Note de l'Auteur : Voici une looooongue histoire, coupée en nombreux chapitres. Ça se passe après Corruption, à la fin de l'hiver.

Disclaimer : Les X-Men appartiennent à Marvel. Cette histoire appartient à Scrawling Maelstrom.

Découverte

Serres, Chapitre 1

(T/N : Pour la compréhension de ce texte, merci de retenir le plus vite possible que j'entends serre ou serres par les griffes d'un oiseau de proie. Il paraît que le sens est plus spécifique que 'Griffe'. J'aurais bien mis griffe, mais vous auriez pu croire que c'est une fic sur Logan ;o )

Le professeur Xavier ne quittait pas souvent le domaine de l'institut. Les livres arrivaient à l'Institut Xavier de chaque maison de publication, tous dans l'espoir de lui en faire acheter d'avantage. La nourriture était livrée toutes les semaines. Les représentants venaient à l'institut. Quand Xavier sortait, c'était presque invariablement pour raisons " professionnelles ", que ce soit donner des conférences dans des universités, " enrôler " un autre étudiant, ou assister à un autre débat sur le " problème mutant ". Aujourd'hui, un jeudi nuageux et humide de mars, était une rareté. Aujourd'hui, lui, Scott et Ororo avaient pris la journée pour se rendre à une vente spéciale à Westchester même. C'était une des rares chances de Xavier d'augmenter sa collection de livres rares.

Scott entra dans le parking bondé de Kepler's Livres Anciens et trouva une place vide, délimitée de lignes bleues, juste devant l'entrée principale. Le permis handicapé du professeur était d'un grand avantage dans un cas comme ça. Kepler's, une librairie privée, partageait le parking d'un supermarché, et il semblait que tout le monde faisait ses courses tôt pour Pâques. Scott sortit du van et alla vers l'arrière pour sortir le fauteuil de Xavier. Alors qu'il cheminait, il jeta un coup d'œil vers le supermarché de l'autre côté du parking, à la façade entièrement faite de portes vitrées. Il s'arrêta et regarda de plus près. Bien que ce soit assez loin, il pouvait voir à cette distance que quelque chose n'allait pas. Il n'y avait personne entrant ou sortant de quelque porte que ce soit. Un homme habillé de sombre faisait les cent pas le long de la vitre, avec de violents gestes des bras.

Professeur... pensa Scott, facilement inquiet.

Je sais, répondit calmement Xavier, sa voix dans les têtes de Scott et Ororo. Cet homme est perturbé, et il a une arme. Il n'a pas l'intention de tuer des gens...

répondit calmement Xavier, sa voix dans les têtes de Scott et Ororo.

Ororo sortit de la voiture et vint à côté de Scott. Xavier resta à l'arrière, lisant apparemment un de ses textes. Il fronça les sourcils.

Cependant, il ne peut pas différencier réalité et hallucinations, continua Xavier. J'essaie de le calmer.

Est-ce que la police a été appelée ? demanda Ororo.

continua Xavier. demanda Ororo.

Oui. Cet homme n'est pas ici depuis longtemps. Le froncement de sourcil de Xavier tourna en grimace inquiète. Je n'aime pas ça. Il m'est difficile de 'pénétrer' l'esprit de cet homme. Il est clairement psychotique. Il ne devrait pas être capable de m'échapper ainsi.

Le froncement de sourcil de Xavier tourna en grimace inquiète.

" Je vais jeter un coup d'œil. " dit Scott à voix haute. " Ororo, reste avec le professeur. "

Ne lui tire pas dessus à moins que je ne puisse pas l'arrêter moi-même, ordonna Xavier. Il y a des souvenirs supprimés qui tentent de se frayer un chemin vers la surface. Je pense que nous aurons besoin d'examiner cet homme plus tard, et en un seul morceau.

, ordonna Xavier.

