Bonjour à tous =)
Voici la première fan-fiction que je me décide enfin à poster sur ce site. Il s'agira de la narration sur plusieurs chapitres du développement des sentiments entre Viktor Nukiforov et Yuri Katsuki. J'essaierai donc de suivre au maximum la trame de l'anime, tout en y ajoutant des scènes qui, selon moi, peuvent donner encore plus de sens à leurs échanges "officiels" ^^ Cela fait un bon moment que j'ai cessé d'écrire à cause de mes études (je me laisse vite déborder ") mais en regardant Yuri on Ice semaine après semaine ça m'a repris d'un coup. J'ai rarement eu un tel coup de coeur pour un couple hxh, et surtout pour la façon dont leur relation était traitée.
Moi qui n'ai, d'habitude, aucune discipline pour écrire plus qu'un one-shot je me retrouve à additionner frénétiquement les pages word, au lieu de réviser (pas très malin). En espérant que la lecture vous sera agréable, je n'ai pas de Beta lectrice donc j'avoue que j'ai peut-être laissé passer certaines incohérences/fautes, qui j'espère, ne parasiteront pas l'ensemble. Bonne lecture.
CHAPITRE 1
Katsuki Yuri était un jeune garçon anxieux et rempli de doutes. Il arrivait que cela le paralyse, l'empêche de dormir ou même lui provoque de violentes douleurs. Ces douleurs invisibles auxquelles personne ne croit car personne ne les voit. Yuri ne voulait pourtant encombrer personne avec de tels tourments, alors il ravalait tout ça et fermait les yeux. Bien sûr il restait incapable de dormir.
Ces épisodes arrivaient régulièrement pendant les compétitions de patinage artistique. « Il faut apprendre à gérer le stress » une rengaine que tout le monde brandis sans jamais en donner le mode d'emploi, et qui ne semblait pas lui convenir. Yuri était persuadé que c'était sa nature profonde, et c'est avec une résignation typiquement japonaise qu'il choisissait d'affronter les tournois dans cet état.
Mais ses angoisses n'étaient pas toujours si prévisibles, elles pouvaient arriver un jour quelconque, des jours où Yuri se demandaient s'il était vraiment fait pour le patinage et la compétition.
Car oui, Yuri pouvait douter de choses pourtant si évidentes d'un point de vu autre que le sien : son talent, sa force, son pouvoir d'attraction. Mais il y avait des jours comme ça, où rien ne lui paraissait être à sa place. Lui, car c'est de lui dont il doutait le plus, n'était pas à sa place. Il lui arrivait de se dire qu'il ne méritait pas la confiance de ses poches, ni celle du public, et que ses épaules étaient trop étroites pour porter le drapeau japonais au-delà des frontières. Le spectacle qu'il offrait n'était pas à la hauteur de ceux des autres, pas la hauteur des entraînements que lui avait prodigué son coach Celestino, pas à la hauteur de l'art du patinage. Il n'était pas à la hauteur tout simplement.
Bien sûr toutes ces considérations étaient contrebalancées par quelque chose d'encore plus fort, la passion. Le bien-être qu'il ressentait des patins aux pieds, et le sentiment que sa place était sur la glace et nulle part ailleurs. Et si la pression parvenait à le faire faillir lors d'une prestation importante, il ne rêvait que de briller à la suivante. Grisé par le vent provoqué par sa propre vitesse, il n'y avait aucune satisfaction si grande que celle de réussir un doublé dont il se croyait incapable. Alors il parvenait à faire taire cette voix qui lui chuchotait qu'il ne serait jamais le meilleur, le crissement de ses patins la rendait inaudible.
Depuis quelques semaines les angoisses de Yuri l'avaient rattrapé, elles gardaient les mêmes formes mais le sujet avait changé. En effet, Yuri vivait un rêve, un rêve peut être trop beau et trop grand pour lui. Viktor Nikiforov, le patineur sur lequel il avait projeté toute son admiration pendant des années, s'était proposé de devenir son coach après avoir visionné la vidéo où le jeune japonais se réappropriait sa chorégraphie. Le prodige russe habitait à présent chez lui et l'entraînait quotidiennement avec une bienveillance déconcertante. Il y avait des matins où Yuri se demandait si tout cela était vrai, et non pas juste un fantasme qu'il s'était forgé dans un monde onirique.
