C'était une sensation très étrange... Il le sentait pulser au fond de lui, un second cœur qui battait à l'unisson avec le sien. Il l'avait toujours ressenti, il s'en souvient. Ça avait toujours été là, au creux de sa poitrine. En apprenant l'existence du cosmos, il pensait que c'était juste ça : son cosmos qui se manifestait en pulsant délicatement. Au fur et à mesure qu'il apprit à contrôler ce pouvoir fantastique, il le sentait grandir. Il prenait en puissance.
Il n'en avait jamais parlé, car c'était normal, pour lui : tout le monde devait avoir ce second cœur, si on prenait la peine d'y faire attention. Son frère, Hyoga, Seiya, Shiryu. Ils l'avaient aussi, n'est-ce pas ? Eux aussi s'arrêtaient un instant pour l'écouter, quand ils se sentaient seuls et déprimés, pas vrai ?
Si seulement il en avait parlé... Si seulement il avait su que ce n'était pas normal... S'il avait su plus tôt...
Ce n'est que bien plus tard... Quand il avait senti le danger au Sanctuaire. Il s'était dépêché de s'y rendre, il avait vu des chevaliers d'argent en armure entièrement noire. Et son second cœur... ce qu'il prenait pour son cosmos... Il était certain à cet instant de l'avoir entendu parler. "Les spectres s'éveillent." avait-il cru entendre. Mais... Maintenant qu'il y repense, des années plus tard... N'était-ce pas "MES spectres" ?
À cet instant, une angoisse sourde l'avait pris à la gorge, comme une petite alarme dans sa tête qui lui hurlait de se méfier : personne ne lui avait appris que le cosmos avait sa propre voix et sa propre conscience. Mais il avait muselé cette alarme pour se concentrer sur le combat. Quelle erreur.
En arrivant en Enfer avec Seiya, il avait parlé à nouveau. Il murmurait des choses affreuses qu'il n'était pas prêt de rapporter. Ça l'avait déstabilisé pendant une bonne partie de son voyage, mais il n'avait rien dit. Au Giudecca, elle était devenu si forte, elle l'assourdissait ! Et il comprit... Ce n'était ni un second cœur, ni son cosmos... C'était bien plus puissant...
Et cette voix, qui hurlait sur sa conscience, quand Orphée avait attaqué cet Hadès illusoire... Il l'entend encore, douze ans plus tard.
Elle murmure.
"C'est pour bientôt... Pour bientôt..."
