Résumé : Et si Thomas avait proposé à Parker de partir plus tôt pour Portland ? Et si Parker avait accepté de suivre Thomas en Oregon ? Si celui-ci ne s'était pas fait tué ce 8 mai 1999 ? La relation entre Jarod et Parker serait devenue encore plus complexe qu'elle ne l'est déjà…
Disclaimer : Les personnages de cette fanfiction ne sont pas ma propriété. Je ne touche pas d'argent pour ce que je fais, seul votre plaisir est ma récompense, alors pensez aux feedbacks, vous n'imaginez pas comme ça fait plaisir… merci…
Time line : L'histoire se passe entre février et mai 1999, ou si vous préférez entre le 3.11 (L'Assassin – Assassin) et le 3.18 (Pièces manquantes – Wake Up). La scène du repas est tirée du 3.13 (Affaires de familles – Pool), ses dialogues sont donc la propriété de leurs auteurs.
Note de l'auteur : Il y a une chose à recadrer et à préciser. Dans la série, Thomas demande à Parker de le suivre à Portland dans le 3.16 (les Puissances au pouvoirs – PTB), ici, Thomas lui en aurait déjà parlé mais Parker n'a pas donné de réponse.
Bonne lecture…
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POINT DE FUITE
Partie 1
Jarod lui avait laissé un message lui demandant de se rendre au plus vite à GreenWood Beach. GreenWood Beach n'était pas à proprement parler une plage. Elle n'avait rien à voir avec les belles plages du Delaware s'ouvrant sur l'océan. Il s'agissait d'une station balnéaire construite sur les bords d'un lac artificiel. La station n'était ouverte qu'en période estivale, à cette époque de l'année, le lieu était désert et seules quelques embarcations restaient ancrées dans la baie.
Les feuilles jaunies par l'automne jonchaient encore le sol et les arbres, nus, se reflétaient dans les eaux sombres.
Jarod ne l'avait pas contacté depuis des jours et cette initiative le laissait perplexe. Pourquoi arranger un rendez-vous de dernière minute alors que son ami insistait justement pour ne jamais se voir, par crainte d'être surpris par Parker ?
Il arpenta le chemin de terre au volant de son pick-up en direction du lac. Quand il arriva à destination, Jarod était là. Son ami était vêtu d'un blouson de cuir et portait des lunettes noires. Il ne l'avait jamais vu habiller autrement. Il descendit du véhicule et fit quelques pas vers lui.
- Thomas !
- Jarod ! Je suis heureux de te revoir !
Les deux hommes se serrèrent dans les bras comme s'ils se connaissaient depuis toujours.
- Ton message disait que c'était urgent, rien de grave j'espère ?
- Thomas, c'est important. C'est à propos de Parker… et de toi. De vous.
Thomas l'invita à aller plus loin. Ils firent quelques pas en direction du petit embarcadère, puis s'immobilisèrent. Jarod retira ses lunettes, il avait les traits tirés. Thomas commença à s'inquiéter.
- Qu'est-ce qu'il se passe ?
- Tu lui as parlé de Portland ?
- Oui, mais elle... il lui faut du temps.
- On va en manquer du temps Thomas… partez le plus tôt possible…
- Pourquoi ? Jarod, tu me fais peur…
- Je ne peux pas t'en dire plus… vos vies sont en danger…
- Tu dois exagérer ! qu'est-ce qui peut être aussi grave ?
- Thomas, écoute moi… tu ne sais pas tout de sa vie et elle a ses raisons de t'en protéger, et là, ça devient dangereux pour vous de rester à Blue Cove… demande-lui de partir tout de suite en Oregon, fais-le Thomas…
- Je vais lui en parler, mais…
- Ça ne va pas suffire de lui en parler, elle a peur de quitter tout ce qu'elle connaît ici, elle a peur de l'inconnu… tu vas devoir la convaincre de tout laisser pour… pour toi.
- Jarod, pourquoi tu ne lui dis pas ? pourquoi ne viens tu pas ce soir lui expliquer ?
- Non ! elle ne doit pas savoir que je te connais, souviens-toi, je t'en prie…
Jarod prit Thomas par les épaules et le regarda dans les yeux.
