Avant je me sentais protégée, alors être faible ne me dérangeais pas plus que ça. Après 7 ans d'absence, ils sont revenus tels qu'ils étaient quand ils ont disparus, mais le monde a changé. Moi aussi bizarrement, pas de beaucoup mais... Je ne suis certainement plus la même.

Chapitre 1 : Un retour de flamme inespéré

Laki Ollietta passât le portail de la guilde et sourit de bien-être en sentant le soulagement habituel l'envahir. Elle était enfin arrivée à destination.

Un peu essoufflée par la démarche rapide qu'elle avait due soutenir pour arriver au plus tôt à la guilde, la violette décida de faire une pause pour reprendre son souffle et observer le paysage. Il était vrai que sa guilde avait perdue de sa superbe, comparée à ce qu'elle était il y avait de cela sept ans. Le grand bâtiment en brique dans lequel elle avait appris à utiliser la magie du bois avait maintenant laissé place à un pavillon quelque peu délabré mais dont les couleurs bariolées rappelaient toujours le caractère flamboyant de la guilde et de ses membres.

Ils n'étaient plus des masses à se revendiquer mages de Fairy Tail désormais, mais pour Laki, peu lui importait, au contraire. Certes, la jeune femme si discrète était toujours passée inaperçue, mais elle aimait sa guilde comme chacun de ses camarades d'alors. Elle était fière d'en faire partie même si peu de personnes le savaient, puisque lorsqu'on disait Fairy Tail, tout le monde parlait d'Erza, de Natsu, de Mirajane et des autres. La jeune femme s'appuya contre le portail pour réfléchir plus confortablement à ce qui lui passait par la tête. Que lui prenait-il tout d'un coup de penser à la Fairy Tail d'avant ?

La mage de bois soupira en secouant la tête avant de faire un sourire désabusé au coq de leur basse-cour qui passait non loin en l'ignorant royalement. Même pour le coq, elle semblait invisible, c'était bien sa veine. De guerre lasse, elle s'assit sur un rondin qui n'aurait pas du se trouver là, tout en se laissant un nouvelle fois emporter par ses souvenirs et ses réflexions.

Oui. La guilde de Fairy Tail était tombée bien bas, depuis que ses membres les plus forts avaient disparus. Ils en étaient réduits à être rackettés par des mages de bas étages, un pavillon branlant, un reste de terrain envahi par les mauvaises herbes et les tonneaux de bières qui auraient été bien plus nombreux si Cana Alberona avait été encore de ce monde. Le rondin sur lequel elle était assise avait du rouler du tas qui se trouvait un peu plus loin et qui était destiné à servir pour des réparations qui ne viendraient sans doute jamais.

Laki soupira une nouvelle fois en touchant machinalement la bourse qu'elle avait accrochée à sa ceinture. Un maigre salaire pour une mission harassante qu'elle avait terminée l'avant veille. Les finances de la guilde était dans une teinte qui avait dépassé le rouge depuis un bon moment. Elle et les mages restants faisaient leur possible pour subvenir à leur besoin et aider le maître à rembourser l'emprunt qu'ils avaient contractés auprès des pires débiteurs qu'ils aient pus trouver, la guilde de Twilight Ogre. Franchement, qu'est-ce que c'était une guilde avec un nom pareil ? Laki se le demandait.

Ce n'était pas la faute de Macao, car il avait fait de son mieux pour garder la guilde à flot et Laki reconnaissait aussi bien ses efforts que leur inefficacité. Mais maintenant ils avaient perdus les trois quart de leurs membres et lorsque les mages restants étaient en mission, ils devaient s'abstenir de mentionner le nom de leur guilde de peur de se faire détrousser ou pire. Du temps de la superbe Fairy Tail, cela n'aurait jamais été possible. La réputation de puissance, d'amitié et de solidarité qui faisait la réputation de leur guilde avait protégé les mages qui comme Laki étaient faibles et avec une puissance magique extrêmement limitée. Mais ça, c'était le passé. La mage de bois essuyé des déboires douloureux durant ces sept ans, déboires qui l'avaient plusieurs fois envoyés chez Polyuschka et inquiété les autres mages de la guilde, mais la jeune femme n'avait pas perdu la foi.

