Rating : T (slash mais pas de lemon)

Parring : Johnlock

Genre : surnaturel, romance, UA avec perso un peu OOC à cause de l'intrusion du surnaturel.

Warning : beaucoup de fluff mais pas mièvre... du moins, je l'espère.

Illustration : I just want you to know who I am réalisée par mesfaiblesses qui m'a aimablement donné son autorisation pour utiliser son fanart posté sur Devianart.

Cette fic avait été supprimée il y a quelques temps car je voulais la remanier. C'est chose faite et, désormais, elle est achevée donc, la parution des chapitres sera régulière.

Je m'excuse auprès de ceux qui l'avaient mis en favori, follow et qui avaient pris le temps de me laisser des review. J'espère que cette seconde version vous plaira. Pas mal de scènes ont été rajoutées et les premiers chapitres modifiés même si la trame reste globalement la même.

Sur ce : bonne lecture ! :D


« Je suis peut-être du côté des anges mais n'allez pas croire une seule seconde que c'est un ange qui se tient devant vous »

S.H : E03S02


Cela faisait trois ans qu'il était ici : à des milliers de kilomètres de chez lui. La chaleur de l'Afghanistan était écrasante. Tous les jours, le soleil ceignait sa tête d'une couronne de feu qui cuisait son cuir chevelu. John avait l'impression de bouillir sous les couches de son uniforme. Son arme était brûlante dans ses mains. Ses yeux fatigués observaient les vagues de chaleur qui donnait un aspect dansant à l'air sec et chaud.

Le ciel était d'un bleu aveuglant et uniforme qui épuisait l'œil par son vide et son absence de relief. Le paysage n'était qu'un dégradé de jaune et d'orange. Le sable brillait comme un miroir sans fin et les restes du village à moitié détruit par la guerre luisaient sinistrement, formant une ombre torturée sur le sol.

John passa une main moite sur son front et essuya les gouttes de sueur avant qu'elles ne lui tombent dans les yeux. Il regarda autour de lui et vit ses camarades, quelques pas devant lui, enjamber les débris des bâtiments, soulevant des nuages de poussière dans leur sillage.

Après la dernière attaque des ghazis, ils étaient censés sécuriser le périmètre...

John prenait garde où il mettait les pieds mais son esprit était ailleurs. Il regardait les bâtiments éventrés, les restes calcinés ou réduis en poussière du mobilier, les sinistres tâches couleur de rouille du sang caillé. Ces carcasses d'habitations avaient abrité des familles, des amis, des enfants, des femmes, des vieillards : des gens qui n'aspiraient qu'à vivre leur vie en paix et qui avaient fini enterrés pèle-mêle dans des fosses creusées à la va-vite... La guerre avait tout détruit... John soupira tristement devant l'absurdité humaine.

Les fracas d'une fusillade ricochèrent entre les pans de mur encore debout, sortant le soldat britannique de sa rêverie morose.

John se figea avant d'inspirer brusquement et de s'élancer en direction des détonations et des cris de guerre et de douleur des hommes qui s'affrontaient. Il sauta par dessus les obstacles, tenant fermement son arme, dopé par les jets puissants de l'adrénaline dans ses veines. En un rien de temps, il tourna à l'angle de ce qui était autrefois une rue et vit plusieurs de ses camarades à terre. Leur sang commençait lentement à se répandre autour de leur corps. John accourut vers le plus proche qui tenait entre ses mains tremblantes sa cuisse ensanglantée, une grimace de douleur tordait son visage baigné de transpiration.

C'est alors qu'il sentit un impact violent sur son épaule.

Tout son corps se raidit brusquement avant de tomber en avant avec un bruit sourd. Le choc lui vida les poumons. Une douleur atroce et brûlante se répandit de son articulation jusque dans les extrémités de ses doigts.

