Bonjour à tous ! Je reviens pour une nouvelle fic ! Eh ouais, j'avais annoncé un OS pour Salem, mais… il y a tellement à dire que ça sera finalement une fic complète ! Il y aura tout de même l'OS sur Salem dans le recueil, mais avec un autre élève, comme pour Poudlard ou Beauxbâtons.
Pour ceux qui débarquent, les Wiccans de Salem est un spin-off du Multivers Parfum-Potter (voir la page Facebook éponyme, ou le Wikia Parfum-Potter) fondé par Ywëna, dont certains éléments sont basés sur un headcanon issu de Tumblr qu'Ywëna a traduit. Il peut être lu totalement indépendamment des autres fics du multivers, bien que ce serait dommage de les louper !
Pour les crédits et disclaimer :
– Le Multivers Parfum-Potter est la pseudo-propriété exclusive collective de son instigatrice, Ywëna, et de ses deux participants actifs, DreamerinTheSky, et moi-même. Nous respectons le travail des autres, faites de même.
– Quelques concepts très vagues, et références encore plus vagues, font référence à l'univers Harry Potter de J.K. Rowling. Nous avons beau nous en éloigner de plus en plus… Parfum-Potter n'existerait pas sans Harry Potter, donc sans elle. Amour et Papillusions, ma chère Joanne.
– Il n'y a aucun but monétaire derrière cette démarche. Je ne peux pas dire aucun but lucratif, parce c'est humainement très enrichissant de participer au monde des fanfictions. Je vous aime tous (sauf toi, là-bas) !
– Le rating T est là parce que certains passages vont être particulièrement trash (vous connaissez American Horror Story : Coven ? Les sorcièr·e·s saignent aussi, abondamment) et le langage le sera encore plus souvent (je suis malpoli, et j'en ai rien à foutre). Par contre, aucun risque de lemon/lime, l'héroïne a à peine onze ans… Ce sera une fic particulièrement sombre, à l'instar de Marchands de Secrets (encore une saga du Multivers !), voire encore pire (d'où le classement en Horror).
Alors… ça sera une fic à chapitres, sur un an, à l'Institut de Salem, centré sur un seul personnage (pour les bandes de trublions, allez plutôt lire les sagas Renouveau (à Poudlard) ou Entre les Mondes (à Beauxbâtons)). Au début, ça aura des vagues airs de schoolfic… mais ça ne va pas faire long feu ! Allez, enjoy !
.
.
1) Née-Sorcière
Ami était en train d'exploser son score sur cette partie de Star Wars : The Old Republic, un MMORPG populaire. Sa map préférée, son perso préféré, un paquet de nachos au fromage, et du Nightcore à fond dans les oreilles. Rien n'aurait pu la rendre plus enjouée. À part…
Une petite enveloppe se mit à clignoter sur l'écran de la joueuse. Elle passa son curseur dessus : un MP de son amie Fiona, ou plutôt "DarthGhoul911". Ami planqua son avatar derrière un relief de la carte, et envoya un message sur le chat de groupe :
"Sry AFK, brb. covr me !" (1)
Faisant confiance à ses alliés pour la couvrir, elle ouvrit le MP, et le parcourut rapidement des yeux.
"Ma mère est en réunion, et Miss Peach a fait le mur. Tu passes ?"
'"Ok, j'OP cette map, et je décolle", répondit-elle, avant de reprendre son jeu. Fiona était certes sa meilleure amie, mais rien ne pouvait arracher l'adolescente d'une partie de SWTOR. Difficile de faire passer Star Wars en second lorsqu'on n'avait connu que ça toute sa vie. Et pourtant, c'est ce que sa sœur tenta de faire. Elle rentra dans sa chambre sans frapper, et se jeta sur le lit.
– Y'a une vieille cheloue qui veut te causer. Elle dit qu'elle vient du Massachusetts.
– G…genre MIT !? sursauta la geek, en détachant presque les yeux de son jeu.
– Genre Salem, répliqua sa sœur. Bouge ton derch, mollusque.
– Dé…dégage Cressida, j…j'ai pas ffini.
Ladite Cressida se jeta sur sa sœur, l'attrapa sous les bras, et l'arracha à son ordinateur. Pendant que sa sœur se débattait, elle en profita pour déconnecter rapidement l'avatar, mettant fin à la partie.
Jje vvais t…te tuer ! fulmina Ami, toute échevelée et presque en larmes.