Scott acquiesça en se dirigeant vers le supermarché. En approchant, il put entendre l'homme à l'intérieur crier des mots inintelligibles en marchant, agitant le pistolet comme s'il avait oublié qu'il était dans sa main. Il y avait encore des personnes à l'avant du magasin, mais pas beaucoup. La plupart devaient s'être cachés à l'arrière pour fuir cet individu instable, si pas fui par l'issue de secours. Le reste était trop effrayé pour courir.

Soudain l'homme s'arrêta et pointa l'arme vers un caissier terrorisé, hurlant " Sortez-le de ma tête ! Sortez-le ! Sortez-le ! "

Scott leva la main à sa visière, prêt à envoyer l'homme au sol au mot du professeur. La main tenant l'arme trembla, puis se relâcha, le pistolet heurtant le sol. Xavier devait avoir trouvé enfin une voie dans son esprit. Scott soupira de soulagement. Avant que les dernières vapeurs de sa respiration quittent ses lèvres, un trou apparut dans la vitre, et l'homme dérangé, désarmé, fut projeté en avant, enfin silencieux. Cyclope sentit le cri étonné, douloureux, de Xavier dans sa tête. Il devait avoir été encore en contact avec l'homme quand il avait été abattu. Cyclope plongea entre des voitures garées et regarda autour de lui. D'où était venu le tir ? Un policier n'aurait pas utilisé un silencieux, n'est-ce pas ?

Professeur ! Est-ce que c'était un tireur de la police ? cria-t-il mentalement.

Reste au sol, Cyclope ! répondit Xavier. Qui que ce soit, je ne parviens pas à le sentir ! Il est protégé par un bouclier !

répondit Xavier

D'autres trous apparurent dans la vitre, même s'il semblait à Cyclope que le tireur avait été abattu par la première balle. Tant de trous apparurent dans la zone réduite que le pan entier se brisa en petits débris de verre brillant. Une des vendeuses dans le magasin commença à crier hystériquement.

Tornade entendit quelque chose de bizarre et d'incongru sur le toit de Kepler's. C'était un doux gémissement, comme venant d'un moteur turbo s'échauffant. De cet angle, si près du bâtiment, il n'y avait aucun moyen de voir ce qui se passait. A la place, elle tendit des doigts invisibles, touchant les brises douces, sentant leurs reliefs. Il y avait une perturbation là, quelque chose de fort, comme le décollage d'un jet. Quelque chose s'élevait. Leur tireur ?

" Cyclope ! " cria-t-elle. " Tir à pleine puissance sur le toit ! "

Cyclope se tourna et arrosa le toit, même s'il ne pouvait pas voir sa cible. Il toucha quelque chose au milieu de son passage. Le rayon écarlate frappa une silhouette près du bord du toit, passant autour et le délimitant comme si c'était un rocher émergeant d'une rivière en crue. La silhouette était recouverte d'une sorte d'armure et tenait un long fusil. Ce fut tout ce que Cyclope put voir avant que la silhouette retombe sur le toit, sortant de son champ de vision. Tornade prit immédiatement le relais de Cyclope, volant vers le toit. Le tonnerre gronda quelque part dans le ciel nuageux.

La silhouette sur le toit apparaissait lentement à la vue en se redressant. Sa forme semblait couler comme du vif-argent, des étincelles bleues et blanches en jaillissant, alors qu'un mécanisme quelconque le camouflait. Ça devait être un homme, portant quelque chose qui aurait semblé plus approprié au cinéma que sur le toit d'une librairie. Le tireur était complètement enclos dans une armure étrange, futuriste, bleu pastel, ne laissant aucune ouverture. Le gémissement turbo diminuait, et ce qui devait avoir été un mécanisme de vol incrusté dans le dos de l'amure toussa, cracha, et mourut. Le tireur leva l'arme et tira sur Tornade, qui évita la balle de justesse. Pour quelqu'un portant une armure si vaste, si épaisse, il remuait avec une vitesse terrifiante.

