Titre : un
trèfle qui se fane
Auteur : ylg
Fandom
: Clover
Couple/Personnages : Ran, Gingetsu
Rating
: PG / K+
Disclaimer : tout aux CLAMP
Timeline : environ une dizaine d'années après la série. Spoil sur les quatre tomes.
Attention, les gens qui ont oublié la chronologie et ont cru que le "dernier pas" c'était passer à l'acte et coucher ensemble : non, désolée, pas du tout : ça, c'est fait depuis longtemps. Si vous vouliez quelque chose de joyeux, faites demi-tour et trouvez une autre fic à lire...
Rappel : Ran vieillit beaucoup plus vite qu'un humain normal. Le "dernier pas" ici, c'est celui de la "fin".
Pour Aélane, dans le cadre de fic sur demande.
oOo
Une, deux, trois petites feuilles.
Cage
Il y a
longtemps, Ran a quitté sa cage du Centre pour se réfugier
ailleurs. Malgré son désir de liberté de
l'époque, il est toujours enfermé. Il ne quitte
jamais la demeure de Gingetsu, mais c'est autant par choix que par
obligation. Le reste du monde, finalement, ne l'intéresse
pas. Le reste du monde vient rarement à lui, dans cet endroit
protégé.
Monde
Ran voulait juste un
endroit où « A » ne serait pas ; il se trouve
heureux d'être finalement dans un endroit où Gingetsu
est.
Gingetsu n'a pas beaucoup d'amis autour de lui, encore
moins qui viennent le visiter chez lui, mais il a Ran. Le reste n'a
pas beaucoup d'importance pour celui-ci.
Quatre
feuilles
Le trèfle à quatre feuilles porte
bonheur, dit-on, mais ne peut être heureux lui-même. Le
trèfle à quatre feuilles ne peut appartenir à
personne. En revanche, Gingetsu s'en est procuré un à
trois feuilles. Lui et Ran sont heureux ensemble. Depuis leur
rencontre et pour longtemps, espèrent-ils.
Trois
feuilles
Un trèfle à trois feuilles, ça
ne veut rien dire, finalement. Pour Gingetsu, Ran a envie d'être
simplement un humain normal : ça serait plus facile si tout le
monde était simple brin d'herbe sans aucune feuille.
Deux
feuilles
Gingetsu est un Deux-feuilles, mais cela, bien peu de
monde le sait. Il ne se sert pour ainsi dire jamais de ses pouvoirs.
De toute façon, l'armée les a limités et cela,
personne ne le sait. Ça lui évite beaucoup
d'ennuis.
Une feuille
Gingetsu a présenté
à Ran son meilleur ami, et une fois le fiancée de
celui-ci. La belle Oruha est morte peu après cela. Ran a tout
de suite ressenti son pouvoir quand il l'a rencontrée et a
ainsi compris qu'elle savait déjà ce qui
l'attendait.
Deuil
Après la mort d'Oruha,
Kazuhiko était effondré. Ran n'oubliera jamais le
chagrin de cet homme. Gingetsu n'a jamais été très
doué pour communiquer avec les humains. Sa simple présence
suffit maintenant à apaiser Ran, mais réconforter son
ami était autrement plus difficile.
Une
feuille
Oruha connaissait à l'avance le jour de sa
mort et a dû attendre la fin avec angoisse. Elle avait pourtant
l'air si heureuse, avec Kazuhiko : comment a-t-elle pu accepter de
mourir si vite ?
Deux feuilles
Gingetsu refuse d'être
un Trèfle. Il s'efforce de se penser comme un homme normal,
vivant en harmonie avec une belle plante d'intérieur
s'épanouissant dans son appartement, plutôt que comme
un militaire veillant sur un secret d'état par
obligation.
Trois feuilles
« C » a vécu
longtemps au Centre auprès de « A » et de «
B » sans vieillir, jusqu'à ne plus rien supporter. Les
Wizards font semblant de l'avoir laissé partir, et n'ont
fait que le changer de cage, mais Ran est heureux.
Quatre
feuilles
Cette jeune fille qu'on appelait Suh aussi avait
vécu longtemps seule au Centre. Elle n'avait bien sûr
personne à rejoindre, mais en plus, n'avait personne à
fuir non plus. Quand elle a voulu sortir, ça n'était
pas pour aller « autre part » ni « quelque part »,
mais pour aller « nulle part ».
Dehors
Ran
est heureux d'être dehors, heureux de vivre avec quelqu'un
comme Gingetsu. Quand il était Là-bas, il pensait que
n'importe qui ferait l'affaire ; après avoir vu à
quoi ressemblait le monde, il est heureux que ça soit lui et
pas un autre.
Revers de la médaille, à l'extérieur,
le temps le rattrape vite.
Temps
Ran ignore combien
de temps il lui reste exactement. Plus beaucoup, il le sait. Il le
sent, son corps fatigue.