Ouais ouais. En attendant, recoiffe-toi et va voir la vieille timbrée, j'ai hâte qu'elle dégage, elle fait peur à Doppler.
Doppler était le teckel de la famile Kent, qui comptait quatre membres : le père, Dewei, un développeur web bossant chez lui ; la mère, Lo Shen, ancienne ingénieure en développement objet actuellement en reconversion dans la cognitique avancée ; Cressida, treize ans, insupportable peste, et championne de l'Indiana à Dota 2 ; et enfin, la petite dernière, Amidala, onze ans.
Malgré la présence mentionnée d'une étrangère dans la maison, Ami hurla de rage. Cressida quitta la chambre en ricanant. Ami déambula vers le miroir, et jeta un regard navré à son reflet. Elle ne s'était jamais trouvée belle, mais cette fois-ci, elle atteignait les sommets. Elle empoigna une brosse, et entreprit de dénouer rapidement sa tignasse noire de jais, dans laquelle elle ne fut qu'à peine surprise d'y retrouver un nacho entier. Elle contempla son visage xanthoderme et ses yeux à peine bridés quelques instants, avant de pousser un grognement, d'enfoncer ses lunettes rondes deux fois trop grandes sur son nez, et de rabattre sa frange sur ce front plat qu'elle détestait tant. Elle sortit de sa chambre à pas mesurés, respirant de plus en plus fort à l'idée de rencontrer une inconnue. Presque parvenue à la porte de la cuisine, elle dut s'arrêter, à deux doigts de la crise d'angoisse, et tenta de se convaincre qu'elle ne risquait rien dans sa propre maison, en présence de son père qui devait actuellement déguster son thé.
Elle ouvrit la porte. Son père était effectivement à table, partageant son thé avec une femme blanche d'une soixantaine d'années, qui portait un chignon gris un peu lâche, et une longue robe noire ceinte par une large ceinture à boucle. Elle tourna la tête vers l'adolescente, et sourit.
– Amidala Kent, je présume ?
Sa voix était toute douce, comme un envol de papillon. Amidala acquiesça en silence, bien trop timide pour ouvrir la bouche.
– Approche, mon enfant, je ne vais pas te manger. Voilà, assied-toi ici.
– Tu veux du thé, ma chérie ? proposa son père.
– Ou…oui, accepta Ami.
– Avant toute chose, je me présente. Mulcida Valerian, professeure de Littérature de l'Institut de Salem. Si je suis là aujourd'hui, c'est pour t'annoncer que tu es inscrite dans notre école depuis ta naissance, et que nous t'y attendons dès la rentrée.
Amidala jeta un regard accusateur à son père. Celui-ci leva les mains en l'air, en signe de reddition.
– Hé, j'ai rien fait, moi. Attends la suite.
– Il s'avère, reprit Mrs Valerian, que l'Institut de Salem n'est pas n'importe quel type d'école. Je sais que tu avais hâte de rentrer à la Middle School avec tes amies mais… Ton père m'a dit que vous étiez fan de tout ce qui avait attrait à la culture du fantastique, c'est cela ?
– En effet, approuva l'intéressé entre deux gorgées de thé. Ici, on est geeks de père en fille !
– Tu seras donc sûrement ravie d'apprendre que l'Institut de Salem est une école de magie, et qu'en tant que sorcière, tu y as ta place.
La mâchoire d'Amidala tomba. Puis remonta. Puis retomba une seconde fois.
– M…mmais… j…je… jje… Nnon !
Soudain, la petite bègue fut prise d'une colère noire, comme cela lui arrivait souvent. Dans ces rares et terribles moments, elle ne bégayait presque plus.
– JE NE SUIS PAS UNE S…SORCIÈRE !
La porte de la cuisine claqua violemment, les murs tremblèrent, et le petit teckel de la famille couina de terreur.
– Et pourtant, je parie que ce genre d'incidents se produit à chaque fois que tu traverses un temper tantrum (2). Sache que si l'Institut te permettra d'apprendre à contrôler ta magie, je me suis personnellement engagée auprès de ton père pour t'aider à contrôler tes crises. J'aurais aimé en informer également ta mère, mais elle est visiblement absente depuis un long moment.
– Ma femme est actuellement en soutenance de thèse au MIT.
