Nota bene : Chers vous, j'ai grincé les dents de rage en voyant le cliff-hanger de malade que nous a offert le final des la saison 4 de The 100 : alors, puisque nous avons une longue, très longue, année devant vous, je vous propose une fanfiction sur du bon BellaClarke, ou encore "the longest distance relationship". Ou encore... ce qu'il s'est passé pendant ces six ans et des poussières. Bonne lecture !
/!\ Attention pour ceux qui n'auraient pas vu la saison 4, passez votre chemin. Cette fanfiction est lourde de spoilers qui pourraient gâcher VOTRE VIE.
Chapitre I :
Seul dans l'espace, cet infini noir, à peine ponctué de lointains scintillements qui ont rappelé de tout temps à chaque astronaute à quel point il se trouvait à présent loin de chez lui. Leur silence n'avait alors d'égal que la tristesse des hommes rendus muets par la profondeur du vide qu'ils contemplaient.
Le sentiment de sa solitude frappa Bellamy Blake de plein fouet.
Il n'en revenait toujours pas de se trouver là, enfin, entouré par les autres survivants dans cet anneau de métal glacé qui flottait inlassablement au milieu de l'espace, infini, invincible. Et pourtant, alors qu'il regardait la boule flamboyante grignotée par la grisaille des cendres qui, un jour, avait été la Terre… Bellamy pouvait encore se rappeler du bruit vivace qui en émanait lorsqu'il avait ses deux pieds ancrés au sol, si varié dans son immensité, entre les pépiements des oiseaux et les frémissements des feuillages sous la caresse du vent. Le tout formait un écho tenace qui amplifiait sa solitude. Dans l'espace, il n'y avait que le vide sans égal.
Après avoir connu les fastes de la vie Terrienne, le jeune homme ne pouvait supporter ce retour à l'immuabilité d'acier qui l'avait entouré pendant toute son enfance. Même s'il faisait l'effort de tendre l'oreille, il ne parvenait pas à percevoir l'agitation des autres, tout semblait être déjà revenu à la normale, comme du temps de Jaha. Raven derrière ses ordinateurs, le visage faiblement éclairé par la luminescence des écrans et le regard déjà fixe, devenait une sorte d'idole de marbre qui ne bougeait que rarement, idolâtrée par les autres habitants de l'Arche pour la survie qu'elle leur avait apportée, mais dont la moindre défaillance était crainte. Monty s'affairant aux machines, toujours fébrile maintenant qu'il se sentait dans son élément, et donnant des conseils à tout va. Bellamy pouvait encore l'entendre répéter d'un ton pressant : « Dans l'eau, les algues, dans l'eau. Vous êtes zombifiés ou quoi ? ».
Et Echo, la Native à laquelle personne ne parvenait encore à accorder sa confiance, assise comme lui dans un coin solitaire de l'anneau, à contempler peureusement cette immensité qui l'éloignait tant de sa terre natale. Lorsqu'il l'avait croisée, il s'était vaguement inquiété de son teint pâle et creusé. Les yeux vides, jadis si remplis d'une rage calculatrice, de la guerrière ne reflétaient plus aucun espoir elle avait renoncé à son suicide pour vivre une existence ternie qui ne semblait pas lui convenir et Bellamy s'était fait la réflexion que pour Emori et elle, plus que pour les autres, la sensation de perte devait être lancinante. Jamais elles n'avaient été habituées à fouler ce sol d'acier, à n'entendre que l'écho de leurs pas lorsqu'elles se retournaient furtivement, craignant une ombre menaçante dans ce murmure éloigné.