- Tu dois la sauver et l'emmener loin d'ici…
Thomas sentit que son ami ne plaisantait pas. Il était sérieux et ça lui faisait peur. Qu'est-ce qui pouvait bien les mettre en danger à ce point ? Qu'importe, s'il en allait de la sécurité de Parker il fallait qu'il suive les conseils de Jarod. Il demanderait à Parker de le suivre le plus tôt possible à Portland.
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- Parker, calme toi…
- Comment veux-tu que je me calme ? C'est un cauchemar ! Seigneur, faites que je me réveille !
Parker avait les nerfs à vif. Sa famille s'était invitée à dîner chez elle à la dernière minute, et dans les secondes qui venaient, elle sentait qu'elle allait péter les plombs.
- Un repas de famille… je ne vois pas ce qui t'effraie…
- Une réunion de Parker, rectifia-t-elle, ce n'est pas la même chose. Mon père avec cette garce, mon psychopathe de frère, tous réunis dans ma maison… Seigneur, faites qu'il n'y ait pas de morts…
Thomas s'éloigna en riant doucement, laissant Parker s'affairer autour des employées de maison qui s'occupaient des derniers préparatifs.
Parker avait les nerfs à vif, elle redoutait cette réunion de famille. Elle s'était efforcée de tenir Thomas en dehors de cet univers mais ce soir, la rencontre serait inévitable. Pour la première rencontre entre son père et Thomas, tout devait être parfait – ce qui frôlait l'impossible.
Elle s'assura que tout était prêt.
- Les cocktails d'abord, ensuite le dîner, ensuite…
C'était un cauchemar.
- … ensuite je monte sur le toit et je me jette la tête la première dans le vide…
- … Madame… ?!
- … une vieille tradition familiale…
Tandis que Parker ne tenait pas en place, Thomas l'enlaça et la rassura.
- Détends-toi tu veux… ton père et moi je suis sûr qu'on va s'entendre…
- Si… tu le dis…
Mais même les mots tendres de Thomas n'arrivaient pas à la calmer.
- … mon Dieu ça marchera jamais…
Soudain la sonnette se fit entendre. Les domestiques se mirent en place, Parker vérifia si tout était en ordre. Robe noire très simple, cheveux élégamment bouclés qui lui tombent sur les épaules, maquillage sobre. Est-ce que tout y est ?
- Alors ?
Thomas l'observait s'agiter avec amusement. Elle était resplendissante à ses yeux. Mais la coiffure, le maquillage… tout n'était qu'artifice et il ne cessait de la voir avec le regard du cœur, belle dans tous ses mouvements, dans toutes ses réactions, dans tous ses élans. Elle était belle dans tous les sens du terme qu'il connaissait. Et rien, ni personne n'aurait pu le faire changer d'avis. Elle était la plus belle chose qui lui avait été donné de rencontrer.
- Admirable !
Comme pour repousser la rencontre avec sa famille, Parker se blottit dans ses bras et l'embrassa tendrement. Qu'aurait-elle fait sans lui ?
La sonnette retentit à nouveau, et Parker se décida à ouvrir la porte.
- Mon Ange !
- Papa !
- Est-ce qu'on peut entrer ? demanda la jeune femme qui se tenait auprès de Monsieur Parker en même temps qu'ils entraient dans le hall.
- Apparemment c'est déjà fait… lui répondit Parker sans prêter plus d'attention à sa future belle-mère.
- C'est vraiment gentil à vous de nous recevoir pour cette petite soirée… Fichus travaux ! Nos ouvriers sont d'une lenteur incroyable ! Une bande d'idiots avec des marteaux… continua la jeune femme sans se laisser déstabiliser par le caractère froid de Parker.
Parker engagea les présentations.
- Bridget…
- Brigitte, rectifia avec insistance la personne concernée.
- Comme vous voulez… Papa, voici Thomas
- Un des idiots avec son marteau ! N'ayez crainte, j'ai laissé mes instruments au vestiaire… plaisanta Thomas en lui serrant la main.
- J'ai entendu beaucoup de choses sur vous…
- … mais il ne faut pas croire tout ce qu'on entend…
- … ça veut dire quoi ?
