Edit (03/07/19): J'ai un peu changé ce chapitre en rajoutant des moments !


Holà !

Voici ma toute première fanfiction que je poste ! Waouh, incroyable. M'enfin, que dire? Déjà dans ce premier chapitre, on aborde un thème un peu sombre: la mort et notamment, l'envie de mourir du protagoniste. Alors, si vous ne vous sentez pas de lire cela, ne vous forcez pas. Je fais ça pour le plaisir alors je souhaite juste que vous preniez du plaisir à la lire ! Oui, en parlant de rate, pour l'instant, il est T mais je pense qu'il va vite changer.

Passons à la dernière chose à dire:

Disclaimer: One Piece ne m'appartient malheureusement pas (je peux vous assurer que certaines scènes auraient fini autrement) mais Anabelle et tous les personnages que j'ai crée sont les miens !

Pairing: forte probabilité de OC/Shanks mais pas 100% sûre.

Rate: T (Anabelle jure comme un charretier (pas dans les deux premiers chapitres), préparez vous !)

Bonne lecture !


La mort.

Voilà un concept avec lequel elle était familière. On ne commence pas à raconter une histoire par la mort, ça n'avait pas de sens. On commence par la naissance, la vie. La mort, c'est la fin; pas le début. Pourtant...

Je vais mourir…

Cette pensée ne faisait que se confirmer à mesure que le temps passait. Désespérée et accablée, elle regarda le ciel s'éclaircir, prendre des nuances rose pâle puis bleu.

Cher journal,

Jour quatre en mer: je vais mourir. Prévisible parce que je ne suis pas une navigatrice.

Sincèrement, une fille qui n'attend que de mourir.

Comment finissait-on un journal ? On lui disait au revoir ? On ne disait rien ? Elle n'avait strictement aucune idée, elle n'avait jamais tenu un journal, intime qui plus est, de sa vie. Et puis pourquoi se posait-elle cette question ? Ce n'était pas comme si elle avait un journal non plus.

Pour être honnête, elle n'avait rien sous la main. Un sac ? Elle l'avait perdu dans une tempête durant son deuxième jour. Sa tête ? Elle l'avait probablement perdu depuis un moment. Les rames ? Elle les avait lancées à l'eau sous le coup de la colère. Et une fois que la colère l'avait quitté, elle s'était retrouvée... vide. Elle n'avait plus aucune force, juste un mal de crâne incessant.

Au final, elle était juste terriblement fatiguée. Elle allait mourir après tout.

Elle passa une langue pâteuse sur ses lèvres craquelées et grimaça quand le goût cuivré du sang accueillit ses papilles. Allongée sur sa barque, elle n'avait plus la force de se relever après avoir passé trois jours à pagayer. Les rayons du soleil étaient forts au zénith, et Anabelle ne doutait pas qu'elle allait mourir d'une combustion spontanée dans les prochaines minutes.

Pourquoi la mer est aussi trouble ? Elle plissa des yeux et c'est quand elle se passa une main sur son visage qu'elle comprit. Sa main était trouble...

Tiens ? C'est nouveau ça. Le problème résidait dans ses yeux. Sa vision se troublait. Un pas de plus vers la mort.

Elle était seule, affamée, déshydratée et perdue en mer après tout. La mort l'attendait au tournant maintenant.

Maman… Pourquoi m'avoir forcé à partir ?

Elle voulait mourir.

A quoi bon vivre si elle ne savait pas pourquoi elle le devait. A quoi bon vivre quand on avait tout perdu ? A quoi bon vivre quand on n'avait aucune raison ? Pourquoi lui refusait son droit le plus fondamental ? C'était sa vie ! Elle avait droit de la gâcher comme elle le voulait.

J'aurais dû rester, mourir avec les autres.

C'était une belle journée pour mourir: le ciel était bleu, pas un nuage à l'horizon nota-t'elle faiblement, la journée s'annonçait chaude, comme elle les aimait, et la mer était calme. Elle s'endormirait dans peu de temps et avec un peu de chance, elle mourrait dans son sommeil. C'était la meilleure façon de partir qu'elle pouvait avoir. Mais si elle avait pu choisir comment mourir, elle aurait préféré autrement. Une mort indolore et calme, s'endormir pour ne jamais se réveiller, dans son lit, une fois qu'elle aurait atteint les 90 ans, lui semblait être une meilleure alternative que cette atroce faim qui lui rongeait le ventre et la suivrait dans sa mort probablement.

Elle avait mal. Elle était fatiguée. Et elle le méritait. (Sa faute, lui murmurait une petite voix au fond de sa tête.)