Alors que pour lui…
Il ressentait aussi, avec une effrayante acuité, tant de pertes différentes à la fois, qu'il se sentait paralysé par elles : celle de la Terre, tout d'abord, qu'il avait appris à apprécier, ou encore celle de sa sœur, qu'il imaginait prise au piège dans le bunker - occupée à empêcher les Natifs de s'étriper entre eux, alors qu'il la revoyait encore enfant, si fragile et timorée, avec cet air glaçant qu'ont les personnes désespérées - comme lui l'était de l'espace, et plus spécifiquement, de son inactivité. Appuyant son front contre la vitre glacée qui le séparait du vide, Bellamy se surprit à repenser aux derniers mots qu'ils s'étaient adressés, par radio interposées :
« Je t'aime, grand frère… »
Amertume tenace, qui enveloppe l'esprit d'un cocon de regrets.
Son regard glissa lentement, sortant de sa fixité fiévreuse, alors qu'il tentait d'éviter sa dernière peine, celle qui lui était la plus douloureuse.
Car en quittant la Terre, il avait laissé derrière lui la seule personne qu'il ne voulait pas abandonner.
S'il avait deviné ce qui allait se passer, au lieu d'empêcher Echo de se suicider, il lui aurait dit sur le champ d'enfiler sa combinaison et de se rendre utile en prenant la place de Clarke. La Native aurait docilement obtempéré et la cheffe de leur petite équipe aurait pu, à présent, se tenir à côté de lui, à réfléchir – comme d'habitude – à ce qu'il fallait faire pour améliorer leur situation. Ou peut-être qu'elle se sentirait comme lui, inutile, car elle non plus n'était pas une simple ouvrière, qui se contenterait d'accomplir mécaniquement les tâches nécessaires à leur survie pour les cinq années à venir. Quoi qu'il en soit, parce qu'il était stupide, Clark allait passer cette demi-décennie sur Terre, à fixer inlassablement le ciel, si elle n'était pas déjà morte.
Bellamy fixa d'un regard vide la planète qui s'embrasait devant lui.
Il l'avait abandonnée et elle était seule ou calcinée sous les décombres.
Son cœur se fendait pitoyablement à cette pensée, car, parfois, il avait eu le vague sentiment que son attachement à la jeune fille était un peu plus qu'amical. Il pouvait se rappeler des épreuves qu'ils avaient traversées ensemble, toujours côte à côte, et leur dernière discussion lui semblait avoir été un adieu manqué. C'était surtout qu'ils n'avaient jamais eu le temps de se reposer un moment, avec les événements rocambolesques de ces derniers temps, et que lui-même n'avait pas pu avoir un instant de réflexion depuis… En fait, il ne parvenait pas à s'en souvenir : sauver le monde représentait une tâche fastueuse et il n'y avait eu d'espace pour rien d'autre. Mais quand même, ils avaient mis à mort des personnes ensemble. Ils avaient fait front ensemble. Toutes ses actions bienfaisantes étaient reliées à cette petite blonde au sourire devenu bien rare.
Et jusqu'au dernier moment avant le décollage, il avait fixé d'un air éperdu la porte, espérant voir apparaître au travers des grandes plaques transparentes la silhouette de la jeune fille.
L'Arcadien se rappela alors du visage de Clarke juste avant qu'elle ne parte s'occuper de la tour. Il avait reflété un désespoir certain et aussi une certaine acceptation de son sort. Bellamy aurait voulu arrêter l'instant à cette seconde de doute. Il l'aurait prise par les épaules, en lui hurlant, malgré le vent qui se déchaînait autour d'eux, de repartir avec eux au laboratoire et tant pis pour la fin du monde, tant pis s'ils devaient tous mourir dans cette dernière communion de leurs esprits effervescents. Mais Clarke avait toujours été comme ça, attirée par les désastres et irrémédiablement prête à abandonner ses certitudes, ainsi que son avenir pour sauver son peuple de l'extinction.
Cependant, fallait-il vraiment qu'elle disparaisse pour qu'il prenne enfin conscience de son attachement à cette jeune fille toujours un peu trop têtue, sévère et acharnée ?
Et se laissant glisser contre la vitre, l'ancien garde ferma les yeux.
