/ ! \ Spoiler film HP7

Voilà un OS qui me trottait dans la tête depuis novembre dernier. En bonne groupie de Scabior que je suis, je trouve bien dommage le manque de Fanfic le concernant. Alors voilà ma petite contribution !

Je vous rappelle que mon Scabiorounet et tout le reste ne m'appartienne pas (pour le moment pour ce qui le concerne. Le mariage à titre posthume, moi j'y crois. Surtout avec un personnage de fiction encore bien en vie !)

Bonne lecture :)

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Lorsqu'il l'avait vu, il l'avait immédiatement reconnu. Une fois seulement, il l'avait croisé, deux ans plus tôt. Mais il pouvait encore se souvenir parfaitement de chaque détail de son visage. Ses yeux qui semblaient sourire au monde, bien qu'ils paraissaient terrifiés à cet instant. Son petit tic de pincer ses deux lèvres l'une contre l'autre quand elle ne se sentait pas bien. Ses cheveux bruns difficilement domptés par quelques pinces prêtes à s'en aller. Tout. Absolument tout. Il ne l'avait vu que quelques minutes. Mais il l'avait connu bien plus…

- Salut, ma jolie.

Elle aussi l'avait reconnu. Pas à son physique. Elle ne l'avait jamais dévisagé comme il l'avait fait. Elle remarqua à peine qu'il portait sa propre écharpe au tour du cou. Hermione avait vu ses yeux. Des yeux qui exprimaient exactement la même chose que ce parchemin qui semblait lui brûler la peau à travers le tissu de son jean. Et cette expression. « ma jolie ». Il n'y avait que lui. Que lui à lui répéter chaque jour à quel point elle était belle, à quel point elle lui manquait.

Mais comment quelque chose qu'on n'avait pas connu pouvait-il tant nous être essentiel ?

Elle se mit à fuir aussi vite que ses jambes le permettait.

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Cela avait commencé 584 jours plus tôt. Il s'était dégoté un petit boulot chez Fleury et Bott. Amanda Crewshon venait dédicacer son nouveau livre « La légende du Kelpy du Loch Ness » qui s'annonçait comme le best-seller de l'année chez les sorciers. Et le gérant attendait autant avec impatience les recettes du livre qu'avec retenu les débordements des groupies de l'auteur. C'est pour quoi il avait engagé Scabior, chargé de veiller à ce que personne n'approche de trop près Amanda. La dédicace durait trois heures, et la file interminable qui sortait du magasin semblait promettre à Amanda quelques heures de signatures de plus. Alors qu'elle soupirait et préparant son poignet à la tâche, une première personne vint se poster devant elle.

- Bonjour ! Je suis une très grande fan de vos écrits, surtout de votre dernier recueil de nouvelles « Mythes égyptiens ». Vous avez une manière unique de fondre historique et croyances moldus ! Complimenta la jeune lectrice.

- Merci beaucoup ! Quel est ton nom, dis-moi ?

- Hermione.

Et alors qu'Amanda signait son roman, Scabior arriva de l'arrière boutique. Lorsqu'il aperçut Hermione, il ne vit pas les cernes de s'être levée à trois heures pour arriver la première à la dédicace. Il ne vit pas ses cheveux qui avaient affrontés le vent pendant de longues heures. Il ne vit que son grand sourire, ses yeux rieurs, l'ovale parfaite de son visage.

- Pour Hermione… Voilà ! Au revoir, et bonne lecture ! Salua l'écrivain.

- Merci !

Le visage du jeune homme se décomposa. Il ne pouvait pas la laisser partir ainsi !

Discrètement, il attrapa un Duo de parchemins enchantés et en enchanta un pour qu'il se glisse dans le livre qu'elle tenait dans sa main. Rassuré de savoir qu'il n'avait pas perdu tout contact, il reprit son sérieux de garde du corps et repoussa une vieille dame apparemment très ravie de rencontrer Amanda Crewshon.

Le soir même, il sortit le parchemin qu'il avait bien entendu payé au gérant. Parce qu'il s'était fait prendre la main dans le sac. Mais il l'avait payé, c'était le principal !

Il s'installa à la table de son modeste appartement, trempa sa plume dans son encrier, et regarda avec stupeur des phrases s'écrire sur le papier alors qu'il n'y avait même pas encore songé :

« La pulpe du fruit de Tongsa est un ingrédient utilisé dans de nombreuses potions. Il sert notamment à la création du filtre œsophagien grâce à ses propriétés anesthésiantes. On l'obtient en »

La suite n'était qu'une gigantesque tache d'encre. Hermione s'était visiblement servie du parchemin pour écrire un devoir et devait être très surprise de voir ses mots s'effacer au fur et à mesure.

« Qui est là ? » écrivit-elle.

