Dsiclaimer: Tous les personnages d'Inuyasha reviennent à Rumiko Takahashi. Je ne fais juste que les emprunter.
Voici donc la première fanfiction que j'ai dû écrire. Elle date de 2005, et n'était parue dans une version plus ou moins édité que sur le forum du kikouyou's web.
Chapitre 1
Dans le cœur d'une enfant.
Naraku attendait.
Du haut de sa colline, il attendait dans la brise froide d'automne qui balayait doucement ses cheveux sombres. Les nuages qui s'amoncelaient, annonçaient la pluie qui tomberait sur le champ de bataille. Seul le son régulier de la respiration de la fillette endormie à ses pieds, semblait vouloir renier le destin qui la frapperait.
Naraku sourit. L'espoir de la fillette, même dans son sommeil, était pathétique.
Ils viendraient le retrouver pour essayer en vain de sauver la fillette du destin que lui, Naraku, lui avait choisi. Sa vie allait devenir sa force. La pureté de l'enfant lui serait sacrifiée d'un coup de dague dans son cœur battant, tranchant les liens entre le monde des vivants et des morts, le rendant bien plus fort qu'aucun être ou Dieu ne le serait jamais. Cela grâce au cœur d'une enfant. Oui, il prendrait son cœur encore saignant et battant de vie, une fois qu'il y aurait introduit le Shikon no Tama. Un plan diabolique, comme il en avait rarement fait, mais nécessaire pour qu'il obtînt enfin le pouvoir incommensurable de la perle des quatre âmes, lui qui n'avait pas de cœur.
Ses sources l'affirmaient sans présenter de doute. Elle avait un cœur pur, un cœur que le Shikon no Tama ne pouvait pas refuser. Elle était le Nigimitama, parfois appelé, l'appartenance, ou l'amitié, ou le cœur. Il était rare de trouver un être si innocent, même en un siècle. Naraku avait été surpris de découvrir que la seule personne répondant à ces critères n'était autre que la protégée de Sesshomaru. Néanmoins, ce détail facilitait amplement ses plans de vengeance.
L'enfant Rin, recueillie par l'impitoyable Sesshomaru, était capable de purifier le Shikon no Tama, et aussi de sceller son pouvoir maléfique à tout jamais. Un pouvoir qui lui reviendrait à lui, Naraku.
Peut-être était-ce parce qu'elle avait traversé la barrière entre le monde des vivants et le monde des morts, qu'un tel pouvoir résidait en elle. Naraku savait que ce n'était pas que cela. Bien plus que son lien avec le Tenseiga, c'était ce cœur pur qui ferait toute la différence lors de la réunification du Shikon no Tama. Vie et mort reliées par l'innocence d'une seule âme, s'entremêlant alors avec la force brute de la perle. Le Yin et le Yang dont il serait alors détenteur suprême. Ses ennemis seraient impuissants devant son avènement.
Il s'accorda un regard sur celle qui devait lui apporter son pouvoir. Bien sûr une partie de lui-même méprisait le fait qu'il le devrait à une humaine. Mais cela ne pouvait être empêché.
Il avait été ridiculement facile de la capturer en l'absence de Sesshomaru. Naraku avait rapidement éliminé le dragon hors de son chemin et bien sûr le crapaud n'avait pas posé problème. Sesshomaru était un imbécile de laisser sa perle précieuse entre les mains d'une si piètre garde.
L'enfant s'était débattue, mais l'unique coup qu'il lui avait infligé avait suffi à la faire taire. Les humains sont si faibles. Elle ne s'était plus éveillée depuis, pas même lorsque Naraku, la prenant dans ses bras, avait entaillé jusqu'au sang son flanc quand elle glissa sur une indentation de son armure. Oui, Sesshomaru serait définitivement furieux en voyant l'état de la fillette. Ce qui bien sûr, l'affaiblirait.
Naraku avait veillé à ce que ses ennemis apprissent où il était, sur cette colline, dans ce lieu maudit par la haine elle-même. Les terres d'Ekarizu étaient capables de polluer l'âme de tout être vivant ayant l'inconscience de rôder dans ses plaines. Naraku n'avait pas choisi ce lieu par hasard, les pouvoirs saints de ses ennemis seraient inefficaces, dévorés par les ténèbres de leurs cœurs. Tout être vivant ayant un cœur tombait dans l'abîme de leur obscurité. Tout être vivant… sauf l'enfant humaine Rin. Mais de cela il ne devait pas en être surpris. C'était pour cette raison qu'il l'avait choisie. Pour son cœur pur.
Etrange pourtant qu'un cœur si pur et empli de soleil semblât s'être attaché au glacial Sesshomaru sans être souillé par le youki du Taiyoukai. Bien plus étrange encore était Sesshomaru qui l'avait accepté. Lui qui exécrait tout ce qui était lié d'une quelconque façon aux humains, même son propre frère. Avait-il été touché dans ce cœur de givre par la grâce de cette enfant ? Naraku ne pouvait pas comprendre les sentiments – s'il y en avait- qu'éprouvait Sesshomaru. Comment l'aurait-il pu, lui qui n'avait plus de cœur ? Peut-être qu'Onigumo l'aurait compris, lui. Naraku doutait que Sesshomaru lui-même ne sût pourquoi il avait gardé l'enfant.
Rin parut un instant se réveiller mais Naraku la vit à nouveau retourner dans le monde du sommeil. Son visage, maintenant contracté, indiquait qu'elle faisait un cauchemar. La réalité devait finalement percer l'oubli qu'offraient habituellement les rêves. Il la regarda longuement dormir. Ses cheveux assez sauvages ne couvraient pas complètement son visage qui retrouvait le calme d'un sommeil plus profond. Elle portait un yukata aux couleurs vives, orange et jaune, au reflet de sa personnalité. Et plus il la regardait, plus il avait l'impression que quelque chose de familier émanait d'elle. Une sensation d'un temps ancien, sans l'être vraiment ; une sensation d'une personne qu'il avait croisée par le passé. La question était de savoir qui.
Les Saimyochos volèrent dans sa direction, le bourdonnement de leurs ailes brisant l'étrange fascination qui l'avait dominé.
Ils arrivent.
Et en effet, Naraku distinguait déjà Kohaku menant Sesshomaru. Oui, il est normal qu'il soit le premier à venir, pensa Naraku une ombre de sourire s'esquissant sur ses lèvres. Sesshomaru était suivi par son ridicule serviteur, et son dragon à deux têtes. Naraku ne put s'empêcher de frémir d'anticipation à l'approche de son plus puissant ennemi, le seul ayant la capacité de le nuire. Et Kohaku… L'heure de son jugement sonnait.
Naraku détourna son regard en entendant le bruit de combats venant de sa droite. Inuyasha et sa clique avait finalement bien suivi les Saimyochos et les démons les accompagnant. Kikyo ne devrait pas tarder. Elle suivait comme une âme en peine Inuyasha, sans que celui-ci ne sût jamais rien. Une chose que lui, Naraku n'ignorait pas. Il savait qu'il pourrait au final manipuler les cœurs de Kikyo, Inuyasha et Kagome pour les détruire définitivement… Cela attendrait pourtant. Aujourd'hui, il voulait d'abord savourer leur désespoir quand ils verraient son pouvoir.
Il restait encore un invité, l'un des derniers porteurs d'un fragment du Shikon no Tama, avec Kohaku et la miko Kagome. Koga était terriblement en retard… mais il répondrait à l'invitation, sa haine trop irrésistible, et son attachement pour la miko Kagome ridiculement utilisable.
