Liaison Dangereuse


Il est habituel de dire que deux personnes qui s'aiment sont liées. Pour Van et Hitomi cette expression va prendre un sens qui les mettra vite en danger. Et lorsqu'un Roi pas très bien intentionné s'en mêle, les choses deviennent réellement très dangereuses…


Prologue : Le début d'un drame

Au plus profond de son miroir d'eau, elle regardait les trois petites sphères poursuivre inexorablement leur route. Rien n'aurait pu les en écarter. Depuis des millions d'années elles agissaient ainsi et ne cesseraient sans doute que le jour de leur destruction.

Trois planètes.

La première, tel le plus bleu et le plus parfait des saphirs scintillait doucement parmi les étoiles. Un bel astre.

La seconde souriait, comme heureuse d'offrir sa lumière à ce bijou si précieux.

Mais c'était la troisième qui retenait l'attention. Vesdí passa délicatement sa main sur la surface aqueuse qui reflétait l'astre. Cette planète l'avait toujours passionnée. Elle brillait dans le vide de ce système solaire, offrant à la vue de tous sa superbe teinte vert d'eau, comme se jouant de l'aberration qu'elle représentait. Elle, la planète rêvée. Créée par le cœur des Atlantes. Par les rêves de mortels.

Vesdí s'était toujours amusée de voir à quel point les mortels pouvaient se montrer présomptueux. Au point de créer un astre. Pourtant, elle devait bien l'admettre, Gaïa était passionnante. Elle recelait tant de « fausses notes » comme les qualifier Vesdí. Les Atlantes avaient commis de nombreuses erreurs. Tellement de fautes pour une planète si incomplète qui tentait désespérément de se faire une place parmi ses pairs. Comptant pour cela sur son « Ange de Changement ». Ce mortel qui serait capable de compléter Gaïa. Comment ? Mais par sa simple présence.

Cette idée avait toujours amusée Vesdí. Penser qu'une planète dont la vie était presque aussi longue que la sienne eût besoin d'un mortel pour assurer sa pérennité. Elle secoua la tête alors qu'un petit sourire ironique se dessinait sur ses lèvres. Décidément très drôle.

Toutefois, pour le moment, ce n'était pas Gaïa qui était le plus en danger. Vesdí reporta donc son attention sur le risque immédiat. Elle avait déjà vu quelques personnes Liées. Elle savait ce que ça provoquait. Elle connaissait les dangers de la Liaison. Et elle n'avait jamais vu personne en réchapper. Tous les Liés avaient trouvé la mort. Vesdí observa avec attention les deux jeunes gens dont la tragédie allait commençait à se jouer. Ils avaient été Liés par leur amour. Et cet amour les détruirait. Elle sourit devant l'ironie de la situation. Les mortels plaçaient toujours l'amour sur un piédestal. Ils voyaient en lui l'ultime aboutissement de la volonté humaine. Et le plus puissant d'entre eux, celui qui unissait ces deux jeunes gens allaient être l'instrument de leur destruction et de celle de Gaïa. Amusée, Vesdí reporta son attention sur la Terre où allait se jouer le premier acte de ce drame.

oo0O0oo

« Je te dis que ce n'est rien ! »

Hitomi répétait une nouvelle fois cette phrase alors que Yukari la regardait d'un air sévère.

« Enfin, c'est anormal ! » s'énerva cette dernière. « Tu as le poignet cassé cette fois ! Hitomi, les blessures ne sont pas censées apparaître comme ça ! »

L'interpellée soupira. Bien sûr, elle était inquiète de se retrouver ainsi avec un poignet cassé sans qu'il ne lui soit rien arrivé, mais l'insistance de son amie était, à son goût, un peu exagérée. Après tout, ça n'était jamais qu'une petite blessure sans grande importance.

« Par quoi on commence ? »

Yukari grimaça à la phrase de son amie. Le désir de changer de sujet était clair. Elle soupira.