À quelque chose malheur est bon, car n'ayant plus personne pour la protéger, la jeune femme avait du apprendre à se défendre seule. En se battant, en s'enfuyant, en se blessant mais elle était fière de pouvoir dire haut et fort qu'elle n'avait jamais abandonné.

La naissance d'Azuka, la fille de Bisca et Alzack avait été pour la violette, le déclic qui l'avait forcé à faire face à ses peurs et sa faiblesse. Bisca, sa plus ancienne amie, lui avait demandé d'être la marraine de la petite et depuis ce jour, la mage de bois s'était pleinement investie dans ce rôle, car c'était la seule manière pour elle d'oublier la situation déplorable de la guilde. La seule manière pour elle de réussir à supporter sans flancher la disparition de camarades qui lui manquaient en dépit du fait qu'elle n'apprécie qu'un certain nombre d'entre-eux. Elle senti sa gorge se serrer à cette pensée pendant que sa poitrine semblait oppressée par un poids invisible.

— LAKI ! hurla une voix masculine qui venait du porche de la guilde et qui la fit sursauter. Qu'est-ce que tu fais assise toute seule là ? Tu es blessée ? s'enquit un des amis de la jeune femme d'un ton inquiet pendant que la jeune femme se relevait avant d'épousseter sa robe. Elle se forçat à sourire d'un air rassurant au mage de sable, Max Alose, qui s'était précipité vers elle en pensant qu'elle avait besoin d'aide.

— Non, je vais bien, lui dit-elle en lui faisant un sourire que ne fit pas illusion bien longtemps devant le regard perçant de Max qui fronçât les sourcils.

— Encore en train de ressasser, hein ? demanda le jeune homme avec un regard dur qui la défiait de lui mentir, chose qu'elle n'avait jamais réussit à faire. Pas à lui.

— Je pensais juste...tenta-t-elle de se dérober, sans succès.

— Je sais très bien à quoi tu pensais, la coupa Max en lui posant une main sur l'épaule. Et y penser sans arrêt ne va pas les faire revenir, poursuivit-il en la poussant doucement sur le chemin de la guilde.

— Je ne pensais pas seulement à eux, tu sais, indiqua la violette. Je me disais... commença-t-elle tandis qu'ils s'arrêtaient sous le porche. Qu'est-ce qu'on va devenir, Max ? laissât-elle échapper dans un élan de sincérité qu'elle regretta immédiatement.

Le mage de sable planta ses yeux dans les siens en même temps qu'il plongeait les mains dans ses poches, une attitude qu'il avait lorsqu'il réfléchissait intensément. Elle savait que leurs situation l'empêchait lui aussi de dormir et elle s'en voulait d'avoir remué le couteau dans la plaie, mais Max était le seul avec qui elle pouvait partager ses inquiétudes. Dans la guilde, il n'en parlait jamais à haute voix et tout le monde était à peu ou prou dans la même situation précaire. L'épée de Damoclès nommée Twilight Ogre était au-dessus de leur tête à tous, mais ils faisaient comme si rien n'était, comme si tout allait bien. Ils se voilaient simplement la face, ils le savaient tous et cela pesait à Laki, même si elle savait qu'en parler ne ferait pas apparaître des jewels par magie.

— Lak', franchement, je ne sais pas quoi te dire pour te rassurer parce que tu sauras immédiatement que je suis en train de te mentir. La seule chose que je peux dire sans me tromper, c'est que j'ai confiance en nos camarades, présents ou pas et que quoi qu'il arrive, on se serrera les coudes pour que ça se passe bien, énonça-t-il avec un sourire confiant qui mit du baume au cœur à la jeune femme, qui retourna un sourire à son meilleur ami.

