Newt ne se reconnaissait plus, il perdait la raison de jour en jour, un peu plus, jusqu'à être au bord de la folie. Il se savait faible face à sa maladie. Incapable de lutter, de garder la tête hors de l'eau, et cela malgré l'aide de sa sœur, cette seule et unique personne le comprenant sans même émettre un son, un seul geste. Il se sentait sale, horrible, difforme, inhumain. Un véritable monstre dépourvu de conscience propre. Plus rien ne comptait, le modne s'effritait autours de lui, s'envolant comme un amas de poussière sous la tempête. Il aurait voulu pleurer, montrer qu'il gardait des capacités et des sentiments humains. Le poids de son mal être l'écrasait, le plaquant au sol, la terre plein la bouche, agonisant dans une longue asphyxie.
Sonya le regardait, incapable.

-Calme toi, Newt.

Son frère tremblotait dans un coin de la pièce, les genoux collés à son torse, se courbant frénétiquement dans un mouvement rengainant de balancement avant puis arrière. Son attitude contrastait avec le temps extérieur de cet après-midi là. Depuis la fenêtre s'éclipsait la lumière en peignant le lieu de sa clarté d'été constant.
Les cheveux de la jeune fille reflétaient un blond doré et scintillant, sa peau montrait sa nature laiteuse bien qu'un peu coloré à force de rester au soleil pour le travail. Une mère absente depuis des années et un père indifférents composaient leur parents. Sans oublier la nouvelle belle-mère" tout à fait incapable d'apprécier le jeune blond qui perdait foi en lui. Ce denier était blond également, mais cette couleur se ternissait avec son moral. Pas tout à fait maigre, mais quand même bien loin de rattraper sa sœur bien en chair, on pouvait parier qu'au moindre choc un os se briserait.

-Il faut que tu te reprennes, d'accord?

Pire encore que sa maladie. Le remède mortel qu'on lui injectait lui embrumait l'esprit et ne restait lucide que peu de temps.

-Sonya...

Newt étouffa une plainte et cacha d'avantage son visage sous la large capuche de son poncho. Ne supportant plus son reflet dans un miroir, il se refusait d'imposer sa mine blafarde aux autres.

-Tu as dis que tu sortirais avec moi aujourd'hui. Je suis en congé, il faut en profiter! Vien!

Sincère et emplit de bonne volonté envers la seule personne qui constituait sa véritable famille, elle ne pouvait décidément pas le laisser tomber, le regarder mourir sans rien faire, alors elle le motivait, l'inviter à sortir dès que possible.

-La contagion...

-Newt. Il n'y a aucun soucis, il te suffit de ne toucher personne, et dans cette ville 90% des gens sont... Il n'y a aucun soucis. Donne moi la main.

Absolument pas convaincu, il tendit tout de même son bras et se laissa tirer en avant pour se redresser sur ses deux pieds, titubant quelques secondes. Sa tête tournait toujours lorsqu'il se relevait de cette position après avoir passé des journées entières dans ce coin sombre de leur chambre. Mais même au bout du rouleau il savait faire des efforts monumentales pour sa soeur ne faisant que penser à son bien. Aujourd'hui il devait faire un tour dans un petit espace boisé, rare survivant de l'explosion solaire, puis se rendre dans un petit café où les boissons proposées avaient un gout très sucré et une transparence incroyable. Et parfois il se poussait à l'extrême en engageant une conversation avec quelqu'un. Il s'était rendu compte au bout d'un moment que Sonya demandait à ses amis de venir l'aborder dans la rue, comme si l'envie leur en prenait brutalement, sans montrait leur lien avec la jeune femme. Alors il faisait tout les efforts du monde. Il mettait sa maladie au placard un lapse de temps et parvenait à rester lucide, à prononcer des phrases digne d'un jeune homme de son âge. Parfois il pouvait se passer des jours entiers avant qu'il ne reprenne conscience de son humanité, et dès qu'on lui injectait son remède il regagnait sa personnalité d'origine et parvenait avec brio à s'imposer aux gens en tenant des discours sereins et intellects.

Mais ce jour-ci ne convenait absolument pas, trop tôt avant la piqure, une bonne semaine trop tôt.

-J'ai... J'ai mal à la tête.

-Aucune excuse. Tu as dis que tu sortais avec moi les jours de congé. Une fois par semaine, c'est pas beaucoup. Force toi, ça ira mieux après!

-Je n'y arrive pas...

-Ne fais pas l'enfant!

Elle passa dans son dos et prit l'initiative de pousser son frère jusqu'à la porte d'entrée, devant celle-ci la femme de la maison leur intima de ne causer aucun soucis, comme s'ils représentaient une dangereuse menace pour la ville entière, bien qu'en un sens, Newt gardait en lui un virus mortel très contagieux. Ni une ni deux ils sortirent dehors et s'élancèrent tout de suite sous un parasol au milieu de la rue, au pied duquel un homme vendait des bricole probablement volé lors d'excursions en milieu étranger. Entre autre il y avait aussi bien du matériel de cuisine que des couteaux, des livres, DVD et quelques cartes postales, sans doute dans le but de raviver des souvenirs heureux dans un monde encore vivant et emplit de terre, d'herbe et d'eau fraîche. Tout le contraire du monde actuel.

