Cette fiction sera centrée sur le personnage d'Amélia et se passe après la saison 12 de Grey's Anatomy. Enjoy !
Je suis désolée.
Des cris à l'extérieur de la voiture essayaient de la réveiller.
Je ne veux pas mourir.
Sa respiration était douloureuse. Sa ceinture de sécurité l'empêchait de tomber vers le siège passager.
« … parce que les gens meurent percutés par des voitures. »
C'était ses propres mots pourtant ils paraissaient si loin. Elle se les rappelait parce que quelque chose venait de percuter sa voiture. C'était la seconde fois qu'elle se retrouvait inconsciente dans un accident de voiture. La première fois elle n'avait pas réussi à mourir. Certains jours, elle ressentait de la gratitude d'être encore en vie. Il y avait des choses qu'elle était contente d'avoir réalisées. D'autres, elle se disait que ça ne valait pas le coup. Aujourd'hui elle s'était sentie vraiment mal. Sa douleur la faisait se sentir vivante mais est-ce que vraiment, ça valait vraiment le coup ? Il y a pourtant cette chose qu'elle n'avait pas réalisée.
Je ne veux pas mourir.
Il n'y a pas de règle. Parfois on se sent bien et fort, d'autres tristes et pitoyables au gré des informations que l'on a dû encaisser dans la journée. Elle avait l'impression de ne rien contrôler. Mais de là à mourir…
« Derek est mort. »
Elle avait mis du temps à l'accepter, à dire ces mots en réalisant leur signification profonde : plus de lien réel avec son ex-belle sœur, qu'elle adorait. Plus de tampon entre elle et Meredith. Moins de liens avec ses neveux qu'elle avait d'ailleurs emmenés avec elle sans demander son reste. Moins de lien avec sa famille, ce qui s'était confirmé par la suite. Plus de prise de bec au boulot, plus de sourire tolérant et fraternel quand elle oubliait de fermer la porte, laissait la nourriture hors du frigo, remettait un paquet de céréales vide dans le placard. Plus de Thanks Giving qu'ils passaient pliés en deux à cause d'une private joke. Alors après sa mort, elle avait passé son temps au boulot pour éviter de penser, éviter d'être détruite encore. La mort fait mal à ceux qui restent. Autant que la vie. Cette douleur qui l'empêchait de respirer correctement était de moins en moins supportable.
« Et bien si tu n'es pas certain, demande-lui de venir te consoler ! Et fous-moi la paix ! »
Est-ce que les choses à venir seraient aussi bien ? Elle l'avait cru. Mais elle avait foiré. Enfin pas tout à fait. Elle avait encore quelque chose à faire en ce monde. Mais pour le moment, ce qu'elle avait découvert lui était insupportable.
Je veux juste oublier. Laissez-moi oublier.
Par moments il était absolument sûr de lui. A d'autre, il doutait. Il n'y a pas de règle. Cette dispute l'avait plongé dans un profond désarroi. Il avait mal. Il avait toujours essayé de la protéger et maintenant c'est lui qui lui faisait du mal. Il se sentait vraiment nul. Pourquoi il fallait toujours qu'il fasse tout foirer ? Quand le téléphone avait sonné et qu'il avait eu quelqu'un de l'hôpital pour lui annoncer que sa femme avait eu un accident, il avait cessé de douter. Il avait imaginé le pire. Il s'était imaginé seul avec ses regrets, réalisant qu'il avait perdu celle qui le rendait heureux au quotidien, qui le faisait rire, qui remarquait quand il n'était pas dans son assiette, qui le soutenait quand il en avait besoin, qui avançait dans la même direction que lui. Il ne rencontrerait plus jamais quelqu'un comme elle.
« Tu crois qu'on a épuisé tout notre bonheur ? »
Il croyait soudainement que Callie avait raison, qu'il avait eu sa dose de bonheur, qu'il avait eu une deuxième chance et qu'il l'avait laissé s'envoler alors qu'elle était juste à sa portée.
Il avait les mains crispées sur le volant de sa voiture pour ne pas les laisser trembler. Il était doublement attentif à cause de ce qui s'était passé. Sa respiration était irrégulière, son cœur battait plus vite. Il sembla éclater quand il vit une dépanneuse remorquer la voiture d'Amélia. Elle était très amochée. Il ne la vit que deux ou trois secondes. Il fallait qu'il reste concentré sur la route et qu'il aille directement à l'hôpital. Personne ne pourrait le renseigner sur les lieux de l'accident.
« Tiens bon ! Je t'en prie ! »
Il prit une profonde respiration et continua son chemin.
La jeune femme accidentée était assise sur son lit médicalisé. Une doctoresse blonde et souriante se saisit de son dossier en s'adressant à elle.
« Bonjour, allongez-vous s'il v… »
Elle s'interrompit et un air inquiet et désolé céda la place à son air enjoué.
« Oh mon Dieu… Amélia, mais qu'est ce qui t'es arrivé ? »
Elle posait la question machinalement, alors que les causes de ses blessures étaient mentionnées dans son dossier qu'elle regardait en alternance avec le visage ensanglanté de son amie.
« Accident de voiture. Enfin, camion contre voiture.», affirma la jeune femme.
Un élément attira son attention. Il était mentionné à l'emplacement de son nom Jane Doe. Arizona regardait encore la jeune femme. Peut-être s'était-elle trompée, peut-être que c'était un sosie de son amie, cela arrivait quelquefois de croire reconnaître une personne et de se tromper. Surtout aux urgences quand les patients ont pleuré et qu'ils sont couverts de sang. Pourtant à y regarder de plus près, son alliance ressemblait vraiment à l'alliance d'Amélia. Et ce matin, elle avait attaché ses cheveux de la même façon.