— Je savais que tu étais un grand optimiste, mais croire encore en leur retour frôle l'idiotie, le taquina-t-elle.

Elle était la seule à le taquiner sur ça et le mage de sable la laissait faire parce qu'il savait qu'elle aussi espérait toujours les revoir passer le pas de la porte. C'était leur jeu à eux : il était l'optimiste et elle, celle qui faisait semblant de le ramener sur terre.

— Que veux-tu ? On ne se refait pas, répondit-il avec emphase en la laissant passer la porte en premier comme un gentlemen, ce qui fit rire son amie.

— Bonjour tout le monde, salua-t-elle avant de se diriger vers Macao, qui se trouvait à table avec Wakaba, pour lui donner la récompense de sa mission.

— Laki ! Bon retour parmi nous, la salua le fumeur avec bonne humeur.

— Merci Laki, la remercia quant à lui, Macao qui la dévisagea d'un air soucieux. Tu es sure que tu ne voudrais pas garder une partie de cet argent pour toi ?

— Pourquoi faire ? demanda la violette surprise au maître qui soupirait pendant que Max ricanait dans son dos.

— Je ne sais pas moi, répliqua Wakaba, les yeux au ciel. Tu pourrais économiser pour aller autre part. Dans une guilde qui aurait un toit qui ne fuit pas et des missions bien rémunérées et moins dangereuses... se désola Wakaba.

Laki tapota affectueusement les épaules des deux hommes pour les réconforter, ignorant Max qui s'était rembrunit.

— Je suis ici chez moi et je n'ai pas l'intention de partir, messieurs, leur assura-t-elle avant de suivre Max vers le comptoir. Cela dit, Max? Où est Roméo ? demanda la jeune femme à voix basse en scrutant les alentours pour chercher le garçon.

— Il est parti en mission un jour après toi, avec Bisca et Alzack, l'informa Max en passant derrière le bar pour lui servir une boisson fraîche.

— Avec Alzack et Bisca ? Mais qui garde Azuka ? paniqua la mage à l'idée que l'enfant était gardée par l'un des mages tête en l'air de cette guilde de fous.

— Pas de panique, la calma le mage de sable en saisissant un verre pour l'essuyer. Elle passe la journée ici, avec nous et le soir, elle dort avec Kinana dans ta chambre, termina-t-il faisant semblant de ne rien voir de la mine soulagée de son amie. D'ailleurs, les voilà, indiqua-t-il avec un signe du menton montrant la fenêtre par laquelle il avait du la voir arriver.

Kinana, lourdement chargée de la fillette et de son sac, entra en soufflant avant que son visage ne s'éclaire à la vue de son amie.

— Laki ! Enfin ! s'exclama la serveuse avant de lui donner sans cérémonie sa filleule et le sac de la petite afin de pouvoir passer au bar et s'armer d'un plateau pour débarrasser les tables.

Remerciant la mauve, Laki embrassa la fillette sur le sommet du crane et plissa le nez pour la faire rire. Elle se détourna du comptoir pour être face à la salle de la guilde. Elle montrat ensuite, les mages un par un à Azuka qui devait les nommer. Laki réalisa avec amusement que si certaines choses changeaient, comme la corpulence de Droy et Readers, d'autre non, à l'instar de Warren, perdu dans ses pensées, Nab qui se tenait toujours devant le tableau des missions, ou Vista qui exécutait une sorte de déhanchement qui semblait plus proche du tangage d'un navire plutôt que d'une danse. Les tables débarrasées et propres, Kinana vint embrasser Laki sur la joue avant de tendre les bras vers Azuka qui la regarda étonnée.

— Tu viens terminer ton dessin commencé hier ? proposa la mauve à la petite fille, proposition qui fut accueillie avec un grand 'oui' excité. La non-mage de Fairy Tail déposa la petite à terre qui se précipita dans un coin de la pièce manifestement aménagé pour elle. Ta mission s'est bien passée ?