La plaisanterie de Thomas ne fit pas rire. Deux univers différents se télescopaient. Pendant une demie seconde, Parker se demanda si tout n'était pas que folie. Présenter l'homme de sa vie à sa famille avait quelque chose de… d'irréel. Quelque chose ne tournait pas rond. Quelque chose qui la dérangeait sans vraiment savoir d'où venait ce malaise.
Un lourd silence pesa pendant moins d'une seconde, silence brisé par l'arrivée de Lyle.
- J'espère que je ne suis pas en retard…
- Tommy voilà… mon frère… Lyle…
- Voilà le veinard qui a gagné le cœur de ma sœur…
- … oui… oui, c'est moi le veinard… répondit Thomas en plongeant ses yeux dans ceux de Parker. Oui, c'était bien lui qui avait réussi à apprivoiser cet animal sauvage. C'était lui qui avait trouvé la clef de son cœur. Il se sentit comblé, il se sentit l'aimer peut-être plus qu'une minute auparavant.
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Partie 2
La soirée s'était passée relativement bien pensa Thomas. Le père de Parker et Brigitte avaient prévu de se marier le week-end qui venait et l'avaient annoncé au cours du repas. Cet événement semblait enchanter la famille exceptée Parker.
Elle n'était pas prête pour accepter qu'une inconnue prenne la place de sa mère dans le cœur de son père. Comme une petite fille, jalouse et capricieuse, elle en voulait à son père de tirer un trait sur leur famille, de remplacer sa mère par une jeune femme à peine plus âgée qu'elle.
Le passé la hantait et elle n'osait pas tourner la page.
Thomas n'avait pas besoin que Parker se confie ouvertement, il comprenait ce qu'elle éprouvait, devinait ce qui la torturait, il savait que la jeune femme cachait de douloureuses cicatrices et qu'il lui faudrait du temps pour qu'elle commence à lui en parler.
Mais il ne faut pas toujours tourner la page, il faut parfois la déchirer, pensait Thomas quand Parker sortit de la douche.
- J'avais hâte que cette fichue soirée se termine…
- Je t'ai préparé quelque chose qui te fera dormir, dit-il en lui tendant une tasse de grog.
Tandis que Parker but quelques gorgées, Thomas se rapprocha.
- Alors ? Je trouve que la soirée s'est déroulée… plutôt bien…
- Y pas eu de morts…
- Et Brigitte semble être une gentille personne, elle rend ton père très heureux…
Parker lui lança un regard noir.
- C'est dur de le voir bousiller sa vie avec cette garce…
- Alors ignore-les… et si ça te rend si malheureuse, peut-être que tu devrais arrêter de les voir un peu…
- C'est ma famille…
- Peut-être que tu devrais penser à en créer une nouvelle…
Thomas déposa un baiser dans les cheveux de Parker et se dirigea vers la salle de bain. Il se déshabilla pour prendre sa douche, puis passa la tête dans l'entrebâillement de la porte. Parker avait les yeux rivés sur le fond de la tasse.
- Parker… Accompagne-moi à Portland…
Parker leva ses grands yeux bleus vers lui, puis détourna le regard, par-delà la fenêtre, fixant un point imaginaire. Elle haussa les épaules.
- On en a déjà parlé Thomas. Je sais pas. C'est… compliqué…
Mais Thomas ne l'écoutait plus. Dans un soupir, il referma doucement la porte et entra dans la douche. Il fit longuement couler l'eau chaude. Il ferma les yeux et laissa ses muscles se détendre.
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Quand il la rejoint, Parker était déjà couchée. Thomas se glissa doucement dans les draps et se serra contre la jeune femme qui lui tournait le dos. Il déposa un baiser sur son épaule, puis un deuxième. Il dégagea sa nuque et entreprit là encore de déposer de tendres baisers.
Elle avait la peau si douce.
Il effleura avec délicatesse sa peau de pêche. Il fit courir ses doigts le long de son bras jusqu'à trouver sa main. Il entremêla ses doigts aux siens, puis porta sa main contre ses lèvres. La jeune femme finit par capituler. Elle se retourna et caressa doucement le visage de Thomas.
- C'est compliqué tu sais…
Thomas l'embrassa sur le front, puis la regarda dans les yeux. Il l'embrassa le plus tendrement possible sur la pommette droite. Parker passa la main dans ses cheveux.