Le fragment du Shikon qu'il avait se mit à frémir et Naraku sourit. Koga arrivait.
Enfin, le jeu va pouvoir commencer.
Sesshomaru était parti sur la trace d'un yokai qui rôdait autour d'eux depuis un certain temps, laissant Rin, Jaken et AhUn au camp. Bien sûr ses compagnons avaient été ignorant de cette lointaine menace, et Sesshomaru ne voyait pas pourquoi il devait les inquiéter inutilement. En peu de temps il aurait tué le yokai. Et en effet, repérer le yokai avait été d'une facilité déconcertante, mais typique d'un yokai de faible niveau. Avant, il ne se serait jamais donné la peine de se déplacer pour si peu, mais à présent…
A présent, il devait veiller à la sécurité de la fragile humaine qui l'avait accompagné depuis plus de deux printemps. Rin était trop faible pour se protéger, même d'un pitoyable yokai comme celui-là. En très peu de temps, l'enfant avait pris une place dans l'existence de Sesshomaru, Seigneur des Terres de l'Ouest, et, sans qu'il ne s'en rendît compte, il avait influé sa vie pour concorder avec celle de Rin. Une humaine. Beaucoup voyaient cela comme une faiblesse, en particulier Sesshomaru lui-même. Mais il était incapable d'expliquer pourquoi il l'avait laissée faire; il ne connaissait tout simplement pas la réponse. Elle était restée à ses côtés, depuis ces deux années, malgré sa résolution de l'abandonner lorsqu'elle serait en âge de vivre par elle-même. Sesshomaru la savait capable de pourvoir seule à ses besoins à présent. Pourtant, il ne s'était pas résolu à la laisser dans un village. Il n'osait admettre que sa vie sans Rin n'était plus quelque chose d'envisageable…
Ce fut en tuant le yokai, que Sesshomaru sentit une nouvelle odeur en provenance du camp. Du sang… le garçon Kohaku et… Ses yeux virèrent au rouge… Naraku…
Quelque chose, qui aurait pu être de la peur, étreignit Sesshomaru, et il courut en direction du camp. Si Naraku s'en était pris à Rin… ou aux autres…
L'odeur métallique du sang empoisonnait ses narines, et à mesure qu'il s'approchait, il réussit à distinguer leurs propriétaires. Ceux d'AhUn et de Jaken, et comme la fragrance d'un souvenir à peine perceptible, celui de Rin. Elle ne devait pas être grièvement blessée, peut-être avait-elle réussi à s'échapper, même. Mais le peu d'illusions auxquelles il essayait de se raccrocher, s'effritèrent vite. Il ne sentait pas sa présence dans les alentours, ni celle de Naraku.
Quand il entra dans la clairière, il vit seulement le ningen Kohaku debout et à ses pieds, les corps sans vie de Jaken et d'AhUn. Sans un regard pour le jeune garçon, Sesshomaru dégaina Tenseiga et se concentra sur le monde de l'au-delà afin d'apercevoir les porteurs des morts autour des cadavres de Jaken et AhUn. Il les trancha alors.
Jaken reprit son souffle, et Sesshomaru se tourna vers Kohaku, prenant cette fois-ci Tokijin.
« Où est Rin ? »
Jamais Sesshomaru n'aurait imaginé que sa voix pût devenir si froide, et même Jaken fit quelques pas en arrière. Le garçon déglutit, et jeta un regard vers le ciel, comme s'il y cherchait quelque chose. Les Saimyochos. Le garçon s'assurait qu'il pouvait parler librement. Sesshomaru n'ignorait pas que le ningen cherchait à se défaire de l'emprise de Naraku. Comme Kagura avant lui, il était empli de ce besoin de rébellion face au hanyo. Heureusement pour le garçon, ils étaient seuls.
« Naraku veut que je vous emmène à lui. Il a enlevé Rin. »
Sesshomaru sentit une colère froide l'envahir, et encore ce sentiment qui ressemblait presque à de la peur. La colère pour Naraku et ses maudits plans qu'il utilisait pour le manipuler. La peur… pour Rin. Il empoigna le garçon par le col.
« Et je suppose que c'est un piège ? Dis-moi ce que tu sais ou meurs. »
Quelque chose comme de la défiance passa dans les yeux du garçon.
« Vous ne me tuerez pas tant que Naraku ne sera pas mort ! Tant que je ne l'aurai pas détruit de mes propres mains ! »
Sesshomaru fut surpris par l'explosion de colère de Kohaku, mais n'en montra rien. Il ignorait que le garçon pouvait manifester autant de volonté.
« Je ne veux pas qu'il arrive quoique ce soit à Rin, continua-t-il plus doucement. Elle… elle est mon amie. Mais je devais exécuter les ordres de Naraku, sinon il saurait que je me souviens de qui je suis… Il voulait Rin vivante, mais m'a ordonné de tuer les autres et d'attendre votre retour. Il va réunir ses ennemis, et essayer de récupérer les autres fragments du Shikon no Tama.
- Que fait Rin dans ce plan ?
- La vie de Rin serait un moyen d'échange. Il croit que les autres propriétaires des fragments du Shikon ne voudront pas la mettre en péril.
- Et s'ils refusent ?
- Naraku pense que vous récupérerez les fragments… pour Rin. »
Sesshomaru relâcha Kohaku qui tomba rudement sur le sol. Comment Naraku osait-il se servir de lui et de Rin ? Comment ce misérable hanyo… Il allait le lui faire payer. Mais Sesshomaru ne put s'empêcher de ressentir du doute. Réussirait-il à sauver l'enfant ?
« Allons-y. »
Kohaku se leva prestement sur ses jambes, et hocha la tête sans un mot. Etrange l'affection que portait le garçon pour Rin alors que leur contacts avaient été plutôt disparates. Sesshomaru avait veillé à cela. Il pensait que c'était là un des dons de Rin, de se faire aimer et de prendre si facilement une place dans le cœur de chacun. Et bien que l'idée ne plut pas à Sesshomaru, il ne pouvait nier que Kohaku était lui aussi tombé sous le charme et la gentillesse de l'enfant.
Il remarqua également que Kohaku semblait porter sur ses épaules courbées le poids de la future bataille contre Naraku. A croire que le jeune garçon s'apprêtait à mourir aujourd'hui.
« Sesshomaru-sama, attendez ! »
Sesshomaru ne prêta pas attention à Jaken qui les suivait sur le dos de AhUn. Il sentait la trace puante de Naraku, et l'odeur du sang de Rin. C'était avec beaucoup de difficultés, qu'il se retint de voler pour se précipiter à son secours. Il fallait qu'il garde son sang froid. Il ne devait pas permettre à ses… sentiments de prendre le dessus sur sa force. Naraku ne serait que trop heureux de se servir du moindre de ses points faibles. Il ne se gênerait pas pour utiliser Rin à ses dépends. Sesshomaru ne devait pas le laisser vaincre. Pour son honneur et sa fierté… Pour Rin.
Jaken, derrière, ne pouvait se retenir de marmonner et s'il n'avait pas été si pressé, Sesshomaru l'aurait déjà fait taire. Evidemment, il était effrayé du sort de Rin. Quand bien même il se plaignait de l'enfant à longueur de journée, il s'était attaché à elle.
Tenseiga trembla dans son fourreau. Inuyasha s'approchait des lieux. Sesshomaru, inconsciemment posa sa main sur le pommeau du son sabre. Au moins si quelque chose arrivait… Des doutes l'envahirent encore. Et si… et si Tenseiga échouait ? Sesshomaru se força à ne pas envisager cette possibilité. Chichiue, pendant si longtemps j'ai renié ton héritage… Est-ce au moment où j'en aurais le plus besoin que le Tenseiga pourrait m'abandonner ?