— Oui, c'était... commença la jeune femme avant de se faire couper la parole par des éclats de voix venant de la table de Macao.

— Je t'ai déjà dit de m'appeler Maître, Wakaba ! gronda Macao.

— Je n'ai jamais eu de Maître avec aussi peu de dignité que toi ! répliqua le fumeur. Quatrième Maître de la guilde mon cul, oui ! maugréait-il encore, pendant que Kinana abandonnait Laki pour aller calmer le jeu.

Laki jeta un coup d'œil à Azuka et lorsqu'elle fut assurée que la petite fille continuait à dessiner, imperturbable, la jeune femme décida d'aller discuter un peu avec Jet et Droy, qui lui semblaient toujours incomplets depuis la disparition de Levy McGarden. Max, haussa les épaules à son intention tout en se frottant la tête. Son amie étouffa un rire, car elle savait pertinemment ce qu'il était en train de penser. Agacé, le mage de sable se décida à parler à voix haute pour se faire comprendre des autres mages qui n'étaient pas télépathes comme Waren.

— On se demande pourquoi ils se prennent la tête pour une histoire de Maître alors que l'on a encore perdu des membres, soupira-t-il.

— C'est la vie, Max, temporisa le télépathe. Ils n'abandonneront pas un bon job pour une petite guilde telle que la notre.

Warren, interpella Nab qui avait pris des kilos, lui aussi. Il suffit pourtant de regarder le nombre de missions affichées sur ce tableau, le reprit-il.

— Ça, ça ne te regardes pas, vu que tu n'a réalisé aucun travail en sept ans, Nab ! Rétorqua Waren, décourageant Nab un peu plus et Max, encore plus.

Celui-ci se détourna d'eux pour s'appuyer sur le comptoir lorsque Vista décida de se joindre à la discussion.

— Regardez ça ! les invita le danseur. Vista Echo a terminé sa nouvelle danse ! déclama-t-il en remettant rapidement son turban en place. Je l'appelle « La danse Chétive », indiqua-t-il en recommençant son déhanchement bizarre, sous les rires de Laki et Kinana qui se moquait de la tête que faisait Max à l'instant même.

— Il me dégoutte, marmonnait-il. Faites-le sortir d'ici, demanda encore Max, le sourcil secoué de tic nerveux.

— KINANA ! UN AUTRE S'IL TE PLAIT, demanda Droy d'une voix forte alors que Laki parvenait à leur hauteur.

— Dis, Droy. Ne te restaures-tu pas un peu trop ces temps-ci ? demanda la jeune femme en voulant le taquiner gentiment sur son tour de taille, mais Droy le prit mal.

— Tu essaies de dire que j'ai grossis, sorcière ? répliqua-t-il avec un air mauvais sous le regard mécontent de Jet.

— Ne parles pas comme ça à Laki, elle voulait simplement te taquiner, le menaça-t-il. D'ailleurs, je la trouve trop gentille avec toi, tu devrais en avoir conscience, tout de même ! continua le mage le plus rapide de Fairy Tail. Regardes Readers ! Est-ce que tu as remarqué combien il était devenu svelte ?

— J'ai suivi un entraînement ! se défendit Droy en pointant sa cuisse de poulet vers Jet comme une épée. Est-ce que tu vois tous ces muscles ? poursuivait-il tandis que Laki les observait interloquée. J'accrois mon énergie magique en mangeant !

Les disputes entre ces deux-là étaient monnaies courantes, mais sans Levy pour les calmer, elles dégénéraient beaucoup trop souvent... Jet s'était émancipé et était devenu plus autonome et indépendant, ce qui n'était pas du goût de Droy qui s'était senti abandonné et s'était vengé sur la nourriture. Le fait que Jet se soit trouvé une petite amie avait accéléré la prise de poids de Droy qui était maintenant en état d'obésité morbide.

— Arrêtez, tous les deux ! tenta Laki qui fut encore une fois, purement et simplement ignorée mais elle ne s'en offusqua pas. Elle craignait plus que l'un d'entre eux ne dise une parole malheureuse qui réduirait à néant le restant d'amitié qui les liait encore.