Cyclope courut dans le supermarché alors que la pluie commençait à tomber. Tornade pouvait s'occuper de ça. Elle devait, parce qu'il ne pouvait pas atteindre quelqu'un au milieu du toit de la librairie. Peut-être que l'homme dans la magasin vivait encore. Peut-être que ses blessures n'étaient pas mortelles. Cyclope appuya sur les portes qui ne s'ouvraient pas assez vite à son goût. La vendeuse hurlait toujours. Cyclope secoua la tête, grimaçant. L'homme était mort, très bien. Le tireur avait dû vouloir s'en assurer. Le premier tir dans la poitrine semblait mortel, et il y avait encore trois autres balles dans la tête. Pas étonnant que la vendeuse soit si choquée. Cyclope marcha vers le corps, d'où s'écoulaient du sang, de la matière grise... et quelque chose d'autre. Il s'agenouilla et regarda à la base de ce qui avait été le crâne de l'homme. Une petite flaque de gel bleu apparaissait sous les cheveux courts. Le bleu n'était présent nulle part ailleurs, malgré la trop grande opportunité d'observer la matière grise de l'homme.

Le premier coup pour le faire taire, les autres pour éliminer les preuves ? se demanda Scott.

Les nuages s'assombrirent et déchargèrent des torrents d'eau alors que Tornade lançait son éclair. Le tireur poussa des cris spasmodiques quand l'électricité courut autour de lui. Il tomba sur un genoux, puis se releva et courut sur le toit. Il fit quatre pas bondissants, Tornade le suivant de près, et disparut dans un flash de lumière blanche. Tornade s'arrêta brusquement. Un autre téléporteur. Il y avait eu un mutant dans ce costume.

J'ai vu vraiment trop de téléporteurs ces temps-ci, pensa-t-il. C'est à croire qu'il y en a partout.

, pensa-t-il.
Il avait plu par intermittence toute la journée à l'Institut. C'était la fin mars, cette période ennuyeuse entre hiver et printemps, sans les jeux de neige ni la joie du soleil. C'était complètement couvert, sombre, froid, et humide. Le temps que l'après-midi arrive à sa fin, il faisait noir comme l'encre dehors, la pluie était continue, et Bobby Drake devenait complètement fou d'immobilité. Il était vautré sur le canapé, les jambes posés sur un accoudoir, zappant avec une main mollement posée sur la télécommande. Tout était aussi ennuyeux.

" Il ne manque jamais de me fasciner qu'il y ait autant de chaînes, et toujours rien dessus. " fit la voix de Kurt quelque part derrière le canapé.

Bobby soupira et s'assit. " 500 chaînes et rien de bien. " agréa-t-il. " Peut-être un DVD ou quelque chose. "

Alors que Bobby se mettait debout, les lumières vacillèrent, puis s'éteignirent. Tous les bourdonnements d'électricité disparurent, la pièce se retrouvant plongée dans un silence surnaturel à part le doux tapotement de la pluie. Bobby regarda autour de lui, agacé.

" Est-ce que ça arrive souvent ? " demanda Kurt.

Bobby savait que l'homme était là, quelque part dans l'obscurité, mais pour une raison étrange il ne pouvait pas le distinguer de la pénombre.

" Deux fois l'année dernière. " répondit Bobby. " Ils étaient supposés avoir mis à jour le système électrique le mois dernier, mais je pense que la compagnie électrique à d'autres coupures. Le générateur devrait prendre le relais... "

Les lumières revinrent. Il vit enfin Kurt, debout devant les étagères des DVD. C'était étrange, Bobby pouvait voir à travers Kurt quand il était dans l'ombre, comme s'il était invisible.