Amélia se demandait comment le Dr Arizona Robbins, puisque c'était ce qui était écrit sur la blouse, connaissait son nom alors qu'elle avait été incapable de le renseigner aux secouristes. Peut-être avaient-ils trouvé sa carte d'identité. Ce serait vraiment étrange que cette femme la connaisse. C'était pourtant l'impression qu'elle donnait. Sûrement une impression.
« Tu étais toute seule lors de l'accident ? »
« Oui, et le chauffeur du camion. Je crois. »
« On va te faire un scan complet. Tu as déjà prévenu Owen que tu étais ici ? »
« C'est qui Owen ? »
Arizona ne répondit pas immédiatement. Elle prit sa respiration et analysa la situation. La voiture d'Amélia avait été heurtée par un camion, elle souffrait probablement d'une commotion cérébrale.
« Amélia, tu te rappelles de moi ? Tu te rappelles de cet hôpital ? »
La brune avait au moins la réponse à une de ses questions, elle et le Dr Robbins se connaissaient. Elle essayait de se rappeler d'où, de quand, mais rien. En fait elle n'avait aucun souvenir. Ce lieu ne lui évoquait rien. Elle se souvenait qu'on l'avait aidé à sortir de sa voiture, c'est tout.
« Non, je ne me rappelle de rien ».
« Ok, c'est pas grave. C'est à cause de l'accident, mais ça va revenir. Je suis Arizona, on est collègues, on travaille ici toutes les deux. Normalement je m'occupe plutôt des enfants, mais je vais prendre soin de toi. Est-ce qu'il y a quelque chose dont tu te souviennes ?»
« Non… »
Ah si ! Il y avait une chose dont elle se rappelait. Elle se rappelait quand elle était dans la voiture et qu'elle avait des sortes de flashbacks. Mais c'était flou. Elle entendait simplement sa propre voix sanglotante disant que Derek était mort.
« Attends ! Qui est Derek ? »
« Oh ! C'est bien, tu te souviens de Derek ? »
L'autre fit non de la tête.
« Essaye de te souvenir. »
Elle chercha un instant, mais l'exercice l'agaça très rapidement.
« Non, je ne me rappelle de rien. Je sais que Derek est mort, mais je ne sais pas qui c'est. Dis-le moi, s'il te plait dis-moi qui est Derek. »
La blonde était un peu gênée de lui apprendre une si mauvaise nouvelle, mais elle ne pouvait pas non plus lui cacher la vérité.
« C'était ton frère. Il travaillait ici aussi avant…Mais on bavardera plus tard, je dois t'examiner. Dis-moi où tu as mal. »
Elle montra sa deuxième côte en signalant que c'était douloureux quand elle respirait. Tout en cherchant dans sa mémoire qui était ce frère avec qui elle travaillait dans cet hôpital.
« C'est tout ? Ton ventre ? Ta tête ? »
« Non, ça va. J'ai juste la nuque raide.»
La blonde vérifiait ses réflexes basiques, le rétrécissement de ses pupille au contact de la lumière, faisait quelques palpations afin de vérifier la sensibilité.
« Bon, ça a l'air d'aller. On va quand même faire des examens. »
« C'est inutile. »
« Tu n'as pas le choix, tu es ma patiente et on va te faire un scan thoracique et une IRM de la tête. »
« OK . Mais est ce que c'est vraiment utile ? Ce n'est pas un peu trop ? »
« Qu'est ce que tu crois ? Ton mari va me tuer si jamais j'oublie de soigner un seul de tes bleus. »
La jeune femme fut agréablement surprise de découvrir son statut marital. Elle jeta un œil à sa main gauche qui portait un délicat anneau d'or et demanda à sa collègue.
« Je suis mariée ? Il est comment ? On a des enfants ? »
Arizona, inquiète, était pressée de lui faire passer ses examens, cependant, elle ne pouvait pas non plus laisser sa patiente dans l'état d'inquiétude que laissait supposer un état amnésique. Elle s'assit sur le lit de la brune et lui fournit quelques informations qui l'apaiseraient sûrement quelques minutes.
« Ton mari, Owen, est chirurgien, tout comme toi et comme l'était ton frère Derek aussi. Vous vous êtes marié il y a quelques mois et vous n'avez pas encore d'enfant. Il est très amoureux de toi, vous habitez dans une jolie maison à un quart d'heure en voiture. Vous avez aussi deux colocataires, Jackson et son bébé. Au début vous viviez seulement tout les deux puis, enfin bref, Jackson te racontera. Ta famille ne vit pas ici, ton père est mort quand tu étais petite. Je crois que tu es en froid avec ta mère et tes trois sœurs. »
Ca faisait déjà beaucoup d'informations. La jeune femme jugea que le bilan de sa vie était loin d'être parfait. Comment pouvait-on se brouiller avec sa mère et sœurs ?
Voyant le visage d'Amelia s'assombrir, elle reprit.
« Mais tu sais, tu as construit ta propre famille ici. Il y a Meredith, ta belle-sœur il y a tes neveux et tu as pleins d'amis… Tout va bien se passer, tu vas te rappeler de tout le monde et tu trouveras tout ton environnement familier à nouveau. Bon maintenant il est grand temps que tu ailles au scanner, je te revois dans quelques minutes. Surtout ne t'inquiètes pas. Tu n'es pas seule.»
Les deux infirmières présentes remontèrent les accoudoirs du lit médicalisé et amenèrent leur patiente au scanner tandis qu'Arizona indiqua que la personne à prévenir était Owen Hunt. La nuit était toujours plus chargée et Arizona continua de s'occuper des différents patients qui arrivaient, non sans inquiétude pour son amie qui n'avait presque aucun souvenir.
A suivre~