Kohaku faiblissait graduellement devant lui, et Sesshomaru comprit vite pourquoi. Trop concentré sur la trace de Rin et Naraku et perdu dans ses pensées, il n'avait pas perçu le changement subtil d'atmosphère et de lieu. Il s'en prit mentalement à son inadvertance, sachant très bien que de telles erreurs pouvaient devenir fatales, surtout face à Naraku. Ils étaient entrés dans une terre stérile, dont le sol obscur semblait absorber la lumière inexistante des cieux, lourds de nuages sombres. Sesshomaru devina quelle était cette terre. Une terre maudite par la haine du monde, les terres d'Ekarizu. Un lieu capable de détruire l'âme des humains et d'affaiblir celle des Yokai par son venin de malveillance. Il devait accourir, ou Rin serait absorbée par cette haine.
Son pas se fit plus rapide, et il commença à apercevoir au loin sur une colline une silhouette sombre, ténébreuse, identifiable entre mille. Naraku. Sesshomaru arrêta avec difficulté le grognement de rage qui menaçait de jaillir de sa gorge. Ses yeux distinguèrent une forme à ses pieds, plus claire et colorée, et le cœur de Sesshomaru s'arrêta l'espace d'une seconde. Rin était là, entre les mains de son ennemi.
Plus loin, il sentait l'arrivée de son demi-frère et de ses compagnons, et il pouvait également reconnaître l'odeur de l'Ookami Yokai Koga. Ainsi, la bataille finale allait commencer. Qui aurait cru que tout se jouerait sur la vie de Rin ?
Il dégainant Tokijin, dépassa Kohaku, qui, en tant qu'humain, n'avait pas la vitesse pour satisfaire son empressement. Tout était une histoire de temps, Rin ne pouvait tenir l'éternité ici. Et pourtant, Sesshomaru savait que la précipitation ne lui servirait à rien, la barrière de Naraku trop puissante face à une simple attaque de Tokijin. Et il n'oserait pas employer la puissance maximale de son youki. Il ne voulait pas affronter l'alternative de toucher Rin si Naraku se prenait l'envie d'enlever son kekkai au dernier moment en utilisant l'enfant comme bouclier. Pourquoi a-t-il fallu qu'elle soit une si faible humaine ? Pourquoi a-t-il fallu qu'elle tente si inutilement de me sauver, il y a si longtemps ? Pourquoi a-t-il fallu qu'elle emprunte un chemin inconnu dans ma vie ? Rin… Une enfant qui avait voulu s'attacher à un démon, pour une raison stupide qu'il n'avait jamais cerné. Il y a avait un prix pour tous les actes inconsidérés. Mais qui paierait le prix le plus cher, l'enfant ou le démon ? Rien de tout cela n'a d'importance à présent.
Sesshomaru courut dans le vent, vers le seul but que ses yeux perçaient malgré l'obscurité digne d'une éclipse totale du soleil. Sa voix gronda et ses yeux tournèrent au rouge, la chaîne de ses sentiments déliée après avoir été contenus si fermement depuis la disparition de Rin. Non, celui qui paierait serait Naraku, et Naraku seulement.
La haine qu'il avait pour son ennemi l'envahit, plus profondément encore, menaçant de contrôler son esprit. Sans doute était-ce l'effet de ce lieu maudit. Mais l'image de Rin allongée sur le sol lui fit garder un semblant de sang froid, nécessaire pour le combat qui s'annonçait. Il pouvait à présent distinguer le sourire narquois à peine esquissé de son ennemi, et Sesshomaru s'apprêta à frapper le misérable hanyo. Usant toute sa force, il fracassa l'épée sur la barrière de Naraku.
Bien sûr, il ne fut pas surpris par la lâcheté du hanyo. Il n'y avait que lui pour se cacher derrière une barrière. Il l'avait prévu.
Sesshomaru se força d'envisager qu'il était dans une impasse. Il reprit un instant sa position de combat ne quittant pas des yeux Naraku. Qu'allait-il faire ?
Naraku éclata de rire, faisant gronder Sesshomaru, son épine dorsale tendue de rage.
« Sesshomaru, Sesshomaru, quel plaisir de te revoir… je dois dire que rencontrer la petite Rin a été difficile pour elle, la pauvre enfant. L'obéissance est quelque chose qui manque à son éducation, Sesshomaru. »
Sesshomaru gronda encore malgré sa volonté de maintenir son sang froid. Oh, combien aurait-il aimé déchiqueter la gorge du hanyo entre sa mâchoire.
« Rin n'obéit pas à des larves sorties de terres comme toi, hanyo.
- Tss, Sesshomaru, je crois qu'on oublie sa place. J'ai la vie de Rin entre mes mains, je te le rappelle. Me supplieras-tu de la laisser vivre, Sesshomaru ? Peut-être pourrais-je te la rendre si tu te montres suffisamment humble. Qu'est-ce que ta fierté devant la vie de cette adorable enfant ? »
Il veut m'humilier ? Ce misérable hanyo veut m'humilier, moi, Sesshomaru ?
« Si tu ne la relâches pas, hanyo, je veillerai personnellement à réduire ta vie en tas de cendres. Mais avant, tu me supplieras de te tuer. »
Sesshomaru nota avec satisfaction que le regard de Naraku refléta l'espace d'une seconde de la peur. Mais l'hésitation du hanyo ne perdura pas. Sesshomaru avait sentit l'odeur du Kaze no Kizu de son frère se dirigeant droit sur Naraku… et Rin. Sesshomaru dégainant Tenseiga, après avoir planté Tokijin au sol, se plaça entre Rin et la déferlante du Tessaiga, maudissant Inuyasha de le forcer à protéger en même temps Naraku. Naraku était assez vile pour pouvoir retirer le kekkai et lancer Rin contre l'explosion de youki du Kaze no Kisu.
« Keh, Sesshomaru, encore en train de servir Naraku ? » aboya Inuyasha.
Sesshomaru vit son demi-frère et plus loin, le reste de ses compagnons.
« Tais-toi imbécile, estime-toi heureux que je n'ai pas de temps à consacrer pour finir ta misérable vie. »
Le rire de Naraku irrita Sesshomaru au plus haut point, et sembla avoir le même effet sur Inuyasha.
« Voyons, voyons. Quelle touchante retrouvaille entre deux frères. Dommage que cela se fasse le jour de votre mort.
- Naraku, espèce de… » Inuyasha fut interrompu par la voix de sa compagne humaine, la miko Kagome.
« Rin-chan ! »
Kagome encocha une flèche vers Naraku s'apprêtant à tirer.
« Relâche-la Naraku, Rin-chan n'est pas concernée par le Shikon no Tama. »
Pour toute réponse Naraku sourit et prit Rin dans ses bras au grand dégoût de Sesshomaru. Comment osait-il toucher Rin ? Sesshomaru pu pourtant voir pour la première fois le visage de l'enfant. Elle avait été frappée à la tête comme le montrait la méchante blessure au dessus de son arcade sourcilière, et elle saignait abondamment du flanc. Oui, Naraku allait définitivement le payer.
« Oh vraiment, Kagome ? Mais je crois que dans ce grand jeu de hasard je suis le seul à pouvoir imposer les règles. N'ayez crainte, bientôt vous comprendrez. Il reste juste encore un invité. »
La taijiya et le moine galopaient sur le félin de feu, mais Naraku n'était apparemment pas leur préoccupation première.
