EDWARD POV.

Je quittais mon bureau à l'heure habituelle. Je n'avais que 26 ans et déjà, la routine s'était installée chez moi. Je me levais le matin à 7h30, prenais une douche avant de prendre un petit déjeuner équilibré et d'aller terminer de me préparer. Je descendais de mon immeuble, montais dans ma voiture simple mais luxueuse, et partais vers le bureau où je passais ma journée. À 16h30, la majorité du temps, je quittais cet espace confiné où j'avais passé la journée, prêt à rentrer chez moi, ou à rendre visite à mes parents. J'étais un gars bien, maintenant. Comme tous les gamins, je m'étais laissé entraîner dans certaines choses que j'avais regrettées, mais aujourd'hui, j'étais juste Edward Cullen, vice-PDG de Volturi & Stanley Entreprises, promis au poste suprême dès que l'actuel président-directeur-général prendrait sa retraite. Bref, professionnellement, mon avenir était tout tracé.

Côté cœur, par contre, les choses n'étaient pas si simples. J'avais eu quelques aventures, mais l'amour avec un A majuscule n'était jamais venu jusqu'à moi. La seule fille notable qui était passée dans ma vie était Tanya, et ça datait d'il y a quasiment 8 ans. Deux ans plus tard, elle me quittait pour un minable rencontré dans un bar, pour qui elle avait soi-disant eu un coup de foudre. Je l'avais laissée partir, me remettant doucement de tout ça. J'avais appris, un an plus tard, que ça n'avait pas duré deux mois. Ca avait été ma consolation quelque part.

Depuis, mon frère, Emmett, et ma sœur, Alice, avaient tenté par tous les moyens de me caser avec des filles bien. Sans succès. J'étais passé par des blondes, des brunes, des rousses, futées ou non, intéressantes ou non, et rien n'avait fonctionné. Je n'avais jamais dépassé les trois mois, et encore. Ca n'était arrivé qu'une fois. Désespérés, ils avaient abandonné, et cela faisait six mois que j'étais enfin tranquille.

Je quittais l'immeuble sous une pluie battante. Je n'étais pas garé bien loin, fort heureusement. Je passais à pas pressés devant une ruelle sombre, lorsque j'entendis un sanglot étouffé en sortir. Je ralentissais, et observais, avant de m'y aventurer pour voir ce qu'il se passait. Le temps que mes yeux s'habituent à la pénombre, j'étais déjà bien avancé, et enfin, j'aperçus un corps au sol, recroquevillé sur lui-même, secoué de sanglots de moins en moins silencieux. Une plainte s'échappa du corps frêle, féminin, et je m'élançais vers elle. Je m'accroupissais, et la tournais sur le dos. Elle hurla de douleur, et je découvris son fin visage. Magnifique… mais je n'eus pas le temps de m'attarder dessus. Mes yeux parcoururent son corps, et je découvrais ce qui la faisait crier : une profonde entaille en plein milieu de l'abdomen. Elle perdait beaucoup de sang.

-« Mademoiselle ? Vous m'entendez ? »

-« Laissez… moi… »

-« Je veux juste vous aider… comment vous vous appelez ? »

-« Foutez… moi… la paix ! »

Je cherchais ses papiers, mais ne récoltant que des plaintes et des sanglots de plus en plus sonores. J'arrêtais, et elle se recroquevilla sur elle-même. C'est là que je vis sa tenue. Pas trop voyante, mais vraiment très courte, et très échancrée. Elle portait des talons d'au moins 12 centimètres, des talons qu'une fille « normale » ne porterait pas. Je comprenais qu'elle n'était probablement pas en règle d'assurance, et qu'il valait mieux ne pas l'emmener à l'hôpital.

-« Écoutez… restez avec moi. Restez éveillée. Je vais vous emmener où on peut vous soigner. »

-« Pas… l'hôpital… s'il vous plaît. »

Sa voix était suppliante, et je hochais la tête pour lui signaler que je ne l'emmenais pas là-bas. Elle se détendit légèrement, et je passais l'un de mes bras sous ses genoux, et l'autre sous ses épaules. C'est là qu'elle me lâcha, perdant connaissance. « Merde ! ». Je courrais vers la rue principale et rejoignais ma voiture. J'ouvrais la portière arrière, et déposais la jeune femme sur la banquette, l'allongeant comme je pouvais. Je refermais, et passais devant, me mettant au volant, et démarrant en trombe. Je commandais l'ordinateur de bord pour passer un appel. La tonalité sonna, et finalement, mon père décrocha.

-« Edward ? »

-« Papa, j'arrive d'ici un quart d'heure. J'ai une fille avec moi, et elle est dans un sale état. J'crois que mieux vaut ne pas la ramener à l'hôpital. »

-« D'accord. Je t'attends. Elle est consciente ? »

-« Plus depuis quelques minutes. »

-« Fais vite Edward. Je prépare mes affaires. »

La tonalité retentit une nouvelle fois au bout du fil, et j'appuyais désespérément sur l'accélérateur. Cette fille ne pouvait pas mourir…