– Ah, eh bien c'est parfait alors ! Te rends-tu compte, Amidala ? tu étudieras dans le même État que ta mère ! Je me doute que tu ne dois pas la voir souvent, ça fait une sacrée distance, de Mansfield à Cambridge, en voiture. Il y a quoi, Mr Kent ?
– Oh, une quinzaine d'heures…
Amidala tombait des nues. Elle se sentait tellement… trahie. Oui, c'était le mot. Si ce que la vieille folle racontait était vraie — et il était hors de question pour Ami de l'envisager —, elle ne rentrerait jamais à la Middle School avec ses amies. Elle n'irait peut-être même jamais à la High School. Et elle pourrait indubitablement faire une croix définitive sur Berkeley ou le MIT. Et pourtant ils étaient là, à discuter. À décider pour elle.
Elle quitta la pièce précipitamment, et sans un mot, empoigna sa veste, enfonça sa casquette sur sa tête, et quitta la maison en claquant violemment la porte.
– Elle a du caractère, votre fille, constata Mrs Valerian.
– Elle n'a jamais été trop fan de fantasy, répondit posément Mr Kent. Elle est plus science-fiction. Dommage que vous n'êtes pas venue lui annoncer qu'elle était Jedi.
– Ce n'est pas un jeu, Mr Kent.
Dewei ricana. Il but une nouvelle gorgée de thé noir, avant de daigner répondre.
– Tout est un jeu, répliqua celui-ci d'une voix posée. Seules les règles changent. Et il m'est d'avis qu'Amidala n'a pas envie de jour au vôtre.
– Elle n'a pas le choix, se braqua la sorcière. La loi est claire, tout enfant possédant des pouvoirs magiques doit être éduqué dans une école agrée, pour une période variable selon les pays, mais globalement standardisée à sept années. Il n'y a pas d'alternative envisageable.
– Tout est un jeu, répéta Mr Kent. Et si vous voulez convaincre ma fille de vous suivre, il vous faudra la battre à son propre jeu. Il n'y a pas d'alternative envisageable. Bonne chance à vous, elle y est redoutable. Sur ce, je vais vous demander de m'excuser, une adolescente de treize ans requiert les compétences de son père pour comprendre des mathématiques qui n'ont rien de sorcières, sans mauvais jeu de mot.
.
.
Quand Amidala sonna au portail de la résidence des Connels, elle était encore sur les nerfs. Aussi, quand la voix fluette de Fiona retentit à travers l'interphone, elle sursauta.
– Coucou Princesse ! Dépêche de grimper, j'ai besoin de mon jumeau maléfique !
Un vrombissement se fit entendre. Ami poussa le portail électrique, et entra dans le bâtiment. Elle monta les escaliers quatre à quatre, et ne prit même pas la peine de frapper à la porte, entrant chez les Connels sans s'annoncer. Elle ouvrit un placard, en sortit un verre qu'elle remplit au robinet, et but une longue rasade avant de rejoindre Fiona dans sa chambre. Voyant le visage défait et les yeux rouges de son amie, celle-ci ne dit rien, se contentant de lui tendre la seconde manette.
– Un petit palais sanglant ? proposa Fiona. C'est bon pour les nerfs !
– O…okay, accepta Amidala.
Elle s'assit à côté de sa meilleure amie, et toute deux se déchaînèrent sur Devil May Cry pendant plus d'une heure, avant que Fiona ne décide de mettre en pause, et de toiser Ami.
– Raconte, Princesse. Tu sais que tu peux tout me dire. Et tu sais aussi que tu as l'obligation de le faire.
– Il… il paraît que jje s…suis une sor…sorcière.
– Non, ça va, tu n'es pas aussi horrible que ça ! Peut-être qu'un coup de brosse te ferait pas de mal, mais sinon t'es très bien !
– N…non ! J…je plai…plaisante pas ! s'énerva Ami.
– Calme-toi, respire, et explique-moi ensuite.
– Il… il y a uune vvieille f…femme chez…chez moi. Eelle d…dit qu'elle est prrof à L'Inssstitut de Sa…Sa…Salem, une éc…cole de m…m…ma…mmagie. Et mon p…père ssemble la croire.
– Bah si c'est vrai, c'est cool, non ? Ça veut dire que t'as des pouvoirs magiques, tout ça ?
– N…non. S…si c'est vrai, ça…ça veut dire qque jj…je d…dois aller à l'éc…cole de sorcières à Sa…Salem.
– Ah, lâcha Fiona qui venait de comprendre ce que cela impliquait.
