Un peu de blabla... Et voilà, le lynx est reparti sur un projet ambitieux de façon totalement aléatoire et inconsciente. Mais j'en avais terriblement envie x)

Ce qui suit est le prologue d'une histoire pour laquelle je tiens abso-lu-ment à faire durer le plaisir. Les updates seront donc assez espacées.

Que dire d'autre ? Vous savez que je suis un esprit un brin tordu après tout. Et je comprendrai que certains, les plus sensibles en tous cas, soient... mal à l'aise. M'enfin, vous verrez par vous-même après tout. Bonne lecture.

Et n'oubliez pas une petite review pour le lynx qui s'use les pattes sur son clavier pour vous ^^


Sa naissance se produisit dans un fracas de verre brisé.

Ses yeux s'ouvrirent sur une flaque de liquide poisseux. Elle-même en était recouverte, ainsi que le sol autour de sa silhouette recroquevillée.

Elle tenta de respirer, avala une substance gluante par la gorge et le nez, toussa, cracha. Plusieurs fois. Sa poitrine menaçait d'exploser, des larmes de douleur et d'angoisse perlèrent à ses yeux.

L'air se fraya finalement un chemin jusqu'à ses poumons. La première inspiration lui tira une grimace de douleur. Brûlure. La seconde lui procura un hoquet soudain. La troisième l'apaisa finalement.

Elle resta longtemps ainsi, allongée à même le sol, à respirer longuement pour la première fois. Sa chaleur s'évaporait lentement au fur et à mesure que son corps séchait. Les yeux clos, elle rabattit sur elle-même les longues ailes duveteuses encore humides, cherchant par-là à se réchauffer.

Un moment passa. En bougeant sa main, elle se blessa sur un morceau de verre brisé. Elle regarda le sang perler aux lèvres de la plaie, serra le poing, rouvrit des doigts rougis de sang frais.

C'est en pleine contemplation de sa main qu'elle se rendit compte qu'elle était observée.

En levant à peine les yeux, elle aperçut le garçon blond derrière les barreaux. Sur le dos, la tête basculée en arrière, il la regardait sans la voir, les yeux sombres, le coin des lèvres couvert de bave écumeuse. Elle le crut mort jusqu'à ce qu'un spasme ne secoue son corps tordu.

Elle frissonna, et un instinct bienvenu lui ordonna de partir le plus loin possible de cet être rampant.

Le simple fait de se hisser sur ses jambes l'épuisa. Elle faillit basculer en arrière, retomber en avant, trébucher de nombreuses fois, mais elle parvint finalement à trouver un équilibre pour avancer à petits pas encore hésitants.

A part le garçon, il n'y avait personne d'autre qu'elle dans la pièce sombre. Des rais de lumière passaient par des trous dans le plafond, seules source de clarté. Peu concernée par ce qui l'entourait, elle s'engouffra dans un couloir adjacent. Au bout de quelques minutes elle déboucha dans une immense salle circulaire, remplie d'un ronronnement de machines en fonctionnement.

Son regard fut attiré par une colonne de lumière bleutée qui se révéla être une colonne de verre, remplie d'un liquide qu'elle sentit glacé en apposant sa paume contre la paroi translucide.

Elle foula plusieurs instruments de mesure du pied sans y prêter attention, glissa sur une flaque de liquide qui lui rappela immédiatement celui qui imprégnait encore ses ailes. Elle effectua quelques battements timides de ces dernières, manquant de place pour les étendre entièrement. Elles touchaient aisément le plafond sans être complètement déployées. Elle ne s'en offusqua pas le moins du monde.

Son regard se perdit sur une porte défoncée, laissant apparaître une autre succession de couloirs qu'elle traversa d'un pas désormais plus assuré. Elle commençait à maîtriser les mouvements nécessaires à la marche et son allure se faisait plus souple à mesure qu'elle faisait travailler les muscles de ses jambes.

Des rangées de casiers se succédèrent, des portes donnant sur des salles ravagées, aux murs éventrés. Le bruit lointain d'un cours d'eau lui parvenait avec difficultés et un courant d'air, le premier depuis sa venue au monde, fit flotter ses cheveux. Elle suivit cette promesse de vent frais et parvint enfin à l'extérieur après avoir enjambé des gravats de pierre et de métal.

La clarté du jour lui brûla les yeux et l'air frais lui parut piquant après l'atmosphère renfermée de l'endroit dont elle sortait.

Après un instant de flottement, elle se rendit compte du vide à ses pieds, de l'océan de verdure qui s'étendait en contrebas, à une bonne centaine de mètres.

Un oiseau, seule trace de vie aux alentours, lança son appel avant de s'envoler sous ses yeux. Elle le regarda s'éloigner en battant vivement des ailes. Les siennes terminèrent de sécher sous l'effet du vent et du soleil, et désormais libérée de l'entrave des murs et du plafond, elle put les étendre longuement.

Elle les bougea lentement, comme pour les tester et se familiariser avec cette mécanique un brin différente de ses autres membres, tout nouveaux eux aussi. Les longues plumes blanches s'étendirent loin, menaçant de s'effondrer sous leur propre poids. Mais elles tinrent bon.

Un pas en avant, le pied dans le vide sans aucun vertige. Et elle se laissa plonger dans ce nouveau monde, ailes déployées.