« On a Maths en C14. »
« C'est partit ! »

L'enthousiasme soudain d'Hitomi pour les cours de maths fit tordre le nez à son amie et la conforta dans son idée que quelque chose n'allait pas. Elle suivit toutefois docilement la lycéenne sans faire de commentaire.

Le cours débuta sur les interminables corrections d'exercices qui firent regretter à Yukari de ne pas être restée couchée. Malgré son amour des mathématiques, la jeune fille devait bien admettre que leur professeur était assommant. A coté d'elle, Hitomi avait déjà décroché. Son regard dans le vague elle semblait perdue dans un autre monde. Du coin de l'œil, Yukari l'observa. Depuis un certain temps, elle était très souvent perdue dans ses pensées. Dès lors, elle semblait devenir inaccessible, comme si elle avait accès à un endroit dont son amie ignoré tout. Yukari la sentait se détacher inexorablement d'elle sans qu'elle ne puisse rien faire. Comme si quelque chose s'était passée, du jour au lendemain. Pendant un certain temps, elle avait cru que c'était en rapport avec son histoire avec Amano. Parce qu'Hitomi semblait souffrir lorsqu'elle le voyait. Mais non, ce n'était pas ça. Il y avait peut-être un rapport avec Amano, mais ça n'avait rien à voir avec elle, Yukari en avait conscience. Elle ne savait pas si elle devait s'en réjouir ou non. Le fait était qu'elle perdait sa meilleure amie pour des raisons qui lui échappaient…

On frappa à la porte, interrompant le monologue professoral et ramenant Yukari à la réalité. Un surveillant entra.

« Hitomi Kanzaki est-elle là ? » s'enquit-il.
« Oui. » répondit l'intéressée.
« Tu es convoquée à dix heures à la vie scolaire. »

Hitomi sembla aussi surprise de la nouvelle que le reste de la classe.

« Pourquoi tu es convoqué ? » lui demanda à mi-voix Shinichi Wakinoto, un de ses camarades.
« Je n'en ai pas la moindre idée, » confessa la jeune fille.

Yukari ne dit rien. Mais elle se doutait de la raison de cette soudaine convocation. Elle y avait pensé, et les professeurs avaient du faire de même…

La récréation sonna enfin, et avec elle l'heure de la convocation d'Hitomi.

« Après la récré on a cours en B22. Histoire. » rappela Yukari qui connaissait suffisamment son amie pour savoir qu'elle n'avait pas encore retenu son emploi du temps.
« Merci Yu. »

Elles se sourirent avant qu'Hitomi ne parte. Elle devait bien admettre n'avoir aucune idée de la raison pour laquelle on l'avait convoquée. Et elle ne savait qu'en penser. Mais soudain, elle sentit une bouffée de colère monter en elle. Paniquée, elle s'arrêta brusquement secouant la tête pour reprendre ses esprits. Et la minute d'après, c'était comme si rien ne s'était passé. Elle était redevenue calme. Pourtant, son estomac était noué. Que c'était-il passé ? Que c'était-il encore passé ? D'où venait cette colère ? Elle ferma les yeux et passa ses mains sur son visage pour retrouver son calme. Elle répondrait à ces questions plus tard.

« Mademoiselle Kanzaki, » lui dit-on dès qu'elle entra dans la vie scolaire, « l'assistante sociale vous attend. »

Elle fronça les sourcils. L'assistante sociale ? Pourquoi voulait-elle la voir ? Qu'est-ce que ça signifiait ?

« Bonjour Hitomi, » sourit une jeune femme lorsque que la lycéenne entra dans son bureau.

Hitomi n'avait jamais vu la fonctionnaire. Elle avait entendu dire d'elle qu'elle était gentille et qu'elle faisait bien son travail. Elle avait bien aidé quelques uns des élèves du lycée. Mais elle n'était pas du tout comme Hitomi se l'était représentée. Tout d'abord elle ne devait pas avoir dépassé la trentaine. Ses cheveux coiffés en chignons laissaient apparaître une palette de couleur harmonieuse. Derrière ses lunettes rectangulaires ses yeux noisette étudiaient la jeune fille. Et, chose à laquelle ne s'était pas attendue Hitomi, elle n'était pas asiatique. Elle semblait européenne, ou américaine. C'était plutôt rare dans ce lycée.