Elle avait perdu une part d'elle quand on lui avait arrachée son île. Elle ne ressentait rien, rien d'autre qu'une simple pitié pour sa situation. Elle ne redoutait pas sa mort prochaine. La mort, elle la connaissait déjà, elle savait ce que cela faisait et elle était presque... contente de la revoir.

Elle allait mettre fin à son calvaire.

Survis, Anabelle, survis. Elle entendait encore la voix de sa mère, comme un murmure dans le creux de son oreille.

Elle était si jeune, pas plus vieille que seize ans, et si fatiguée de vivre.

Je suis désolée Mae. Elle ferma les yeux. Je te reverrais bientôt.


"Ah !" s'exclama un jeune roux, s'attirant quelques regards interloqués. "Va me chercher la longue vue, il y a quelque chose sur l'eau." D'un coup de coude il réveilla son camarade qui jusqu'alors comatait tranquillement contre la rambarde à ses côtés. C'était qu'il ne se passait pas grand-chose sur le bateau ses derniers temps. Étonnant d'ailleurs, parce que leur capitaine complotait toujours quelque chose pour 'vivre l'aventure'.

"C'est peut-être un trésor." Ajouta-t'il après une seconde de réflexion, qui eut l'effet souhaité sur le garçon au nez rouge.

"Hein ?! Trésor ?" Il se redressa et partit dans un déluge de mots et de cris d'excitation pour revenir à peine une minute plus tard.

"Où ça ?" Il regarda de droite à gauche plusieurs fois avant de se focaliser sur un point. "Oh ! Je le vois !" Il plissa un peu des yeux. "C'est …. une barque !"

Les deux garçons se regardèrent le sourire jusqu'aux oreilles et puis-

"Cap'tain !"


Elle était née une nuit de pleine lune d'une mère aux cheveux écarlates et d'un père aux cheveux bruns. Ils s'appelaient Izabelle Lépicier et Chomei Izu, elle s'appelait Anabelle et elle était le fruit d'un amour désapprouvé entre une native et un rescapé.

Mais, elle se souvenait encore d'un sourire chaleureux et d'une douce voix baritone qui n'appartenaient à aucuns des deux. Il lui fallut six ans pour comprendre cela. Six longues années et une expérience de mort imminente -incluant une grosse vague, un rocher et sa tempe droite- pour comprendre qu'elle n'avait pas été qu'Anabelle mais aussi Marion. Elle avait eu une sœur et un frère, deux parents aimants, un adorable chien (qui ressemblait un peu à un rat). Son cœur se serrait toujours un peu à leurs évocations, une part d'elle, celle qui était toujours Marion, n'avait pas encore fait son deuil.

Mais le plus important : elle était morte à 26 ans en tombant sur un rocher. (Saloperie de rocher.)

Réincarnation.

Elle aurait pu se croire dans un livre (après tout, c'était typiquement un scénario de fanfiction de Naruto) mais c'était exactement ce qu'il s'était passé. Elle était morte et puis elle s'était réveillée dans le corps d'un enfant dans un monde qu'elle ne connaissait pas. Un monde terriblement nouveau. Il lui fallut un long moment et plusieurs crises de panique avant qu'elle ne se remette de ses souvenirs, une des nombreuses choses que ses parents attribuèrent à sa presque mort. Elle était hantée par des images qui n'avaient plus aucun sens pour cette réalité.

Était-elle réellement morte ? N'était-ce pas là un simple rêve, une simple hallucination due à son coma ? (Elle avait dû tomber dans le coma après que son crâne ait rencontré le rocher.)

Elle avait très vite abandonné cette hypothèse. La caresse de la corde sous ses mains, la douleur lors de sa rencontre avec le sol, l'odeur et le goût de la tarte à la mélasse de Chomei Izu; c'était bien trop réel, tangible pour que son cerveau l'ait inventé.

Toshi, l'île sur laquelle elle vivait (parce que c'était une île et non plus un continent), était sans aucun doute, la plus belle île qu'elle n'ait jamais vu. Elle était florissante de végétation, de baies, de fleurs multicolores. Elle était en grande partie recouverte de grands arbres ( ils devaient mesurer facilement trente mètre chacun !), recouvrant les deux-tiers de l'espace. Et, au lieu de les détruire, les natifs avaient construit leurs habitations pour qu'elles soient en harmonie avec la nature.

Sur l'île, on vivait dans les arbres et seulement à l'est, l'ouest étant réservé pour la faune environnante. Les maisons, faites principalement de bois, étaient connectées entre elles par un système de ponts suspendus et de poulies et convergeaient vers les quartiers nobles, au centre, suivant de grandes lignes droites. Un peu comme une toile d'araignée ou comme le dessin du soleil fait par un enfant.

