Chapitre 1 : rencontre inattendu.

J'émerge de la simulation en hurlant. Ma lèvre inférieure me pique et j'ai du sang sur les doigts après l'avoir touchée je me suis mordu.

L'audacieuse qui supervise mon test d'aptitudes m'observe :

-tu étais conscient que ce n'était pas la réalité ?

Tous ses gestes sont étudié, calculés et maitrisé, je sais faire la différence entre quelque chose d'étudié et quelque chose de spontané. Et je ne me trompe jamais. Ma mère m'a appris à faire la différence.

Je me rends compte que mon cœur bat très vite, trop vite, il me fait presque mal. Mon père m'avait prévenu qu'on me poserait cette question et il m'a bien précisé ce que je devais répondre.

-non, dis-je. Si c'était le cas, je ne me serais pas mordu jusqu'au sang.

Elle hésite quelques instants puis déclare :

-félicitations ! Tu as obtenu altruiste.

J'approuve d'un hochement de tête, mais le mot « altruiste » me fait l'effet d'un étau m'entourant le cœur, et la douleur devient presque insupportable.

La superviseuse m'ouvre la porte et je sors. Une fois qu'elle l'a refermé je me laisse glisser le long du mur. Avant même d'arriver ce matin, je savais ce que je devais faire. J'ai fait exactement ce que mon père voulait que je fasse. Altruiste, altruiste… je me répète ça en boucle. J'aurais préféré toutes les autres factions, n'importe laquelle sauf altruiste.

-ça va ?

Je sursaute violement. Une jeune fille, qui sort de la salle de test d'à côté, se tient devant moi. C'est une audacieuse, ça se voit à ses vêtements noirs. Je l'observe attentivement, son blouson en cuir noir semble usé et le débardeur rouge qu'elle porte en dessous me semble très léger en pleine hiver. Ses long cheveux blond presque blancs son tressé et ses yeux bleus profonds m'engloutissent. Ils ont une couleur particulière. Une couleur que je n'avais jamais vu auparavant. Presque trop bleu pour être réel.

Je mets plusieurs minutes a réalisé ce qui ce passe. La jeune fille est accroupie devant moi et agite sa main devant mon visage, au début je ne parviens pas à comprendre ce qu'elle fait. Après un instant de réflexion, je réalise que je n'ai pas répondu à sa question et que j'ai dû la fixer un peu trop longtemps. Toujours incapable de dire quoi que ce soit, je finis par hocher la tête…Elle me sourit ?! Pourquoi es qu'elle sourit ?

-es que ça veut dire que tu vas bien ? demande-t-elle gaiment.

Elle sourit toujours et ce sourire me déconcerte, mais il est contagieux et je me retrouve bientôt à sourire comme un imbécile. Je finis par arriver à prononcer un « oui » étranglé, qui doit contredire mon propos. Elle se relève et me tend la main, je la saisie et son contact me fait l'effet d'un choc électrique, je lâche vivement sa main et détourne les yeux.

-ah les pète-sec…

Elle rit doucement.

Je me rends bien compte que ma réaction est ridicule, mais je ne peux me retenir de rougir violement.

Une autre personne (une fraternel) sort de la salle de test en face. Elle nous fixe visiblement interloquée, il est rare qu'une audacieuse adresse la parole à un altruiste, ou plus généralement que deux personnes de factions différentes se parlent.

-un problème ? Lance sèchement l'audacieuse à l'intention de l'autre jeune fille.

La fraternel secoue négativement la tête et s'en va. L'audacieuse m'attrape par le coude et m'emmène dans un autre couloir.

-où on va ? Dis-je en dégagent mon bras.

Ma voix est petite et faible. Je me sens totalement minable à côté d'elle, qui respire l'assurance.

-à l'infirmerie.

-inutile…je vais bien.

J'essaye d'être le plus convaincant possible, de mettre le plus de poids possible dans mes mots, mais ça ne doit pas beaucoup fonctionner.

-tu n'as pas vraiment la tête de quelqu'un qui vas bien…

Quelque chose vient de me frapper, une véritable inquiétude se lit sur son visage. Pas de cette inquiétude altruiste, feinte, que nous utilisons en tout et pour tout, mais une vrai inquiétude, alors qu'elle ne me connaît même pas ! En réfléchissant bien peut-être a-t-elle obtenu altruiste a son test. Ce qui expliquerait qu'elle soit venue me parler. Mais si c'était le cas, elle n'aurait pas envoyé promener la fraternelle. Je mets encore trop de temps à réfléchir et elle recommence a agité sa main devant moi. J'agite la tête, dans un espoir (désabuser) de ne plus trop réfléchir.

-tu n'as pas obtenu le résultat que tu voulais ?

Sa question tombe comme une enclume qui vient me barrait l'estomac. Je m'applique à répondre le plus calmement possible et de la manière la plus altruiste possible.

-c'est ce que veulent les membres de ma faction.

-il n'est pas question d'eux mais de toi, même si ça vas à l'encontre des principes altruiste.

Elle me regarde droit dans les yeux, croise les bras et se redresse. Je me rends compte que je me tiens vouté et je me redresse aussi. Je suis beaucoup plus grand qu'elle, elle m'arrive tout juste aux épaules pourtant ses rangers noires ont d'épaisses semelles. Mais même si elle est petite elle en impose surement plus que moi. Je remarque aussi qu'elle semble…attristée, par ma réponse. J'ignore si mes réponses au test auraient été différentes, si mon père ne m'avait pas coaché, s'il n'avait pas contrôlé toutes les étapes de mon test. Quelle faction aurais-je voulu ?

N'importe laquelle. Sauf altruiste.

-c'est aussi ce que je voulais, déclaré-je d'un ton ferme.

Je la salut d'un signe de tête et je lui tourne le dos pour partir, mais au moment où je vais tourner dans le couloir, elle me retient par la manche.

-tu devras vivre avec ton choix, me dit-elle. Quoi que tu décides, les autres s'en remettrons, ils passeront à autre chose. Pas toi, jamais.

Je dégage mon bras et la fixe droit dans les yeux. Au début elle semble surprise, puis je vois apparaitre une étincelle d'amusement dans ses yeux, et je fini par baissait les miens. Elle a un petit rire, avant d'ajouter :

-tu me plais bien ! Aller vient faut qu'on retourne à la cafet', avant qu'ils trouvent notre absence bizarre.

Je la suis dans les couloirs, sans un mot.