— Franchement, que dirait Levy si elle te voyait maintenant ? asséna Jet.

— LEVY NE REVIENDRA PAS ! » s'écria Droy, furieux.

A cette phrase, Laki senti une chape de plomb lui tomber dessus. Sur elle et sur toutes les personnes présentes, créant dans le mouvement un silence de cathédrale. Droy venait de dire tout haut ce que tout le monde pensait tout bas mais ça n'en rendait pas moins terribles, les paroles prononcées et le mage de végétaux ne le réalisa que trop tard. Il venait de mettre à tout le monde, le nez dedans. Et comme les choses ne pouvaient aller que de mal en pis, la porte de la guilde s'ouvrit sur les sbires recouvreurs de Twilight Ogre.

A leur habitude, ils étaient simplement venus leur mettre le moral dans les chaussettes, les tabasser et réduire à néant le pauvre mobilier qu'ils avaient pus sauver jusque là. Dans un autre temps, ils se seraient révoltés et auraient redressés la tête, mais pas aujourd'hui. Ils avaient déjà le cœur assez lourds et s'étaient contentés de faire le dos rond, attendant que ça passe tandis que Kinana réduisait Azuka au silence à l'abri du comptoir. Laki les laissait faire contre son grès, retenue discrètement par Max et Jet qui la protégeaient de leurs corps, autant pour qu'elle ne se blesse pas mais aussi parce qu'ils ne voulaient pas que les voyous reportent leur intérêt sur les femmes de la guilde.

Heureusement, ils avaient finis par partir, ne laissant derrière eux que des débris et des mages découragés, silencieux et brisés. Soudain, glissant d'un meuble à peu près intact, le carnet de Readers tomba en répandant son contenu par terre. Des portraits. Les portraits des mages qui faisaient partis de Fairy Tail jonchaient à présent le sol et agissaient sur eux comme autant de poignards dans le dos. Ce fut la goutte qui fit déborder le vase, et là, ce fut trop : Ils éclatèrent tous en sanglots douloureux et amers.

Ils leurs manquaient.

Toute l'énergie dépensée à tenter de les retrouver. Toutes les démarches effectuées auprès de toutes les personnes imaginables, qui aurait été susceptibles de les aider à les retrouver. Les échos qu'ils avaient eus, le rapport du conseil qui parlait du dragon de l'apocalypse détruisant leur terre sainte. Tout ce qu'ils avaient pus faire avait été de croire et d'espérer mais en ce jour, tout semblait réunis pour que le plus optimiste d'entre eux perde espoir. Et les derniers mages de Fairy Tail désiraient presque voir ce stupide espoir s'éteindre pour de bon, car celui-ci leur faisait plus mal que toute les attaques qu'ils avaient essuyées jusqu'à présent. Ce fut Macao qui exprima le mieux leur sentiments à tous.

« Je crois que mon cœur va se briser »

Si le Maître avait mit des mots sur leur douleur, Roméo en était lui, l'illustration parfaite. Le jeune homme n'avait plus jamais souri depuis la disparition de leur camarades sur l'île de Tenrô.

_T_T_

Lorsque Kinana et Laki portant Azuka poussèrent les portes de la guilde, le lendemain matin, celle-ci semblait encore plus vide et lugubre que d'habitude. Laki déposa la fille d'Alzack par terre et entreprit avec celle-ci d'aider Kinana à remettre de l'ordre dans le bazar causé par les ogres, la veille. Concentrées sur leur ouvrages, les deux femmes n'entendirent pas le nouveau venu entrer dans la salle de la guilde, mais ce fut Azuka qui le leur fit remarquer avec un heureux et retentissant « 'Méo » qui leur fit relever la tête.

— Roméo ? Tu es matinal aujourd'hui-kina, remarqua Kinana avec un doux sourire qui rappela douloureusement au jeune garçon, celui de la précédente barmaid, Mirajane Strauss.