- Je veux dire tout n'est pas si simple…
Avec la même infinie douceur, Thomas l'embrassa dans le cou. Il fit glisser la bretelle de la nuisette en satin de Parker et déposa un baiser au creux de sa poitrine.
Il effleura sa peau et se releva légèrement afin de la regarder dans les yeux. Il l'embrassa sur les lèvres et lui murmura :
- Les seuls obstacles que l'on a, sont ceux que l'on s'impose Parker.
Thomas se mit sur le côté, une main sur la tempe pour soutenir sa tête.
- Tu l'as dit toi-même Parker, ta famille te ronge… Viens avec moi, j'ai déjà tout organisé…
Parker se mit dans la même position que Thomas.
- Tu as tout organisé ?
Il écarta une mèche qui venait de tomber sur le visage de la jeune femme.
- Tu n'as plus qu'à accepter…
Parker se laissa tomber sur le dos, et regarda le plafond.
- Thomas, j'ai plus que tout envie de te suivre et de vivre avec toi, mais… là où je travaille, on ne laisse pas ses employés partir comme ça… c'est… je te mettrais en danger…
- Alors fuyons ! enfuis-toi avec moi sur la route… en cavale comme deux hors-la-loi…
Il éclata de rire et se laissa tomber à son tour sur le dos. Il leva les yeux au plafond lui aussi.
- Tu n'es pas bien loin de la vérité tu sais… !
- Vraiment ? de quoi seraient-ils capables pour te retenir ?
- De beaucoup de choses… ils pourraient te faire du mal…
- Tu dois être une employée d'exception s'ils tiennent autant à toi…
Un silence pesa de longues secondes.
- Je suis prisonnière de cette vie Thomas… je ne pourrai jamais partir…
- Parker, je connais quelqu'un qui pourrait nous aider à reconstruire une vie là bas… de faux papiers, de nouvelles identités… tu crois que c'est comme ça que tu pourras t'enfuir ?
- Peut être… je ne veux pas t'imposer tout ça… c'est…
- Parker, je t'aime… si on doit s'installer dans les quartiers délabrés de Groznyï, sur les crêtes du Kilimandjaro ou même sur la face cachée de la Lune, je n'hésiterai pas une seconde, parce que je serai avec toi…
- J'ai envie de vivre avec toi Tommy
- Je prends ça pour un 'oui' ? Demain j'organise notre départ.
Il se pencha au dessus d'elle et l'embrassa.
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Partie 3
- Et elle a dit 'oui' ?
- Je lui ai dit que je connaissais quelqu'un qui nous fournirait de faux papiers et de fausses identités… tu pourras t'occuper de ça… ?
Jarod hocha de la tête mais ses pensées étaient déjà ailleurs. Elle avait dit oui… elle partait vivre avec Thomas… Après tout, à quoi s'attendait-il en les faisant se rencontrer ? C'était bien le but recherché… Elle quittait le Centre pour vivre avec Thomas… Elle tenait à lui bien plus qu'il ne l'avait estimé. Elle l'aimait.
Bien sûr Jarod ferait tout pour les aider mais quelque chose le troublait. Simplement, il pensait que si elle décidait de quitter un jour le Centre, ç'aurait été pour lui. Mais non. Thomas. C'était lui l'homme de sa vie.
- Hier j'ai rencontré sa famille…
- Vraiment ?
Thomas l'avait sorti de ses pensées. Il lui avait à nouveau donné rendez-vous à GreenWood Beach pour organiser leur fuite. Ils s'étaient mis d'accord pour simuler la mort de Parker. C'était le seul moyen pour qu'elle puisse quitter le Centre sans s'attirer d'ennuis. Dans les jours qui venaient, Jarod conduirait la voiture de Parker jusque dans l'Oklahoma, où la jeune femme mourrait accidentellement prise dans un orage super cellulaire.
Cette idée était venue au Caméléon après qu'il ait visionné plusieurs reportages sur les tornades et ces impressionnants orages magnétiques. Les semaines précédentes, il s'était même rendu à Oklahoma City pour intégrer une équipe de chasseurs de tornades. La violence de ces tornades était dévastatrice. Elles emportaient tout sur leur passage laissant retomber les débris à plusieurs kilomètres de la zone sinistrée. Si un homme au volant de sa voiture était pris dans une de ces tornades, son corps ne serait pas forcément retrouvé tout de suite.