« Kohaku ! » appela la jeune femme.
Le garçon aux côtés de Sesshomaru ne répondit pas et gardait la tête baissée, comme s'il craignait de croiser le regard de sa sœur.
« Oh, encore une réunion familiale qui va se finir tragiquement, déclara Naraku. Viens Kohaku, j'ai une tâche à te confier. »
Kohaku hésita puis donna un bref coup d'œil à l'intention de Sesshomaru. Le garçon allait tenter quelque chose et Sesshomaru ne le retint pas, il ne dit rien. Quand bien même il devinait qu'il allait à sa mort. Kohaku avait choisi son destin.
Le garçon entra d'un pas ferme dans la barrière, et fit face à Naraku qui tenait encore Rin dans ses bras. Naraku lui sourit.
« Kohaku, que crois-tu que je vais te demander ? »
A l'évidence, la question prit le garçon au dépourvu car il fronça les sourcils. Il empoigna son scythe de combat d'un geste lent et délibéré qui ne trahissait en rien les battements affolés de son cœur.
« Tuer la fille ? suggéra-t-il à mi-voix.
- Kohaku, murmura la taijiya, non…
- Quand bien même il serait intéressant de voir si tu es capable de réussir là où tu as échoué avant, non, ce n'est pas ce que je veux.
- Maître ? »
Et alors que Naraku se penchait vers lui, Kohaku, lança son scythe dans le visage du hanyo. Il retira la lame tout aussi brusquement faisant jaillir un flot de sang qui souilla le yukata de Rin. Le visage de Naraku se reformait déjà, fermant la blessure béante.
« Depuis quand m'avais-tu trahi, Kohaku ? »
L'expression de Naraku paraissait presque ennuyée, mais en aucun cas surprise de ce revers de situation. Il a toujours su. En ce jour, Naraku avait l'intention de remettre en question la loyauté de son jeune serviteur.
L'Hiraikotsu de la taijiya vola soudain pour buter contre la barrière de Naraku, avant de revenir à sa propriétaire.
« Kohaku ! Sauve-toi! hurla la sœur du garçon. Tu ne peux rien contre lui !»
Malgré tout, le garçon Kohaku resta devant Naraku, impassible. Sans le vouloir, Sesshomaru ne put s'empêcher d'admirer le calme du garçon face à son destin visiblement funeste. Les humains pouvaient faire preuve de courage, semblait-il.
« Kohaku, Kohaku, quel dommage… Te condamner de cette façon, et pour quelle raison, dis-moi ? Vivre jusqu'à la fin de ses jours dans l'horreur d'avoir tué son propre père ? Laisse-moi soulager ta conscience, Kohaku. »
Les immondes tentacules de Naraku s'enroulèrent brusquement autour des bras de Kohaku dont le souffle fut coupé par l'impact. Mais le sort du jeune garçon ou les cris de la taijiya n'intéressèrent plus Sesshomaru. Rin s'éveillait doucement de son sommeil. Naraku ne prêtait guère attention à l'enfant qu'il portait dans ses bras trop concentré sur le sort de son serviteur. Sesshomaru devait être le seul à avoir remarqué le son régulier de la respiration de Rin, et il commença à s'inquiéter de son absence de réaction. Comme si elle essayait de faire croire à son ravisseur qu'elle dormait encore. Elle devait préparer quelque chose et Sesshomaru, connaissant le caractère de l'enfant et son don pour trouver les problèmes, ne prévoyait rien de bon.
Et en effet…
« Meurs Kohaku !
- NON ! »
Rin agrippa la nuque de Naraku avec toute la force qu'elle pouvait assembler, faisant dévier le coup originellement fatal du tentacule, sur la jambe de Kohaku. Naraku détacha Rin avec violence, la jetant rudement au sol non loin de là où se tenait Kohaku, lui aussi tombé à terre. La rage envahit une nouvelle fois Sesshomaru, plus intense, plus difficile à contrôler dans la frustration de savoir qu'il ne pouvait rien faire, sauf regarder Rin, se faire violenter de la sorte.
Elle tenta de se relever faiblement pour observer ce qui l'entourait. Ses yeux s'écarquillèrent quand elle le vit, montrant la peur qu'elle essayait de réprimer désespérément, et d'autres sentiments, encore, un véritable tourbillon d'émotions que Sesshomaru ne différenciait qu'avec peine. Ses yeux bruns rayonnaient de joie à sa vue, d'espoir, et d'une chaleur qui toucha Sesshomaru malgré lui. Elle esquissa un faible sourire. Un vague reflet du sourire rayonnant de bonheur qu'elle avait toujours pour lui, un vague souvenir de ce tout premier sourire qu'elle lui avait donné, ce jour lointain où il s'était enquis de son sort.
C'est quand elle sourit que je me sens le plus heureux. C'était ce que lui avait dit son père, il y avait bien longtemps de cela, quand Sesshomaru lui avait demandé pourquoi il voulait toujours revoir cette femme, Izayoi, avec qui il enfanterait plus tard Inuyasha. Sesshomaru ne l'avait pas comprit à l'époque. Mais la voix de son père ressurgissait toujours dans son esprit quand Rin souriait.
« Sesshomaru-sama… »
Ce n'était qu'un murmure qui portait pourtant toute l'affection qu'elle, l'enfant humaine, avait pour lui, le prince des démons.
Rin…
« Idiote… »
La voix de Naraku fit tourner Rin vers son ravisseur, faisant en même temps gronder Sesshomaru. Naraku l'observait comme s'il essayait de comprendre le comportement d'une étrange créature.
« Pourquoi voudrais-tu sauver celui qui a tenté de te tuer ? »
Rin leva fièrement la tête, sa lèvre inférieure, cependant, tremblait imperceptiblement.
« C'est mon ami ! Je ne te laisserai pas lui faire de mal !
- Rin, non…, vint murmurer l'humain Kohaku.
- Il ne désire même plus vivre, pourquoi le défendre ? Il vit avec la culpabilité du meurtre de son propre père. Je ne lui offre que le salut. »
Rin ne se laissa pas démonter, allant à surprendre même Sesshomaru. Elle avait du courage. Elle, si fragile et pourtant qui véhiculait une telle force. Qu'est-ce qui faisait tenir les humains ? Qu'est-ce qui les faisait garder la tête haute face à l'adversité, eux si pathétiquement faibles ?
« Ce n'était pas lui ! Et c'est fini, il est gentil, il mérite de vivre… »
Sa voix s'éteignit presque.
« …c'est mon ami. »
Si naïve, pensa Sesshomaru.
Il remarqua que la chasseuse de démon pleurait, ses larmes roulaient sur ses joues sans restriction. Et il sembla que le garçon aussi était au bord des larmes et fixait Rin, comme un homme assoiffé regardait un mirage. Une promesse d'espoir inatteignable, mais qu'on poursuit sans cesse.
Naraku avait perdu tout intérêt à ce qui se passait autour de lui. Il scrutait implacablement Rin, qui s'endurcissait à chaque instant.
« Tu n'as pas peur de moi… »
Le ton égal de Naraku aurait pu faire croire qu'il parlait de la pluie et du beau temps. Mais c'était bien plus que cela… un jeu de vie ou de mort. Et il sous-entendait une question.
« Sesshomaru-sama est là, quoiqu'il arrive, il est là… »
Sa voix mourait, et pourtant la douceur avec laquelle elle prononçait son nom ne lui échappa pas, ni à Naraku qui lui accorda un rapide coup d'œil.