Et pourtant, chaque matin lui prouvait le contraire. Inlassablement il retrouvait Viktor sur la glace, répétant encore et encore les mêmes mouvements. Yuri faisait preuve d'une détermination et une endurance qui surprenait même le champion russe « Il est vraiment incroyable » pensait-il secrètement, le sourire aux lèvres. C'était cette même pensé qui l'avait traversé lorsqu'il l'avait vu patiner sur sa chorégraphie, et elle s'était encore plus enracinée lorsqu'il l'avait vu danser sur Eros contre son homologue Russe.
La séance d'entrainement du samedi précédait un jour de repos indispensable, c'était aussi la séance où Yuri montrait le plus de signes de fatigue accumulée pendant la semaine. Viktor le savait, c'est pourquoi il demandait volontairement à son élève de diminuer la cadence « Un dernier quadruple et on stop là pour les sauts ». Yuri s'exécute mais les tours n'y sont pas. « Rah zut » laisse-t-il échapper contrarié, avant de reprendre de l'élan, ne voulant pas clôturer cet entrainement sur un échec. Viktor avait vu parfaitement clair dans son petit jeu, à la fois désespéré par son manque d'autorité et conscient qu'il était exactement pareil « Yuri ça suffit, je t'ai dit sto… » BAM. Le bruit de la chute du corps de Yuri contre la glace était lourd, c'était mauvais, le russe le savait. « YURI ! » cria-t-il en accourant vers le brun qui gisait sur le sol « Yuri est-ce que ça va ? »
- Aa...aïe.
-Yuri ?
- Ca va… je n'ai probablement rien de cassé… Le jeune patineur s'était redressé sur ses avants bras avec difficulté, et surtout penaud.
-Ce que tu peux être têtu ! accusa Viktor. Tu m'as fait vraiment peur… rater une saison à cause d'une blessure à l'entrainement non mais tu imagines ?
-Désolé… Le ton du patineur était étrange, son coach l'avait bien senti. Il ne s'excusait pas d'avoir désobéis ou même d'avoir risqué bêtement la blessure.
-Yuri… Viktor s'était instantanément radouci. Qu'est-ce qui ne va pas ?
L'intéressé sentait ses yeux s'humidifier. Que devait-il répondre ? Qu'il était submergé par l'angoisse que Viktor se rende compte qu'il avait fait une erreur en quittant le patinage pour lui ? Qu'il ne pouvait s'empêcher de penser au moment où le russe rentrerait chez lui ? Qu'il était persuadé que son idole finirait par se lasser de ses échecs à répétition, alors qu'au même âge, aucun rival ne pouvait l'égaler ? Pourquoi lui ? Alors qu'il n'était pas fichu de réussir un quadruple salchow...Yuri secoua nerveusement sa tête, conscient qu'il avait déjà laissé transparaître trop de choses. Il enchaîna avec un sourire forcé.
J'ai mal jugé ma vitesse, ça doit être la fatigue haha… J'aurais dû t'écouter, désolé de t'avoir fait peur. Tout en présentant ses excuses entrecoupées d'un rire nerveux, le jeune patineur se releva, les jambes encore tremblantes.
