins qu'on en finisse. »
Kairi sourit largement et lui passa un livre sans titre à la couverture vert émeraude. Soupirant, Riku l'ouvrit à la première page, sauta la préface longue comme une heure de SVT en compagnie du professeur Vexen Fowler et lut le titre du premier conte du recueil. Cendrillon.
« Génial, et en plus c'est à moitié effacé, pensa Riku tout en commençant à lire et à prendre quelques notes, appliquant à la lettre les directives données plus tôt par son amie. »
Le temps passa sans qu'il ne s'en rende vraiment compte, les minutes s'allongeant en heures au fil des livres lus. Enfin, ils arrivèrent au bout de la pile, et il ne restait plus à présent qu'un livre à la couverture noire et aux pages jaunies par le temps, en plus de sembler particulièrement abîmées.
Riku jeta un bref coup d'œil à Kairi, et constata qu'elle n'était encore qu'à la moitié de cet ouvrage qui semblait particulièrement l'absorber.
Il attendit patiemment que son amie ait terminé, jouant quelques minutes avec son téléphone portable, lorsque Kairi l'interpella brusquement :
« Tiens, c'est marrant, il y a une histoire ajoutée à la main.
— Tiens donc, s'étonna faussement Riku. Et on peut savoir de quoi ça parle ? poursuivit-il avec un peu plus de conviction face au regard brûlant de son amie.
— Attends, je viens à peine de commencer. »
Elle reprit aussitôt sa lecture et Riku put observer durant les minutes qui suivirent de nombreuses émotions contradictoires se peindre sur le visage de son amie, jusqu'à ce qu'elle finisse par le fermer d'un geste mesuré, l'air ailleurs.
« Alors ? finit par demander Riku en voyant que le silence de Kairi s'éternisait.
—...C'est, comment dire... commença-t-elle. Bizarre. Oui, bizarre. Mais pas que. C'est triste aussi, vraiment très triste. Je me demande qui a bien pu écrire une chose pareille.
— Je peux y jeter un coup d'œil ? »
Mais alors que Kairi s'apprêtait à lui tendre l'ouvrage, la bibliothécaire se matérialisa brusquement à ses côtés, leur lançant un sourire éclatant avant de demander :
« Alors les enfants, vous trouvez tout ce qu'il vous faut ? »
Même s'il y avait longtemps que Riku ne se considérait plus comme un ''enfant'', il répondit poliment :
« Oui, merci Aerith. »
Son sourire s'agrandit un peu plus.
On savait finalement peu de choses sur Aerith Gainsborough, si ce n'était qu'elle vivait seule, qu'elle n'avait aucune famille connue et que d'aussi loin que chaque habitué s'en souvenait, c'était toujours elle qui avait tenu la petite bibliothèque des îles du Destin malgré une apparence qui ne semblait pas suggérer qu'elle ait plus de vingt-cinq ans. Et lorsque qui que ce soit essayait de l'interroger un peu plus sur sa vie privée, la jeune femme trouvait toujours le moyen de s'esquiver avec habileté, renforçant pour la plupart des habitants leurs interrogations à son sujet. Elle ne semblait pourtant pas d'en formaliser plus que cela et prenait toujours plaisir à raconter les anecdotes des nombreux livres présents, et son regard expert était présentement posé sur l'ouvrage que Kairi tenait toujours à la main.
« Vous savez, commença-t-elle d'un ton énigmatique, il est dit que ce livre aurait d'étranges propriétés les soirs de pleine lune.
— Quel genres de propriétés ?! demanda immédiatement Kairi avec excitation, tandis que Riku levait discrètement les yeux au ciel.
— Oh, toutes sortes de choses. Dis-moi Kairi, n'aurais-tu pas envie de le découvrir par toi-même ? Elle est justement prévue pour ce soir.