Scabior fut surpris de sa perspicacité. Il lui répondit alors :

« Savoir mon nom n'est pas très important, tu ne le connais pas. Je t'ai croisé à la librairie tout à l'heure, et j'avais envie de te connaître un peu plus. »

« D'accord… Toi aussi tu aimes Amanda Crewshon ? Tu es à Poudlard ? »

« Je ne suis plus à Poudlard depuis quelques années déjà. J'étais à Serpentard, et toi ? »

Elle mit quelques secondes avant de répondre. Serpentard ne semblait pas être une bonne réponse.

« Gryffondor. »

Outch. Les deux maisons étaient connues pour très mal se supporter. Mais il y avait bien un début à tout !

« Je n'ai jamais eu l'occasion de trop adresser la parole aux gens de ta maison. Tu auras sans doute un tas de choses à m'apprendre ! Tant que ça ne touche pas aux potions, bien sûr. Je déteste ça. »

« D'accord… Mais si je puis me permettre… Quel âge as-tu exactement ? »

« Je ne vais pas te mentir. J'ai vingt-sept ans. Et toi, Hermione ? Tu m'as semblé assez âgée, tout à l'heure. Tu as dix-sept ans, j'imagine ? »

« Non, je n'en ai que seize. Et comment connais-tu mon prénom ? Ca me perturbe un peu que tu saches le mien sans que je sache le tien. »

« Je l'ai entendu. Et puisque tu y tiens tant, je m'appelle Scabior. »

« Je ne te connais vraiment pas, alors. Etrange prénom. Féminin ou masculin ? »

« Je suis un homme. Mais c'était très subtilement demandé. »

« Désolée, ce n'est pas vraiment mon fort. Je mets parfois un peu les pieds dans le plat, mais au moins ça fait avancer les choses ! »

« Ca ne me dérange pas du tout même si je n »

« Désolée de t'interrompre mais mes charmantes camarades de chambre commencent sérieusement à se demander ce que je fais, puisque je n'ai pas ouvert un livre depuis un bon quart d'heure… Je vais devoir te laisser. »

« Dommage. Demain, même heure ? »

Sa seule réponse fut le dessin d'une petite tête qui souriait. Il le prit pour un oui et partit s'allonger en pensant à cette jeune fille qu'on aurait pu qualifier de parfaite et qui n'avait même pas semblé apeurée par la situation.

Le lendemain, ils s'étaient reparlés. Le surlendemain aussi. Jusqu'à la fin de l'année scolaire, ils avaient appris à se connaître toujours plus. Lorsqu'ils ne pouvaient se parler, pendant les repas, les cours ou le nouveau travail de Scabior, ils pensaient sans cesse l'un à l'autre, maudissaient ces parchemins qui s'effaçaient automatiquement sans espoir de relire une de leur conversation, et surtout, réalisaient qu'on pouvait réellement tomber amoureux à distance.

Bien sûr, ils n'étaient pas d'accord sur tout, et se disputaient souvent à cause de leurs manies, comme la quête de pouvoir de Scabior ou l'addiction d'Hermione au sauvetage de son prochain, mais c'était cela qui les rapprochait également.

Les amis de la Gryffondor ignoraient tout de cette correspondance, et n'étaient pas prêts de le découvrir car malgré cela, elle restait la même. Un poil moins mère poule peut-être, mais ils n'allaient pas s'en plaindre.

La sixième année d'Hermione avait alors été la révélation. Elle était tombée amoureuse de cet inconnu qu'elle n'avait jamais vu. Elle le lui avait avoué. Et sa réponse n'avait pas été longue à attendre :

« Moi, ma jolie, je le sais depuis le premier jour, la première seconde où je t'ai vue, attendant sagement ta dédicace, avec ton grand sourire, tes yeux bruns dont je cherche à revoir l'éclat chaque minute qui passe, ta voix douce, tout ton être, toutes tes paroles. Tu te rappelles cette fois où tu m'avais parlé de ce Malefoy qui t'était insupportable et qui te méprisait parce que tu étais une née-moldu et lui un Serpentard ? J'ai quelque chose à te dire. Tu sais, Hermione, pour un daltonien, le rouge et le vert ne sont pas si différents… Alors, ce garçon est un cas à part. On ne juge pas les gens par leur origine ou leur maison mais par leurs actes. Et pour moi, tes actes sont les plus beaux. »

« Je veux te voir, j'en ai besoin. Je veux pouvoir te toucher, sentir ton odeur, te regarder dans les yeux, t'aimer au grand jour. »

« Et moi donc ! Je transplanerais à Pré-au-Lard samedi. On se retrouve chez Madame Pieddodu ? »

« Cela fera mon plus grand bonheur ! J'ai tellement hâte… »

Malheureusement, Hermione avait attrapé la dragoncelle le jeudi précédent leur rencontre. La maladie contagieuse l'empêcha de sortir de l'infirmerie pendant deux semaines. Puis, ne voulant pas lui montrer son visage couvert de cicatrices, elle lui demanda d'attendre un mois avant que cela ne guérisse totalement. Il s'y contraint.