Ce n'est évidemment pas la réponse que Viktor attendait. Toutefois il n'en fit rien, et se contenta d'aider son protégé à se relever. « Tien toi à moi, je ne veux pas que mon poulain s'abîme davantage. » Lança-t-il d'un ton rieur, tout en posant sa main droite sur la hanche de Yuri, et passant son bras par-dessus son épaule pour le soutenir. Le jeune brun se laissa faire un sourire gêné aux lèvres « Je ne suis pas si mal en point tu sais…
Je le sais. » Répondit Viktor avec espièglerie en resserrant sa prise sur la hanche du plus jeune alors qu'ils atteignaient bientôt la sortie. Yuri senti le rouge lui monter aux joues, Viktor avait l'art de le déstabiliser, mais il ne savait jamais comment réagir. Il était embarrassé pour plusieurs raisons. La première était qu'il avait peur que Viktor utilise ce genre de boutades dans le but de se moquer gentiment de lui. La seconde était que lui prenait ça au sérieux, et ça, c'était un véritable problème. Il savait pertinemment que la relation d'un patineur et d'un coach était très étroite mais il n'avait jamais ressenti une telle ambiguïté avant. Il ne frissonnait pas quand Celestino le touchait pour corriger sa posture, il ne le cherchait pas constamment du regard, et surtout il n'éprouvait aucun manque à ne pas être proche de lui.
Toutes ses sensations n'avaient d'explication que parce qu'il s'agissait de Viktor. Celui que Yuri avait appris à côtoyer chaque jour, et non pas celui figé sur papier glacé. Le vrai Viktor, celui qui avait cru en lui et qui le soutenait après chaque chute. Ce Viktor… c'est comme s'il voyait ce que personne d'autre n'avait su voir en lui, et qu'il le regardait comme personne d'autre ne l'avait regardé. A cette pensée Yuri tressailli, le russe en était-il seulement conscient ? Est-ce qu'il regardait tout le monde avec une telle intensité ? Le regard de son coach lorsqu'il le contemplait sur Eros, Yuri aurait tout donné pour qu'il n'appartienne qu'à lui. Ravivant sa nature angoissée il ne put s'empêcher de se demander quand est-ce que Viktor cesserait de le regarder ainsi.
Un soudain changement de hauteur sortit prestement le brun de son habituel ressassement. Son coach venait de le lâcher juste au-dessus d'un banc. « Toujours dans la lune à ce que je vois » lança Viktor avec un sourire. Yuri constatait jour après jour qu'il ne lui faisait jamais de remontrances ou de remarques foncièrement désagréables, et pourtant il y avait de quoi. « Je dois manquer un peu de sommeil. Tenta-t-il de se justifier tout en délassant ses patins.
Ça je le sais, et c'est très mauvais pour la qualité de tes performances.
Oui…Ce n'est pas faute d'essayer d'avoir un rythme régulier pourtant.
Je t'ai pourtant proposé une solution… déclara Viktor assez sûr de lui…Dors avec moi. » Yuri failli tomber en avant, ce n'était pourtant pas la première fois que le russe lui faisait le coup, en revanche c'est la première fois qu'il réitérait sa proposition avec autant de sérieux.
Pourquoi tu te moques constamment de moi ? Bredouilla Yuri cachant ses joues rougies de ses mains. Le plus âgé lui sourit tendrement avant d'infirmer.
Je ne me moque pas. Je pense sincèrement que le fait de rester seul la nuit te laisse le champ libre pour ruminer toutes sortes de choses.
Yuri se reconnaissait instantanément dans ses propos, il était effectivement capable de s'égarer dans ses pensées pendant de précieuses heures. Mais il se connaissait suffisamment pour savoir que le changement de décors de la chambre de son coach n'y changerait rien.
Si tu dormais avec moi je pourrais te prendre dans mes bras… Ce n'était dès lors plus des rougeurs qu'arborait Yuri mais des brûlures. L'augmentation de sa température était telle qu'il était persuadé que même Viktor la sentait de là où il était.
…et puis il y aurait Makkachin. Lui sur tes jambes et moi contre ton dos, on t'empêcherait de bouger. Est-ce que tu savais qu'il suffit d'une immobilité de 15 minutes pour s'endormir ? Questionna-t-il avec le plus grand sérieux.