Jarod avait fait part de son idée à Thomas, et celui-ci était d'accord pour que la mort de Parker soit simulée. Le Centre ne retrouverait que sa voiture et quelques effets personnels. Il serait orienté sur une mauvaise piste, du moins pendant quelques temps.
Thomas devait ensuite convaincre Parker. Il servait d'intermédiaire entre Jarod et Parker. Le Caméléon avait décidé de ne pas être confronté à la jeune femme. Il ne savait pas comment elle réagirait si elle savait que Thomas et lui étaient amis, et il ne préférait pas le savoir. Et puis il ne savait pas comment, lui, réagirait face à elle et face à son amour pour Thomas. Il ne savait pas s'il guérirait un jour de ce mal dont il souffrait depuis qu'on lui avait présenté la petite Parker, mais il préférait dès aujourd'hui mettre son image omniprésente de côté.
- Elle était sur les nerfs, t'aurais du la voir ! Elle était superbe… elle s'était fait boucler les cheveux pour l'occasion, elle était… splendide ! Elle l'est toujours, tu la connais, mais là c'était…
Oui, il la connaissait. Oui, elle était splendide, murmura Jarod presque pour lui. Elle était si belle qu'aucun adjectif ne pourrait décrire ce qu'elle était, aucun mot pour décrire ce qu'elle dégageait. Rien pour qualifier ce qu'il ressentait quand il la voyait. Et ce sentiment était partagé par un autre homme. Son ami.
Malgré lui, Jarod apprenait difficilement ce qu'était la jalousie.
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Partie 4
La jeune femme avançait d'un pas décidé vers le bureau de M. Parker. Ses talons claquaient sur les dalles et le son semblait se répercuter loin le long de ces couloirs froids.
Elle arriva devant l'imposante porte et s'immobilisa. Elle inspira profondément puis se ressaisit. Elle poussa les deux battants comme à son habitude, et vint se planter devant son père.
- Mon Ange ! Que me vaut cette visite matinale ?
Elle caressa le bois du bureau en cherchant ses mots et commença.
- J'ai une piste sur Jarod. Et je viens te prévenir que je vais m'absenter quelques jours.
- Hmm… Où ça ?
- Dans l'Oklahoma.
- Lyle et Brigitte devraient peut être t'accompagner.
Parker se leva du bureau.
- C'est inutile, je saurais y faire toute seule, s'emporta d'abord Parker, puis se reprenant, et puis Brigitte doit se préparer pour le mariage, dit-elle en feignant la complicité.
- C'est vrai… j'espère que tu seras revenue pour la cérémonie mon Ange…
- Je ferais de mon mieux, conclut-elle en embrassant son père.
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Sydney était au SL-5 en train d'étudier avec attention une paire de jumeaux homozygotes branchés à toutes sortes de capteurs.
Parker s'arrêta à l'entrée de la grande salle et observa l'expérience. Quand Sydney fit faire une pause à ses cobayes, elle se dirigea vers lui.
- Sydney ! Je peux vous parler…
Celui-ci, occupé à noter les résultats de l'expérience, leva les yeux vers elle, puis se redressa complètement.
- Dans mon bureau, souffla Parker en tournant déjà les talons.
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Le psychiatre referma la porte derrière lui et vint s'asseoir face au bureau de Parker. Celle-ci était debout, face à la fenêtre.
Quelque chose n'allait pas. Sydney l'avait senti dès qu'elle était venue au SL-5, sans interrompre l'expérience des jumeaux. Quelque chose n'allait pas et elle allait à présent se confier.
- Je pars pour l'Oklahoma en fin d'après midi…
- Bien…
- …une piste sur Jarod…
- Bien…
Parker s'était retournée, et s'assit à son bureau.
- Voulez vous que je vous accompagne mademoiselle Parker ?
- Non, non… je vous remercie Sydney, mais… non…
Elle cache quelque chose, pensa Sydney. Quelque chose d'important mais elle ne veut pas en parler.
- Vous y allez en jet ?
- Non… je prends ma voiture…
- C'est loin l'Oklahoma… serez-vous revenue pour le mariage ?