– V…Voila.
– Et du coup, tu vas faire quoi ?
– J…j'ai pas le cho…choix. C'est oobliga…toire.
– Mais tu refuses d'y aller, je parie, supposa Fiona. Du coup, je répète : tu vas faire quoi ? Nul doute que mes parents accepteraient de te cacher ici, mais s'il y a de la magie dans l'histoire, ça ne risque pas de durer longtemps.
– J…je vais chez Tt…Tt…
– Tony ?
– Ou…oui. Rhaaah j'en…j'en ai MARRE !
L'écran du tube cathodique de Fiona se brouilla quelques instants, et une statuette de Beelzemon tomba de son étagère sur le tapis molletonné.
– Calme-toi, et respire lentement, lui conseilla Fiona. Tu sais que quand tu t'énerves, ton bégaiement s'aggrave. Et quand il s'aggrave, ça t'énerve encore plus. Et… boum.
– Boum, répéta Amidala, entre deux inspirations lentes.
– Voilà. Remarque, dans ces circonstances pareilles, c'est pas difficile d'imaginer que t'as des pouvoirs surnaturels ! Donc… tu vas aller chez Tony, comme ça, toute seule. Sans prévenir tes parents, ni personne ?
– Si, t…ttoi.
– Moi, je ne sais même pas où il habite, ton copain.
– Ju…justement. Je pa…pa…parie que les so…sorcières ppeuvent lire les p…pensées. Mes p…parents non plus ne sa…sa…sa…savent ppas.
– Et t'y vas comment ?
– B…bah en bus, j'ai…j'ai du li…quide ss…sur moi. Et j…j'ai pris mon ordi in…intraçabble.
– C'est un bon début. Je ne peux rien faire pour t'en dissuader.
Ce n'était pas une question.
– Tu… tu peux venir avec mmoi ? suggéra la petite asiatique.
– Ha ha ha ! ricana son amie rousse. Mes parents ne sont pas aussi cool que les tiens ! Si je suis en retard de cinq minutes, ils appellent les flics. D'un autre côté, avec toutes les fausses alertes qu'ils ont lancées, ça passerait peut-être, cette-fois-ci. (Elle croisa le regard plein d'espoir d'Ami) Hé, je plaisante ! Bonne chance, l'aventurière ! T'es peut-être la plus timide d'entre nous, mais tu es de loin la plus courageuse !
– A…Alors Au re…re…re…
– Au revoir, Princesse. Appelle-moi quand tu seras chez ton prince charmant.
.
.
Amidala tint parole, et prit le bus à la gare routière locale. Le soir, elle dormit dans un motel miteux, où le gérant ne fut pas trop regardant sur le fait qu'une fillette de onze ans prenne une chambre seule, compte tenu que celle-ci avait payé le double du prix affiché pour avoir la paix. À ce tarif, il lui offrit le petit-déjeuner le lendemain (sans lui préciser que c'était inclus dans le prix de base), et Ami monta dans le bus suivant, en direction d'Atlanta. Atlanta, Géorgie, où habitait Tony Vargas-Llosa, alias "Tony_NOT_Vercetti", un garçon de son âge qu'elle avait connu via SWTOR, et avec qui elle avait longuement parlé sur les réseaux sociaux. C'était un passionné de dragster et de Star Wars, et lui et son père avaient fabriqué une machine similaire au podracer d'Anakin, avec des réacteurs d'avion, une carcasse de Shelby Cobra, et des sangles de porte-avion militaire. Ils s'étaient échangés des centaines de messages, des photos, … Malheureusement, ils ne s'étaient jamais parlés de vive voix, même au téléphone. Même en jeu, ils ne communiquaient que via le chat écrit. Et parler de vive voix… n'était définitivement pas le fort d'Amidala, bègue depuis aussi longtemps qu'elle pouvait se souvenir, et extrêmement timide. Et si elle pouvait vaincre le dernier en se convainquant qu'elle le connaissait depuis des mois… le bégaiement était inévitable.