Toshi était localisé quelque part dans la Calm Belt, plus proche de West Blue que du centre de Calm Belt, (quelque part au fond d'elle, une alarme s'était déclenchée mais elle n'avait pas eu le temps pour une rétrospection) et ils, les natifs et elle, étaient nommés les Toshinois, facilement reconnaissable par leurs particularités: des cheveux rouges, comme le sang frais, qui contrastait particulièrement bien avec la couleur café de leur peau et leurs yeux vairons.

Tout le monde avait ces particularités; son grand-père les avait, sa mère les avait alors pourquoi diable elle ne les avait pas? Pour ça , elle ne pouvait s'en prendre qu'à son père, dont elle avait malheureusement hérité de ses cheveux aubruns et d'un ton de peau plus café au lait que café.

Elle, qui avait toujours voulu avoir les cheveux rouges, pouvait aller se faire voir, il semblerait.

Se souvenir de sa vie passée avait eu d'autres conséquences. Déjà, elle avait mûrit à vitesse grand V. (Encore une chose que ses parents attribuèrent à sa presque mort). En effet, la maturité vient avec l'expérience et l'âge (généralement…). Alors après avoir été responsable pendant les douze dernières années de sa vie antérieure, comment ne pouvait-elle pas l'être ici ? Elle ne le pouvait pas, tout simplement. Elle s'était donc assagie, calmée, elle s'était affirmée aussi, elle était devenue l'enfant le plus intelligent de son village.

En soit, elle avait changé. Et les enfants gèrent mal le changement.

Étant initialement une paria aux yeux de son village; elle était une sang mêlé, son père était de sang étranger et on acceptait mal cela; elle s'était vite retrouvée un peu plus isolé. Et son problème de mémoire n'avait pas aidé. Malgré tout, cet isolement imposé n'était pas quelque chose de particulièrement visible: elle était l'enfant d'une native et une Lépicier. Elle était une noble ici et Mérilna seule savait comment sa famille allait réagir s'il voyait ce type de comportement à son égard. Mais il suffisait de savoir où regarder pour s'en rendre compte: les enfants l'incluaient de moins en moins dans leurs jeux, certains citoyens la regardaient froidement, certaines mères n'osaient pas la regarder dans les yeux. Ils avaient peur du sang d'étranger qui coulait dans ses veines.

Et elle ne pouvait s'en prendre qu'à son père pour cela.

Mais cela ne la dérangeait pas. Elle ne voulait pas jouer à 'Attrape-moi si tu peux' avec eux, elle n'avait pas besoin de se faire percer les tympans avec leurs cris joyeux et voir à quel point leurs stupides faces pouvaient encore plus se déformer à cause de leurs stupides sourires et-

Qui essayait-elle de convaincre ? Elle était incroyablement seule. Mais vers qui se tourner ? Ses parents ? Quelle blague; son père était la raison pour laquelle elle était exclue. Une part d'elle voulait s'en prendre à lui, c'était sa faute, non ?, mais l'autre part, la part raisonnable et compréhensive promptement surnommée Marion, savait qu'elle ne pouvait pas lui en vouloir. Ce n'était pas sa faute: il n'avait pas demandé à tomber de son navire, ni s'échouer sur Toshi et encore moins à tomber amoureux de sa mère. Sa mère, quant à elle, était trop occupée avec ses obligations en tant que main armée du Perze, leur suzerain, pour prendre le temps de s'occuper des peines de cœur d'une enfant.

Elle avait bien essayé de s'occuper au travers des livres. Cela durait un certain temps, mais une fois qu'elle avait fini, elle n'avait rien d'autre à faire. Les humains étaient des êtres sociables, ils leurs fallaient rencontrer, échanger avec d'autres personnes pour évoluer. Et comme tout être humain, elle avait besoin d'échanger avec des gens. Mais quand ils vous évitent, que peut-on faire ?

Je suis juste tellement seule.


Ce problème se retrouva résolu la semaine suivante avec l'arrivée renversante (littéralement) de Nam-Sah, une enfant de trois ans sa cadette qui ne comprenait pas le sens des mots 'non' et 'laisse-moi tranquille', ainsi que de son sourire rayonnant.

Et depuis ce jour, son monde jusque-là terne, se tacheta de couleur.


"Tu vas au festival avec Nam-Sah, ce soir ?" lui demanda Izabelle, alors qu'elle finissait de lui dessiner des kahlishs, les symboles protecteurs de l'odalisque Merilna, sur le dos.

L'une des coutumes de son peuple était qu'à chaque solstice lunaire (il y en avait quatorze car il y avait étrangement sept lunes dans ce monde), on fêtait la lune et son odalisque en dansant autour d'un grand feu et en portant ses symboles.