L'une après l'autre, les
feuilles se fanent. Tic, tac, la mécanique bat la breloque et
son cœur s'arrêtera bientôt, faussé par le
rythme incohérent des aiguilles du temps avec lesquelles les
Wizards ont joué.
Cœur
Son cœur, avec
lequel il aime, reste identique, lié à Gingetsu.
Pourtant, il sait que leur bonheur touche à sa fin. Le temps
passé ensemble aura été heureux, les quelques
années qu'il a duré.
Son cœur, qui le fait vivre,
se détraque d'autant plus vite que ses regrets le blessent.
Question
–Quand je serai parti, Gingetsu, seras-tu
triste ?
Gingetsu ne répond pas. Évidemment, il sera
triste, mais le dire à haute voix avant même que cela
n'arrive ferait bien trop mal.
Regrets
Ran
commence à comprendre « A ». Quand il était
au Centre, « C » y était toujours physiquement
présent mais rêvait d'ailleurs, et « A »
détestait le voir l'oublier et faire comme s'ils n'étaient
pas ensemble.
Ne pas exister dans le cœur de ceux que l'on
aime, c'est encore pire que de ne pas exister du tout. Aujourd'hui
qu'il se sent disparaître, il partage cette peur et cette
tristesse.
Souvenir
–Tu ne m'oublieras jamais ?
–Jamais. Cela, il peut le promettre. Ran ne sera plus là,
dans ce monde, mais il restera toujours dans le cœur de Gingetsu.
Ensemble même séparés, il a déjà
promis cela par le passé…
–Ça te fera mal.
–Je
me souviendrai avoir été avec toi.
Oubli
Ne
vaudrait-il pas mieux oublier ? Ils refusent l'un et l'autre. Pas
question de disparaître pour de bon. S'il ne doit rester de
Ran que des souvenirs, ils ne veulent pas que cela aussi s'efface.
Jamais.
Refus
Il arrive que Gingetsu se mette en
colère. La nuit, il le serre dans ses bras, le plus fort
possible, pour briser la peur qui l'étreint. Ne me laisse
pas, crie tout son corps à celui de Ran.
N'y a-t-il
vraiment rien à faire ? Non. Le temps est plus fort que tout.
Colère
Gingetsu accuse les Wizards. Il s'en
prend à « A » aussi. Avec toute leur magie, que ne
peuvent-ils sauver celui qu'il aime et à qui en aussi sont
censés tenir ! Et n'est-ce pas leur faute à eux tous
s'il se voit ainsi condamné ?
Et finalement, après
les mots inutiles, les menaces stériles, il reste impuissant.
Ran ne peut rien faire non plus pour calmer sa révolte. Rien
d'autre qu'attendre qu'il se résigne de
lui-même.
Séparation
Il a d'autant
plus mal de devoir s'en aller qu'il voit la douleur qu'il cause
à Gingetsu.
Il y a des plantes qui empoisonnent le sol où
elles poussent, il y a des plantes qui produisent des poisons
violents pour qui les consomme. Le joli trèfle blanc contient
du cyanure…
Ran ne souhaite pas emporter Gingetsu avec lui dans
la mort, non.
Souhait
Il voudrait partir sans
regrets, ne laisser que des bons souvenirs et ne pas voler son
bonheur à Gingetsu en partant. Après son départ,
Gingetsu aura encore besoin de son cœur pour vivre, il n'a pas le
droit de l'emporter avec lui, comme un porte-bonheur vers
l'au-delà. Au contraire, il aimerait autant pouvoir laisser
le sien à Gingetsu, comme une relique. Si seulement cela le
soutenait au lieu de l'accabler encore plus…
Talisman
C'est
triste, les fleurs séchées. Un trèfle cueilli
qu'on garde et qu'on presse entre les pages d'un livre, jusqu'à
ce qu'il ne reste que le fantôme de lui-même. Il perd
son volume, sa texture, jusqu'à sa couleur.
Mais il
marque un passage important dans ce livre, et quand on le retrouve,
il agit comme une clé sur la mémoire. En feuilletant
ses souvenirs, on retrouve presque son parfum. Il faut qu'il ait
confiance en cette promesse de quiétude pour l'avenir pour
pouvoir partir l'esprit tranquille.
Départ
Parfois,
Ran souhaiterait être déjà à cet après
où le chagrin s'apaisera et voir Gingetsu se souvenir de lui
avec nostalgie, sa tristesse passée.
Il voudrait lui dire
tout à tour "Ne m'oublie pas" et "Ne sois pas triste" mais ces
deux phrases ne vont pas ensemble. Comme deux pièces qui ne
s'emboîtent pas, deux morceaux de son cœur qui se brise
chaque jour un peu plus.
L'attente lui pèse. Son corps
lui fait défaut, son cœur bientôt également. Ces
derniers jours seront sans doute les plus longs de sa vie.
oOo
–note : voilà, une version triste... Pour ces persos, il m'arrive aussi d'écrire en un peu moins pathétique (ou en tout cas j'essaie), mais aussi en bien plus court, dans le recueil « feuilles de trèfle » (anciennement « lumières »)