« Sais-tu qu'il ne peut te sauver ? Rien ni personne ne pourra te sauver… ni toi, ni ceux que tu aimes.
- C'est faux. A la fin, vous perdrez. »
Même si ce n'était que les paroles d'une naïve enfant, Sesshomaru pouvait presque palper la rage de Naraku dirigée contre Rin. Sesshomaru gronda instinctivement craignant ce qui allait sans nul doute arriver. Et en effet, l'un des tentacules frappa rudement Rin qui s'effondra à terre. Elle ne releva pas. Seul le mouvement de sa respiration indiquait à Sesshomaru qu'elle était seulement évanouie. Il lui fallut un grand effort, concentré sur le souffle de la fillette, pour pouvoir retenir sa colère et son envie de détruire tout ce qui se trouvait sur son passage. Ses yeux voyaient rouge.
« Rin-chan, appela Kagome. Rin-chan, est-ce que ça va ?
- Naraku, gronda Inuyasha, espèce de lâche ! T'attaquer à une gamine ! »
Les autres personnes présentes, y compris l'ookami, étaient prêtes à attaquer à la moindre erreur de Naraku. Sesshomaru s'en étonna. Après tout, que représentait Rin pour eux ?
Naraku, un sourire sournois aux lèvres, ne paraissait pas concerné par les autres. Il se tourna plutôt vers Kohaku qui rampait pour atteindre le corps de Rin.
Kohaku caressa le visage de Rin, comme s'il voulait s'assurer qu'elle était bien en vie, et il murmura doucement son nom.
« Rin, je n'en valais pas la peine…
- En effet Kohaku, l'idiotie de cette fille ne t'a fait gagner que quelques minutes de vie, aussi pitoyable que cela puisse être. Nous avons perdu trop de temps. »
Le sourire abjecte de Naraku disparut subitement, un tentacule perçant le chair du jeune garçon où devait se trouver un fragment de la perle de Shikon. Kohaku s'effondra sous le choc, sa tête butant sur le sol noir près du visage de Rin.
Le seul son qui traversa la lourde brume de silence était l'appel désespéré de la taijiya maintenue debout par les bras du moine.
L'odeur âpre de la mort se répandit rapidement faisant même frémir Sesshomaru. A cela, s'ajoutait le dégoût que lui inspirait le hanyo.
« Naraku, ta lâcheté est méprisable. Tu te caches derrière une barrière, tu t'en prends à des enfants. Rien que ton existence est une insulte à la terre sur laquelle tu marches. Il est temps que moi, Sesshomaru, en finisse avec toi. Viens te battre !
- Mais la partie n'est pas finie, Sesshomaru. Car aujourd'hui, je complèterai la perle du Shikon. »
Les yeux de Naraku passèrent sur Inuyasha et son humaine, puis sur l'Ookami.
« Je crois que vous détenez quelque chose qui m'appartient. »
Il parle des fragments du Shikon.
L'humaine Kagome amena instinctivement sa main contre sa poitrine, tandis qu'Inuyasha se plaça devant elle, Tessaiga entre ses mains et ses dents serrées dans un grondement inhumain. Ce fut l'ookami qui prit la parole.
« Si tu crois que nous allons te donner les fragments de la perle, Naraku, tu te trompes comme pas possible. Jamais on ne te laissera faire !
- Oh ? Mais je crois que je ne vous laisse pas le choix. N'est-ce pas, Sesshomaru ? »
Naraku se pencha et recueillit Rin dans ses bras, et la serra contre lui.
« Naraku, espèce d'enfoiré… » dit Inuyasha avec animosité.
Sesshomaru enfonçait ses ongles dans la paume de sa main, indifférent à la douleur qu'il créait.
« Tsk, tsk, langage Inuyasha. Ton frère aurait du t'apprendre quelques bonnes manières. A présent, donnez-moi les fragments de la perle, ou elle mourra. »
Ni Inuyasha ni Koga ne semblaient capables de bouger de leur place. Sesshomaru pouvait le comprendre, mais après un regard sur Naraku et Rin, il s'apprêta à agir. En l'occurrence, même s'il en haïssait l'idée, prendre le fragment de la miko et du loup. Il n'avait pas le choix. Néanmoins, la miko Kagome le devança.
« Si on vous donne les fragments, est-ce que vous relâcherez Rin-chan ?
- Kagome ! crièrent Inuyasha et le loup.
- Je crois que la jeune miko soit la seule avec une once d'intelligence, sourit Naraku. Je prendrai en effet en compte ta requête, petite miko. »
Elle prit alors un pendentif de son cou qui brilla de la lueur fuschia du Shikon, son pouvoir battant faiblement. Même dans les mains saines de la miko, la pureté du fragment vacillait dans ces terres maudites.
« Kagome-sama, prevint le moine en tenant toujours dans ses bras la taijiya inconsolable, rien ne nous dit qu'il laissera Rin en vie…
- Et que voulez-vous faire, s'écria la miko, la laisser mourir ? »
Le moine ne répondit pas, et elle lança le fragment qui traversa le kekkai. Un tentacule le récupéra et Naraku l'assembla avec le reste de la perle qu'il détenait. Sa couleur sombre indiquait à quel point Naraku avait pollué la perle. Elle était pratiquement complète.
« Koga, dit Naraku, à ton tour à présent. »
L'ookami yokai jura.
« Tu rêves, Naraku ! »
Naraku pointa un tentacule sur le cou de Rin, et pressa jusqu'à entailler la peau délicate de la jeune fille. La vue du sang de Rin eut un effet dévastateur sur le contrôle de Sesshomaru. Ses yeux se tintèrent de rouge par la rage, et… la peur. Il détesta de devoir reconnaître ce sentiment. Il l'avait rarement ressenti au cours de ses deux cent cinquante années d'existence, et jamais pour quelqu'un autre que lui-même. Il était terrifié pour Rin, l'humaine dont il était devenu le gardien. Ce fut cette peur qui le força à avancer vers le loup.
« Alors Koga ? demanda Naraku
- Koga-kun, supplia la miko, s'il te plait !
- Il deviendra trop fort avec la perle, Kagome, argumenta le loup. On ne peut pas le permettre.
- Nous trouverons un autre moyen pour le battre, déclara Inuyasha. Avec ou sans la perle, on le vaincra quand même.
- Quelle prétention de ta part, moqua Naraku. Alors quelle est ta décision, Koga chef de la tribu des loups ? Donnes-tu les derniers fragments en ta possession ? Ou préfères-tu que je tue une enfant sous tes yeux avant de te les arracher de force ? Je prendrai par la même occasion vos vies, cela sera fort amusant. »
Sesshomaru avait arrêté son avancée car même dans son état de colère, il pouvait voir que l'ookami hésitait. Il prit le temps de cette hésitation pour gagner un peu plus de terrain sur ses émotions devenues incontrôlables. Naraku dut trouver le temps trop long, car il se tourna vers lui.
« Sesshomaru, je crois que l'ookami a besoin d'être convaincu. »
Sesshomaru gronda. Jamais il ne s'était trouvé dans une telle impasse. Naraku allait s'en prendre à Rin, s'il n'agissait pas. Et le seul moyen pour gagner un peu de répit était d'entrer dans le jeu infâme de Naraku et de lui récupérer les deux fragments de la perle qui pulsaient au niveau des membres de l'ookami. C'était la seule solution, mais sa fierté de taiyokai en serait blessée. Pour Rin…
Le loup s'avança alors, l'empêchant de prendre une décision.
« Koga-kun, murmura la miko au bord des larmes.