"Oui, sinon elle va encore me faire une crise. Déjà que la dernière fois, elle l'avait mal pris... J'aimerais éviter une répétition de cette scène. ". Anabelle prit le temps de s'observer dans le miroir, tournant sur elle-même pour admirer la fluidité de sa jupe. Izabelle fredonna légèrement en réponse. Mon corps commence à changer, nota-t'elle distraitement. Elle avait treize ans après tout, elle avait atteint l'âge bête, comme aimait souligner son père.

"Ne dis pas ça comme si ça te dérangeait, on sait tous que tu aimes ça." Anabelle fit la moue avant de se retourner vers son père, appuyé contre le cadre de la porte. Il avait l'œil rieur, un sourire moqueur aux lèvres avant de s'adoucir. "L'encre blanche te va à ravir."

Le feu aux joues, Anabelle lui adressa un regard farouche avant de partir la tête haute sous les rires de son père.

"Chomei…Tu sais très bien qu'elle ne supporte pas les compliments." Soupira sa mère mais un retroussement de lèvre dénonçait son amusement.

"Elle tient ça de toi, ma biche." Anabelle resta planquée derrière la porte. Ses parents n'étaient pas du style à déclarer leur affection en publique et elle était curieuse de savoir où cela allait mener.

"Ma biche ? Je suis une biche à tes yeux ?" C'était une question piège, même elle savait cela. Quand sa mère utilisait un ton doucereux, ce n'était jamais bon.

"Non, non. Pas du tout." Elle s'imaginait Chomei à ce moment, les yeux marrons légèrement écarquillés, la posture droite comme un i et les mains qu'il secouait dans tous les sens. Elle ravala un gloussement. "Tu es un terrible monstre marin. Enfin, je veux dire. Un monstre marin, certes, mais terriblement sexy." Anabelle était embarrassée alors que ce n'était pas elle qui passait pour un idiot. Tu t'enfonces... "Ou bien alors," Son voix baissa d'un octave "une tigresse."

Oh. Mérilna. Non. Anabelle se boucha immédiatement les oreilles.

Ew, ew, ew. Elle n'avait pas besoin de savoir ça. Plus jamais elle ferait ça.

Le rire cristallin de sa mère fut la dernière chose qu'elle entendit avant de sortir de leur petite hutte, placée à l'écart de la civilisation, pour rejoindre la jeune rousse qui l'attendait probablement déjà.

Trouver Nam-Sah fut aisée; bien qu'elle était petite, elle portait toujours les habits les plus colorés qu'elle pouvait trouver et puis sa tignasse de cheveux qui était plus rose que rouge avait tendance à se démarquer du lot.

Assise sur un rocher, la petite lui faisait de grand signe. Comme prévu, elle portait une top vert pâle et jaune avec une jupe dans les mêmes tons, des kahlish vertes foncées sur la peau, et tellement de bijoux qu'elle s'étonnait que son cou ne se brise pas sous leurs poids.

A première vue, Nam-Sah ne payait pas de mine. C'était une enfant, elle avait dix ans, elle était enfantine et têtue. Elle était la fille d'une des couturières du village. Elle avait deux dents de travers, un sourire asymétrique, des yeux marron et vert, des cheveux bouclés rouge pâle (voire rose pâle), un maniérisme particulier : elle s'exprimait avec de grands gestes et une étrange obsession pour les animaux mignons. Elle était plutôt insouciante et bruyante, aimait se démarquer et les bijoux.

C'était ce que l'on pouvait dire d'elle au premier abord. Elle était bien plus que cela.

Si Anabelle devait décrire sa cadette en un mot, elle dirait solaire. Elle semblait toujours heureuse, elle était pétillante et ouverte, chaleureuse et amicale. Elle était rayonnante de vie et elle en faisait profiter les autres. Elle avait toujours une opinion sur tout, que cela soit sur une simple couleur ou sur leur mythologie. Elle savait chanter, elle savait faire rire, elle était parfaite. Elle avait ses défauts et ses peurs mais… Elle avait ce don d'adoucir même les âmes les plus rancies par la vie.

A côté, Anabelle faisait pâle figure. Elle était plus froide, plus terre à terre, et plus mature, et plus calme. Elle était plus la rabat joie que la comique de service. Il était vrai qu'elle partageait ses centres d'intérêts sans intérêt comme les animaux mignons ou les marquages à l'encre indélébile sur la peau ou qu'elles partaient à « l'aventure » ensemble (qui pourrait qualifier l'exploration de leur île comme aventure quand il n'y avait pas de grand danger à proprement parler ?) mais, elle n'arriverait jamais à la cheville de la personne qu'était Nam-Sah.