" Quelqu'un aime bien Michael Crichton, je vois. " nota Kurt. " Andromeda Strain, Soleil Levant, Jurrasic Park et Le Monde Perdu. Même Congo. " Il s'arrêta, puis murmura " Ça doit être seulement pour compléter la collection. "

" J'ai lu Jurrasic Park l'année dernière. " commenta Bobby, allant rejoindre Kurt. " Tu sais, d'habitude les livres ne rendent pas très bien les films, mais celui-là était vraiment près. "

" Oui, d'habitude Hollywood prend juste le titre du livre et une vague trame sur laquelle ils font ce qu'ils veulent. " dit Kurt. Il attrapa rapidement un DVD d'un étage différent. " Aha ! Justement. "

Il tendit le DVD. C'était le premier Frankenstein avec Boris Karloff. Bobby le prit et regarda derrière. Il n'avait jamais regardé ce film en entier, en fait, mais, comme tout le monde, il connaissait quelques scènes importantes.

" Quoi, le Dr Frankenstein n'a pas fait de monstre dans le livre ? " demanda-t-il.

" Eh bien, si, mais sans aucun style. " marmonna Kurt. " Ce type était un connard. "

Bobby éclata d'un rire incrédule. Kurt n'avait jamais utilisé ce type d'argot devant lui avant, et c'était si drôle à entendre dans sa bouche.

" Un quoi ? " gloussa Bobby. " Un 'gonnard' ? " (T/N : à l'origine, c'était plus " abruti " que " connard " mais on se débrouille comme on peut.)

Kurt s'appuya sur l'étagère et croisa les bras. " Tu n'as jamais lu le livre de Mary Shelley ? "

" Non. "

" Laisse-moi te faire un rapide résumé. " Kurt s'écarta de l'étagère et fit deux pas vers le centre de la pièce, donnant de l'espace à ses mains pour mimer ses mots. " Dans le film, le docteur fou anime son monstre avec un éclair, hurlant 'il est vivant', d'accord ? Il rit avec une joie et une fierté démentes. " Kurt leva dramatiquement ses poings vers le ciel. " Je suis Dieu ! Voyez ce que j'ai créé ! " Il se tourna à nouveau vers Bobby. " Dans le livre, il utilise une sorte de chimie pour le faire. Pas d'orage, pas d'éclairage dramatique. Et qu'est-ce qu'il fait quand sa création s'assied ? Que fait cet homme, quand son fils monstrueux se lève et marche vers 'papa' ? "

A ce moment, Kurt tendit les mains, paumes vers l'extérieur, et poussa un cri de fausset, les yeux vides avec une terreur simulée. Le rire de Bobby redoubla. Kurt mit ses mains sur ses joues, les yeux toujours vides, la voix toujours artificiellement haute.

" Oh, c'est un monstre ! Oh, oh ! Il est laid ! J'ai peur ! Oh, écarte-toi de moi, horrible, affreux monstre ! Oh ! " Il arrêta son imitation, le visage crispé de dégoût. " Ce type était un vrai connard. "

" Tu es sérieux ? " demanda Bobby, riant toujours.

" Parfaitement. Lis-le donc toi-même. Quand je suis arrivé à ce passage, j'ai jeté le livre à travers la pièce. "

Le sourire de Bobby s'effaça en entendant une tension dans la voix de Kurt. Il répéta les mots moqueurs de Kurt dans sa tête. " Ecarte-toi de moi, horrible monstre. " Aïe. Combien de fois est-ce que Kurt avait entendu ces mots contre lui ? Il semblait que cette histoire touchât un nerf.

" Bon sang, je pense que tu as vraiment détesté Notre Dame de Paris. " commenta Bobby.

Kurt se tendit, ses yeux lançant des éclairs, et Bobby regretta immédiatement ce qu'il avait dit. Idiot, idiot, idiot ! Qu'est-ce qui t'a poussé à dire ça ?

" Tu n'as pas de devoirs à faire ? " aboya Kurt.

Il se détourna rapidement et se dirigea vers la porte, laissant Bobby seul avec sa contrition et un DVD. Quand Kurt atteignit la porte, il s'arrêta, une main sur la poignée. Puis il inclina la tête, la tension s'enfuyant de son corps.