- Kagome, dit le loup, je refuse de te voir pleurer à cause de Naraku. Et ce crétin d'Inuyasha a raison. On n'a pas besoin de la perle pour le tuer. »
Il perça avec ses griffes la peau de ses jambes et récupéra les deux fragments qu'il lança au hanyo. Naraku sourit lorsqu'il eut en main les deux derniers morceaux de la perle.
« Dommage que Kikyo n'aie pas daigné répondre à l'appel, remarqua-t-il. J'aurais tant aimé qu'elle soit présente à mon avènement. Elle aurait pu voir ce que je suis devenu à cause d'elle… pour elle…
- Espèce de… »
Inuyasha ne finit pas son injure, car Naraku choisit cet instant pour unifier les fragments du Shikon no Tama au dessus du corps inanimé de Rin. Les yeux de Naraku fixait la pierre, fascinés par son énergie malsaine et ô combien puissante. Une énergie qui faisait frémir Sesshomaru d'envie et de dégoût. Un pouvoir capable d'influer sur les éléments eux-mêmes. La terre vibrait, le vent se levait, faisant flotter les chevelures de Rin et de Naraku. La pluie qui avait menacé de tomber, s'abattit enfin.
Sesshomaru prit conscience que le pouvoir maléfique de la perle se concentrait autour de Rin, menaçant de l'étouffer. Jamais elle ne pourrait survivre à cela. Elle était trop pure, trop fragile pour supporter un tel pouvoir.
« Naraku, nous avions conclu un marché ! cria la miko. Relâchez Rin ! »
Naraku éclata d'un rire sournois.
« Vraiment petite miko, je me demande comment tu peux être la réincarnation de Kikyo avec une telle naïveté. Crois-tu que je me serais embarrassé d'une enfant si je n'avais pas d'autres projets pour elle ?
- Quoi ?! Enfoiré ! » hurla Inuyasha.
Sesshomaru pour une fois partageait la rage que ressentait son frère. Non, elle était bien pire encore. Mais des interrogations se multiplièrent dans son esprit. Que voulait Naraku de Rin ?
« Elle est spéciale, » énonça le hanyo comme s'il avait deviné sa question.
Il regardait Rin dans ses bras, et laissa flotter le Shikon no Tama devant son visage.
« N'avez-vous pas remarqué qu'elle n'est pas touchée par le youki des terres maudites d'Ekarizu ou même l'aura de la perle ? Alors que vous, humains et démons, faiblissez devant ces forces, elle n'en est même pas affectée. »
Sesshomaru comprit alors où voulait en venir Naraku. Elle était encerclée par le pouvoir pollué du Shikon, mais il ne la traversait pas, il ne la touchait même pas.
« Comment… »
Sesshomaru se rendit compte qu'il s'était exprimé à haute voix quand Naraku le dévisagea, un sourire aux lèvres.
« Son cœur est pur, incapable d'haïr. Elle est l'essence même du Cœur, le Nigimitama. Pourquoi elle parmi la multitude d'humains grouillant sur terre ? Voilà bien quelque chose que moi-même, Naraku, ne saisit pas. Mais elle a été marquée par la mort une fois, peut-être que c'est l'une des raisons. »
Sesshomaru amena sa main près de la poignée du Tenseiga qu'il sentit sur son avant-bras. Le destin était bien ironique pour Rin. Tenseiga lui avait donné une seconde chance de vie, mais l'épée pouvait bien être la cause d'une dernière mort. Non, c'est faux… elle avait déjà un cœur pur la première fois que je l'avais rencontré.
« C'est pour cette raison que j'ai besoin d'elle, de son cœur, moi qui aie renié celui d'Onigumo. J'ai besoin de ce cœur pur pour le transformer en réceptacle du Shikon no Tama amplifiant son pouvoir. Et alors, je pourrais absorber ce cœur si pur, et cette puissance que même les plus fous des hommes et des yokai n'avaient jamais osé rêver un jour d'obtenir.
- Naraku, non ! supplia la miko.
- Salopard ! » lança Inuyasha.
Sesshomaru ne contrôla plus ses sentiments, et il se transforma en Inu géant. Il se jeta contre le kekkai, entouré par son youki qui crépitait du moindre poil de sa fourrure, tandis qu'Inuyasha asséna un immense Kaze no Kisu de son Tessaiga rouge.
Les deux furent rejetés en arrière. Sesshomaru reprit sa forme habituelle, le youki des lieux l'affectant finalement en l'empêchant de conserver sa forme taiyokai plus longtemps. Il fut surpris que le simple fait de se tenir debout lui demandait plus d'énergie que d'habitude. Il n'était pas le seul, Inuyasha ne se portait guère mieux. Il s'appuyait en effet lourdement sur le Tessaiga qui ressemblait alors à une vulgaire épée rouillée.
« Vos tentatives sont pour le moins distrayantes, mais inutiles. De toute façon, j'ai perdu trop de temps. »
Naraku libéra l'une de ses mains et prit la perle du Shikon.
« Tu sous-estimes le Nigimitama, dit soudainement le moine. Elle pourrait purifier la perle.
- Es-tu vraiment un moine, Miroku, avec si peu de connaissances ? rétorqua Naraku avec une grimace agacée. Elle peut purifier la perle, c'est vrai, mais elle n'est qu'une enfant, pas une miko. C'est toi qui me sous-estimes, moine pervers. J'ai besoin de cet aspect de la perle. Je contrôle sans contexte le youki des démons qui se battent encore dans le Shikon no Tama depuis deux siècles. Pourtant la perle vit aussi à travers une autre force, celle de … Midoriko. »
Sesshomaru fut intrigué par l'hésitation avec laquelle Naraku prononça le nom de l'ancienne miko, mais il continuait déjà.
« Je veux contrôler ces deux aspects du pouvoir du Shikon no Tama, et pour cela, il faut une âme aussi pure que la mienne est souillée… »
Il observa pensivement le visage de Rin.
« C'est pourtant dommage pour la vie de cette enfant. Elle allait s'épanouir en une belle femme, une de celles que j'aurais prise et brisée avec plaisir. Sesshomaru, tu as très bon goût. »
Le commentaire inapproprié de Naraku énerva Sesshomaru. Ce qu'il sous-entendait… Absurde ! Naraku parlait trop. Il tourna à nouveau son attention sur Rin, et approcha le Shikon no Tama près de la poitrine de la fillette, là où se trouvait son cœur.
« Naraku, non ! cria la prêtresse en tirant vainement une flèche qui n'affecta même pas le kekkai.
- RIN ! »
Sesshomaru appela malgré lui, ignorant les battements du Tenseiga. Avant que Naraku ne frôlât Rin, Sesshomaru entendit son dernier souffle.
« Sesshomaru-sama… ».
Il était trop tard. Naraku fit entrer la perle noire dans le cœur de Rin. L'aura ténébreuse disparut subitement, remplacée par une lumière fuschia éclatante venant de la poitrine de Rin.
« Quoi ?! »
Naraku relâcha l'enfant qui flottait, portée par la lumière purificatrice. Il s'écarta et amena sa main devant ses yeux. La lumière s'intensifia au point d'aveugler Sesshomaru, elle devint tout. Il crut être entouré par une aura familière, une force douce et chaude, comme un rayon de soleil. Il n'était pas difficile de comprendre ce que c'était.
« Rin, arrête. »
Il était certes un Taiyokai, mais une aura de cette puissance pouvait le purifier. Les étincelles qu'il ressentait sur les moindres parcelles de sa peau devenaient désagréables. La lumière s'affaiblit à son ordre, et Sesshomaru vit que Naraku n'était plus là. Avait-il été purifié comme les terres d'Ekarizu autour d'eux ? L'infâme youki que dégageaient les terres maudites n'était plus. Peut-être que Naraku avait subi le même sort.