— Ah ah non merci, je n'ai pas besoin d'aventures pour le moment mais pourquoi pas un jour. »
Riku crut voir une pointe d'amer déception se refléter dans les yeux de la bibliothécaire, mais elle se remit à sourire si vite qu'il se demanda par la suite s'il n'avait tout simplement pas rêvé.
« Et toi alors Riku, qu'en dis-tu ? reprit-elle en se tournant cette fois-ci vers lui.
— Je ne crois pas à ce genre de sornettes, désolé, répondit-il aussitôt. »
Et il n'aimait pas du tout le petit sourire en coin qui commençait à fleurir sur le visage de sa meilleure amie.
« Tu sais Riku, si je ne te connaissais pas mieux, je jurerai presque que tu as peur ! »
Oh non, pas du tout.
« Pourquoi est-ce que j'aurai peur, puisque je sais que ce ne sont que des histoires ? la contra-t-il d'un ton sec.
— Parce que quelque part là, dans ta tête, une petite voix te dit que ces ''sornettes'' pourraient bien être réalité.
— Ben voyons, répondit-il avec sarcasme, sous l'air indigné de Kairi. »
Cette dernière reprit cependant rapidement contenance, puis sourit de toutes ses dents. Riku déglutit difficilement. Ce sourire, il le connaissait par cœur. C'était celui qui signifiait ''je viens d'avoir une idée Riku chéri, et c'est toi qui va trinquer maintenant.''
« Alors si il n'y a absolument pas de quoi s'inquiéter, je suppose que tu ne vois aucun inconvénient à ramener ce livre chez toi ce soir, hum ?
— Et pourquoi je ferais une chose pareille ? J'ai rien à te prouver enfin !
— Non, bien sûr que non cela va de soi. J'ai juste tellement hâte de voir la tête de nos amis lundi matin lorsqu'ils apprendront que tu as refusé d'emprunter un livre à la bibliothèque par peur de ce qu'il pourrait bien te faire. Wakka t'en parlera encore dans dix ans, si ce n'est plus ! s'exclama-t-elle d'un ton railleur.
— Ça va c'est bon, j'ai compris. »
Riku prit l'ouvrage sous le bras d'un geste rageur puis se dirigea vers le comptoir sous le regard satisfait de sa meilleure amie. Aerith lui emboîta tranquillement le pas et eut tôt fait de le rejoindre, de rapidement enregistrer son emprunt et de lui souhaiter une bonne fin de soirée. Le jeune homme ne lui répondit que par un vague grognement et ignora royalement la demoiselle qui lui souhaita bonne nuit d'un ton moqueur, puis sortit dans les rues animées de l'Île Principale d'un pas pressé.
Il ne désirait plus qu'une chose à cet instant : s'enfermer dans sa chambre et pouvoir passer la soirée ainsi que la nuit sur son PC portable à ignorer le reste du monde, seul en tête à tête avec cette petite merveille qu'était internet. Le tout tout en évitant soigneusement de penser à ce stupide bouquin, cela allait de soi.
C'est donc encore passablement agacé qu'il pénétra chez lui, lançant un ''je suis rentré'' dénué de toute conviction et attendant quelques secondes de voir si quelqu'un lui répondait.
« Ouais super, et tu veux une médaille peut-être ? retentit soudainement une voix féminine depuis l'étage. »
Ne souhaitant pas plus que cela se mettre à crier après l'après-midi qu'il venait de passer, Riku monta les marches sans se presser, traîna des pieds dans le couloir puis passa la tête par la deuxième porte sur sa gauche.
La chambre de sa grande sœur était toujours dans le même état de bazar monstrueux habituel, les murs tapissés de leurs éternel posters de groupes de Métal ou de Hard-rock et les étagères emplies des CDs de ces derniers.
« Au lieu de dire des conneries, tu ne peux pas plutôt me dire où sont passés Papa et Maman ? »
Paine releva brièvement la tête de la revue de mode gothique qu'elle était en train de lire, le jaugea deux secondes du regard puis répondit :
« Partis en week-end romantique au Jardin Radieux. Ne me dis pas que tu l'as déjà oublié quand même : ça fait plus d'un mois qu'ils préparent ça comme les parfaits imbéciles heureux qu'ils sont ! »
Propos certes transpirant de vérité, mais ça n'était pas le sujet.
