Cette histoire se déroule durant la saison 3

Cette histoire se déroule durant la saison 3.

Chapitre 1 : Fatalité

Phoenix, Arizona

La lune était haute dans le ciel sans nuages au-dessus d'un immeuble délabré. Tout semblait calme. Et pourtant la minute d'après, on entendit distinctement des coups de feu rapprochés. Une course-poursuite se poursuivait dans le petit bois proche du bâtiment. Une silhouette, se déplaçant avec vitesse, était poursuivie par deux autres. Bientôt on parvint à les distinguer avec davantage de précision.

Dean et Sam Winchester poursuivaient un homme d'une quarantaine d'années dont les vêtements étaient en lambeaux. L'homme, après être sorti du bois, se rua à l'intérieur de l'immeuble.

Sam retint le bras de son frère alors que celui-ci s'apprêtait à y entrer à son tour :

« Dean, attends. Ca pourrait être un piège, dit-il, très essoufflé.

-M'en fiche !explosa Dean. Cet enfoiré nous a fait courir sur des kilomètres, j'en peux plus et toi non plus ! On doit en finir avec ce loup-garou avant que le soleil ne se lève !

-On l'aura plus tard, tant pis… Mais rentrer là-dedans ne me dit rien du tout.

-Mais c'est la dernière nuit où on peut l'avoir, Sammy ! Et puis je n'ai vraiment pas envie de refaire cette poursuite interminable après ce Michael Jordan démoniaque. On y va, à point c'est tout ! A moins que tu n'aies envie qu'il ne tue d'autres adolescents pendant les quelques heures qu'il reste ? »

Sam ne répondit pas et se contenta de suivre son frère à l'intérieur. Ils sortirent leurs lampes torches et avancèrent tant bien que mal parmi tous les débris de cet immeuble abandonné. Après une vingtaine de minutes de recherches laborieuses et vaines dans les différentes pièces, Dean vit distinctement une ombre à quelques mètres devant lui. Il se précipita dans sa direction, faisant tomber plusieurs décombres et tira sur la créature devant lui. Il la toucha avec sa balle en argent mais la détonation eut l'effet d'écrouler sur lui le plafond déjà très fragile. Sam, qui se trouvait à quelques pas derrière lui, tomba en arrière mais fut à peine touché, ayant eu le temps de se reculer suffisamment. Aveuglé par la poussière soulevée, Sam toussa plusieurs fois et se releva en titubant. Aussitôt l'inquiétude pour Dean s'amplifia quand il ne le vit nulle part, les morceaux en plâtre du plafond étant d'une bonne hauteur sur le sol.

« Dean ! Où es-tu ? Réponds-moi ! Dean !s'écria Sam, affolé. »

Il essaya de déblayer plusieurs débris mais même s'ils étaient abîmés depuis longtemps, il n'en restait pas moins qu'ils étaient extrêmement lourds. Sam eut toutes les peines du monde à en soulever un seul. Il réitéra ses appels mais Dean ne répondait toujours pas. Sam sentit l'angoisse monter en lui à vitesse grand V de ne voir Dean nulle part. Il craignait tellement qu'il ne fusse gravement blessé ou pire encore qu'il sentit alors qu'il pourrait soulever des montagnes pour retrouver et sauver son frère. Refoulant ses larmes et faisant en sorte de ne pas respirer trop fort pour que la poussière n'aille pas dans ses poumons, Sam prit son courage à deux mains et entreprit de déplacer le plus de morceaux possibles. Enfin, au bout de presqu'une heure, Sam était en nage mais il vit soudain la main de Dean sous une grosse poutre délabrée. Sam réussit à la déplacer suffisamment et parvint enfin à dégager son frère des débris. Inconscient, Dean avait une très large plaie à la tête qui saignait abondamment. Son corps semblait avoir été écrasé et meurtri par les débris du plafond. Son bras droit et tout le côté de son torse étaient ensanglantés. Il ne semblait pas du tout respirer. Sam, affolé, prit son pouls mais il ne le sentait plus. Désespéré, il espéra que c'était dû à l'angoisse et réussit à le soulever et à le porter à l'extérieur du bâtiment. La voiture étant trop loin, Sam dut appeler les urgences. Pendant ce temps, il essaya de le réanimer mais en vain. Il continua tout de même jusqu'à l'arrivée de l'ambulance.

Deux heures plus tard, Sam faisait les cent pas dans le couloir devant la chambre de Dean. Quelques minutes après, la porte s'ouvrit sur la mine sombre du médecin. Sam se rua littéralement sur lui, le visage bouleversé :

« Docteur, je vous en prie, donnez-moi de bonnes nouvelles.