Le corps de Rin flottait doucement vers le sol. Sesshomaru s'approcha et posant un genou à terre, il récupéra Rin au creux de son bras. La pluie continuait à laver son visage, et comme deux années auparavant, Rin souleva ses lourdes paupières.
« Sesshomaru-sama…
- Est-ce qu'elle va bien ? demanda la miko en s'avançant avec le kistune à sa suite. Rin-chan ?
- Hai, Kagome-sama, mais je suis si fatiguée.
- Keh, j'aimerais bien savoir ce qui se passe ici ! Et où est Naraku et la perle ?!
- Je ne sais pas pour Naraku, mais pour le Shikon no Tama… Rin-chan, te sens-tu bien ? As-tu mal à la poitrine ? »
Sesshomaru regardait la miko, intrigué. Voulait-elle dire…
« Je vais bien, Kagome-sama, pourquoi…
- KOHAKU ! »
La taijiya se trouvait près du corps du garçon rassemblant sa forme sans vie dans ses bras en le berçant doucement. Elle étouffait ses pleurs contre le torse de son jeune frère, incapable de contenir sa douleur. Le moine se tenait derrière elle, ses mains posées sur les épaules de la jeune femme. Les humains sont si faibles, si… émotionnels.
« Kohaku-kun... »
Rin ne fit que souffler le prénom de son ami, mais pour Sesshomaru, la façon peinée avec laquelle elle le murmurait l'insupportait. Et puis il y avait l'odeur salée de ses larmes qui le gênait. Elle renifla comme pour s'empêcher d'éclater en sanglots avec la taijiya, mais un flot silencieux coulait sur ses joues. Rin pleurait rarement, mais Sesshomaru détestait l'odeur de ses larmes.
Il se leva, et se dirigea vers la taijiya enfermée dans les bras du moine. Il dégaina Tenseiga et sentit Rin trotter à ses côtés, ses mains s'agrippant à la fine texture de son hakama.
Sesshomaru se concentra, puis les trouva, les messagers de l'au-delà, rôdant autour du corps du jeune garçon. D'un coup précis, il les fendit en deux. Sans aucune surprise, il entendit le cœur du garçon battre. Il ouvrit ses yeux et regarda sa sœur qui ne s'était rendue compte de rien.
« Ane-ue… »
La taijiya s'arrêta brusquement de pleurer pour contempler son frère. Son expression d'incrédulité devint une expression de joie, et elle serra le garçon dans ses bras.
« Kohaku, tu es en vie !
- Ane-ue, je suis tellement désolé… pour tout.
- Kohaku, tu es avec nous, c'est le plus important. »
Rin sécha ses larmes du revers de sa main sale, et leva son visage souriant vers Sesshomaru. Il aurait presque pu sourire en voyant son visage taché, si parmi la boue, il n'y avait pas des traces de sang.
« Merci beaucoup, Sesshomaru-sama. »
Il acquiesça imperceptiblement.
« Allons-y, Rin.
- Oui ! »
Sesshomaru commença à marcher lentement vers AhUn, laissant Rin s'agripper à son hakama. Elle tenait à peine debout, mais Sesshomaru ne pouvait se permettre de porter l'enfant devant la bande d'humains, et encore moins devant Inuyasha.
« Sesshomaru ! » appela ce dernier.
Sesshomaru s'arrêta un instant, et lança un regard par-dessus sont épaule.
« Merci, » murmura son frère.
Sesshomaru était surpris, il ne s'attendait pas à des remerciements de la part d'Inuyasha. Il n'en voulait pas non plus.
« Garde tes remerciements, Inuyasha. Je ne l'ai pas fait pour toi. »
Il avait conscience que les humains le suivaient du regard.
« Mais, Sesshomaru, intervint la miko, il reste encore un problème. Rin-chan porte le Shikon no Tama en elle. »
Ce qui arrêta complètement Sesshomaru. Il n'y avait plus prêté attention, mais c'était vrai. Il pouvait sentir le pouvoir de la perle en Rin. La différence était qu'elle était à présent complètement purifiée. Comment Rin avait été capable de purifier le Shikon no Tama, souillé par Naraku lui-même ? Sesshomaru n'aurait pas cru que cela fût possible et encore moins que Rin y parviendrait.
Néanmoins, il ne montra rien de ses pensées aux humains.
« Et ?
- Ne croyez-vous pas que cela devienne dangereux pour Rin-chan ? Même si Naraku est… mort…
- Kagome-sama, dit soudainement le moine, Naraku n'est pas mort. La malédiction du kazaana est toujours dans ma main. »
Sesshomaru nota cette nouvelle information. Ainsi donc, le hanyo s'était échappé. Parfait, Sesshomaru se ferait un plaisir de se venger. Mais il devait rétorquer à l'humaine d'abord. Elle se mêlait d'affaires qui ne la concernaient vraiment pas.
« Humaine, me crois-tu incapable d'assurer la sécurité de Rin ? Naraku peut tenter de s'approcher, il en payera de sa vie.
- Vraiment ? Alors pourquoi se fait-il qu'il ait réussi à enlever Rin une nouvelle fois ? »
Ils se tournèrent tous vers l'origine de la voix froide. C'était la première miko d'Inuyasha.
« Kikyo ? s'exclama Inuyasha. Qu'est-ce que… ? »
La prêtresse ne jeta pas même un regard à son ancien amant. Elle se dirigeait vers eux, d'un pas lent et résolu, indifférente aux autres personnes qui l'entouraient. Rin serra ses petites mains sur son hakama, et Sesshomaru inconsciemment posa la sienne sur le pommeau de Tokijin. L'aura de la miko émanait une certaine puissance, insuffisante pour purifier un Taiyokai comme Sesshomaru, mais capable de l'affaiblir considérablement. De plus, les miko étaient les ennemies naturelles des yokai. Sesshomaru s'en méfiait d'autant plus. Il n'avait jamais compris ce qu'Inuyasha avait bien pu lui trouver.
« Naraku s'est échappé avant de risquer d'être purifié. Il cherchera à finir ce qu'il a commencé, et poursuivra cette enfant pour atteindre son but.
- Comme je le disais, miko, s'il essaye de s'approcher de Rin, il regrettera amèrement de ne pas avoir été purifié aujourd'hui. »
La prêtresse le fixa droit dans les yeux, sans ciller.
« Mais qui la protégera de vous-même ? Le Shikon no Tama promet un pouvoir irrésistible à n'importe quel démon. Tous le convoitent. Qu'avez vous ressenti quand Naraku a réunifié les derniers fragments ? Vous avez désiré ce pouvoir, n'est-ce pas ?
- Tu ne sais rien, miko, cracha-t-il conscient qu'elle avait raison.
- Tous les démons tombent sous l'emprise du Shikon no Tama. Inuyasha était de ceux-là. Qu'arrivera-t-il quand vous souhaiterez ce pouvoir plus que tout autre chose ? Tuerez-vous Rin ?
- Jamais Sesshomaru-sama me tuera ! clama Rin avec colère.
- Le Shikon no Tama ne m'intéresse pas, miko. Garde tes mots pour ton hanyo d'amant, auquel tu ne devrais jamais me comparer si tu tiens à ta misérable vie. »
Une émotion passa dans les yeux de la miko. Sesshomaru eut envie de sourire. Il avait touché un point sensible. Elle n'était pas abattue pour autant.