« Et je suppose qu'il ne t'est pas venu à l'idée, en tant qu'aînée et grande sœur aimante, de prévoir ce qu'on allait bien pouvoir manger ce soir ?
— T'as 18 ans nan ? Tu sais pas encore te débrouiller tout seul à cet âge là ? aboya-t-elle presque.
— Oh si, bien évidemment. Je vérifiais juste qu'un miracle n'avait pas eu lieu depuis ce matin et que l'adulte de 21 ans que tu es aurait mûri entre temps. »
Il obtint pour toute réponse une lourde ranger noire lancée dans sa direction, et jugea alors plus judicieux de se retirer.
Il est communément admis qu'il faut savoir choisir ses batailles. Et celle-ci n'était pas de celles qu'il allait gagner de sitôt, ce pourquoi il jugea plus sage de tout simplement se faire réchauffer une pizza et de la manger devant des émissions de télé à l'intérêt plus que discutable.
Il débarrassa ensuite sommairement son assiette, passa devant la porte fermée de Paine d'où s'échappait à fond le dernier album de Metallica puis entra dans sa propre chambre, y retrouvant avec un plaisir non dissimulé ses petites habitudes ainsi que ses objets personnels.
Il passa ainsi le reste de la soirée entre jeux vidéos et promenades nocturnes sur internet, jusqu'à ce que son taux de bâillements à la minutes devint trop élevé pour qu'il puisse chasser le monstre de manière efficace.
C'est donc avec une légère pointe de regret que Riku éteignit sa 3DS flambant neuve, et avec elle ce petit bijou qu'était Monster Hunter 4.
« Bah, c'est pas comme si je ne pourrai pas y jouer demain, pensa-t-il avant de jeter un bref coup d'œil à son horloge digitale. Minuit moins dix. »
Le jeune homme quitta ensuite son lit, s'étira longuement puis entreprit de partir à la recherche de son pyjama, quête qu'il aurait sans aucun doute menée à bien si une étrange lueur n'avait pas subitement attiré son attention.
Riku haussa un sourcil. Il était sûr d'avoir éteint correctement la console pourtant.
Il revint sur ses pas puis s'immobilisa à peine quelques secondes plus tard, les sourcils froncés. La lumière ne venait pas de sur sa couette, là où il avait abandonné la console. Elle venait d'au pied de son lit, là où il avait déposé pêle-mêle les affaires qu'il avait emportées pour aider Kairi. Et donc bien évidemment celles qu'il avait ramené, celles-ci comprenant...
Son rythme cardiaque s'accéléra légèrement, tandis qu'il s'exhortait mentalement au calme. Ça ne pouvait rien être de bien méchant, n'est-ce pas ?
Riku s'approcha tout de même prudemment du vieux sac d'où émanait la lueur puis, comme s'il avait peur que ce dernier ne lui saute subitement à la figure, attrapa du bout des doigts le livre noir responsable de cette lumière.
Sa première envie fut de jeter l'ouvrage au loin et de sortir en courant de la pièce. Sa deuxième, plus rationnelle, fut de réfléchir un minimum.
« Calme-toi, c'est bon, c'est juste Kairi qui te fait une mauvaise blague et qui n'attend qu'une chose : que tu lui parles de ce qui s'est passé. »
Oui, cette explication ne pouvait être que la bonne.
C'est fort de cette conviction qu'il s'apprêta à sortir de sa chambre, le livre à la main afin de pouvoir le planquer quelque part en attendant qu'il arrête de briller et qu'il puisse dormir en paix.
Minuit s'afficha en chiffres rouges sur l'horloge.
La lumière grandit brusquement, jaillissant avec force de la couverture du livre.
Riku ferma les yeux, aveuglé.
Puis tout devint noir.