" Je suis désolé, Bobby. " dit-il doucement. " Excuse-moi. Je n'aurais pas dû te crier dessus comme ça. "

" Non, c'est ma faute. " répondit Bobby. " Je veux dire, j'aurais dû savoir. C'était crétin à dire. Je n'ai pas réfléchi. "

Kurt soupira. Il ne regardait toujours pas Bobby. " J'ai fini par pouvoir lire Frankenstein, mais jamais Notre Dame de Paris. J'ai essayé. J'ai vraiment essayé. Je ne peux pas. Je ne peux même pas regarder un des films. "

" Même le Disney ? " demanda Bobby, un peu timidement.

Kurt se tourna à demi, regardant le sol. " Même le Disney. J'arrive au moment où Quasimodo est exposé... attaché, ridiculisé, humilié... " Il ferma les yeux et secoua le tête. " C'est tout. Je ne peux pas supporter d'en voir plus. "

" Mais tu sais comment ça se finit, hein ? Tout finit bien. "

Kurt rit légèrement, sans joie. " Disney aime les happy ends. Dans la version originale, tout le monde finit brûlé vif dans l'église, d'après ce que je sais. Pas beaucoup pour m'inciter à finir l'histoire, n'est-ce pas ? "

Bobby écarta le DVD de Frankenstein et chercha rapidement quelque chose d'autre. Il tira l'objets de sa recherche et le leva pour que Kurt puisse voir le titre.

" Et Shrek, plutôt ? " demanda-t-il avec espoir.

Kurt ne put s'empêcher de sourire.

Avant que Bobby puisse continuer sa sélection, la voix du professeur Xavier se fit entendre dans leurs deux esprits.

Tout le monde, je veux vous voir dans mon bureau, demanda-t-il. Nous pouvons avoir un problème.


, demanda-t-il.

Kurt arriva le premier, apparaissant dans un coin de la pièce, accompagné d'un bamf doux et étouffé d'air explosant.

Ororo, Scott et Xavier étaient déjà là. Kurt se blottit là où il était, hors de chemin, en attendant l'arrivée des autres.

" Qu'est-ce qui ne va pas ? " demanda-t-il. " Vous avez eu des ennuis en ville ? "

" Nous avons été mêlés à des ennuis. " répondit Scott. " Ce n'était pas envers nous. Nous avons juste été pris dans la tourmente. "

" L'histoire de ma vie. " marmonna Logan en entrant vivement dans la pièce. " Mauvais endroit, mauvais moment, putains d'emmerdements. "

Peter entra en courant, et Bobby et Malicia suivirent quelques secondes plus tard, un peu essoufflés par leur sprint vers le bureau.

" S'passe ? " demanda Bobby, trouvant un siège.

" J'ai peur que nous ayons une autre conspiration sur les bras. " dit le Professeur Xavier, son expression quelque part entre fatigue et inquiétude.

Kurt se laissa tomber au sol et alla vers un siège, où il se percha, la pointe de sa queue se balançant. Tous se rassemblèrent autour du professeur alors qu'il racontait les événements du jour, de leur arrêt à la librairie à Tornade pourchassant le tireur.

" J'ai utilisé un des sacs plastiques du magasin pour prendre un échantillon du gel bleu à la base de la tête de l'homme. " acheva Scott. " J'ai aussi réussi à prendre un fragment d'une sorte de matière dure qui était avec. C'était si petit que je n'ai pas réalisé que je l'avais avant de faire l'analyse au labo. "

" Un autre putain de téléporteur. " feula Logan. " Avec un fusil d'assaut et une armure. Ce n'est pas de la rigolade, c'est la grosse artillerie. "

" Une idée de ce qu'est ce truc bleu ? " demanda Malicia.