Puis arriva la douce délivrance. Ils prévirent un rendez-vous deux semaines avant la fin des cours, car Hermione partiraient après une semaine en France avec ses parents avant de rejoindre la famille Weasley au Terrier. La veille, Harry alla comme à son habitude à l'un de ses rendez-vous avec Dumbledore. Mais il mit plus de temps à revenir. Et lorsqu'elle apprit son retour, il était une heure du matin, et qu'elle attendait anxieuse dans les bras de Ron. Il n'avait jamais été aussi long. Ginny pleurait près d'eux, redoutant le pire. Le petit Colin débarqua dans la salle commune en hurlant :

- Dumbledore est mort ! Les Mangemorts sont dans le château ! Dumbledore est mort !

Hermione hurla de terreur. Pas Dumbledore ! Pas le pilier inébranlable de la résistance ! Elle se reprit bien vite et suivit Ron à travers le château. Ils sortirent dans le parc. Trop tard, ils s'enfuyaient déjà. Hermione reconnut la pâleur des cheveux de Malefoy s'éloigner au loin. Elle le haït alors de toutes ses forces. Car c'était ici ses actes qui étaient ignobles. Elle s'approcha de la foule qui s'était formée au pied de la tour d'Astronomie. Le cadavre du directeur gisait près d'un Harry gémissant :

- Professeur… Non, professeur…

Hermione ne retint pas ses larmes et se logea dans les bras de Neville qui retenait difficilement ses sanglots. Elle alla ensuite aider le professeur McGonagall à écarter Harry du corps du vieil homme.

Puis elle trouva un coin du château où personne ne viendrait la déranger, fit la lumière avec sa baguette et écrivit à Scabior « Je ne peux pas » en tentant en vain d'éviter que les larmes qui s'échappaient de ses yeux n'atteignent le parchemin.

Frôlant le papier humide, il sut qu'il n'insisterait pas et la réconforta du mieux qu'il put.

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Une fois qu'ils furent partis à la chasse aux Horcruxes, Hermione s'était alors plus souvent isolée pour parler avec Scabior. Elle lui tut avoir quitté Poudlard, il ne lui dit rien sur ses activités de Rafleur. Mais ils continuaient à s'aimer malgré leurs mensonges. Malgré qu'ils n'avaient absolument rien à faire l'un avec l'autre. Malgré la distance. Oui, malgré tout cela, ils s'aimaient d'un amour renforcé par le manque. Mais seulement… Si le manque avait mieux fait de ne pas être comblé ?

Un soir, alors qu'elle était de garde et qu'elle tentait tant bien que mal de lire à la lumière vacillante des flammes, elle entendit des bruits de brindilles cassées. Voulant s'assurer qu'on ne les trouverait pas, elle partit dans la direction des bruissements de pas étouffés par les craquements du feu. Trois hommes marchaient. Deux d'entre eux tenait quelqu'un dans les bras. Des Nés-moldu stupéfixés, vraisemblablement. Ils passèrent à quelques mètres d'elle.

Soulagement.

Les sorts marchaient.

Soudain, le rafleur qui avait les mains libres s'arrêta, à peine quelques secondes après l'avoir dépassée.

- C'est quoi ça ? demanda-t-il d'une voix aussi effrayante que séduisante.

Il fit demi-tour. Hermione put alors le dévisager, lune aidant. Ses traits étaient fins et gracieux, son nez aquilin, ses cheveux rassemblés en une tresse désordonnée, des mèches rouges sillonnant sa coiffure, sa bouche esquissant une moue amusée.

Il se rapprocha et se planta à une vingtaine de centimètres d'elle. La peur au ventre, elle se força à contrôler sa respiration.

- Qu'est-ce que je sens ? Susurra-t-il.

Même à travers le bouclier de sortilèges, elle se sentait dévisagée. Il humait son odeur en la regardant avec des yeux qui montraient à quel point il était attiré par son simple parfum.

« Contrôle ta respiration, Hermione. Tu ne peux pas t'éloigner maintenant. » Pensa la jeune femme en soutenant le regard qui lui passait au travers.

Il resta là, à regarder dans sa direction, la dévisageant sans la voir. Au bout de ce qui avait semblé être de longues minutes à la Gryffondor, une lueur s'alluma dans le regard du rafleur. Il esquissa un sourire avant de se retourner vers un autre homme qui venait de laisser tomber un garçon stupéfixé. Elle s'accorda une grande respiration. Elle était pourtant certaine qu'il avait compris sa présence ! Pourquoi ce rafleur n'avait-il rien fait ?