Ils firent mine de s'intéresser aux objets avant de s'éloigner d'un pas rapide en direction d'un long tunnel mit en place pour éviter les brulures du soleil ardant et pouvoir ainsi sortir de sa maison et tenir des liens sociaux. La dessous, une fille aux yeux bleu perçants et à la tignasse brune et rebelle les fixèrent un moment. Elle paraissait en pleine possession de ses capacité cérébrales et pourtant elle flanqua à Newt une petite frayeur, peut être justement par ce qu'elle était tout le contraire de lui-même, soit, tout ce qu'il aimerait redevenir. Ils la dépassaient tout juste lorsqu'elle prit la parole.

-Vous n'auriez pas vus un gars de notre âge, brun, plusieurs grains de beauté au visage?

-Non, répondit poliment la blonde avec un grand sourire. Nous sortons tout juste de chez nous. Bon courage pour le retrouver.

Newt n'appréciant pas cette fille et encore moins leur dialogue, accéléra brutalement en tirant sa sœur par le poignet. Il ne fut pas mécontent de sortir de ce tunnel dans lequel il se sentait si mal, enfermé, en semi-obscurité. Son esprit divaguait et il lui arrivait des fois d'entendre des bruits ou voir des choses étranges dans les zones d'ombre de la structure, sous les poutres tenant les plaques opaques au dessus de leur tête. Sonya savait parfaitement que son frère menait une rude bataille pour garder son sang froid et rester conscient de ses actes, les perles de sueurs roulant le long de ses tempes n'avaient pas que la chaleur comme origine. Doucement, elle lui prit la main et passa un bras dans son dos pour l'entrainer dans ses pas vers une vieille camionnette rouillée et renversée depuis des lustres, là, sur ce parking désert où quelques herbes se frayaient un chemin.

-Tu as vus? La végétation revient peu à peu! C'est formidable, non?

Newt émit un grognement en guise de réponse. Sans se décourager, sa sœur continua à parler un peu de ses observation, sans obtenir un seul mot de la part du blond. Cependant, une chose l'intriguait, il s'agissait d'un garçon au loin, sur le bord du petit étang autours duquel des arbres grandissaient, des arbres de plus en plus grands à mesure que l'on s'éloignait du point d'eau, sur une petite cinquantaine de mètres. La silhouette de l'individu lui sembla inconnue, alors elle pensa immédiatement à celui que rechercher la personne dans le tunnel. Ce garçon ayant l'air seul et perdu lui rappela un peu son frère avant que la maladie ne se déclare. Elle cru instant ne plus etre seule, que cette fille aussi gardait un œil sur son frère malade, en proie à la dépression et convulsé d'impressions morbides. Ce qui l'effrayait le plus était les fois où Newt disait sentir des cafards grouiller dans sa tête, croquant des morceaux de cervelles et grattant contre sa paroi osseuse. Dans un élan de sympathie Sonya, après avoir laissé son frère faire son tour habituel de l'eau, arrivait à la hauteur du garçon et posa une main sur son épaule, le faisant sursauter.

-Excuse moi! Je ne voulais pas te surprendre.

Le jeune homme correspondait en effet à la description, des grains de beauté sur son visage, les cheveux brun courts et hérissé. Il plongea son regard noisette dans celui de la jeune femme.

-Y'a pas de mal. Je ne m'attendais pas à... enfin... Ah! -il remarquait tout juste l'autre adolescent marchant à l'opposé d'un pas brusque et les mains sur son visage. Je n'avais même pas remarqué que vous étiez deux... Je dois être sacrément fatigué...

Sonya fut soulagée de voir l'innocence de l'interpellé mais garda une pointe de tristesse en réalisant que Newt restait seul dans la maladie. Un compagnon de route lui aurait peut être fait plaisir...

-C'est mon frère, commença la blonde en s'asseyant à côté de la place que l'autre occupait fraichement.

-Il marche pas un peu trop au bord, là? Pourquoi il se cache?

En posant cette question, il remarqua qu'en plus de son attitude étrange, le garçon parlait tout seul, pas trés fort, mais on l'entendait quand même. Son interrogation trouva tout de suite une réponse cohérente.

-Il est malade, précisa cependant Sonya. Il fait ça souvent, ça le calme et il revient me voir. Tu t'appelles comment?

-Thomas. Edison. Et vous?

-Ce ne sont pas vraiment des nom, mais disons que moi c'est Sonya et lui Newton.

-D'accord. Alors... Alors il est malade..., reprit tristement cet inconnu. Pourtant il à l'air bien... Tu dois beaucoup t'occuper de lui.

-Je dois, sinon personne ne le ferait. Il n'est pas méchant, parfois il pique des colères, il n'apprécie pas les étrangers et passe ses journées roulé en boule dans un coin... de notre chambre...

En prononçant ses mots, elle se rendit compte à quel point en parler la soulageait, mais aussi la nonchalance avec laquelle elle racontait ces moments privés et dont son frère avait honte. Il fallait qu'elle se reprenne et prouve à quel point il gardait son humanité!