" Vu l'endroit, j'ai des suspicions sur une sorte de gel neuromédiateur. " répondit Xavier. " Nous le saurons quand l'analyse sera complète. Une chose est sûre. L'activité mentale de ce pauvre homme était si perturbée qu'il avait de violentes hallucination, et dans une de ces hallucinations j'ai trouvé une image très similaire dans l'apparence à celle du costume qu'Ororo a vu sur le toit. "

" Un autre échappé de laboratoire ? " demanda froidement Logan. " Ils l'ont tué pour l'empêcher de parler ou d'être examiné ? "

" Ça commence à ressembler à ça. Cependant, nous n'avons pas de preuve que ce soit une opération du gouvernement. "

Logan se leva, bougeant violemment. Ses griffes sortirent. " Arrêtez, Charlie ! Vous savez combien coûtent les recherches pour ce genre de tenue de combat ? Plus la production ? Qui d'autre aurait les ressources ? "

Kurt toucha machinalement la base de sa nuque. L'horrible cicatrice laissée par les bons soins de Stryker avait diminué jusqu'à quelque chose ressemblant à une vilaine piqûre d'insecte, mais elle était toujours là.

" Je préfère penser que le président McKenna surveille les opérations de ce genre, maintenant que le programme de Stryker a été révélé. " répondit Xavier d'un ton calme.

" Peut-être que c'est une autre version de la Confrérie. " dit Malicia. " J'ai vu ce que Magnéto peut faire. Il peut faire une tenue comme ça. "

" Oui, mais pourquoi ? " demanda Scott en réponse. " Quel serait le but ? Les armes sont pour les humains, pas 'nous'. Il dédaigne les armes. Il n'armerait jamais un des siens avec ça. "

" Et s'il peut se téléporter et devenir invisible, pourquoi ne pas juste entrer, attraper l'homme, et se téléporter dehors ? " demanda Bobby. " Pourquoi le tuer ? "

" Peut-être qu'il ne peut se téléporter que seul. " raisonna Kurt. " Nous ne savons rien, sinon qu'il s'est téléporté une fois hors du toit. Peut-être que c'est un tel effort qu'il ne peut le faire qu'une ou deux fois par jour. "

" Peut-être que le crétin avec le pistolet était un incapable et que c'était juste plus facile de le tuer. " aboya Logan vers Kurt, le ton acide. " Bon sang, Kurt, tu devrais savoir comment travaillent ces bâtards ! "

Logan remuait violemment les bras en parlant. Malgré lui, Kurt tressaillit, sa queue s'accrochant au pied de sa chaise. Logan ne devait pas avoir réalisé que ses griffes étaient sorties. Voyant la réaction de Kurt, il les rentra hâtivement.

" Nous n'avons pas assez d'informations d'un côté ou d'un autre. " dit Ororo. " Il est sûr que c'est une organisation, mais nous ne savons pas de quelle sorte. Ça peut être une opération des services secrets, ça peut être la Confrérie, ça peut être quelque chose d'autre. "

" Pour l'instant, nous devons attendre les résultats du labo. " ajouta Xavier. " Mais je veux que tout le monde soit un peu plus en alerte ces prochains jours. Oui, nous avons mis des capteurs sur tout le terrain, mais nous ne pouvons pas les laisser monter la garde pour nous. "


Il est là, à nouveau. Les murs blancs. Les hommes en costume sombre avec des petits bouchons blancs dans les oreilles. Ils bougent lentement, comparés à Kurt. Le marionnettiste sombre tire ses ficelles, envoyant Kurt voler dans la poitrine de l'agent, brisant les côtes comme du verre, transformant la porte derrière en fragments de bois.

Seigneur, pitié, arrêtez ça. Que quelqu'un arrête ça. Un de vous ne peut pas me tirer dessus ?

