Disclaimer : Albator, Toshiro, Clio, les équipages de l'Arcadia et du Karyu, la Déesse, Tori-San et Mi-Kun, appartiennent à leur créateur M. Leiji Matsumoto.

Les autres sont à moi

1.

- Tu peux ouvrir les yeux, Alie.

- J'étais capable de jouer le jeu, il était inutile de me les bander, remarqua Alérian alors qu'on lui retirait le masque.

Il sourit alors que, guidé par la main par Lhora Schormel, il avait fini par se retrouver assis à la table d'une pièce en retrait de la salle principale du restaurant.

- Le Venezia, chouette ! J'avais tellement envie de pâtes !

- Oui, ça on avait deviné, sourit Mulien. Tu as toujours été un garçon pas cher à gâter !

- Tu aurais pu nous demander tout ce que tu voulais, glissa Lhora. Tu as quand même réussi brillamment ton entrée à l'Université et à décrocher un Doctorat. Tu aurais pu faire les titres des journaux pour ces évidentes qualités de surdons !

- Vaut mieux que je demeure dans l'ombre, autant que possible. Si les Erguls devaient débarquer, qu'ils étudiaient certaines infos, ils me débusqueraient, et ensuite remonteraient à mon père… Il est hors de question que je prenne ce risque ! J'ai juste la chance qu'en me protégeant, il semble que ma mère ait décuplé certaines de mes facultés. Ça pourrait toujours servir.

- Que de sérieux ! Je te croyais bien davantage la tête dans les étoiles suite à tes lectures fantasmagoriques, lança une voix familière bien que trop peu souvent entendue.

- Papa !

Alérian bondit sur ses pieds, se précipitant vers celui qui était entré par la porte de service.

- Content de ta véritable surprise ? fit Albator en étreignant les épaules d'un jeune homme de dix-huit ans à la crinière d'acajou, aux prunelles d'un vert émeraude, presque aussi grand que lui désormais, et une balafre en travers de la joue gauche.

- Lhora et Mulien ont bien gardé le secret ! se réjouit Alérian, ravi de la tenue noire de son père qui pour une fois n'arborait aucun signe Pirate.

- C'était plus prudent. Et pas uniquement pour cette soirée dont tu es le héros. Toutes mes félicitations pour ton diplôme, j'aurais voulu être là, mais ce n'était pas possible.

- Je sais, papa. Je suis tellement content que tu sois là !

Albator fronça le sourcil.

- Mais de quoi as-tu bien pu être diplômé ? Une maîtrise en scribouillard ? Tes Tuteurs et toi avez été plus que diserts à ce sujet !

- Plus tard, pria Mulien. Je dois à mon statut de Parlementaire d'avoir eu les petits privilèges de ce soir. La situation est tellement tendue – ce sera bientôt la mobilisation générale. Mais pas de ce futur sombre cette nuit ! Tous à table, il est temps de passer notre commande !


Lhora et Mulien Schormel faisant la grasse matinée, Alérian avait retrouvé son père dans la véranda de la villa où tous les petits déjeuners se prenaient traditionnellement.

- Tu as fait un long voyage, papa ? Voilà des mois que je n'avais plus de nouvelles. Et les Drakkars progressent toujours plus vers notre système solaire. Je m'inquiétais !

- J'ai promis de te protéger. Je fais de mon mieux.

Albator eut une moue mi-figue mi-raisin.

- Après plus de deux ans, je suis encore très inexpérimenté dans le métier de père !

- Je sais que tu es là, ça me suffit, sourit Alérian en faisant glisser les œufs frits dans les assiettes et ajoutant la viande et les légumes grillés, finissant en apportant une grande cafetière.

- Tu te débrouilles bien, remarqua son père.

- J'étais pensionnaire sur le campus, il fallait bien que je me débrouille pour subvenir à mes repas ! La base, quoi. Et Romyanne m'a beaucoup aidé aussi.

- Romyanne ?

Alérian rougit jusqu'aux oreilles et ne dit rien.

- Tu restes un peu, papa ?

- Seulement une journée. Mulien a toutes les raisons d'être pessimiste ! Au cours de mes voyages, j'ai pu constater que bien des mondes s'organisaient, mais ils sont loin de tous faire front ensemble, et cette désunion les perdra.

- On est foutus ? conclut Alérian tout en piochant à présent dans sa salade de fruits en bocal.

- Disons qu'on risque de passer de mauvais moments, reconnut son père. Ce ne sera pas la première fois me concernant, mais j'aurais tout donné pour que tu ne passes pas par ces affres…

- C'est ainsi… Si je n'en pas eu la conviction, je ne serais pas parti, il y a plus de deux ans ! Des nouvelles de Warius Zéro ?

- C'est la raison pour laquelle je ne peux m'attarder. Il traque le Pirate que je suis. Il est sur mes talons ! Je peux avoir une salade de crudités au vinaigre sucré ? J'en rêve depuis des semaines ! La Mécanoïde cuisinière fait ce qu'elle peut, mais nous sommes un peu en rupture de stocks de vivres…

Alérian sourit largement.

- Parle-moi donc de ton équipage, capitaine Pirate !

Albator s'exécuta de bonne grâce, partageant ce simple repas qui était un moment privilégié avec son fils issu de celle qui avait été la Rose de la Liberté symbolisée par le pendentif qu'il portait au cou.