Debout face à la Guerre

Debout face à la guerre, ses cheveux tombant d'un air désordonné autour de son visage, comme ombre au soleil, Asteria contemple. Son regard, las et douloureux, effleure le massacre qui a lieu devant elle. Des dizaines de corps tombent, obstruant sa vue et son chemin d'êtres inarticulés, tandis que des cris horrifiés, derniers soupirs d'une vie, résonnent à ses oreilles.

Son visage est tordu d'une grimace devant tant de souffrance. Elle est seule, sur ce champ de mort, seule face à son destin, qui oscille dangereusement entre la vie et le trépas. Abandonnée par sa sœur, ne souhaitant pas prendre part au conflit. Abandonnée par ses amis, trop jeunes pour se battre.

Trop jeune, elle l'est également. Elle n'a que seize ans. Pourtant, elle sait qu'ici est sa place. Son sang pulse dans ses veines, tandis que son regard se fait impassible et tranquille. Elle sait qu'ici est sa place. Au milieu de tous ces gens, réunis pour vaincre. Pour que la Liberté soit. Ici est sa place. Elle en est persuadée.

Pourtant, lorsqu'elle voit l'ombre grandissante de Drago se diriger vers elle, le visage sale et le corps tremblant, elle ne peut empêcher une ombre de doute tordre son cœur douloureusement. Drago, un sourire fatigue aux lèvres, se plante devant elle. Asteria, le cœur tremblant, retient le frisson qui souhaite lui vriller les sens. Elle se contente d'offrir un sourire lointain à Drago. Le remarquant, ce dernier soupire longuement, tandis que ses traits se contractent d'une plus grande douleur encore.

-Pardon.

Seul murmure avant qu'il ne se détourne, flaque vivante de regrets. Le cœur en lambeaux, elle songe à cet homme qui s'éloigne. Cet homme qu'elle aime plus que de raison. Cet homme qui est du côté ennemi. Elle l'aime. Lui, autrefois si insolent, si arrogant. Lui, que cette guerre avait transformé en poussière. Lui, que tous haïssent. Elle l'aime, si fort, tellement fort. Mais c'est un des leurs. Même s'il répugne à tuer, il est l'un des leurs. Elle le sait.

Tout comme Asteria sait que, si elle se bat, elle les condamne. Cependant, elle ne peut plus reculer. Elle est trop impliquée, autant par son corps que par son âme. Son corps, qui s'est jeté dans ce carnage, et son âme, militante de paix. Alors, les yeux embués, elle fixe une dernière fois cet homme qu'elle aime, qui fait battre son cœur, et se détourne, sans regrets. Ou presque. Celui lancinant d'un amour perdu tort encore son cœur. Mais, comme elle sait qu'Ici est sa place, elle sait que tout n'est pas perdu. Peut-être un jour, ils seront réunis de nouveau, et aucun champ de batailles ne pourra les menacer.

Pour l'instant, Asteria est ici. Seule. Le cœur en charpie. Prête à se battre.

Pour la liberté !