- Je ne sais pas… j'essaierai…
Sydney se leva et se dirigea vers la porte. Avant de pousser le battant, il se retourna.
- Prenez soin de vous mademoiselle Parker, dit-il en affichant son éternel sourire énigmatique.
Il avait compris qu'elle ne reviendrait pas.
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Partie 5
- Alors, anxieuse ?
- Tu as l'air de trouver ça amusant…
- …excitant… c'est notre premier pas vers une autre vie Parker…
- Je me demande si c'est une bonne idée…
- Ne t'inquiète pas, nous resterons là le temps que mon ami conduise jusqu'en Oklahoma. Il se charge de 'te faire disparaître' prise au piège dans un orage multicellulaire et ensuite il reviendra sur Boston et nous donnera les clefs de la liberté…
Thomas paraissait prendre plutôt bien cette fuite et surtout l'attente qu'occasionnaient les derniers détails à régler. Il ne mesurait pas réellement l'ampleur de leur décision. Il ne comprendrait sans doute jamais l'univers qu'ils essayaient de quitter avec Parker.
Parker, elle, voyait d'un mauvais œil toute cette histoire. Etait-ce sensé d'emmener Thomas dans une pareille affaire ? Les risques étaient si importants. C'est quitte ou double, pensa-t-elle. Ils ne la laisseraient jamais retourner au Centre si jamais ils la rattrapaient. Ils la tueraient sans doute, et Thomas aussi. Elle ne lui avait pas dit la vérité sur sa vie et son 'monde'. Est-ce qu'il comprendrait ? Il n'allait pas fuir, non, ce n'était pas son genre. Il l'aimait. Mais est-ce qu'il serait capable de vivre avec la menace d'être à chaque instant retrouver et tuer. Elle préférait ne pas lui dire et retardait l'échéance.
Jarod avait conseillé à Thomas de se planquer dans une chambre à Boston le temps de s'assurer que son plan dans l'Oklahoma fonctionne. Il reviendrait ensuite s'occuper des fausses identités à créer et des papiers nécessaires pour leur fabriquer une nouvelle vie loin du Centre.
La chambre qui servait de planque se trouvait au centre de Boston, au quatrième étage d'un vieil immeuble. Bien que les chambres mitoyennes soient habitées, Thomas et Parker n'avaient croisé personne. La pièce était sobrement aménagée. Un lit deux places face à un vieux poste de télévision, un fauteuil dans le coin à côté de la fenêtre, à l'opposé, une kitchenette et un coin sanitaire. C'était pas le luxe.
Parker se surprit à penser à Jarod. Il vivait souvent dans des chambres comme celle là. Il vivait dans la menace d'être à chaque instant retrouver et capturer. Lui aussi. Leur situation devenait presque similaire. En fuite, tous les deux. Contre le Centre, tous les deux. Ils se retrouvaient dans le même camp. Mais Parker avait décidé de ne pas faire part de sa fuite à Jarod. Quelle drôle d'idée ! Pourquoi l'aurait-elle fait ? Pourquoi aurait-elle dit à la personne qu'elle est chargée de capturer qu'elle quittait le Centre elle aussi ? Il lui en voudrait peut être… non, non, Parker reprit le contrôle de ses pensées, pourquoi lui en voudrait-il ? Ils n'étaient liés par aucun contrat qu'elle sache ! Elle ne lui devait rien.
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Il lui en voulait malgré tout. D'accord, elle voulait fuir. Fuir le Centre, ça, il comprenait. Fuir avec l'homme qu'elle aimait, ça, même si c'était plus difficile, il pouvait aussi le comprendre. Mais fuir sans l'en avoir averti, il n'arrivait pas à comprendre. Et il lui en voulait. Elle allait disparaître, comme ça, et elle ne jugeait pas important de le lui dire.
Certes aucun contrat ne les liait, mais quand bien même. Il croyait qu'une sorte de lien les unissait, quelque chose qui était indéniable.
Tandis qu'il avait traversé la Virginie et conduisait vers le sud depuis le petit matin, au volant de la Porsche de Parker, des dizaines de questions lui brûlaient les lèvres et ne faisaient que le torturer face au manque de réponses.