-Il écoute tout ce qu'on lui dit, il réfléchit beaucoup et il cherche toujours à faire de son mieux pour ne pas être un poids pour moi...

Peu importait comment elle retournait le sujet, son frère était malade, incurable, son état se dégradait et il ne soignerait jamais malgré les centaines de milliers de kilos d'efforts qu'il pouvait bien fournir. Et ils en souffraient tout les deux en silence.

-Je trouve qu'il s'en sort trés bien.

Sonya tourna la tête vers ce gars qui venait d'encourager le malade sans même le connaitre, interloquée par un tel avis -que personne n'avait jamais donné au sujet de son frère. Oui. Il s'en sortait bien. Avec brio. Vraiment.

-Il se soigne tu dis?

-Oui... Il... On a trouvé qu'une seule solution pour le moment, il s'agit du "remède mortel"...

-C'est une drogue, pas un remède!

-Oui, je le sais bien! Mais il n'y a rien d'autre et je ne peux pas supporter de voir mon frère disparaitre comme ça...! Je sais que c'est horrible...!

La jeune blonde laissa ses larmes couler sans même la volonté de les retenir, et Thomas restait impuissant face à cela. Soudain il sentit une pression sur son front, qui s'accentua en compagnie de picotement à la base de ses cheveux. Sans l'apercevoir ni le sentir, Newt venait d'apparaitre et se tenait droit face à lui, une main crispée maintenant la pression sur la tête brune. Sonya lui somma d'arrêter, en vain, tandis que Thomas lui demandait de ne pas le toucher, de rester calme.

-Tu as fais pleurer ma sœur, tocard! Pleure toi aussi.

-Ce n'est pas l'envie qui m'en manque...

Newt ne sentait aucune hostilité émaner de Thomas, pour autant son instinct lui disait de le craindre, de le frapper tout de suite, lui fermer son claquet une bonne fois pour toute, qu'il n'approche plus jamais sa sœur ni lui, ni qui que ce soit. S'il desserrait sa prise dans sa chevelure, là, tout de suite, cet enfoiré en profiterait pour se lever d'un bond et courir raconter à tout le monde l'état inconcevable de ce débile rodant auprès de l'eau, un des rare point d'eau. Peut être qu'il y rôdait pour la faire disparaitre, bruler les arbre, assécher l'eau, renverser du poison dedans?!

-Newt!

La voix de sa sœur le ramena à la raison. Alors il desserra sa prise jusqu'à enlever délicatement sa poigne, les mèches de cheveux glissant entre ses doigts. Sa main s'éloigna petit peu par petit peu. Si doucement qu'une pulsion de folie eut le temps de s'infiltrer et sans crier gare il lui donna un grand coup de point au visage, faisant basculer en arrière ce gars qui avait eu le malheur de croiser son chemin.

-Thomas! Tout va bien?! Newt, excuse toi tout de suite!

Quelques secondes passèrent avant que Thomas ne puisse passer outre la douleur dans son nez et que le blond ne s'accroupisse à leur pieds, la tête baissée et tirant ses cheveux avec force. Sonya aidait l'autre à se rassoir.

-Pardon, murmurait le malade. Pardon.

-Il a un sacré sang chaud ton frangin!

-Il ne voulait pas, je t'assure, c'est la...

-Je sais, rigola tout d'abord le brun, il ne contrôle pas tout, c'est normal. Je ne lui en tient pas rigueur... Tu aurais un mouchoir?

Sonya lui tendit un morceau de tissu dont il pu se servir pour colmater sa narine de laquelle s'échappait du sang. Sans un mot de plus, Newt rampa et enserra la taille de sa sœur pour y pleurer en silence, tel un enfant.

-Ca fait combien de temps qu'il prend ce remède?

-Presque deux ans. Quelque chose comme ça...

Newt arrêta de sangloter lorsque sa sœur se mit à lui caresser le crâne d'un mouvement se voulant rassurant.

-J'ai rarement vus quelqu'un résister aussi longtemps... Tu sais que l'on raconte que certaine personne sont immunisée, mais pas assez, et le remède leur permettrait de tenir un trés long moment? Il parait que certain ont même guérit.

-C'est impossible! Ce foutu truc créé une dépendance! Ils sont juste complètement stone à longueur de journée, ce ne sont plus des... des...

Elle refusa de terminer cette phrase allant obligatoirement à l'encontre de son frère.

-Tu sais, je viens d'assez loin, et pour des raisons particulières j'ai certaines connaissances en médecine. Je peux peut être faire quelque chose pour lui.

Sonya se leva d'un coup, surprenant Newt qui l'avait déjà lâché et rabattait son regard sur Thomas. Il avait tout entendu de la conversation, et tout comprit.

-Tu pourrais aider ma sœur? demanda t il avant même que celle-ci n'explique la raison de sa révolte.

-C'est toi que j'aimerais aider.

-Tu es ignoble, Thomas. Tu lui fais croire à des chimères! On rentre Newt, tout de suite.

Elle saisit son bras et le troisième se retrouva rapidement seul sur ce bord d'étang.