Sherlock observait par intermittences son colocataire et ami John Watson, assis en face de lui, qui transcrivait leur dernière enquête pour son blog. Il se remémora ce qu'il avait découvert. Il ne parlait pas de la résolution de l'affaire, qui avait été ridiculement simple, mais du docteur. En effet, il avait pu constater et il constatait toujours, de plus en plus fréquemment, que les pupilles de John étaient dilatées en sa présence, que sa respiration se faisait plus serrée, que son pouls accélérait.
Tous les signes, associés à l'attention toute particulière que lui portait l'ex-soldat depuis quelques temps, lui avait fait comprendre que John était intéressé par lui. Au début, il avait pensé qu'il ne s'agissait que d'une attirance sexuelle passagère, mais il avait déduit de l'évolution du comportement de son colocataire que ce dernier était tombé amoureux de lui.
Il soupira d'agacement. Toutes les possibilités qu'il imaginait les conduirait droit dans le mur, il y avait soigneusement réfléchi. Il ne pouvait pas tenter de – comment appelait-on ça, déjà ? ah oui – sortir avec lui, pour la simple et bonne raison qu'il n'éprouvait rien d'autre qu'une forte amitié pour John. Il ne pouvait pas faire comme si de rien n'était, les signaux envoyés inconsciemment par son corps étaient bien trop éloquents pour les ignorer.
La solution la plus abordable serait de mettre son colocataire devant le fait établi, de lui dire qu'il savait, afin qu'il puisse en parler puis résoudre le problème, car oui, c'était bien un problème.
Un problème dans leur relation. Il n'était jamais tombé amoureux de personne et doutait y arriver un jour. Égoïstement, il voulait garder John pour lui, était flatté de l'attention qu'il lui portait, mais il était au clair sur ses sentiments, à savoir qu'il n'était pas amoureux du médecin. La seule issue qui se présentait, à savoir faire la sourde oreille et attendre que ça passe, ne serait que reculer l'échéance à laquelle John déciderait de lui en parler. Il avait beaucoup réfléchi.
Cependant, bien qu'il ai des soucis avec les rapports humains, il savait que ce n'était pas à lui d'amorcer la conversation. Et il se doutait qu'au terme de cette discussion, leur relation de serait plus la même, ce qui l'agaçait. Il voulait que rien ne change, que tout reste pareil, même s'il savait cela impossible, car il tenait à la relation qu'il entretenait avec le médecin. C'était son ami, son seul ami.
Il se dit qu'un éloignement brutal pourrait faire évoluer John, sans qu'il ait à lui en parler. Après deux ans passés loin de lui, il constata qu'il avait trouvé une femme pour partager sa vie, même s'il semblait avoir très mal vécu sa disparition. Alors seulement il put se remettre à respirer, soulagé.
