Chapitre I, KAIROSEKI
Helena Swansea. C'est son nom entier d'après ce qu'on lui a dit. Chaque jour, elle se répète qu'elle s'appelle Helena Swansea, qu'elle est enfermée pour quelque chose qu'elle a au plus profond d'elle-même. Helena n'est pas une princesse, non. C'est une expérience humaine pour certains. C'est l'arme idéale contre les pirates pour d'autres. C'est un secret. Oui, Helena est un secret pour les autres et pour elle-même.
Assise sur son lit, en tailleur, avec un livre entre les mains la jeune femme ne prêtait pas attention à la pluie battante sur les carreaux de sa chambre. Ses cheveux blancs, fins comme comme les fils lui tombaient sur les épaules et sur les bords de son visage sans pour autant la gêner. Le livre qu'elle avait entre les mains parlait d'astronomie, ce n'était pas là une des passions de la jeune femme mais, elle s'y intéresser tout de même.
Elle stoppa sa lecture quelques secondes pour regarder son poignet. Il était entouré d'un bandeau blanc, celui-ci dissimuler l'aiguille enfoncé dans sa peau pour faire une liaison avec ses veines. Le liquide vital se faisait aspirer par un petit appareil disposé sur un chariot relié à une poche de perfusion. Sauf que la perfusion s'effectuer dans l'inverse, comme un prélèvement. Helena leva les yeux sur la poche emplie de son liquide vital. Il était noir. D'un noir très épais, contrairement aux autres personnes. Elle avait le sang noir et non rouge. On lui avait dit que c'était grâce à ses gênes. Helena détourna son attention pour la reporter sur sa page puis elle continua sa lecture comme si de rien n'était.
– Helena Swansea, interrompit une voix forte. La blanche releva la tête pour le regarder, délaissant son livre par la même occasion. Comment allez-vous aujourd'hui ?
– Bien, comme chaque jour docteur, répondit la blanche en notant que le docteur avait un air contrarié sur le visage. Ce qui laissait penser que quelque chose n'allait pas. Quelque chose de mal ?
Le docteur sembla hésiter quelques instants, il passa sa main sur sa nuque avant de prendre la parole d'un air très indécis.
– Et bien... Je ne sais pas comment vous l'annoncer en fait. Il retira sa main de sa nuque pour la glisser dans une des poches de sa blouse blanche. L'amiral en chef, Sengoku, m'a fait parvenir qu'il souhaiterait faire de vous un marine.
Elle plissa les yeux à l'entente de sa phrase, avant de secouer la tête avec un sourire niais. Elle ? Marine ? C'était une bonne farce. Elle était beaucoup trop faible pour pouvoir faire quoi que ce soit, la preuve, elle passe son temps assise dans un lit à lire des livres et à se faire tirer du sang tous les deux jours. La blague.
– C'est impossible. Je ne sais même pas me battre, je ne sais que lire des livres !
Un air peiné passe sur le visage du docteur, il la regarda sans dire un mot. Lui aussi n'y croyait pas, hélas, il n'avait absolument aucune raison de lui mentir. Se sortant de ses réflexions, le docteur s'approcha du lit pour regarder la poche de liquide noir.
– Croyez-moi, depuis le temps que je m'occupe de vous, je ne verrais pas l'intérêt de vous cacher la vérité. Sengoku souhaiterait faire de vous une marine, il dit que votre atout est important et que la Marine ne doit surtout pas le négliger. Tandis qu'il parlait, il déroulait le bandage du poignet d'Helena. Retirant l'aiguille de son poignet, il eut une légère grimace de désapprobation. Helena, je suis du même avis. Vous êtes un atout particulier qui mérite d'être exploité au maximum !
– Je ne sais même pas ce que je suis, j'ai du sang noir et c'est uniquement ça qui me rend spéciale. Coupa la blanche en soupirant sans prêter grande attention au médecin qui vérifié le liquide vital.
– Ce que vous êtes ? Le docteur baissa les yeux pour croiser le regard neutre d'Helena. C'est vrai que vous êtes là depuis votre plus jeune âge pour votre sang... Il sembla réfléchir quelques secondes puis un sourire éclatant parut sur son visage. Mais comme vous allez bientôt partir, je veux bien vous dire que vous êtes !
Helena crut d'abord à une nouvelle blague du docteur vu le sourire qu'il affichait. La blanche pivota doucement pour faire face au docteur qui prenait une chaise pour s'installer en face d'elle. Il allait lui dire ce qu'elle était pour la première fois depuis seize ans. Le docteur avait le sourire collé au visage, comme s'il avait attendu ça toute sa vie. Il planta son regard scientifique dans celui d'Helena, l'incitant à lui poser la question qu'elle avait sur le bout des lèvres. Qui suis-je ?
– Vous êtes entièrement faites de kairoseki. Un éclat pétillant s'alluma dans les yeux du scientifique qui avait conservé son sourire.