« Enfiiin, ça fait une éternité que je t'attends ! » maugréa l'enfant quand elle arriva à sa hauteur.

Au moins. Anabelle souleva un sourcil.

« Nam, tu es encore essoufflée. »

Elle écarquilla des yeux, essayant de prendre une tête d'innocente, puis « Bien vu. » elle laissa échapper un petit rire abandonnant toute tentative de supercherie.

« Franchement, tu es une terrible actrice. » Elle esquissa un petit sourire devant la mine qu'elle affichait. Ses yeux brillaient d'une lueur espiègle. Oh oh, je suis dans le pétrin.

« Mieux vaut être une mauvaise actrice qu'une mauvaise cuisinière, non ? »

Bam dans ta face, Ana. « C'est arrivée qu'une seule fois ! Je suis une excellente cuisinière, tu le sais très bien. » Elle gonfla ses joues cramoisies, la faisant ressembler plus à un crapaud qu'autre chose. « Tu vas jamais me le faire oublier, hein ? »

Un grand sourire et- « Jamais. » la confirmation qu'elle attendait.

Nam-Sah regarda le ciel, lui saisit le bras et détala. « Allez, on va être en retard sinon ! »

Anabelle se retint de faire remarquer que le festival ne commencerait qu'à la nuit tombée et qu'il faisait encore jour. Non, elle préféra juste profiter.

"Faut qu'on aille chercher maman."

Anabelle grogna en réponse.

Elles arrivèrent au quartier marchand en un temps record. Un joli petit coin pour ceux qui savent apprécier l'esthétique minimaliste et épuré. Les arbres y étaient plus élevés alors on avait voté pour le système des puits de lumière à intervalle régulier la journée et des lanternes à poisson luisant la nuit. Ici, les maisons étaient réparties sous forme de plateau avec comme seule règle : trois maisons pour un arbre.

Bien entendu, Nam-Sah vivait au dernier plateau. Pour s'y rendre, il y avait le choix entre les escaliers et le monte-charge, une chose bien plus dangereuse puisque ce n'était qu'une corde tournant en continue à laquelle on y avait accroché des planches. Mais tout ce qui était dangereux était fun dans le registre de son amie. Une chose qu'Anabelle ne comprendrait probablement jamais.

"Si tu tombes, je n'essayerais même pas de te rattraper." Je ne laisserais rien t'arriver Nam.

"Je ne tomberais, stupide, c'est toi la maladroite." Occupe-toi de toi, je peux me protéger. Nam-Sah eut un petit sourire en coin, elles sautèrent sur la première planche qui apparut.

Anabelle renifla. "Dit la fille qui trébuche sur de l'air."

Nam-Sah jeta sa tête en arrière et échappa un long grognement plaintif. "C'était qu'une seule fois." Elle l'a regarda du coin de l'œil. "Tu ne vas pas me le faire oublier ?"

Anabelle sourit-"Jamais." -et prit soin de l'imiter.

"Et maintenant, tu m'imites. On dirait bien que je t'ai corrompue." Elle haussa ses sourcils suggestivement.

"Mon dieu, tu emplois des mots compliqués. On dirait bien que je t'ai corrompue." Anabelle tira sa langue en retour.

Nam-Sah marmonna quelque chose comme 'Tu copies mes phrases, tu n'as aucune originalité.' à laquelle Anabelle répondit par une pichenette sur le nez.

Elles sautèrent sur le dernier plateau et empruntèrent trois ponts avant de finalement atteindre la hutte de sa famille.

"M'man ! On est venues te chercher." Leur maison était un fouillis organisé: c'était le bordel mais les deux habitants savaient où se trouvait chaque chose.

Des pans de tissu et des branches d'arbres tombaient du plafond, des dessins étaient collées aux parois, des livres et des plantes se bataillaient le bureau. A sa droite, elle pouvait observer un four et une marmite dont le contenu bouillait et répandait une odeur déplaisante dans la maison. Ah, Aléria fait d'autres expériences culinaires. La jeune femme – grande, chignon désordonné, sourcils froncés par la concentration - était justement assise sur un canapé, penchée sur son travail, des mèches rouges cerises lui tombant dans les yeux.

A leurs arrivées, elle releva la tête et leur sourit chaudement. Anabelle sentit une certaine chaleur se répandre dans son ventre. Elle aimait bien Aléria, elle était douce et gentille et elle aimait naïvement de tout son cœur.

« Je vois que mes braves protectrices sont arrivées. » Nam-Sah piailla de joie avant de se précipiter vers sa mère qui l'engouffra dans ses bras avec un rire léger. Anabelle resta figée dans l'embrasure de la porte; son souffle, coincée dans sa gorge.