Interrompant ses interrogations intérieures, Harry arriva et ils repartirent ensembles vers la tente.

De longues semaines passèrent dans l'inhabituel quotidien des trois Gryffondor. Ils portaient à tour de rôle l'horcruxe et Hermione préférait rester seule dans ces moments-là. Elle avait parfois des montées subites de rage et l'envie de tout leur révéler à propos de son amour épistolaire se faisait pressante. Mais elle ne voulait rien leur dire. Surtout que depuis le soir où elle avait croisé cette bande de rafleurs, il ne répondait plus. Elle savait pourtant qu'il avait toujours le parchemin, car ce qui arrivait à un des parchemins arrivait à l'autre (c'en était même le principe), aussi, s'il l'avait brûlé, déchiré, fait tombé à la mer, le sien ne s'en serait pas mieux sorti. Elle ne savait pas qu'espérer : qu'il l'ait perdu, et elle n'aurait alors plus jamais aucun contact avec lui, ou qu'il ne lui parle plus volontairement ? Elle redoutait surtout la première des solutions et continuait à lui déverser toutes ses pensées les plus intimes, espérant chaque fois une réponse. Mais elle ne venait jamais.

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Un jour où Ron portait le médaillon, il s'emporta plus que d'habitude, se disputa violemment avec Harry et quitta leur cachette sans se retourner, sous le regard rempli de larmes de sa meilleure amie. Ce soir-là, elle avoua à Scabior où elle se trouvait. Pas exactement, bien sûr. Mais elle lui dit ce qu'elle avait traversé depuis de longs mois, à quel point sa vie d'avant lui manquait, à quel point leurs conversations lui manquaient. Et qu'après tous ces aveux, s'il ne répondait pas, elle brûlerait le parchemin et ce serait alors trop tard. Toute la soirée elle espéra. Elle se fichait même qu'Harry lui demande pourquoi elle fixait un parchemin vide. Une fois encore, ses larmes détrempèrent le papier, à la fois pour l'abandon de Ron, et l'abandon de Scabior. Elle sortit sa baguette et murmura :

-Incen-

Une lettre ! Une lettre venait de se dessiner sur la feuille. Une si jolie lettre. Une calligraphie impeccable, légèrement penchée. Un J. Ce qui suivit la dixième lettre de l'alphabet sécha instantanément les pleurs d'Hermione.

« Je t'aime. »

Elle se précipita pour attraper son stylo, puisque ses stocks d'encre étaient depuis longtemps épuisés, et avant qu'elle n'ait eu le temps d'écrire quoi que ce soit, une autre phrase se formait sur le papier.

« Seulement, je me suis rendu compte que nous étions bien trop différents. »

Elle resta perplexe devant la feuille. Lui qui lui serinait toujours qu'ils étaient pareils ! Que ce n'était pas sur leurs maisons qu'on devait les juger !

« Je sais ce que tu penses, ma jolie. Je te condamne pour rien. Mais ce n'est pas le cas : j'ai réalisé que même si je devais en mourir, le mieux pour nous deux était de rester loin l'un de l'autre. J'ai lu tes lettres tous les soirs, mais je n'ai pas pu me résoudre à y répondre. Je t'aurais blessé et ce n'est pas ce que je souhaite. Tu ne comprends pas pourquoi, et c'est ce je veux. Car si un jour nous devions nous recroiser, tu souffrirais bien plus que par cette attente. Je l'avais deviné, que tu avais quitté Poudlard. Depuis longtemps. Et c'est bien que tu m'aies dit la vérité. Seulement maintenant, je ne peux plus te mentir non plus. Alors il vaut mieux que je me taise, à jamais. »

« Je me fiche que la vérité me blesse ! Je t'aime malgré tout, qu'importe ce que tu ais pu faire. »

« Arrête d'avoir tant confiance en moi. Je ne le mérite pas. Je suis lâche et faible. Mais je ne veux pas que tu me renies complètement, je sais, c'est égoïste. Voilà pourquoi je ne peux rien te dire. Car alors, tu serais en droit de me juger, sur mes actes. Je les regrette, chaque jour que Merlin fait, mais ce n'est pas suffisant pour que je ne recommence pas. Pour que tu ne m'en veuilles pas. Alors accroche-toi, ma belle, accroche-toi à ce qui te reste. »

« Je ne veux que toi. Je n'ai que toi, ton amour est tout ce qui me reste. C'est ce qui me fait me sentir entière. Crois-tu vraiment que je n'ai pas deviné depuis tout ce temps ? Tes silences sur ton prétendu travail ? Nous sommes opposés par la guerre, tu es dans le mauvais camp. Qu'est-ce qu'on y peut ? Absolument rien. Et je ne compte pas t'abandonner juste parce que tu as fait les mauvais choix. Il est toujours possible de changer. »