Il cligna des yeux, crachant le sable qui avait envahi sa bouche et tenta de respirer. Il n'émit qu'une série de halètements de moribond. Il tourna la tête, les grains de sable griffant sa joue. Il sentit un liquide poisseux et chaud se répandre à une vitesse folle sur sa peau, imbibant les fibres de son treillis. En état de choc, il regarda fixement le sable aspirer son sang goulûment...

Blessé.

Il était blessé !

Sa vision se brouilla. Le ciel bleu s'obscurcit tandis que les détonations devenaient de plus en plus assourdies...

oOo oOo oOo

John flottait.

Il ne sentait plus son corps.

Le temps n'existait plus.

L'espace n'existait plus non plus.

Il n'y avait plus rien hormis cette impression de flottement que lui renvoyait sa conscience hébétée noyée dans une étrange lumière blanche qu'il n'avait encore jamais vu.

Il était bien ici : pas de souffrance, pas de cri, pas de bruit, pas de mouvement...

Il n'y avait qu'une paix léthargique. Ici, il pouvait dormir.

Et il allait s'endormir lorsqu'une ombre plana au dessus de lui avant de se poser à ses côtés. Perplexe, il tenta de se concentrer sur cette apparition dont la silhouette sombre contrastait avec la lueur blanche qui l'entourait..

Il leva le regard, cligna des yeux pour focaliser sa vision vacillante mais il n'y parvint pas.

- Johnny ? Aller Johnny Boy, on ouvre ses yeux et on me regarde. Promis, ça ne sera pas long !

La voix stridente aux intonations chantantes brisa le silence et la léthargie de John qui émit un grognement. Il tenta de lever les yeux dans la direction de la voix...

- Aller Johnny, encore un effort !

Que cette voix était désagréable ! John voulait la faire taire mais il devait d'abord voir à qui elle appartenait. Clignant une nouvelle fois des yeux, il vit la silhouette gagner en précision. C'est alors qu'il vit un corps vêtu d'un costume noir qui épousait à la perfection ses formes. Ça ressemblait à un Westwood sur-mesure...

- Hello ! se moqua la voix aiguë.

John leva les yeux un peu plus haut et tomba sur un visage pâle où luisaient des yeux noirs d'une profondeur ahurissante et dérangeante.

- Z'êtes qui ? Pouvez pas la boucler ? J'veux dormir ! marmonna John d'une voix pâteuse.

L'homme devant lui, ricana :

- Dormir ? Tu vas avoir l'éternité pour ça, mon grand !

Soudain, la lumière blanche perdit en intensité et John sentit le frisson de l'angoisse serpenter autour de lui. Il y avait quelque chose qui n'allait pas. Qui n'allait pas du tout même !

La somnolence qui l'avait emmitouflé dans sa chaleur bienveillante s'étiola, laissant la place à un froid mordant qui hurlait : danger !

- Aller Johnny, ça suffit. Tu peux te rendormir. Fais de beaux rêves !

La voix était devenue froide, menaçante, inhumaine. Avec horreur, John vit les iris noirs luire d'une flamme démente tandis qu'une ombre s'étendait derrière le dos de l'homme. Le cœur au bord des lèvres, John vit l'ombre prendre forme pour donner naissance à deux ailes de chauve-souris décharnées où la membrane avait disparue et où seuls subsistaient les os longs et crochus comme les doigts d'un géant.

Le monstre déploya ses appendices monstrueux dont l'ossature cliqueta sinistrement. John tenta de bouger mais il ne sentait toujours pas son corps. Les yeux écarquillés, il le vit s'approcher de lui, tenant dans ses mains une faux apparue de nulle part et dont la lame courbe aspirait la lumière pour recracher des ténèbres suintantes.

Mais qu'est-ce que ?!...

Une faux... Des ailes... une silhouette noire...

Une image fusa dans son esprit désormais totalement alerte : La Grande Faucheuse !

- Ne vous approchez pas de moi ! gronda John avec un aplomb qu'il était loin de ressentir.