« Assieds toi je t'en pris. » invita la jeune femme en désignant une chaise.

Alors qu'elle s'exécutait le regard d'Hitomi tomba sur la plaque qui trônait sur le bureau de l'assistante sociale. « Veda Rachel, assistante sociale ». Certes pas un nom japonais.

« Bien, » commença la fonctionnaire. « Je t'ai fait venir aujourd'hui parce que tes professeurs m'ont fait par du nombre croissant de blessures que tu as. Ils sont inquiets pour toi. »
« Mais ce n'est rien, » se défendit pour la seconde fois de la journée Hitomi.
« Je ne suis pas d'accord, » la contredit Rachel. « Qu'as-tu au poignet ? »
« Euh… Il est cassé. »
« Et comment t'es-tu fait ça ? »
« Ben, ça va sans doute vous paraître bizarre mais… euh… je n'en ai pas la moindre idée. Je travaillais à mon bureau et tout à coup, j'ai eu très mal. Et mon poignet était cassé. »

L'assistante sociale fronça les sourcils.

« Tu as souvent eu des membres cassés, des fractures ou des entorses ? » demanda-t-elle.
« Non, en fait c'est une des premières fois. »
« Quand était-ce la première fois ? »
« Il y a six mois, je m'étais cassé la cheville. »
« Comment ? »
« Euh… Ben justement… Euh… Je ne sais pas. »

Rachel croisa les bras et se tassa dans son fauteuil sans quitter Hitomi des yeux. Comme cherchant sur le visage de la jeune fille des réponses.

« Tu es sûre que tu ne sais pas ? »
« Puisque je vous le dis ! »

Voyant que la lycéenne commençait à s'énerver, la jeune femme décida de passer à autre chose.

« Et les autres blessures. On m'a parlé de bleus, de coupures… »
« Oh ! C'est rien ! »

La tendance d'Hitomi à minimiser toutes ses blessures ne plaisait guère à Rachel. Cette jeune fille arrivait de plus en plus souvent au lycée avec des traumatismes physiques de toute sorte et pour l'assistante, cela devenait sérieusement inquiétant.

« Ecoutez, Melle Veda, je crois savoir où vous voulez en venir. »

En entendant ces paroles, Rachel eut soudain la curieuse impression qu'elle n'était plus devant la même personne. Cette Hitomi qui venait de lui parlait avec quelque chose de… noble, de royal dans le regard. Dans la façon de se tenir. De parler. Rien à voir avec la jeune lycéenne timide et un peu naïve qui se tenait là quelques instants plus tôt.

« Pour répondre à votre question, je ne suis pas battue. Et mes parents sont aussi très inquiets par ces blessures. Je suis suivie par des médecins, des collèges de mon oncle. Aussi étrange que cela puisse paraître, ces bleus, plais et autres apparaissent sans que je ne comprenne comment… »
« Qu'en disent les médecins ? »
« Ils ne comprennent pas plus que vous et moi. Mais… »

Hitomi se tut soudain grimaçant. Elle porta sa main à son épaule. Inquiète, Rachel se leva. Et elle vit avec stupeur un bleu sur le bras de la jeune fille. Un bleu qui, l'assistante en était certaine, n'était pas là quelques minutes plus tôt.

« Vous voyez ce que je veux dire ? » fit alors la lycéenne.

La jeune femme la regarda. Elle semblait être revenue elle-même. Cette majesté qu'elle dégageait quelques instants plus tôt avait disparue.

« Je vois, » fit Rachel. « Mais je ne comprends pas pour autant. »
« Bienvenue au club… »

oo0O0oo

« Trouvez moi un moyen ! N'importe lequel ! »

La colère de Dixeh vibrait jusque dans les murs de son palais. Il était hors de lui.