« Hermione, je ne compte pas changer. Je suis comme je suis. Et je sais que tu es incapable de vivre avec un homme qui se plait au milieu des gens qui dénigrent sans cesse tes origines. Ca te tuerait. Tu avais seize ans quand cette relation a commencé, tu ne connaissais pas encore la vie et tu croyais encore au »

« Je ne connaissais pas la vie selon toi ? Selon l'homme qui jouait au garde du corps pour Amanda Crewshon ? Moi, qui étais partie quelques semaines plus tôt risquer ma vie pour sauver un homme que je connaissais à peine ? J'ai rencontré Voldemort et ses partisans, figure-toi. J'ai eu peur. Mais me suis-je laissée démonter pour autant ? Est-ce que je me suis mise à genoux devant lui pour implorer son pardon ? Non, j'ai juste vu mon meilleur ami perdre celui qu'il considérait comme un père. Je l'ai vu perdre son mentor. Avec lui, j'ai perdu mes repères, ma maison, ce lieu sécurisant qu'est Poudlard. J'ai eu peur. Mais je n'ai jamais abandonné. Je risque ma vie chaque jour, et tu crois que je n'en connais pas la valeur ? Tu crois que je ne suis qu'une petite fille tombée amoureuse du grand méchant Mangemort sans penser aux conséquences ? Pendant tous tes soirs de silence, j'ai eu le temps d'y réfléchir, figure-toi. Et même si je le voulais, je ne pourrais pas m'empêcher de t'aimer, ça ne ferait qu'empirer l'état de mes sentiments.»

« Tu parles sans savoir. Je peux comprendre que tu sois tombée sous le charme de la façade que je t'ai montrée. Mais je suis pourri jusqu'à la moelle. »

« Le simple fait que tu t'en rendes compte montre que c'est faux. Et la façade, ce n'est pas ce que tu m'as montrée. Tu peux dire ce que tu veux, tu t'es confié à moi comme tu ne l'avais jamais fait avant. Je le sais, et c'était réciproque. Je connais chaque parcelle de ton être, de ton passé. Ton présent est peut-être plus ombrageux mais est-ce une raison de te détourner de la seule chose qui peut t'aider à t'en sortir ? »

« C'est trop tard pour moi, ma belle. Je ne veux même plus m'échapper de tout ça. C'est ma vie, imparfaite c'est certain, mais je l'ai acceptée. La seule chose que je puisse encore faire c'est de ne pas te faire sombrer avec moi. Je n'aurais même pas du t'écrire ce soir. Je suis trop lâche. Je vais te laisser maintenant, même si je sais que tu n'es pas convaincue par mes explications. J'espère ne pas te revoir avant la fin de cette guerre stupide, pas maintenant, pas comme ça. Je t'aime.»

Ses larmes, alors taries, reprirent. Elle laissa tomber le parchemin à côté d'elle, pour que les gouttes ne tombent pas dessus. Elle ne voulait pas qu'il se rende encore plus coupable. Elle ne put retenir ses sanglots. Harry arriva, inquiet. C'était son tour de garde et il était à l'affut, baguette à la main. Lorsqu'il vit l'état déplorable de son amie, il hésita quelques instants puis se rapprocha d'elle et la prit dans ses bras.

- Je suis désolé, Mione… C'est entièrement ma faute s'il est parti…

Ses pleurs redoublèrent. Elle en avait presque oublié le départ de Ron ! Elle s'accrocha au garçon comme à son dernier repère.

Mais il avait assez de pression sur les épaules comme ça, elle devait se reprendre.

Elle réussit à contenir son chagrin, lui promit qu'elle allait mieux et lui rappela de la réveiller pour son tour de garde.

Alors qu'il s'éloignait, à peine rassuré, Hermione jeta un sort d'insonorisation sur son lit pour pleurer sans le déranger.

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Le lendemain, ils rangèrent la tente et nettoyèrent toute trace de leur présence. Pour montrer à Ron qu'ils ne l'avaient pas oublié, la Gryffondor retira son écharpe et l'enroula autour d'un arbre contre lequel il s'était appuyé plusieurs fois pour savourer la vue et grogner sur son estomac bruyant. Elle sourit une dernière fois à ce souvenir avant qu'Harry lui attrape la main pour transplaner.

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Puis Ron était revenu, ils avaient détruit le médaillon et Hermione avait presque oublié la blessure qui lui pinçait le cœur dès qu'elle sentait le parchemin au fond de sa poche. Elle ne s'en séparait jamais. Le mince espoir qu'il lui écrive l'empêchait de tomber dans la déprime et lui permettait de garder pied devant ses amis. Ils s'étaient tous les trois rendus chez les Lovegood pour se renseigner sur un symbole qu'Hermione avait décelé alors qu'elle traduisait le livre donné en cadeau par Dumbledore sur son testament. Mais le père de Luna les avait alors trahis pour maintenir sa fille en vie et ils s'étaient échappés juste à temps, atterrissant dans une forêt de plus. Sauf que cette fois, ils étaient attendus…

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- Ne restez pas plantés là. Raflez-les !

