Les gens commencent à se douter. Il va encore falloir que je parte. C'est toujours la même chose. Je m'installe dans une ville, assez grande pour ne pas me faire trop de connaissance - la surpopulation tue la fraternisation. Mais finalement, je parle au voisin, à la boulangère,... et au bout d'une dizaine d'année, ils se demandent pourquoi je ne vieillis pas.

J'ai mal.

C'est un petit bout de mon cœur qu'on arrache à chaque fois. Et j'en ai tellement arraché que j'ai l'impression d'avoir un ersatz au fond de la poitrine.

Il me saisit la main.

Je tourne ma tête et tombe sur deux yeux ambrés profonds et inquiets. Je sais ce qu'il est.

Je me recule vivement et je regarde autour de moi. Qu'un humain voit un vampire se consummer spontanément serait catastrophique.

Avec soulagement, je m'aperçois que nous sommes dans une ruelle complètement déserte. Mes divagations m'ont fait venir ici sans que je ne m'en rende compte. Il aura eu au moins l'intelligence de mourir dans un lieu sombre.

Je le regarde à nouveau. Il n'a pas bougé, immobile, me fixant avec une intensité surprenante. Sa peau diaphane le ferait presque prendre pour une statue.

Pourquoi ne hurle-t-il pas de douleur ? Pourquoi ne brule-t-il pas ? Pourquoi n'est-il pas déjà réduit en un petit monticule de cendre grise ?

Je fixe sa main et je regarde la mienne. Je n'ai pas rêvé, il m'a pourtant touché.

Je sens soudain un sorte de picotements. Pas désagréable, juste surprenant.

Au fond de ma poitrine, quelque chose remue.

Désolé, dit-il alors. Mais je t'ai appelé, tu n'as pas répondu. Je m'appelle Edward Cullen. Aro Volturi a demandé que tu viennes le voir.

Tu travailles pour Aro, crache-je, revenant soudain à une réalité désagréable.

Non, avoue-t-il.

Je ne comprends pas. Je fronce les sourcils.

Aro a souhaité garder ma famille auprès de lui le temps que je vienne te chercher.

Voilà qui explique son inquiétude.

Quel étrange personnage ! Aro l'a-t-il choisi car il savait qu'il était immunisé contre mon pouvoir ?

En tout cas, les Volturis se sont donnés beaucoup de mal pour me faire venir. Connaissant mon animosité à leur égard, c'est que l'affaire doit être grave.

Aro t'a dit donné le but de ma venue ?

Je dois te parler de monseigneur.

Je tremble. Il se rapproche de moi et je recule. Il ne doit pas me toucher s'il veut me ramener aux Volturi.

Il tend la main vers moi.

S'il te plait, murmure-t-il.

Bizarrement, j'aimerai bien la saisir. Juste pour voir. Ou juste pour ressentir à nouveau.

Il m'indique une voiture, un coupé sport noir.

Finalement, les clichés vampire sont toujours là.

Il ouvre la porte. Spontanément, il saisit ma main pour m'aider galament à m'asseoir. Je réprime l'envie de la retirer. Je le regarde inquiète : il ne meurt pas. Il ne semble même pas souffrir. Il m'observe, un peu surpris et finit même par sourire.

Il ferme la porte.

Ma main est chaude. L'impression envahit mon corps. C'est agréable. Ca remue à nouveau au fond de ma poitrine. Et je me rends compte que c'est mon cœur racorni. Un tout petit bout vient de repousser.

Je pourrai y prendre du plaisir.

Ce que Edward aime :

sa famille

les longues promenades en solitaire dans la forêt

courir vite

Ce qu'il n'aime pas :

tout ce qui peut l'éloigner de ce qu'il aime