Un rayon de soleil se réfléchissait justement sur un miroir et engouffra les deux personnes dans un halo dorée, faisant étinceler les yeux d'Aléria qui regardait sa fille avec un tel amour qu'Anabelle avait l'impression qu'elle détruirait ce moment si elle respirait ne serait-ce qu'un peu trop fort. C'était digne d'un tableau.

Elle serra des poings. Peu importe à quel point elle essayait de le refouler, un pincement de jalousie lui étreignit le cœur. Ce n'était pas qu'elle n'était pas aimée chez elle mais… sa famille n'était pas la plus grande fan des démonstrations d'amour. Et peut-être que c'était enfantin mais Anabelle aurait voulu connaitre des câlins tellement chaleureux qu'elle en fonderait. Nam-Sah ne méritait que ça et Anabelle était une personne horrible pour penser autrement.

Aléria leva ses yeux vers elle, un doux sourire aux lèvres, les yeux doux et chaleureux et- Anabelle retint sa respiration- elle écarta ses bras en une invitation silencieuse. Elle crut son cœur exploser.

Elle avait le choix, Aléria lui laissa le choix. Anabelle savait que si elle s'approchait alors, ces deux personnes deviendraient une part de sa famille et elle ferait tout pour eux. Elle regarda dans ses yeux noir et dorée pour y trouver sa réponse et-

Elle s'avança.


Elle ne savait pas quand Marion avait finalement considérer Izabelle Lépicier comme sa mère mais quand elle la vit endormie sur un tas de feuille sur la table de la cuisine (les dessins qu'elle lui avait fait durant la journée, une douce chaleur se rependit dans sa poitrine), un halo de feu autour de sa tête, elle se rendit compte que cela n'avait que peu d'importance, elle était juste contente de ne plus être déchirée en deux à l'évocation de ce mot. Sa mère...

Elle aimait sincèrement et profondément sa mère.

Malheureusement, son père n'avait pas encore le droit au même traitement de faveur. Marion était une fille à papa après tout.


"Anabelle, mon ange, sais-tu pourquoi j'ai choisi de garder le nom des Lépicier ?" Avait demandé Izabelle à sa fille.

Anabelle était face à une tombe sur la falaise, le visage en larme et les lèvres tremblotantes. Ses sanglots n'étaient pas beaux à voir, elle hoquetait et reniflait, ses yeux, gonflés et fatigués.

Elle secoua la tête.

"Parce que les Lépicier sont forts, ce sont des survivants." Avait-elle dit en caressant les cheveux de sa fille. "Parce que nous endurons."

Anabelle continuait de pleurer face à la pierre tombale. C'était une pierre toute simple, grise, ne comportant qu'un nom et un prénom : Chomei Izu.

"Tes ancêtres sont forts, ton arrière-grand-père était très fort: un héros." Izabelle murmurait à l'oreille de sa fille, l'engouffrant dans un câlin bien nécessaire. Elle continuait de passer ses longs doigts dans ses cheveux, domptant avec soin la tignasse bouclée de la jeune. "Et nous devons l'être aussi."

Anabelle était encore trop nouvelle dans ce monde pour comprendre la vraie profondeur de ses paroles. "Pourquoi ?"

"Sèches tes larmes mon cœur." Soupira-t'elle. "Elles ne sont d'aucunes utilités pour ce monde." Une pause. Des doigts lui essuyaient ses joues. " Nous devons être fort comme nos ancêtres pour survivre. Un grand changement arrive et il va bouleverse le monde."

Les yeux toujours larmoyants, Anabelle regardait sa mère. Elle était d'une beauté éthérée, de jolies boucles rouges, des yeux bleus vairons tristes mais sans larmes, un visage fin mais strict, une expression déterminée. Sa mère ne pleurait pas la mort de son mari et beaucoup l'aurait critiquée pour cela. Mais Izabelle était une femme forte, une combattante qui avait reçu l'enseignement de la Confrérie des Arts Mortels, elle ne pleurait pas.

Sa fille, à l'inverse, ne voyait aucun défaut en elle. Après tout, sa mère est la plus belle des femmes.

"Maintenant Anabelle, qui choisis-tu d'être ? Une Lépicier ou une Izu ?" Avait finalement demandé Izabelle agenouillée face à elle, lui cachant la tombe de son père.

Peut-être, qu'il fut un temps, il y avait eu un autre homme qu'elle avait nommé Papa mais c'était dans une autre vie et il était son père et elle l'aimait. Le passé n'avait plus sa place ici.

Anabelle planta son regard dans les yeux de sa mère, cherchant sa réponse. Elle l'a trouva, gravant à jamais sa destinée.


Douleur.