Il n'avait pas le choix. C'était elle ou lui. Et même dans le cas où il se serait interposé, ses idiots de subalternes l'auraient évincé.

« Idiote. » jura-t-il.

Pourquoi avait-il fallu que cela tombe sur elle ? Elle était une Sang-de-Bourbe, il serait obligé de l'emmener au Ministère. Et ses amis étaient sûrement Ron Weasley et Harry Potter. Il se maudit et partit à leur poursuite. Il voulait l'attraper le premier pour lui laisser une chance de s'enfuir.

Hélas, son ami Ron se fit attraper facilement, et les deux restants se firent vite encercler.

Mettre un masque, rester impassible.

Il porta l'écharpe qu'elle avait abandonnée à son nez, à sa bouche. Cette odeur entêtante était bien la sienne… Un instant, le soulagement enleva le poids dans son ventre et il s'arrêta un instant pour la regarder au chevet de son ami aux cheveux noirs. Mais il revint au galop en se rappelant ce qu'il faisait là.

- Ne la touche pas ! hurla son copain roux, alors qu'ils se faisaient maitriser par ses rafleurs.

- Laissez-le ! fit-elle à son tour.

Il s'avança tranquillement vers eux, ravalant toutes ses idées de transplanage avec Hermione :

- Ton petit copain risque bien pire, s'il n'apprend pas à se comporter comme il faut, menaça Scabior avant de se tourner vers le dernier du trio, qui avait le visage étrangement gonflé. Qu'est-ce qui t'es arrivé, l'affreux ?

Un de ses rafleurs le prit pour lui. Pas le moins dangereux qui plus est. Un loup-garou.

- Non, pas toi. Tu t'appelles comment ? fit-il à l'intention du garçon.

- Dudley… Vernon Dudley.

- Vérifie, ordonna le rafleur, sachant très bien la vérité.

Il ne pouvait pas résister plus longtemps. C'était la dernière fois qu'il la verrait, il avait bien le droit d'en profiter ! Il s'approcha d'Hermione, difficilement retenue par un lourdaud dont il ne savait même pas le nom :

- Et toi ? Ma douce…

Il s'approcha un peu plus, jusqu'à être à quelques centimètres d'elle.

- C'est quoi ton nom ? demanda-t-il en savourant la proximité de la jeune femme qui semblait plutôt intimidée… Il était pourtant sûr qu'elle l'avait reconnu !

- Pénélope Deauclair, mentit-elle effrontément. Sang-mêlé.

Il ne put s'empêcher de poser délicatement une main sur sa joue. Qu'elle mentait bien… Il y aurait presque cru. Il prit une mèche de ses cheveux entre les doigts. Un instant, il avait eu peur de s'être trompé, que cette écharpe ne soit pas la sienne. Il se rapprocha un peu plus d'elle, se lovant dans son cou, prêt à l'embrasser. Mais elle eut un mouvement de recul. Il se figea un instant avant de réessayer. Elle commençait à se laisser faire, oubliant la présence de ses amis à quelques pas…

- Y a pas de Vernon Dudley, l'interrompit un de ses hommes.

« Abruti » jura-t-il intérieurement.

-T'as entendu ça l'affreux ? dit le rafleur qui retenait Harry tandis que Scabior se détourner sans volonté aucune de la brune. La liste montre que tu mens. Pourquoi tu veux pas qu'on sache qui t'es ?

Scabior sentit son regard brûlant se poser sur lui alors qu'il s'approchait du menteur.

- La liste est fausse, je vous ai dit que je suis, assura Harry.

Scabior s'approcha du garçon, repoussant un peu Fenrir et approcha sa main de son front. Il réfléchit quelques instants aux conséquences de ce qu'il s'apprêtait à faire. Mais c'était une chance supplémentaire de la sauver. Il devait prendre ce risque.

- On change de plan. On va pas les emmener au Ministère, annonça le rafleur avec un air faussement surpris.