Elle était partie pour plus de douze heures de bus. Contre la vitre, assise à côté d'une dame âgée qui se rendait elle aussi à Atlanta, l'adolescente se savait tranquille pour un long moment, et ne tarda pas à s'endormir. Lorsqu'elle émergea, le soir était tombé, et la lueur éméraldine du crépuscule pollué se mêlait aux lumières de l'immense métropole d'Atlanta. Amidala leva la tête, et constata que l'écran de voyage du bus indiquait qu'il restait presque une heure avant le prochain arrêt, où elle descendrait. Elle sortit alors son petit ordinateur portable de son sac, y brancha son antenne satellitaire, et se connecta sur Anonymail. Elle envoya un même message à Fiona, ainsi qu'à son père : "Ça va toujours. Je suis là où aucune vieille cinglée viendra me chercher : au cœur de la mécanique. Je téléphone dès que j'ai une ligne sécurisée. — Par Décret Galactique".
" Par Décret Galactique ". Elle signait tous ses messages ainsi. Normal, quand on était l'homonyme de la plus jeune sénatrice galactique de l'univers Star Wars. Quand le bus arriva en gare d'Atlanta-Nord, Amidala mis son sac sur son dos, ajusta la casquette noire qu'elle n'avait pas quittée, et emboîta le pas à la vieille dame dans l'allée du bus. Les gens descendaient un par un, et Ami attendait patiemment son tour. Mais quand la vieille dame s'écarta, une main se posa sur son épaule et…
– Vous avez oublié votre casquette, mademoiselle, sourit un jeune homme en lui tendant sa casquette noire, qu'elle enfonça sur sa tête en marmonnant de vagues remerciements.
Il lui avait fait la peur de sa vie, persuadée qu'il s'agissait de la sorcière qui l'avait retrouvée. Ami regarda à gauche… à droite… et s'engagea dans la rue menant au garage de la famille de Tony. Alors qu'elle se rassurait de l'accueil qu'elle allait recevoir, il se mit à pleuvoir à torrent. Dix minutes plus tard, c'est trempée et essoufflée d'avoir couru qu'Amidala sonna à la porte de la boutique accolée au garage, au-dessus de laquelle se trouvait le logement privé des Vargas-Llosa. Tony lui avait envoyé tellement de photos qu'elle avait l'impression d'y retourner pour la énième fois, alors qu'elle n'avait jamais mis les pieds à Atlanta auparavant.
Un homme à l'air antipathique, une bière à la main, et une chemise à carreau rouge à moitié glissée dans un pantalon de survêtement grisâtre descendit par l'escalier du fond, toisa la petite asiatique ruisselante derrière la porte vitrée de la boutique, et daigna enfin lui ouvrir après de longues secondes.
– C'est pour quoi, chica ?
– J…je ss…suis une am…amie de T…tony.
– Je vois. ANTONIO HIBRAM VARGAS-LLOSA, RAMÈNE TON PETIT CUL DE LATINO ICI ! Entre, petite, tu vas choper une pneumonie.
Amidala s'exécuta, et regarda avec un mélange de respect et d'appréhension l'impressionnant mécanicien. Ce n'était pas le père de Tony. Si ses souvenirs étaient exacts, c'était…
– Qu'est-ce qui te prend de gueuler comme ça, Tío Javier !? s'écria une voix d'adolescent en haut des escaliers.
C'était donc lui, l'Oncle Javier, le fameux ancien pilote !
– Il y a une de tes amies, qu'elle dit. Descend de là, sale mioche !
Un instant plus tard, Amidala aperçut en chair et en os le beau visage qui l'avait tant fait rêver. Elle l'avait vu souriant. Elle l'avait vu frimeur. Et là… elle le voyait perplexe, voire effrayé.
– Amidala !? Qu'est ce que… comment t'es arrivée ici ?
– Sa…salut Tony. J'ai p…p…pris le bus.
Il lui jeta un regard étrange, et plissa des yeux. Était-ce son arrivée impromptue, ou le fait qu'elle bégaie qui le gênait ? Ami ne tarda pas à le savoir.
– T'as couru pour venir ? T'as l'air essoufflée…
– Un… un peu à la f…ffin. Mais ça… ça va. Je re…re…res…s…respire.
– Je vois ça.
– Je vais vous laisser, chicos. J'espère pour vous que je n'ai pas raté les scores intermédiaires !
Tony toisa Ami. Ami regarda Tony avec appréhension. Elle avait tellement espéré cette rencontre. Elle imaginait peut-être quelque chose de trop féérique pour être réaliste, mais ça aurait pu bien se passer. Ça aurait dû bien se passer. Et au lieu de ça, il était visiblement choqué qu'elle ne l'ait pas informé de son… handicap. Pourtant, après un temps de réflexion, un sourire se dessina sur le visage de l'adolescent, et il écarta les bras.