Un des agents lève une arme et tire, mais au désespoir de Kurt son corps est trop rapide. Les balles le manquent quand il se téléporte. Ses ongles sont des serres aiguisées, sa queue a un dard venimeux. Il est en train de détruire les hommes du Bureau Ovale, et chaque visage se grave dans sa mémoire comme au fer rouge. Enfin il bondit sur le président, qui est terrifié à ne plus pouvoir réfléchir. Il a de quoi. Le marionnettiste sombre est intoxiqué de pouvoir, excité par la destruction, alors que Kurt est retenu prisonnier à l'intérieur. Mais au dernier moment, alors que Kurt lève le couteau, il se tourne vers une autre présence dans la pièce. Un homme, avec un haut col (T/N : je ne suis pas sûre du sens. Collar. Allez savoir), regarde, horrifié. Kurt soulève le président et le lance vers lui.

J'ai fait ma part, apprenti, feule sa bouche à l'homme terrifié. A toi.

, feule sa bouche à l'homme terrifié.

Kurt s'éveilla brusquement, dressé dans son lit, haletant. Ses couvertures gisaient pour la plupart sur le sol, arrachées par ses coups de queue inconscients. Il chercha frénétiquement la lampe sur sa table de chevet, l'envoyant presque par terre dans sa hâte d'allumer. Quand l'ampoule s'éclaira, il s'appuya sur le mur, les yeux fermés de soulagement.. Ce n'était pas qu'il eût besoin de lumière pour y voir, mais il devait être sûr qu'il ne rêvait plus. Trop de fois il avait cru qu'il se réveillait dans sa chambre, seulement pour voir tout recommencer. Une lampe était son truc infaillible. Encore endormi, elle ne s'allumait pas. Eveillé, il avait de la lumière.

Il jeta un coup d'œil à la pendule : 2 heures du matin – merde. Il ramena ses genoux à sa poitrine, appuyant ses bras sur ses genoux, sa tête sur ses bras, essayant de revenir à une réalité infiniment préférable. Tremblant. Il était dans le manoir, pas la Maison Blanche, encore moins le Bureau Ovale. Il n'avait pas de poignard dans la main, sans parler de sa sinistre main. Stryker était mort et disparu, avec toute la base et dépendances d'Alkali Lake. Il n'y avait plus personne pour forcer l'obscurité à revenir, pour le replonger son esprit dans cet horrible état. Ça n'arriverait plus jamais. Ça ne pouvait plus arriver.

Mais aujourd'hui, c'était arrivé. C'était arrivé à un gars perdu dans un supermarché, avec une sorte d'appareil à la base de son crâne. Kurt frotta la base de sa nuque avec une main. La marque ne disparaîtrait jamais complètement. C'était aussi permanent qu'une de ses cicatrices, même si cela lui avait été fait contre sa volonté. Son emplacement était comme le point d'attache d'une laisse. Maintenant quelqu'un d'autre avait été forcé de porter cette horrible laisse. Tout allait recommencer.

Il se déroula doucement. Tout aussi doucement, prudemment même, il sortit de son lit, son premier contact avec le sol aussi hésitant que s'il testait la solidité d'une paroi de glace. Juste habillé d'un pantalon de survêtement, il alla vers la fenêtre et l'ouvrit. Le pluie s'était arrêtée un moment avant, mais avec le froid de la nuit l'eau ne s'était pas du tout évaporée. De son point de vue au dernier étage, tout brillait dans la lueur du quartier de lune, le ciel à demi empli de nuages. Le froid soudain, moite, le frappa avec une force inattendue ; il frissonna et prit une aspiration aiguë. C'était bon, cependant. Ça lui rappelait qu'il était vivant et réveillé.

Les cauchemars avaient diminué après leur retour de Virginie Occidentale. Kurt avait réussi à les contrôler. La semaine précédente, il était même capable de quitter le groupe visitant la Maison Blanche avant que tout commence. Maintenant ils étaient pires que jamais, avec une addition ; un étranger dont Kurt n'avait fait connaissance que quelques heures avant. La main de Stryker l'avait atteint de sous sa tombe.