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Ils arrivèrent devant la lourde grille du manoir Malefoy. En tant que chef, il n'avait pas eu le choix et s'était occupé du principal raflé. Ce satané Potter. Il aurait préféré s'occuper de la Gryffondor et transplaner avec elle, ni vu ni connu. Bellatrix Lestrange les attendait à l'entrée. Le messager avait fait son travail. Elle s'approcha des barreaux et passa son petit nez fouineur pour mieux voir leur prise. Lorsqu'elle se fut assurée de la véracité de la potentielle identité des prisonniers, elle murmura :

- Va chercher Drago…

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Tandis que le Drago en question tentait de ne pas céder à la peur que lui inspirait visiblement la folie de sa tante et par la même occasion, d'identifier le garçon qu'elle tenait fermement, Scabior tenait Hermione tout contre lui. Elle aurait pu tenter de s'échapper, mais elle semblait à peine consciente de ce qui se passait autour d'elle. Même la main de Scabior qui caressait discrètement les courbes de ses hanches ne semblait pas réussir à la sortir de sa torpeur. Il s'écarta d'elle un peu déçu et rappela au père Malefoy qui avait mis la main sur Potter. Puis Lestrange mit encore un peu plus la pression sur son neveu qui ne trouva rien d'autre à dire que :

- Qu'est ce qu'il a à son visage ?

- Oui, tiens… Qu'est-ce qu'il a à son visage ? répéta sa tante.

- On l'a trouvé comme ça. Il a dû attraper quelque chose dans la forêt, suggéra Scabior.

- Ou alors on lui a jeté un maléfice cuisant, dit la femme de Lucius Malefoy.

Lestrange se retourna vers les deux autres. Scabior pesta intérieurement. L'attention était revenue sur elle. Le danger n'était plus écarté.

- C'est toi, chérie ? demanda Bellatrix en pointant Hermione du doigt.

Elle se rapprocha de la jeune femme.

- Donnez-moi sa baguette ! Nous verrons quel était son dernier sortilège... Je t'ai eu ! ricana-telle avec un air aussi effrayant qu'enfantin.

Puis ses yeux dérivèrent vers l'un de ses rafleurs et son rire s'éteignit.

- Qu'est-ce que c'est que ça ? D'où tu sors ça, toi ? dit-elle en parlant d'une épée forgée qu'il tenait.

- Du sac de la fille. Maintenant c'est à moi, non ? fit-il avec un petit sourire idiot.

Bellatrix perdit totalement son sang froid et propulsa le rafleur quelques mètres plus loin, récupérant la baguette. Elle répéta la même opération avec un autre rafleur avant de se tourner vers Fenrir. Elle enroula alors des tentacules noirs autour de son cou, l'empêchant de respirer. Elle fit de même avec Scabior et tira d'un coup sec sur son lien, le jetant à terre. Elle tira un grand coup avant de le relâcher.

Ils reprirent difficilement leur souffle et n'eurent d'autre choix que de fuir vers la sortie. En abandonnant Hermione. Hermione… Non, il ne pouvait pas lui faire ça. Alors qu'il était à quelques mètres de la haute grille de métal, il fit demi-tour. La voix éraillée de Fenrir l'appela, lui demandant sans doute ce qu'il faisait, lui disant de revenir. Mais il n'écoutait pas le loup-garou.

Ces cris… Il en avait tant entendu, des hurlements du même ressort. Seulement, d'habitude cela ne lui faisait rien. Tandis que là, à travers cette douleur qu'elle ne parvenait pas à contenir, il reconnaissait quelqu'un qu'il aimait et auquel il ne souhaitait pas pareille torture. Car la torture se répercutait dans chaque pore de sa peau, sa douleur se diffusant sournoisement à chaque cri échappé.

Il monta les marches plus rapidement que jamais. Il se jeta sur la porte, tenta de l'ouvrir à la main et voyant que cela ne fonctionnait pas, sortit sa baguette et lança divers sorts sur la serrure. Mais le manoir était bien sécurisé et il abandonna vite, se laissant tomber à genoux une main encore sur la porte. Un rafleur s'approcha de lui en lui demandant ce qui lui arrivait. Il ne bougea pas. Comment aurait-il pu la laisser là sans rien faire ? Il se releva et frappa à la porte de ses deux poings :

- Ouvrez la porte ! Ouvrez-la ! Hurla-t-il.

Ce n'était pas suffisant pour qu'on l'entende à travers les hurlements de plus en plus forts de la brune. Il s'appuya contre la porte pour ne pas flancher. Personne ne survivait à un interrogatoire de Bellatrix.

Il sentit une main lui saisir le bras :

- Mais qu'est-ce qu'il te prend enfin ? lui demanda Greyback. Dépêche-toi, on a reçu un hibou du Ministère, faut qu'on parte d'ici.

Scabior resta sans bouger contre le bois froid et humide. Le loup-garou lui empoigna le bras et le força à le suivre. Résigné, il s'éloigna d'Hermione en se sentant plus coupable que jamais.