« Et tuez moi ce prophète ! Faites le disparaître ! Ah, et faites le souffrir ! »

Des serviteurs couraient dans tous les coins, cherchant vainement à apaiser la colère de leur maître.

« Avec tout le respect que je dois à Votre Majesté, » intervint un vieil homme du nom de Ghad, « ce prophète n'a fait que répéter les paroles de la Grande Prophétesse. »

Cette intervention lui valu un regard noir de la part de Dixeh.

« Peu importe, » répliqua-t-il. « Je veux que tout le monde sache que quiconque osera prononcer cette prophétie sera puni. Il est hors de question que je laisse cet Ange du Changement m'empêcher d'atteindre mon but ! »

Personne ne dit rien. Il était inutile de discuter. Dixeh n'avait jamais écouté les conseils de ceux qui l'entouraient. Il avait toujours fait ce qui lui plaisait comme ça lui plaisait. Parfois ses serviteurs laissaient leurs pensées dériver, se demandant qui était cet Ange du Changement que leur maître semblait tant craindre et la raison qui le rendait si terrifiant pour Dixeh. Mais ils n'avaient guère le temps de se poser plus de question que déjà le Roi se remettait à hurler et à fulminer.

Car il était en colère. Très en colère. Il avait faillit atteindre son but une fois, se servant de l'Empire de Zaïbacher pour cela. Dornkirk, toujours plongé dans ses recherches sur le Destin n'y avait vu que de feu. Quel idiot ! Et il s'était laissé battre par deux enfants. Et leur amour. Quelle horreur. Cette idée donnait à Dixeh la nausée. Hitomi Kanzaki et Van Fanel. Deux êtres dangereux. Mais lequel des deux l'étaient le plus ? Ce Roi et son influence grandissante. Ou cette fille qui représentait tant de chose… Il s'était souvent posé la question sans jamais trouver de réponse. Mais au fond, peu importait. Ils étaient tous les deux ses ennemis. Et ils finiraient comme tous ses ennemis. A manger les pissenlits par les racines.

Cette idée mit du baume au cœur de tyran et lui extirpa un de ses rares sourires crispés. Il s'imaginait déjà devant les corps sans vie des deux vainqueurs de la guerre contre Zaïbacher. Il s'en délectait à l'avance. Certes ce serait un peu dommage de tuer une fille aussi jolie que cette fille de la Lune des Illusions. Peut-être prendrait-il un peu de bon temps avec elle avant. Oui, c'était une bonne idée. Et il pourrait faire ça devant Fanel en plus. Mmm… Oui, vraiment, il s'agissait là d'une splendide idée, songea-t-il alors qu'un sourire sadique étirait ses lèvres…

« Maître, » intervint soudain un homme en entrant. « Nous venons de découvrir quelque chose d'important. Peut-être un moyen de tuer la Fille de la Lune des Illusions. »

Cette nouvelle finit de rehausser l'humeur de Dixeh qui était désormais presque bonne.

« Parfait ! Vous allez me dire tout cela Feroch, mais avant, sortez tous vous autre ! Je ne veux plus voir personne ! »

tout le monde s'empressa de s'exécuter.

« Oh ! » s'exclama alors Dixeh. « Ghad, une petite chose. »

Le vieil homme se retourna. Un sourire mauvais apparu sur le coin de la bouche de son souverain.

« Je déteste qu'on me fasse des remarques. »

Il est difficile de dire si Ghad vit ce qui lui arriva. Jamais est-il que dans les secondes qui suivirent cette phrase il se retrouva allongé sur le sol. Un poignard entre les deux yeux…

… à suivre …

Voilà le prologue de ma nouvelle histoire. Dites moi votre avis que je vois si je poursuis ou si je laisse tomber cette fic !

Merci à tous les lecteurs de cette fic et à ceux des « Temps Changent ».

Kiss

Eterna