— Oui, je...euh, bredouilla le fils de Macao en se grattant la tête dans un geste qui rappelait Natsu. Je me suis réveillé tôt à cause des ronflements de mon père et j'ai pas réussi à me rendormir alors j'ai préféré venir ici, pour voir si vous étiez déjà là.

— Tu as bien fait, le félicita Laki en lui donnant une bourrade de l'épaule alors qu'elle passait à côté de lui en portant les restes de ce qui avait été une chaise. On a besoin de main d'œuvre ici. Ta mission s'est bien passée ?

— Oui, répondit-il seulement en allant aider Azuka qui se débattait avec un pied de table plus grand qu'elle. J'ai pu donner une coup de main, mais Bisca et Alzack auraient pus s'en charger tous seuls, expliqua-t-il tout en remboîtant le pied dans son encoche pour ensuite l'enfoncer en cognant sur la table avec le plat de la main.

Laki le regarda pensivement s'affairer pendant un moment. Bisca et Alzack, en bons parents, étaient au courant de ce que traversait le jeune homme depuis la disparition de son idole. Ils lui avaient donc sûrement demandés de les accompagner pour qu'il puisse se changer les idées. Depuis que Natsu Dragneel avait disparu, Roméo et elle avaient passés beaucoup de temps ensemble, au début par hasard, puis parce qu'ils s'étaient découverts des points communs et qu'ils s'entendaient plutôt bien, tous les deux, un peu comme un frère et une sœur. Laki le connaissait maintenant par cœur et elle savait que si le jeune homme était là de si bon matin, ce n'était pas parce qu'il avait été réveillé par les ronflements de son père mais probablement parce qu'il n'avait pas du fermer l'œil de la nuit à cause de l'annonce qui leur avait été faite la veille par les Trimens de Blue Pegasus.

Tenrôjima existait toujours.

La violette se remit au travail avant que Roméo ne la surprenne en train de le regarder, car il détestait quand elle faisait ça. Il n'aimait pas lui causer du soucis et les peu de fois où ils en avaient discutés, ça c'était fini en dispute, et elle n'avait pas envie de le taquiner. Pas aujourd'hui. Utilisant sa magie du bois, ainsi que les vestiges de meubles qui traînaient ça et là, Laki eut tôt fait de recréer assez de chaise et de table pour y accueillir les membres qui, comme Roméo, avaient décidés de ne pas se joindre à l'expédition pour Tenrôjima.

La décision du mage de feu avait étonné son père, ainsi que bon nombre des membres de la guilde mais pas elle. La manieuse de bois avait compris que le brun voulait se protéger du fol espoir qui les avaient tous saisis à un moment où à un autre de la soirée, et qu'il avait peur d'être déçu, encore une fois. Après tout, Laki était totalement d'accord avec sa manière de penser : Si Blue Pegasus s'était trompé, ils pourraient faire semblant de ne pas y avoir crus. Mais s'ils n'avaient pas mentis, les disparus referaient surface, et on pourrait aviser à ce moment-là, se disait-elle en réparant, recollant et re-créant des tables, chaises, bancs etc.

— Merci pour votre travail ! s'exclama Kinana en leur apportant des tasses pour qu'ils puissent enfin prendre leur petit déjeuner sur des meubles qui ne s'effondreraient pas sous leur poids. Laki, perdue dans ses pensées ne bougea pas d'un pouce, pendant que Azuka jouait avec ses cheveux en regardant 'Méo et Kinana mettre la table pour ensuite s'installer avec elles pour déjeuner.

— Laki, est-ce que ça va? lui demanda Roméo, inquiété par son silence.

— Hum ? Oui et non. En fait, je ne sais pas, répondit franchement la wood maker,

— Qu'est-ce que tu veux dire ? demanda encore Kinana, tandis que Roméo, préférait se concentrer sur Azuka qui était en train de se badigeonner le visage de confiture.