– Ça fait super plaisir de te rencontrer enfin, Amidala ! J'ai tellement parlé de toi à ma famille ! Viens, je vais te les présenter !
Ils montèrent à l'étage, et entrèrent dans un appartement de dimension similaire à celui de ses parents.
– Papa, Mama, Tío, Luz, par ici ! héla Tony.
L'Oncle Javier, sur le canapé, se tourna vers son neveu avec un air agacé. Ses parents sortirent tous deux de la cuisine, se demandant ce qui se passait. Puis, quelques secondes plus tard, une jeune femme sortit d'une pièce au fond du couloir, l'air intriguée.
– Je vous présente Amidala ! lâcha Tony, comme une bombe.
– J'avais bien compris, grogna Javier avant de se détourner de la scène.
Au contraire, les parents de Tony semblaient enchantés, et sa sœur se joignit à l'allégresse.
– Enchantée ! s'exclama Luz.
– Tony nous a tellement parlé de toi ! ajouta leur père.
– Tu es encore plus jolie que sur les photos ! asséna leur mère.
– Me…merci, bafouilla Ami.
– Comment t'es arrivée ici ? demanda Javier dans un grognement.
– Tiens, c'est vrai ça ! souligna Tony. T'es pas venue avec tes parents ?
– J'ai… j'ai pris le b…bus toute…toute seule.
– Tu as l'air essoufflée, non ? s'enquit Luz.
– Je crois plutôt qu'Amidala est bègue, répliqua sa mère d'une voix douce. N'est-ce pas ?
– Ou…oui, approuva Ami d'une voix rendue bizarre par l'angoisse d'être jugée.
– Il n'y a pas de quoi avoir honte, continua Mrs Vargas-Llosa. Ma coach sportif l'est, et ça ne l'empêche pas d'avoir beaucoup de succès avec les hommes !
L'idée fit violemment rougir Ami.
Elle passa la nuit dans la même chambre que Luz, sur un matelas au sol, et déjeuna avec toute la famille. Le garage ouvrit vers 8h30, et les deux hommes s'affairèrent sous les voitures, pendant que la mère tenait la boutique. Luz était partie tôt au travail (elle tenait la boutique de vêtements au bout de la rue). Tony en profita alors pour faire visiter à Ami.
– Là, tu vois, c'est le pont principal. C'est là qu'on lève les plus grosses voitures. C'est un pont électrique, alors que le bleu au fond est manuel. Ça (il tapota une espèce de grue miniature munie d'une chaîne), c'est pour sortir les moteurs des voitures par le dessus. Viens !
Il se précipita en courant par la porte de derrière, et Ami suivit tant bien que mal. Il la mena jusqu'à un hangar tout rouillé au fond du parking arrière, qui tenait plus de la casse, et tira sur la grosse porte qui s'ouvrit dans un grincement. Dedans, il y avait divers véhicules plus étranges les uns que les autres, dont…
– Le Tatooine Express ! présenta théâtralement Tony, en désignant des deux mains le dragster à deux réacteurs de son père. J'ai aidé mon père à le monter, et c'est moi qui l'ait peint. Mais c'est Tío qui le conduit, c'est bien trop puissant pour moi… pour l'instant !
– C'est… c'est magn…gnifique.
Il ressortir ensuite en plein air, et Tony commença à faire des plans pour la durée du séjour de sa petite-amie du net… et tout se passa très vite. Deux hommes et une vieille femme surgirent du garage. La femme avança droit sur eux, tandis que les deux hommes s'écartaient pour les prendre en tenaille. Amidala tenta de reculer, terrifiée, et Tony ne sut comment réagir. La femme posa sa main sur l'épaule d'Ami, et lâcha d'un ton agacé :
– Assez joué, fillette.
Et toutes deux disparurent dans un claquement sonore. Puis les hommes disparurent de la même manière.
– Am… Ami !? bégaya Tony.
.
(1) : "Sorry, I have to get away from keyboard, be right back. Cover me !"= "Désolé, je dois m'éloigner du clavier, je reviens tout de suite. Couvrez-moi !"
(2) : crise de nerf proche de l'hystérie, généralement imputée aux enfants de bas âge, ou à Kylo Ren (expression intraduisible)
.
Et voilà, c'est tout pour cette intro. La prochaine fois, on arrive directement à Salem !