C'était tout ce qu'elle était capable de penser quand elle revint à elle. Sa tête pulsait comme un cœur alors qu'elle se recroquevillait sur elle-même. Ses pensées étaient éparpillées aux quatre coins de son crâne et elle avait bien du mal à les regrouper. Elle avait faim et c'était bien la seule putain de chose dont elle était sûre.

Cela lui prit un certain temps mais Anabelle se rendit compte que ses yeux étaient toujours fermés et elle ne savait même pas si elle voulait les rouvrir. Bien qu'étrangement isolée, les ténèbres qui l'entouraient avaient le bon goût d'être calmantes, rassurantes, presque familière. Mais si elle voulait mettre les choses au clair, elle devait voir où elle était.

Elle inspira profondément, l'odeur de la mer et du bois étaient omniprésente, un bateau? et ouvrit ses yeux sur un plafond de bois.

Quoi ?

Étrangement, elle s'attendait à voir le ciel, à se trouver sur une barque parce que quatre jours avant-

"Alors comment t'sens tu ?"

Elle sursauta et se tourna vers la voix inconnue pour découvrir un homme -petit, blond, le sourire timide, les yeux fuyants- qui serrait entre ses mains, une boule?

"O-où suis-je ?" Sa voix était rauque et cassa à la fin. Elle grimaça.

Il fit une grimace sympathique en retour.

"Tu devrais boire un peu d'eau." Il lui montra un gobelet posé à son chevet. Elle ne se fit pas prier. Quand le liquide atteignit sa gorge, éteignant sur son passage un feu dont elle ne s'était même pas rendu compte de sa présence, elle comprit finalement qu'elle avait terriblement soif.

"Ah." Elle tourna les yeux vers l'autre occupant. Il devint rouge pivoine. "J-je veux dire que vous avez déplacé l'aiguille de la perfusion et-"

Perfusion? Alors c'était ça qui lui piquait le bras depuis tout à l'heure.

"Je vais devoir vous la remettre en place et ça risque de faire mal et-"

"Respires." Elle l'interrompit, posant le verre. J'en reprendrais bien un peu. Elle fut surprise d'apprendre qu'il pouvait devenir encore plus rouge qu'il ne l'était déjà. Il baissa la tête et malaxa encore plus vigoureusement sa boule.

"J'chuis désolé, j'ai l'habitude de babiller quand je suis stressé." Elle souleva un sourcil et le regarda. Un long silence gênant s'en suivit.

"Donc, où suis-je ?" Elle essaya de nouveau.

"Vous êtes sur l'Oro Jackson. Faudra remercier Shanks et Baggy, je veux dire, c'est ces deux-là qui vous ont repérée sans quoi vous seriez toujours entrain de dériver et probablement morte maintenant que j'y pense-"

Oro Jackson? Shanks et Baggy? Une sonnette d'alarme retentit dans le fond de son crâne. Elle dérivait sur une barque ? Cela n'avait aucun sens. Elle essaya de se concentrer sur ses souvenirs avant qu'elle ne se réveille et-

Oh. Des images lui revenaient: du feu, du sang. Toshi. Des pirates. Un géant. Un dragon. Kaido.

Son île a été attaquée par l'équipage de Kaido.

Ses doigts s'enroulèrent autour de son collier alors que son cœur se serra douloureusement. Elle n'avait soudainement plus si faim et soif.

Elle avait mal et-

Elle voulait mourir.


Son mutisme soudain avait probablement dû prendre le jeune homme au dépourvu. Elle s'en foutait. Elle ne voulait plus parler. Elle ne voulait plus rien faire. Elle avait juste trop mal. Elle ne voulait plus avoir mal, elle ne voulait plus rien ressentir.

Elle voulait juste qu'on la laisse tranquille dans son coin. Elle allait juste regarder dans le vide et attendre la mort.


Tous les jours étaient les mêmes : on remettait sa perfusion en place, on lui apportait un plateau repas, elle n'y touchait pas, on essayait de la faire parler, elle regardait dans le vide, on abandonnait. On recommençait le lendemain.

Son esprit ne pouvait s'empêcher de retourner au soir de l'attaque, au feu, au sang, aux cris, aux pleures et à la terreur. Elle repassait en boucle ses derniers instants sur l'île, sa mère stupidement brave et loyal. Elle avait su, Anabelle l'avait vu dans ses yeux, qu'elle allait mourir ce soir-là. Mais, alors que sa fille la suppliait de monter avec elle, de la suivre, de ne pas la laisser seule, elle était resté loyal à son île et, une fois qu'Anabelle était suffisamment loin, elle était retournée affronter les pirates.

