La salle était bondée, des sorts fusaient, innombrables, déchirant l'obscurité de leur sombre clarté, le mal se répandait, insidieux, mortel. Le silence n'existait plus, on entendait les cris d'agonie des blessés, échoués, gisants sur les roches noires et dures, seulement couvert par les sortilèges, hurlés dans l'infime espoir qu'ils atteignent leur but, qu'ils répandent une mort sanglante, douloureuse. Les robes virevoltaient autour des combattants, tel une robe de ballerine dans une danse macabre.
Deux camps, deux camps ennemis, deux opinions, deux vies, l'une face à l'autre, chacun se battant pour que le dernier homme, le vainqueur ultime, soit celui qui leur ressemble, celui qu'ils ont choisi, celui qu'ils respectent.
Dans un camp, le psychopathe, le méchant de l'histoire, le salaud, le paria, mais le plus fort, de l'autre, l'innocent, le courageux, le gentil, le naïf. Tous deux doivent se battre, mais ce ne sera pas pour aujourd'hui, ni pour demain, jamais ces grands ennemis que la vie a prédestinés ne se battront pour la victoire, jamais ils ne seront portés dans les airs sous les hurlements de joies car tous deux seront effacés à jamais, de la mémoire, de la société, de leur monde.
Ce n'était pas censé se passer comme ça, il se l'était promis, un serment à lui-même, jamais, au grand jamais, il ne voulait remettre les pieds dans cette salle. La salle de ses cauchemars, de tous ses maux, là où son plus grand malheur s'était produit.
La sombre lueur produite par le Voile de la Mort le narguait, comme pour lui dire, je t'ai pris et je continuerai.
Harry se tenait immobile, leurs yeux fixés sur l'objet de ses cauchemars, les sorts le frôlaient mais ne semblaient pas l'atteindre. Il était arrivé dans cette salle, il ne savait comment, ses pas l'avaient guidé, ils voulaient juste quitter le champ de bataille. Non, il ne fuyait pas, il voulait juste se reposer, tout ça n'était pas prévu, il était si fatigué, ne pouvait-il pas se reposer ? Cinq minute.
Déjà des heures durant qu'il lançait des sorts, se battant pour sauver sa vie, maintenant, il était juste fatigué, il voulait que quelqu'un d'autre prenne le relais. Des pensées si égoïste, il se savait, mais à cet instant, ces considérations n'avaient plus lieu d'être. Après tout, n'avait-il pas déjà tout donné, n'avait-il pas essayer, essayer si fort qu'il avait failli en mourir plusieurs fois ? Le repos ne voulait donc pas de lui ? Etait-il condamné à une vie de combat, de stratégies, de douleur, de morts et de sacrifices ? Oh Seigneur, que c'était dur ! Jamais il n'y arriverait.
Et ce Voile, une relique de son passé, hanté par de nombreux fantômes, dont un, en particulier, le plus douloureux de tous. Rappel incessant de son plus cuisant échec, de sa naïveté. Il le narguait, le voulait, une obscure attraction s'emparait de lui, il avançait, indifférent des cris autour de lui, des sorts qui ne l'atteignaient pas. Il entendait, de doux murmures, si doux, si apaisants, reposants. Le Voile ne lui semblait plus si effrayant, il semblait avoir changé, finalement cette obscurité pourrait être son repos, sa dernière demeure.
Il se tenait à quelques centimètres du Voile, il le fixait comme s'il pouvait percer tous ses secrets, juste en le scrutant. Sa main se levait, les cris se firent plus forts, et les murmures plus insistant. Des promesses d'un monde encore plus cruel, encore plus sanglant, mais un monde où il trouverait l'amour qui lui manquait tant.
Cela lui semblait un bon compromis. Souffrir pour un but, pour son but et non celui de milliers d'autres.
Alors il continua d'avancer, sourd aux hurlements de désespoir, des sanglots et des incitations à revenir. Pour une fois, il serait son propre chef, pour une fois, il pouvait choisir.
Il choisit. Sa main traversa le Voile, une douce sensation de fraicheur, aucune douleur, il continua et s'engagea dans le Voile. Sans un regard en arrière, laissant tous ses regrets derrière lui, ses remords, sa douleur. Il choisit d'être libre, selon sa propre définition de la liberté, et il disparut. Tout s'évaporant derrière lui, s'effaçant, comme des vielles lettres qu'on mettaient au feu.
Ce monde avait alors cessé d'exister.