Yuri tentait de reprendre ses moyens après avoir découvert que Viktor ne parlait pas de simplement dormir dans sa chambre, mais bien contre lui. « Euh tu sais je doute qu'on ait besoin d'en arriver là …» protestât-il avec un sourire gêné. Non pas que la perspective de se rapprocher davantage de Viktor lui déplaise, bien au contraire. Toutefois il sentait ses sentiments bien trop confus pour engager une telle proximité. Il regarda timidement son mentor et sa poitrine se serra lorsqu'il constat que son visage s'était refermé. C'était assez inhabituel pour être souligné, le russe était de nature joviale et enjouée, il était particulièrement difficile à contrarier, et pourtant, Yuri semblait bien y être parvenu. Il sentait son cœur lui faire mal à cette seule pensée. Dans un excès d'honnêteté, il aurait aimé lui dire qu'il adorerait dormir contre lui, et sentir sa respiration apaiser la sienne, heureusement ou non son interlocuteur l'interrompit.
-Tu sais Yuri, je ne te forcerai jamais à faire quelque chose que tu ne souhaites pas. Mais tout de même, je repense à ce que je t'ai demandé le jour où je suis devenu ton coach. Il s'arrêta un moment. Je t'ai dit qu'il fallait qu'on noue une relation de confiance. Or je sens bien qu'une part de toi s'y refuse…
Yuri commença à paniquer, s'il y a bien une chose qu'il ne voulait pas c'était décevoir son idole. Mais le russe ne semblait pas comprendre à quel point il était mis sur un piédestal par son cadet, ni de quoi celui-ci avait peur. Pour Yuri c'était pourtant évident, la vidéo de lui posté sur le net était probablement sa meilleure facette, et Viktor ne s'était basé que là-dessus pour le rejoindre au Japon. Est-ce qu'il continuerait à voir en lui quelque chose de beau s'il se livrait complètement avec toutes ses peurs et ses limites ? Et si malgré tout ça, il persistait à rester à ses côtés, est-ce qu'il ne finirait pas par découvrir que ses sentiments pouvaient être confus voir déplacés ?
« - Non tu te trompes. Je te fais confiance.
Alors prouve-le. Répondit l'argenté du tac au tac.
Je…je peux dormir avec toi si tu veux. Tenta-t-il timidement.
Non je te l'ai dit, je ne cherche pas à te mettre mal à l'aise, par contre…Viktor esquissa un sourire qui réchauffa instantanément Yuri.
Par contre ?
La prochaine proposition que je te ferai, tu seras obligé de l'accepter. Pour te faire pardonner de m'avoir éconduit tant de fois cette semaine.
Il est vrai que le jeune japonais s'était montré particulièrement solitaire ces derniers jours, il avait systématiquement décliné les propositions de son coach qui auraient pu l'amener à un tête-à-tête avec lui. Car s'intéresser de plus près à lui, c'était prendre le risque que Viktor ne l'aime pas. « D'accord ».
Viktor lui lança un franc sourire avant de s'accroupir en face de lui. Il retira les patins de son protégé et déposa le pied gauche endolori du cadet sur son genou. « Ça tremble encore. ». Dieu merci, Viktor ne faisait pas le lien avec ses joues cramoisies pensa alors Yuri. « Selon moi il n'y a pas de foulure, mais quoi qu'il en soit, c'est une bonne chose que tu ne patines pas demain. ». Le brun acquiesça de la tête pour éviter de balbutier. Viktor le massait délicatement au niveau de sa cheville. Dire que c'était censé le détendre, alors qu'en réalité l'effet produit était complètement inverse. « J'espère que mes mouvements te font du bien ». Yuri était intérieurement au bord de l'évanouissement, il se répéta que le passage d'une langue à l'autre pouvait légitiment occasionner ce genre de propos tendancieux. « Oui, oui ça va beaucoup mieux » déclara-t-il le tout accompagné d'un rire nerveux. Viktor se redressa provoquant le soulagement du plus jeune toujours assis. « Alala…on dirait bien que j'ai encore beaucoup de choses à apprendre en tant que coach, Je te remercie de faire preuve de tant de compréhension ». C'était vraiment le monde à l'envers, se dit Yuri en songeant à quel point c'était plutôt Viktor qui faisait preuve de patience et de compréhension à son égard.