On se relayait pour lui servir ses plats, bien que c'était généralement le petit blond, de temps en temps, les autres médecins avaient aussi eu le déplaisir de lui venir les lui apporter. Il y avait trois médecins à bord de l'Oro Jackson, elle apprit : le petit blond, un homme aux allures de rockstar avec un manteau à clous et Crocus.

Elle eut l'horreur de rencontrer Crocus lors de son deuxième jour de jeûne. Quand il apprit qu'elle refusait toutes communications et repas de la bouche de son jeune apprenti, il entra dans telle une fureur…

Anabelle tressaillit, elle ne voulait pas y repenser. Il pouvait être terrifiant pour un vieil homme.

Au final, il l'avait forcé à manger tout en l'engueulant sans préambule ni préavis. Elle l'avait laissé faire.

De toute façon, elle gagnerait à l'usure.


Son quatrième jour de convalescence fut différent. On toqua bruyamment à sa porte, elle se tourna pour voir la poignée de bois tourner et la porte s'ouvrir révélant un homme blond avec une cicatrice sur l'œil gauche.

« Tu es réveillée. » Il avait un sourire calme, une aura presque rassurante ? décontractée ?

Bien vu Sherlock. Ça va faire quatre jours déjà.

Il s'installa sur une chaise à côté de son lit.

« Tu t'appelles comment ? »

Elle ne répondit rien, se contenta de détourner le regard pour le reposer sur le mur en bois qu'elle fixait depuis et bien, quatre jours maintenant. Un long silence s'installa.

« Je vois. »

Elle faillit rétorquer qu'il ne voyait rien du tout mais se serait briser son vœu de mutisme. Il y avait quelque chose chez lui, dans son aura, qui l'empêchait de l'ignorer comme elle le faisait avec les médecins. Quelque chose en lui forçait le respect et l'attention. On ne pouvait l'ignorer aussi facilement. Il avait une prestance et une présence naturelle. C'était… agaçant.

« Tu as très mal. » Elle se figea.

Ce n'était pas tant la phrase en elle-même qui l'avait fait tiquer, après tout, toute personne avec des yeux pouvait voir cela, que le ton : comme s'il la comprenait, comme s'il savait. Elle n'aimait vraiment pas ça.

La porte s'ouvrit à la volée, Anabelle, le cœur au bord des lèvres, se mordit les lèvres pour retenir son cri de surprise. Une voix, profonde et forte et excitée, explosa ses tympans.

« Ah, Rayleigh ! »

Rayleigh ? La sirène d'alarme qui n'avait pas cessé depuis qu'elle était sur ce bateau redoubla de volume.

A la base, elle ne comptait que jeter un coup d'œil. Elle se trouva étrangement enchantée par l'inconnu, par son manteau rouge et ses boutons dorées de capitaine et son chapeau de la même couleur, par ses bottes cool et ses yeux onyx pétillants de vie mais surtout par son sourire tellement rayonnant qu'elle en avait mal aux yeux. Si elle trouvait que son compagnon –Rayleigh- avait une sacré présence, ce n'était rien comparé à l'homme qui se tenait dans l'embrasure de la porte.

Un rire puissant et sonore la ramena sur terre. « Ah ! Tu es finalement réveillée ma fille ! »

Il n'y avait pas assez de mot sur terre pour exprimer sa surprise et sa soudaine et étrange fascination pour cet homme. Il avait un magnétisme naturel et Anabelle soupçonnait qu'il ne laissait personne indifférent. C'est l'une de ses personnes. Il faisait partie de ses personnes solaires, comme Nam-Sah l'était.

Nam-Sah…

Son cœur se serra. Elle détourna le regard.

« Je suis Roger, le capitaine de ce navire ! » Elle ne pouvait s'empêcher de le regarder, son regard était comme attiré vers lui. Qu'est ce- « Mais je m'appelle réellement Gol D. Roger. Et toi ? » Il ne s'était toujours pas départi de son sourire.

D ?

Elle connaissait cet épithète mais d'où ?

Monkey D. Luffy.

Oh.

Gol D. Roger, le Seigneur des Pirates de One Piece et-.

Tout se mit en place dans la tête d'Anabelle, dans une lucidité sans précédente juste avant que son cerveau ne surchauffe et qu'elle ne tombe dans une léthargie complète.

Oh, c'est tellement logique.

Elle était dans One Piece.

...

à suivre ?


Ouf... Le premier chapitre est terminé !

Voilà qui est pour le chapitre 1. Pour ceux qui n'aurait pas compris même si je doute beaucoup de cela, les trois quart du chapitre sont des flash-backs. Sinon, n'hésitez pas à commenter pour me dire vos impressions: cool/ pas cool, toussa toussa, en restant poli si possible.