— Laisses tomber Kinana, je me suis seulement perdue dans les méandres de mon cerveau, répondit Laki tandis que Roméo ne parvenait pas à retenir un soupir et que Kinana ne comprenait toujours pas.

— Elle doit encore se faire des nœuds avec le cerveau pour quelque chose qu'elle n'arrive pas à comprendre, reformula Roméo pour Kinana avant de gober le bout de tartine que lui tendait la jeune Connel. Chechi dit, Laki, tu ne nous a pas dit comment chétait pachée ta michion à toi ?

— Roméo, ne parle pas la bouche pleine-kina, le gronda la barmaid par-dessus l'éclat de rire d'Azuka-chan.

— La routine, répondit Laki en beurrant une tartine. Heureusement, ils n'étaient que trois dont un non-mage donc j'ai pu m'en sortir sans trop de difficultés.

— Tu les battus ? demanda Roméo les yeux ronds.

— Oui, mais pas les deux en même temps, bien sur. J'ai piégé leur voiture, les ait séparé et coincés. Après tout, ma mission n'était pas de les remettre aux chevaliers mais seulement de récupérer ce qu'ils avaient volés, expliqua-t-elle. Et je n'ai pas encore récupéré la totalité de ma magie.

— Ah, répondit le jeune déçu. J'aurais dû aller avec toi ! Je les aurais fait griller, s'enorgueillit le mage aux flammes violettes.

— Jeune homme, l'apostropha Laki d'une voix de maîtresse d'école qui hérissait toujours le fils Combolt, le combat n'est pas le seul moyen de gagner, ni de régler un différent, termina-t-elle.

— Oui, répondit Roméo d'un ton boudeur. Mais c'est le plus rapide ! dit-il avant de s'enfuir vers le bar pour y laver sa vaisselle et celle d'Azuka qu'il embarqua ensuite pour aller nourrir la volaille qui logeait derrière le bâtiment. Les deux femmes les suivirent du regard et sourirent en entendant les cris ravis d'Azuka et le caquètement des pauvres poules tirées de leur sommeil brutalement.

— Tu pense qu'il s'en remettra s'ils reviennent bredouilles ?

— Je ne sais pas, Kina, répondit Laki tristement. J'aimerais te dire que oui, j'aimerais vraiment pouvoir te dire qu'il est fort et qu'il s'en remettra, mais maintenant, je sais qu'on ne peut jurer de rien, conclut-elle pendant que l'autre femme regardait les deux enfants.

— J'ai beaucoup de peine pour lui-kina.

— Moi aussi. »

_T_T_

Plusieurs heures après, la salle de la guilde était aussi pleine qu'elle le pouvait, c'est à dire que les mages présents dans les environs y étaient rassemblés, ce qui n'en faisait pas beaucoup : Macao, Wakaba, Laki, Roméo, Kinana, Vista, Readers, et Nab. Chacun vaquait à ses occupations en tentant d'ignorer la tension ambiante. Readers peignait, Kinana faisait la vaisselle, Roméo lisait, Laki rêvassait et Wakaba était en train de s'endormir en regardant Macao faire les cent pas.

— Roméo, l'appela son père. Tu es sur que tu ne voulais pas y aller ?

— Même s'ils retrouvent Tenrôjima, répondit Roméo sans lever les yeux de son livre, qu'est-ce qui te dit que tout le monde est encore en vie ?

— Ne dis pas ça, lui rappela son paternel. Tu dois avoir la foi ! argua-t-il d'un ton qu'il espérait convaincant.

— On ne les a pas vus pendant sept ans, rétorqua encore Roméo, les yeux toujours sur son livre.

Macao dut déclarer forfait devant la logique de son fils, mais il n'eut pas le loisir de s'appesantir là-dessus étant donné qu'une voix extrêmement déplaisante venait de se faire entendre à la porte qu'ils avaient laissés ouverte.