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Cinq heures s'étaient écoulées depuis leur rencontre. Il était maintenant installée par terre contre les longs rideaux pourpre de la fenêtre de son petit appartement londonien et ne cessait de repenser à ce qu'il avait fait et ce qu'il aurait du faire, tout en retournant inlassablement l'écharpe rose de la Gryffondor entre ses doigts. Le soir tomba rapidement et la nuit le suivit. Il n'avait pas même esquissé un mouvement lorsqu'on avait frappé à la porte vers vingt heures. Il n'avait pas mangé depuis le matin mais n'avait pas faim. Il était dégoûté de tout, mais surtout de lui-même. Son parchemin était posé devant lui et ses yeux ne pouvaient s'en détacher. Lui donnerait-elle des nouvelles ? Il ne pouvait prendre le risque de la rater. Aussi, il restait là, affalé et soupirant. Seule la lumière de la lune éclairait la pièce maintenant, mais cela ne le dérangeait pas plus que l'envie mordante de dormir, qu'il réprimait en gardant sa mâchoire crispée et ses yeux fixé toujours au même endroit.

Lorsque l'aube réchauffa la pièce de ses rayons matinaux, le rafleur n'avait toujours pas bougé. Mais ses yeux le brûlaient, son coccyx lui faisait mal à force d'être resté assis dans la même position des heures durant et surtout l'espoir qu'elle soit encore en vie ou bien même qu'elle lui réponde s'amenuisait dans son esprit. Lorsqu'à huit heures, il entendit Greyback marteler sa porte pour partir à la chasse aux Nés-moldu, il se résigna, fourra le morceau de papier dans la poche de son pantalon et sortit chez lui.

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Deux jours s'étaient écoulés depuis. Deux interminables jours qui se finissaient toujours bien trop vite, sans nouvelles d'Hermione. Il dormait à peine, s'effondrant seulement d'épuisement à force de ne pas manger. Il se tuait à petit feu, mais cela l'aidait à supporter ce qu'il lui avait fait. Il se torturait pour apaiser les hurlements qui résonnaient encore et toujours dans sa tête. Il n'avait qu'une envie, qui l'obsédait, saisir une plume et déverser son amour et ses excuses sur la feuille enchantée. Mais il la connaissait suffisamment pour savoir que ce n'était pas la chose à faire, qu'il ne devait surtout pas la brusquer. Si elle était encore en vie mais l'inverse était inenvisageable.

Il vécut ainsi une semaine digne de l'enfer, s'affamant, s'épuisant, sanglotant de culpabilité dès qu'il posait un pied chez lui. Il devait rester fort face aux autres mais à l'intérieur il sentait son masque se craqueler de jour en jour. Ce n'était même plus une question d'heures avant qu'il s'effondre. Il tremblait si fort que cela l'empêchait de tenir debout, mais il avait pourtant très chaud. Non, il n'avait pas chaud : il était frigorifié mais une douleur brûlante au niveau de sa cuisse lui donnait cette impression. Il tapota l'endroit douloureux pour tenter d'affaiblir la chaleur qui le rongeait. Cela ne semblait pas venir de sa jambe en elle-même. Il se rappela alors ce qu'il avait glissé quelques temps plus tôt dans sa poche, et sortit le parchemin, pour se rendre compte que celui-ci était en feu. Il s'empara immédiatement de sa baguette et par réflexes et concentration, ses tremblements se firent moins ardents. Il put alors lancer un sortilège d'extinction et il ne resta alors du parchemin que quelques centimètres non calcinés. Cela voulait-il dire qu'elle avait essayé de le brûler ? Il lança divers maléfices pour tenter de rendre au parchemin son état premier. La combinaison des sortilèges régénéra partiellement le papier, permettant à Scabior de comprendre mieux les phrases manuscrites rapidement déposées sur le papier.

« Tu avais raison, je ne peux pas te pardonner. Je vais mieux physiquement mais tu m'as blessée bien trop profondément pour que je guérisse vraiment un jour. Je me sens trahie, je n'ai plus confiance qu'en deux personnes et tu n'en fais pas parti. Plus jamais. Je vais peut-être mourir tout à l'heure, ou me retrouver à Azkaban. Je n'attends rien de toi. Je tenais juste à te dire que malgré le fait que je souhaite ne jamais te revoir, j'ai aimé la personne qui m'a écrit tous ces mots. Mais l'illusion ne marchera plus, je préfère ne plus prendre de risques. Alors, j'espère, adieu. »

Scabior n'était pas un garçon très sensible mais il ne put retenir quelques larmes supplémentaires. Alors voilà, c'était vraiment fini.

Mais cela était sûrement mieux comme ça, non !

Il termina de détruire ce qui restait de leurs années de liaison épistolaire en regardant le papier se consumer lentement. Pourtant, il n'eut aucun regret : il avait su dès le départ comment cela se finirait.

Dans la souffrance.

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N'hésitez pas à laissez votre avis, ça me motivera à faire une suite à la sortie de la deuxième partie ! (Pour les autres fans du rafleur, il sera présent à la bataille finale ! Je continue à y croire pour mon mariage à titre posthume !)

xHyoide