-Je suis navré, monsieur Wilkes, mais votre frère est dans un mauvais état. Nous avons fait tout ce que nous avons pu pour le réanimer. Malheureusement il est tombé dans le coma et ne peut en sortir. Il y a très peu de chances pour qu'il se réveille et si cela arrive, il aura très certainement de graves séquelles cérébrales. Vous n'auriez jamais du entrer dans cet immeuble prêt à être démoli, c'était beaucoup trop dangereux. Vous avez eu de la chance de ne pas y rester. »

Le médecin s'éloigna ensuite, laissant Sam plus anéanti que jamais. Il avait l'impression que tous ses membres étaient paralysés et d'être en train de faire un horrible cauchemar. Malheureusement tout était si réel qu'il en avait des nausées et était pris de malaises. Il réussit tout de même à ouvrir la porte de la chambre de Dean, appréhendant le spectacle qui s'offrirait à lui. Dean était allongé, avec un très gros bandage sur la tête, des perfusions dans le nez et dans le bras. Il avait un teint tellement cireux qu'on se demandait comment il était encore en vie. Des branchements se trouvaient dans son torse et dans sa bouche pour l'aider à respirer, bien que sa respiration fût très difficile et à peine audible. Il ne bougeait pas du tout et Sam fut effrayé de le voir si tranquille, lui qui d'habitude ne tenait pas en place. N'arrivant plus à tenir debout, il dut s'asseoir sur une chaise près du lit et se prit la tête dans les mains, se demandant vraiment comment ils avaient pu en arriver là.

Au bout de plusieurs jours, il n'y avait aucun changement. Sam avait littéralement pris d'assaut la chambre de son frère quand le personnel hospitalier lui en avait interdit l'accès, le voyant rester jour et nuit. Même la sécurité était intervenue mais heureusement Sam s'était calmé à temps. Cependant et malgré ses protestations, il lui avait été interdit de venir voir Dean durant deux jours. Les médecins invoquaient le repos du malade, bien que selon Sam, son frère se reposait bien de trop justement. Il avait espéré secrètement que sa petite rébellion ferait réagir un peu Dean mais son frère n'avait même pas cillé. Sam pensa avec ironie que Dean lui aurait sûrement lancé qu'il ne s'était pas assez révolté comme ça et qu'il était une chiffe molle.

Sam rentra donc à leur motel et ce fut un déchirement de voir le lit vide de son frère avec encore toutes ses affaires de restées. Après avoir pris une douche et s'être changé, il réunit leurs affaires, les siennes et celles de Dean pour vider les lieux, n'ayant plus du tout le cœur de rester dans cette chambre sans son frère dans le coma.

Il passa à l'immeuble, espérant que ce drame ait servi à quelque chose et que le loup-garou soit mort. Il fut surpris en arrivant à place. L'immeuble n'était plus que ruines, il ne restait plus rien du tout. La police et les ambulanciers étant là, ils lui apprirent qu'ils avaient trouvé le corps d'un homme mort par balle. Sam entrevit ce dernier sur une civière prête à être recouverte et fut soulagé de constater que c'était bien la créature qu'ils avaient tuée quelques nuits plus tôt. Après que les policiers lui aient posé quelques questions de routine non alarmantes, Sam ne sut quoi faire de lui. La nuit tombant, il dut se résigner, ne pouvant encore retourner à l'hôpital sous peine d'être arrêté, de prendre une chambre de motel simple cette fois et de dormir, étant exténué. Cependant, il ne dormit que quelques heures à peine, son inquiétude prenant le dessus.

Le jour suivant se passa en recherches continues sur son ordinateur et dans des bouquins à la bibliothèque pour se renseigner sur le coma et ses guérisons. Malheureusement et comme il s'y attendait, rien n'indiquait que le coma avait des formes de guérisons particulières. Il tint Bobby et Ellen au courant mais ceux-ci ne surent quoi lui répondre, sauf qu'ils feraient des recherches de leur côté et demanderaient à leurs contacts. Sam fit de même mais un miracle ne se produit pas deux fois et aucun guérisseur ne pouvait être en mesure de soigner Dean puisque tous ceux que trouvaient Sam n'étaient que des charlatans. Il pensa alors que l'esprit de Dean pouvait être hors de son corps, comme un an et demi auparavant. Il prépara alors pour le lendemain matin sa planche ouija en plus des affaires de Dean qu'il lui emporterait au cas où et du journal de leur père qu'il relirait une énième fois.

Pourtant quand Sam, le lendemain, eut réussi à se débarrasser du personnel et à rester seul avec Dean, il n'obtint aucun résultat avec la planche ouija. Il avait beau demeurer assis sur le sol, les mains posées sur la planchette, en quête d'une réponse de son frère, rien ne bougea et ses mains demeurèrent là où elles étaient. Désemparé et rageur, il ne put s'empêcher d'envoyer valser la planche à l'autre bout de la pièce. Au bout de quelques minutes, il réussit à se calmer et s'assit sur une chaise, se promettant d'attendre là jusqu'à temps que son frère se réveille.