Kurt prit un stylo et un petit bloc dans sa table de chevet. L'idée de se recoucher ne lui faisait pas du tout envie. Il avait besoin de l'air froid. Il avait besoin de faire quelque chose. Il prit le bloc et le stylo avec sa queue en rampant dehors par la fenêtre sur le mur froid et humide du manoir. A tout autre moment, ça aurait un air romantique de charme malin, escalader les murs du château pour quelque mission interdite. Pas maintenant.

Il grimpa jusqu'au plus haut point du manoir et se mit debout sur la tour. De là, il pouvait voir hors des limites du domaine, la route peu fréquentée qui circulait derrière. Il avait froid mais, malgré les plaintes qu'il répétait à l'envi, il ne put se décider à aller se chercher une chemise, encore moins une veste. Il se percha comme une gargouille sur un des créneaux et appuya le bloc sur ses cuisses. Courbé dans cette positions, avec seulement la lumière des étoiles et de la lune faible, il commença à dessiner.

Je n'étais pas supposé réussir ma 'mission', pensa Kurt en commençant avec un petit cercle. Si Stryker avait voulu la mort du président, il m'aurait sûrement envoyé d'une autre manière. J'aurais pu me téléporter à la fenêtre du Bureau Ovale, entrer et sortir, en deux secondes, sans personne pour me voir. Non, il voulait du spectacle. Il voulait des photos de tous les angles. Il voulait des agents blessés, héroïques, il voulait des touristes effrayés, mis au secret. C'était une mission suicide, pour discréditer tous les mutants et le laisser clamer 'Je vous l'avais bien dit'. Le stylo continua lentement son chemin, de fines lignes s'accrochant au cercle initial. Je devais être tué, montré, et empaillé comme un trophée. Je n'étais pas supposé aller aussi loin. J'étais trop bon.

pensa Kurt en commençant avec un petit cercle. Le stylo continua lentement son chemin, de fines lignes s'accrochant au cercle initial.

Il n'était pas sûr du symbole à choisir pour cette cicatrice. L'important était de ne pas cacher la marque mais de s'appuyer dessus. Il ne couvrirait jamais ce que Stryker avait fait. Il ne pouvait pas se dire en face que ce n'était pas sa faute et ne plus s'en occuper, jouer les insouciants. C'était arrivé. C'était une part de lui maintenant. S'il devait s'excuser pour ça, ça ne pouvait pas être en le niant. Il devait le reconnaître.

Loin de là, sur la route, il entendit le faible bruit du trafic. Kurt leva les yeux pour voir trois gros camions de livraison, éclairés par phares et gyrophares, passer lentement sur la route en un convoi tardif. Il revint à son travail. Les camions de livraison étaient communs pendant la nuit, travaillant à cette heure pour éviter le trafic ou les ennuis. Plusieurs secondes plus tard, cependant, il entendait encore le faible bourdonnement des engins. Ils auraient dû être hors de portée d'ouïe, maintenant. Il leva la tête. Peut-être qu'ils s'étaient arrêtés pour une raison quelconque ? Peut-être faisaient-ils un changement d'équipes ?

Les trois camions s'étaient arrêtés de l'autre côté de la route à 400 bons mètres du manoir lui-même. L'excellente vision de nuit de Kurt lui permettait de distinguer les emblèmes sur les flancs des camions : Bestway Shipping. Personne n'était encore sorti, et de son point de vue Kurt ne pouvait voir l'intérieur des cabines. Il allait revenir à son dessins quand les lumières sur le flanc du camion de tête commencèrent à bouger vers le haut. Kurt reposa son bloc et se leva lentement. Devant ses yeux, le flanc entier du camion s'était ouvert comme une porte de garage, révélant rang après rang de grands tubes.

Kurt jura lourdement en allemand. C'était une batterie de missiles, et elle était dirigée droit vers l'institut.

A suivre...