La Faucheuse répondit par un sourire grimaçant et caricatural. Elle leva la faux au-dessus de John qui ne pouvait toujours pas bouger.

- Touchez-le et je vous tue !

John et la Faucheuse tournèrent la tête en direction de la voix grave et profonde qui venait de résonner. Un troisième protagoniste était apparu. John le dévisagea : long corps mince enveloppé dans un manteau de laine sombre, chevelure bouclée tout aussi sombre qui auréolait un visage de marbre aux pommettes saillantes et aux lèvres bien dessinées. Deux ailes repliées faites de plumes noires et duveteuses encadraient ses flancs. Un ange ! Un ange aux ailes de la couleur des ténèbres. Dans sa main brillait la lame d'une dague effilée et ses yeux d'un gris lumineux qui luisaient d'un éclat dur tandis qu'ils harponnaient le regard sombre de la Faucheuse.

Cette dernière le salua d'un hochement de tête amusé :

- Sherlock ! Décidément, ton esprit brillant perd de sa superbe si tu comptes tuer La Mort avec ta lame !

Le dénommé Sherlock ne répondit pas. A la place, il s'approcha de John et se plaça à ses côtés, le torse légèrement penché au-dessus de lui, la pointe de la dague dirigée vers la Mort. John vit la Faucheuse arquer un sourcil dédaigneux, tandis que ses lèvres se tordaient dans une moue exprimant un mélange étrange de dégoût, de mépris et d'ennui. Elle tenta de se rapprocher, faisant claquer ses ailes d'os. Sherlock lui répondit en déployant les siennes. Un toit de plume se forma au-dessus de John qui regardait le duel des deux créatures sans pouvoir agir.

- Sherlock ! siffla la Mort sur un ton d'avertissement.

- Moriarty ! répliqua Sherlock de sa voix froide et incisive, ses doigts jouant sur le manche de son poignard.

John nota vaguement que même La Mort avait un nom. Quand bien même cette information n'était guère utile...

- Tu joues les anges gardiens, Sherlock ? On sait tous que tu n'es pas taillé pour jouer les gardes-chiourmes.

Sherlock ne répliqua pas mais il se pencha d'avantage sur John, l'entourant de ses ailes charbonneuses dans une attitude défensive, protectrice.

Moriarty soupira, agacé :

- Barres-toi, Sherlock ! Tu es un ange noir, tu es du même côté que moi. Tu es comme moi !

- Vous ne toucherez pas à un seul cheveu de John. Il ne mourra pas !

- Pourtant c'est ce que les gens FONT ! hurla Moriarty.

La folie suintait de La Mort qui agita ses esquisses d'ailes.

- Pas John ! feula l'ange noir qui posa impérieusement ses grandes mains de part et d'autre de la tête de John. Il fusilla du regard son interlocuteur, le mettant au défi d'avancer puis il approcha son visage de celui du soldat qui n'avait pas prononcé un mot. John était épuisé, la périphérie de sa vision se brouillait de plus en plus. Sa tête était cotonneuse et, avant qu'il ne puisse comprendre les intentions de Sherlock, il sentit ce dernier plaquer ses lèvres contre les siennes dans un baiser à la fois violent et urgent mais... pas exempt d'une certaine douceur...

John sentit la vague de chaleur émanant de Sherlock réchauffer ses lèvres, ses joues, puis son cou, ses épaules... Elle s'étendit dans tout son corps. L'impression de flottement disparu, remplacée par une sensation de pesanteur qui le fit grimacer.

- Courage, John ! chuchota Sherlock, sa bouche effleurant doucement la sienne, son souffle tiède balayant ses joues.

John cligna des yeux mais tout se brouillait autour de lui. Le toit de plume formé par les immenses ailes de Sherlock devint un vague nuage sombre tandis que la voix de Moriarty devenait de plus en plus inintelligible :

- On se reverra, ce n'est qu'une question de temps... Sherlock Holmes...


A suivre... :)