« Et comment Rin apprendra-t-elle à ne pas se faire anéantir par ses propres pouvoirs ? Que ferez-vous quand elle tentera de vous purifier dans son sommeil ? Avec le Shikon no Tama, cette enfant a acquis un potentiel hors du commun. Elle sera plus puissante que moi ou Kagome, voire même Midoriko, la créatrice de la perle. Je peux lui apprendre…
- Je ne ferai jamais de mal à Sesshomaru-sama ! » coupa Rin.
La miko se pencha vers l'enfant en la regardant avec douceur et compassion.
« Je l'ai cru à une époque, mais les démons et les humains ne sont pas faits pour vivre ensemble, Rin.
- C'est faux ! persista Rin avec une trace de désespoir dans sa voix. Vous avez tous faux, le moine, vous… J'ai vécu avec Sesshomaru-sama, Jaken-sama et AhUn depuis deux ans, et j'en suis heureuse ! Inuyasha-sama et Kagome-sama vivent bien eux aussi ensemble… alors… alors, pourquoi ce serait différent pour moi ? »
Les traits de la prêtresse se crispèrent à la mention d'Inuyasha et de Kagome, à la grande satisfaction de Sesshomaru. La miko parlait trop, sa douleur ne pouvait que la remettre à sa place, même si Rin n'avait pas eu l'intention de la blesser. Néanmoins, elle avait raison sur un point, humains et démons n'étaient pas faits pour vivre ensemble. Alors pourquoi voulait-il garder Rin ? Il y avait aussi le problème du Shikon no Tama. Si Rin n'avait pas l'entraînement nécessaire pour contrôler la perle, qui sait ce qui pourrait bien arriver ? Une miko pouvait aider Rin, mais Sesshomaru doutait qu'il en existât une suffisamment intègre pour ne pas tenter de s'emparer de la perle. La miko avait beau parlé des yokai, les humains étaient bien plus avides de pouvoir, surtout un aussi puissant que le Shikon no Tama. Et Kikyo n'était pas quelqu'un en qui il avait confiance. Ce qui résolvait le dilemme.
« Allons-y, Rin, nous n'avons plus rien à faire ici.
- Oui, » répondit-elle d'un ton résolu.
Ils se retournèrent, et Sesshomaru se retint de prendre Rin qui marchait avec difficulté. Elle ne se plaignait pas pourtant. Devinait-elle qu'il devait la laisser se débrouiller pour garder sa fierté ?
« Vous êtes-vous abaissé au même niveau que votre père qui a aimé une humaine, interpella la miko, ou même de votre frère que vous méprisez tant ? »
Sesshomaru s'arrêta. Une envie de tuer la miko s'empara brusquement de lui. Non, pas devant Rin.
« Sale humaine ! s'indigna Jaken. De quel droit oses-tu t'adresser de la sorte au Seigneur Sesshomaru ?!
- Kikyo, qu'est-ce qui te prend ? demanda la miko Kagome.
- Kikyo, murmura Inuyasha.
- Rin a un pouvoir bien trop grand pour permettre à un Taiyokai de rester auprès d'elle. Elle doit apprendre à le maîtriser et je suis la seule capable de le lui montrer.
- Je ne veux pas ce pouvoir ! cria Rin d'une voix cassée par des sanglots qu'elle essayait de contenir. Prenez-le, gardez-le, donnez-le à Naraku si vous voulez, mais laissez-moi rester avec Sesshomaru-sama ! »
Rin posa doucement sa tête contre la jambe de Sesshomaru, choqué par la violence des émotions de l'enfant. Elle commença à pleurer sur son hakama.
« N'est-ce pas, Sesshomaru-sama, ne les laissez pas me prendre. »
Sans réellement le vouloir, la main de Sesshomaru se posa sur les cheveux mouillés de Rin, qui continuait de sangloter. Comment étaient-ils arrivés là ? Elle était prête à céder un si grand pouvoir quelqu'en soit les conséquences pour rester avec lui et lui… La miko avait raison, quand bien même Sesshomaru détestait devoir l'admettre. Les sentiments encore jeunes de Rin changeraient peut-être au cours des années et deviendraient quelque chose que Sesshomaru ne voulait pas affronter. Il n'était pas comme son père ou Inuyasha. Mais il répugnait de laisser Rin, elle avait été sous sa responsabilité, et sans le savoir, elle était devenue son rayon de soleil. Et sa faiblesse. Il n'aurait jamais dû le permettre.
Rin s'était attachée à lui, elle serait inconsolable s'ils se quittaient. Il devait pourtant faire ce qu'il fallait. Il était temps quelle repartît chez les siens, il était temps de briser ce lien qui les attachait l'un à l'autre.
« Rin, tu vivras à présent avec la miko. »
La respiration de Rin s'arrêta. Elle leva son visage vers le sien, et Sesshomaru voulut fuir son regard plein de détresse. Mais il ne pouvait pas, il ne pouvait pas la fuir. Il n'avait jamais vu une telle tristesse, incommensurable, presque dévastatrice. Qu'avait-il fait ? Le nécessaire. Pourtant une certitude naquit en lui. Plus jamais, il ne voulait lire cette émotion désespérée dans les yeux de Rin.
« Non, non… s'il vous plait... »
Il devait le faire pour couper ces liens ridicules qui n'auraient jamais dû exister. Malgré sa résolution, sa main continuait d'elle-même de caresser la tête de l'enfant. Ses paroles devaient trahir ses gestes, sa raison et sa froide logique devaient prendre le dessus.
« Tu as toujours été un fardeau, Rin. Il est temps que cela cesse. »
Le regard qu'elle lui donna devint encore plus insupportable que le précédent. Sesshomaru leva son visage vers le ciel sombre d'où tombait cette incessante pluie. Pourtant, même dans son esprit, les yeux d'une mortelle blessée le poursuivaient. Il perçut un sentiment qu'il n'avait jamais connu auparavant. De la culpabilité. C'était absurde, il savait qu'il avait fait le meilleur choix possible.
« Je… vous en… prie… »
Ce fut son dernier murmure, avant qu'elle ne se laissât atteindre finalement par l'épuisement des efforts et des émotions qu'un si petit être avait enduré. Elle vacilla, mais Sesshomaru la rattrapa avant qu'elle ne tombât sur le sol boueux. Il la porta dans son bras valide, maintenant indifférent de ce que pouvait penser la troupe d'humains et de yokai derrière lui. Il appela AhUn et plaça le corps de Rin sur le dos du dragon à deux têtes.
« Miko, dit-il, je laisse AhUn avec Rin. S'il y a le moindre problème, ils n'hésiteront pas à te tuer. »
Il s'approcha de l'une des têtes de la monture, et murmura d'une voix suffisamment basse pour ne pas être entendu de son frère et du loup.
« Protégez-la. »
Il passa une dernière fois ses doigts dans la chevelure de Rin, se demandant vaguement si elle n'allait pas attraper froid, trempée comme elle l'était. Adieu, Rin.
« Jaken, nous partons.
- Mais maître… »
Sesshomaru lança un regard glacial à son serviteur. Jamais Jaken ne s'était opposé à la moindre de ses décisions. Il était hors de question qu'il commençât aujourd'hui. Surtout si elle concernait Rin. Jaken déglutit, et après un dernier coup d'œil sur la forme endormie de Rin, il le suivit.
Sesshomaru voulait partir de ce lieu au plus vite, et il commença à s'envoler. Jaken agrippa sa fourrure, et alors qu'il était dans les airs, il entendit l'ookami parler.
« Humaine ou non, il ne la mérite vraiment pas. »