– Du kairoseki ? Qu'est-ce que c'est ? Demanda la jeune femme en penchant légèrement la tête sur le côté pour signaler son incompréhension à l'homme.
Le docteur croisa les bras sur son torse, hocha vigoureusement la tête puis continua ses explications sans perdre son sourire ou bien l'éclat pétillant dans ses yeux.
– C'est une substance indispensable à la Marine, elle permet de neutraliser un utilisateur de fruit du démon. Votre sang est constitué de granit marin, vos ongles, vos cheveux, votre peau, tout ce qui vous appartient s'en imprègne tôt ou tard. Helena, comme je vous l'ai dit, vous êtes faite de kairoseki. Vous êtes l'une des dernières âmes de kairoseki, la dernière elles ont toutes disparue il y a 800 ans. Il marqua une pause en soupirant et reprit son souffle pour continuer. Je dois aussi vous mettre en garde sur une de mes expériences, votre pouvoir n'est pas invincible. J'ai trouvé que c'était possible de le neutraliser. Comme vous le savez le kairoseki est aussi une pierre que nous exploitons en arme. Il suffit que vous touchiez du kairoseki mis en pierre pour vous neutraliser totalement, c'est-à-dire que votre pouvoir ne fait plus effet. Vous ressentez des vertiges lorsque vous êtes en contact avec du granit marin.
– Donc, je suis une pierre ? Questionna Helena. Elle plissa les yeux sur le docteur, elle n'avait absolument rien compris à ce qu'il lui avait dit.
Le docteur éclata de rire à la question de la blanche. Il rit sans cacher son amusement, ce qui fit tiquer Helena. Se calmant doucement, il passa sa main sur son visage sans laisser disparaître son sourire.
– Retenez juste que vous êtes une âme de kairoseki.
– Uhm, merci Dr. Végapunk.
– Maintenant reposez-vous, Sengoku viendra demain matin.
Pour lui l'air était lourd plus il avançait dans les couloirs vide de la base. C'était normal qu'ils soient vide à cinq heures du matin. L'homme avançait lentement, prenant soin de ne pas claquer ses talons trop fort sur le sol. Une arme était posée sur son épaule, tenu avec sa main. Son effet de surprise devait être immédiat pour être sûr de pouvoir s'en sortir indemne. Il s'arrêta finalement devant une porte, il huma l'air et, poussa la porte en silence. Une goutte de sueur s'écoula le long de sa tempe, longeant le long de sa mâchoire bien dessiné puis se perdit dans le col d'un manteau noir.
La pièce qui s'offrait à lui était plongée dans la pénombre totale. La pression déjà lourde monta d'un cran, la rendant insupportable. Les yeux de l'inconnu s'habituèrent rapidement à la pénombre, lui permettant de distinguer un peu la pièce grâce à la lumière faible de l'extérieur. Il entendait très clairement une respiration calme malgré toute la pression. L'homme continua d'avancer dans la salle, se concentrant pour ne pas plier sous la pression devenue maintenant plus qu'insupportable. Il s'arrêta devant un lit d'où provenait la respiration profonde. Une jeune femme y dormait tranquillement. Il plongea la main dans l'une de ses poches de son manteau de couleur nuit. Il en ressortit un petit bracelet de pierre. Il ne se fit pas prier pour le mettre à la jeune femme.
Petit à petit la pression redescendue dans la salle, l'homme souffla sans un bruit. La pression avait disparu, mais la jeune femme remua dans son lit. Il se retourna vers elle, abaissa son arme à la hauteur de la jeune femme, avec, il lui souleva quelques mèches blanches couvrantes son visage. Une grimace ornait maintenant son visage finement dessiné. Il relâcha les mèches, leva son sabre en hauteur, comme pour la frapper mortellement pendant son sommeil. Ce fut à ce moment-là qu'un son retentit dans la pièce. L'homme se crispa longuement, baissa son arme et, plongea sa main dans sa poche pour en ressortir un mini escargotphone. Celui-ci émit un "gotcha" signifiant que la communication était en cours.
– Capitaine ! Le navire de Sengoku approche rapidement !
– Quelle heure est-il ?
– Pas moins de sept heures maintenant ! Que fait-on ?
– Préparez-vous à partir, je serais là dans dix minutes.
La communication se coupa alors, laissant l'homme avec l'escargotphone. Il le reposa dans sa poche et se tourna à nouveau vers la jeune femme avec une mine froide et impénétrable. Contrarié.
– Qui êtes-vous ?
Law ne sursauta pas à la question, il savait parfaitement qui l'avait posé. Il se retourna pour faire face à la jeune femme qui était maintenant redressée dans son lit avec une expression déboussolée sur son visage. Il grogna son mécontentement. La sonnerie de l'escargotphone l'avait réveillée.
– Trafalgar Law.