— Et bien, et bien... On dirait qu'il y a de moins en moins de gens ici, se moqua le leader du groupe de Twilight Ogre qui se tenait devant eux, un certain Teebo, d'après les souvenirs de Laki qui ne bougeait pas d'un pouce tout en évaluant la distance qu'il lui faudrait pour utiliser sa magie. Ça ressemble plus à un club de copain qu'à une guilde, ça, non ? demanda ledit Teebo à ses alliés qui étaient au nombre de quatre.

— Teebo, s'interposa Macao. Tu étais d'accord pour que nous payions le mois prochain, lui rappela-t-il en écartant les bras.

— Mon Maître dit qu'il n'est pas d'accord, rétorqual'homme aux couettes avec un sourire sadique sur les lèvres. Il dit que les paiements doivent être effectués dès qu'ils sont dûs. Je ne peux rien y faire, poursuivit-il d'un ton faussement désolé sous les rires goguenards de ses coéquipiers.

Un claquement sec retentit dans la salle, suivi d'un raclement de chaise.

— Vas te faire voir, lui intima Roméo qui faisait à présent face aux ogres.

— Roméo, arrêtes ! tenta de le retenir Macao, ce qui ne fit que renforcer la détermination de son fils.

— On a pas l'argent pour vous payer, les informa le mage de feu d'une voix forte.

— Je n'aime pas ton attitude, gamin, gronda l'ogre Teebo en se penchant avec désinvolture vers Roméo qui s'avançait vers lui posément.

— Laisser des punks comme vous, nous marcher dessus... psalmodiait le petit brun. Mon père et tous les autres sont des lâches ! persifla-t-il encore en levant sa main droite, paume vers le haut.

Tous les mages de la guildes semblaient pétrifiés devant le spectacle qui se déroulait sous leurs yeux. Laki, avança inconsciemment d'un pas, pendant que la voix de Roméo gagnait en puissance en même temps que jaillissait de sa main, une flamme mauve comme celle de son père.

— En tout cas moi, je me battrais ! Parce qu'à ce train-là, le nom de Fairy Tail sera traîné dans la boue ! cria-t-il alors que son père se précipitait vers lui pour le mettre hors de portée de leurs ennemis.

Laki et Wakaba se tinrent prêts à assurer leurs arrières lorsque le temps sembla s'arrêter. Le leader des ogres souffla simplement la flamme de Roméo comme on souffle une bougie. Il saisit sa massue sans égard pour la jeunesse de son adversaire alors que ses acolytes arboraient des sourires empreints de folie. Celui qui ressemblait à un singe allait frapper Roméo d'un moment à l'autre, c'est pourquoi Wakaba et Laki s'élancèrent à leur tour. Mais ils savaient qu'ils arriveraient trop tard car à peine eurent-ils le temps d'y penser qu'ils entendirent l'impact avant de le voir.

Mais ce qu'ils virent les laissât interdits. C'était Teebo et non Roméo qui venait de voler dans une parabole inversée parfaites, pour s'écraser lamentablement contre le mur qui surplombait le bar . Comme dans un rêve, Laki avait suivi sa trajectoire des yeux, tout comme Kinana qui l'avait regardé passer par dessus sa tête avec un air ébahi. Tout le monde se retourna, Laki comme les autres et elle du cligner plusieurs fois des yeux pour bien comprendre ce qu'elle voyait.

Les quatre équipiers de la nouvelle carpette de bar de Kinana se retournèrent en bloc, mais seulement pour recevoir le dû qu'ils étaient venus récupérer : L'un se fit emprisonner dans la glace, l'autre se prit une poutre d'acier en plein visage, le troisième se fit redresser les côtés à coup d'épée et le dernier fut purement et simplement aplati.

Mais ce qui restera le souvenir le plus bizarre de cette journée pour Roméo et Laki, fut la vision d'un sourire solaire orné de canines prépondérantes qu'ils connaissaient bien.

Un sourire qu'ils n'auraient jamais crus revoir. Un sourire communicatif et qui, oui. Un sourire qui leur avait tout de même, bigrement manqué.