Plus que pour sa sœur, qu'il savait néanmoins piégée dans une sécurité surfaite, il n'y avait plus une seconde où il n'avait cessé de s'inquiéter pour Clarke. Même s'ils revenaient sur Terre dans cinq ans, comment garder leur cohésion complète sans elle ? Elle avait cimenté leur groupe depuis le début – la « Princesse » était d'un tempérament solide - et son but était devenu le leur, songea-t-il, ironique en repensant à ses propres débuts de malfaiteur. Elle avait fait de lui un meilleur homme et elle n'était même pas là pour qu'il le lui avoue.
« Bordel. » grogna-t-il en tapant rageusement sur la vitre
Bordel, redit-il ensuite, mais plus bas, à peine plus qu'un murmure étouffé qui lui fit plus mal que son cri précédent.
Et dire qu'il ne pensait quasiment jamais à sa petite amie, celle qui était, pour le coup bel et bien morte, alors que Clarke hantait son esprit, jamais palpable mais toujours présente. Gina était le fantôme, Clarke l'apparition.
Alors qu'il s'apprêtait à lâcher prise et à se déchaîner dans un nouvel accès de vaine rage qui briserait sa ferveur, une pensée le heurta de plein fouet : peut-être que Clark n'était pas morte, car il était toujours possible que la solution qu'elle s'était injectée soit parvenue à faire d'elle une NightBlood. Auquel cas, elle avait dû survivre aux radiations, comme Luna avant elle. CQFD.
Ses yeux glissèrent pensivement sur la radio qu'il avait emportée avec lui.
Sa fréquence ne serait pas assez forte pour atteindre la Terre, située hors de son périmètre, et les systèmes de communication de l'anneau étaient out of order. Mais il pouvait quand même lui laisser un message pour essayer de l'atteindre, un peu comme s'il jetait une bouteille à la mer. Qui sait ? Ce monologue lui arriverait peut-être, maintenant ou dans quelques mois.
Est-ce que ça valait le coup d'essayer ?
Bellamy prit lentement l'objet, pour le contempler un moment, caressant des ses longs doigts la ciselure de métal.
Une bouteille jetée à la mer, l'idée lui parut assez séduisante pour qu'il essaye.
Et parler au vide alors qu'il se trouvait en son centre ne lui posait pas de problème.
Le jeune homme prit une longue inspiration, avant d'appuyer sur le bouton qui commandait la transmission :
« Euh. Clarke, salut, c'est Bellamy. J'espère que tu recevras ce message et que tu vas... bien. On est arrivés sur l'Arche depuis trois jours et on s'organise pour survivre. Raven passe son temps devant les ordinateurs, pour s'assurer que tout le système fonctionne. Elle sait ce qu'elle fait. Monty et Harper travaillent à la ferme hydrolique et nous allons peut-être bientôt avoir notre première récolte. Entre temps, on devra se contenter des rations... mais ça, tu l'sais déjà. Quant à Emori et Murphy, je ne sais pas vraiment ce qu'ils foutent. Et au fond, j'crois pas que j'm'en soucie. Echo se terre, toujours un peu paniquée à l'idée de se trouver dans l'espace. Et moi, je... et bien... je »
Son regard devint un instant fixe et il soupira :
« Je ne sais pas trop ce que j'attends. Je survis, c'est déjà ça. Et j'espère que nous nous retrouverons. »
May we meet again.
La phrase cent fois répétée plana un court moment dans le silence de la salle de métal, emplissant Bellamy d'une étrange impression ; il avait toujours prononcé cette formule en y mettant tout son cœur, mais cette fois-ci, c'était différent. Il espérait réellement que Clarke parviendrait, où qu'elle soit, à obtenir cet appel. C'était un sentiment qui devait être semblable à celui que Abby avait ressenti, alors qu'elle était encore sur l'Arche et attendait en vain un message de sa fille.
Avant de relâcher le bouton, le jeune homme ajouta :
« Terminé ? »