Les heures puis les jours passèrent dans cette même attente. Le souffle à peine audible de Dean était devenu comme un arrière-fond tout à fait normal et habituel pour Sam. Il pensait avec peine et anxiété que le temps défilait beaucoup trop vite et que si ça continuait ainsi, son frère mourrait et irait en enfer sans qu'il n'ait rien pu trouver pour le sauver. Il restait encore six mois mais c'était peu, considéré l'état de Dean.

Le personnel hospitalier était devenu amical avec Sam et regardaient avec désarroi ce frère veiller sur son aîné et trouvaient ça assez touchant. Sam devait quand même quitter l'hôpital chaque soir et retourner au motel. Mais dès qu'il lui était possible d'y retourner, Sam accourait près de Dean, comme s'il avait peur qu'il ne se réveille en son absence. Sam ne faisait rien d'autre que d'attendre désespérément. Il lui semblait que les heures et les jours ne passaient pas tellement il souhaitait de toutes les fibres de son être que Dean ouvre les yeux. Il était même allé prier à la petite chapelle de l'hôpital, espérant que quelqu'un ou quelque chose l'entendrait. Mais il se refusait de se tourner vers les forces démoniaques. Il l'aurait fait auparavant mais pas aujourd'hui, pas maintenant que Dean était déjà en proie à un pacte démoniaque. C'était déjà de trop, inutile d'en rajouter. Il avait beau chercher toutes les nuits des traces de réveil miraculeux et de guérison de coma, il ne trouvait strictement rien et même ses contacts comme Bobby ou Ellen semblaient s'avouer vaincus.

Trois mois plus tard, la situation n'avait pas changé d'un pouce. Sam était assis à côté de son frère, les yeux vides, jetant par simple habitude un regard vers Dean. Ce dernier n'avait plus, depuis le temps, aucun bandage et on lui avait même retiré sa respiration artificielle, car les médecins s'étaient aperçus qu'il pouvait respirer seul sans problème. Donc il était simplement allongé avec une perfusion dans le bras et sans celle-ci, on aurait cru qu'il dormait d'un sommeil paisible. Sam avait essayé tous les éléments déclencheurs possibles, même le vrombissement de sa voiture à travers la fenêtre ouverte ou de délicieux gâteaux odorants ainsi que ses musiques préférées mais Dean était resté sans aucune réaction.

Pourtant cette journée ensoleillée allait changer la donne. Alors que Sam se levait en s'étirant et s'apprêtait à aller se chercher un café comme tous les matins, un démon apparut devant le lit de Dean et voulut tuer ce dernier avec un poignard apparemment brûlé au fer rouge. Sam se jeta sur lui à temps et dévia le poignard du cœur, qui n'atterrit que dans l'épaule gauche de Dean. Le démon, effrayé par le visage furieux de Sam dont le regard projetait presque des étincelles, disparut en fracassant la fenêtre. Sam, inquiet, se tourna vers Dean pour voir si la blessure n'était pas trop grave mais sursauta et tomba presque par terre de surprise et de joie : Dean avait les yeux ouverts et faisait une grimace due à la souffrance de sa blessure. Sam, un très grand sourire aux lèvres, se jeta sur lui et l'enlaça comme il ne l'avait jamais fait. Le bonheur rayonnait littéralement de lui tellement il était comblé que son frère soit enfin réveillé et il remerciait intérieurement le démon de l'avoir attaqué. Les médecins et infirmières arrivèrent en trombe puisque l'attaque avait provoqué beaucoup de bruit. Ils furent autant surpris que Sam de voir le malade réveillé. Ils le changèrent de chambre le temps de réparer la fenêtre. Après l'avoir soigné et examiné, ils laissèrent enfin les frères ensemble. Sam regarda alors Dean qui n'avait toujours rien dit :

« Alors, Dean, comment tu te sens ?

-Mal, je dois l'avouer, j'ai toujours très mal à l'épaule. Et je me sens…groggy.

-C'est normal, ça fait quand même trois mois que tu es dans le…

-Sammy ?dit alors Dean, regardant Sam d'un air perdu.

-Oui, qu'y a-t-il ?demanda Sam en souriant, s'attendant à une blague de son frère.

-C'était quoi cette chose qui m'a attaquée ?

-Mais un démon bien sûr, Dean ! J'ignore ce qu'il voulait mais je suis sûr que…

-Un démon, Sammy ? Mais les démons n'existent pas, tu dérailles, affirma Dean en regardant son frère comme s'il le prenait pour un fou. »

Cette parole coupa le souffle à Sam car Dean avait sur le visage l'expression la plus sérieuse mais en même temps la plus perdue qu'il ne lui avait jamais vue.