L'intérieur de la voiture était imprégné du parfum de Parker et cette odeur le troublait.
A la fin de la journée, après plusieurs centaines de kilomètres, il décida de s'arrêter pour dormir, préférant repartir à l'aube. Il en profita pour vérifier s'il y avait dans la voiture ce qu'il avait conseillé d'y laisser. Sur le siège passager, il y avait une serviette en cuir noir avec différents dossiers, sous le siège, un sac avec des vêtements de rechange, et dans la boite à gants, son portable, son rouge à lèvre et son Smith & Wesson. Jarod ne put s'empêcher de caresser l'arme. Bien qu'il ne supportait pas les armes à feu, se retrouver en présence de l'engin sans sa propriétaire avait quelque chose de troublant et de fascinant, de nostalgique aussi. C'était la fin d'une époque pour eux deux. Finies les parties de chasses. Finies les joutes verbales au téléphone. Ça allait lui manquer, soupira-t-il en reposant l'arme dans la boite à gants.
Il s'allongea pour dormir quelques heures, se calant tant bien que mal entre les deux sièges. Le lendemain, il repartirait avant l'aube pour parcourir le maximum de distance, direction l'Oklahoma.
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Partie 6
Little Rock. Il venait de dépasser le panneau de la capitale de l'Arkansas.
Il immobilisa la voiture sur le bas côté et sortit du véhicule. Il se dégourdit les jambes, s'étira, puis sortit du coffre l'équipement météorologique qu'il avait emmené : un ordinateur portable connecté au serveur météorologique de la région. Il prit le système GPS et brancha les deux appareils l'un à l'autre.
Il devait observer la formation d'orages susceptibles de devenir super cellulaires et d'engendrer ainsi des tornades. Il espérait être chanceux et d'en trouver dans les heures qui venaient.
Deux heures étaient passées sans qu'aucune tornade ne veuille bien se former à l'horizon. Il avait repris la route s'avançant au cœur de l'Oklahoma. Il se demandait si ce plan était le meilleur quand soudain sur la CB un chasseur de tornade lança un appel. Sur les ondes, les 'chasseurs de tornade' comme ils aimaient se faire appeler, se donnaient de précieux coups de main et informations importantes.
Jarod stoppa la voiture, se rua sur le GPS et, oui, à 50 kilomètres de là, après les Monts Ouachita, au Sud de Fort Smith, un orage magnétique était en train de naître.
Il repris le volant et ne cessa d'appuyer sur l'accélérateur sur ces routes désertes de la région.
Mansfield. Le ciel était chargé comme en temps d'orages, l'atmosphère était électrique. Jarod se tenait à l'écart de la petite ville afin de situer le plus exactement possible le cœur, le vortex de la tornade qui se créait sous ses yeux. Sur son ordinateur et à l'aide d'un logiciel spécialisé, il calcula la trajectoire et la vitesse de celle-ci.
Les semaines qui avaient précédé, Jarod avait pu observer ce processus de formation des tornades, ces nuages impressionnants qui se transformaient, là, sous ses yeux. Jamais il n'avait aussi bien vu la Nature reprendre ses droits, la Nature qui affirmait sa puissance sur l'Homme. Destructrice et fascinante à la fois. Jamais il n'avait aussi bien compris que les Hommes n'étaient rien, rien face à la Nature.
Ses prévisions donnaient une trajectoire vers le sud ouest de Mansfield. Il reprit le volant, contourna par le sud la petite ville qui était en train de se faire ravager, et arrêta la voiture sur la route. Il n'y avait plus une personne dehors. Des débris commençaient à retomber et les rafales se faisaient plus violentes. Jarod savait qu'il devait faire vite. Il prit sa mallette, son portable et se mit à courir.
Il se réfugia dans une ferme. Les occupants acceptèrent tout de suite de faire entrer ce pauvre fou qui restait dehors par ce temps et s'abritèrent tous dans la cave.
Quelques minutes plus tard, après un vacarme terrifiant, Jarod sortit de la cave et remercia les fermiers. Il fit une centaine de mètres et s'arrêta. Son plan avait fonctionné. La Porsche de Parker n'était plus là.
« Adieu Mademoiselle Parker », murmura-t-il.
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To be continued…
