Origine : Les aventures de Mercy Thompson
Rating : T pour violence
Tous les personnages appartiennent à Patricia Briggs :)
L'hôpital était blanc, ce fut la seule pensée positive que je pus trouver alors que je rendais visite à ma mère. Elle était tombée l'avant-veille et s'était cassé la jambe, un accident bête qui lui avait pourtant valu un séjour à l'hôpital. Je ne l'avais appris que ce matin après être rentrée d'une randonnée dans les plaines désertiques aux alentours des Tri-Cities, comté de Franklin, Washington, Etats-Unis. J'avançais d'un pas lent et lourd dans les couloirs de l'hôpital, ma mère était une femme que je haïssais malgré la promesse que j'avais faite à mon père. Mais j'étais rattachée à elle par le sang et l'argent, non je ne suis pas obnubilée par cela mais j'en avais besoin pour survivre. J'aurais tout donné pour partir loin d'elle et de son compagnon, qui lui au moins ne me rabaissait pas en permanence.
Je n'aimais pas les hôpitaux, il y avait toujours cette odeur d'antiseptique qui me donnait la nausée et aussi cette obsédante odeur de sang, qui me donnait faim depuis un an et demi, depuis que j'étais devenue une louve-garou. Je ne savais pas trop quoi faire au début, je me mettais facilement en colère et j'étais facilement affamée. Finalement j'avais trouvé la solution en chassant de petits animaux dans les zones naturels qui bordaient les lieux où ma mère déménageait quasiment tous les deux ou trois mois. Elle ne le savait pas, ma nature d'être surnaturel devait rester un secret, je savais que les miens s'étaient révélés deux années auparavant mais n'en avais jamais rencontré d'autres. Elle détestait ceux qui n'étaient pas humains, elle avait peur d'eux et la peur fait faire des actes inconsidérés. C'est pourquoi elle changeait de ville dès qu'elle ne supportait plus d'en savoir aussi près d'elle.
Je soupirais en arrivant à la chambre qui abritait ma mère. Maintenant que j'étais là je regrettais grandement d'être venue, elle allait encore dire que tout était de ma faute et qu'elle aurait dû me tuer à ma naissance. Le pire, sans doute, était que j'étais d'accord avec elle, la plupart du temps. J'avais 21 ans, bon sang ! J'inspirais un grand coup et ouvris la porte. Elle était allongée dans un lit, la jambe maintenue en l'air par un tissu. Elle s'arrêta de parler dès qu'elle me vit, j'avançai un peu plus et elle lâcha la main de Jérémie, son compagnon, et me fixa d'un air accusateur. Ma louve grogna devant ses yeux chargés de mépris, je la fis taire en espérant de ne pas avoir moi-même grogné. J'entrai un peu plus en avant dans la pièce, ma mère me suivant du regard et Jérémie courbant l'échine comme à chaque fois que nous étions tous les trois dans la même pièce.
« Salut maman, comment tu te sens ? dis-je par politesse.
- Qu'est-ce que tu viens faire ici ? me coupa-t-elle d'un ton acerbe.
- Jérémie m'a dit que tu t'étais blessée, je suis venue aux nouvelles. »
L'air devint soudainement chargé d'électricité, signe qu'elle allait s'énerver et qu'elle fera tout pour m'amener avec elle dans sa colère. Ce qui allait être extrêmement facile, j'étais déjà excitée par les odeurs de sang, de peur et de médicaments. Je choisis la retraite anticipée bien qu'elle ne plaise pas à ma louve, mais on avait un arrangement je dirigeais le côté humain et elle le côté instinctif. C'était lâche mais c'était toujours mieux que d'affronter ma mère.
« Rétablie-toi bien, je passerais peut-être à la maison cette semaine.
- India !
- Je dois y aller, à plus.
- C'est ça, va te faire mettre par tous ces chiens qui traînent, cria-t-elle pendant que je refermai la porte en hâte. »
J'ai échappé au pire, c'était même une chance qu'elle n'en dise pas plus. Je prenais le chemin de la sortie d'un pas pressant quand je m'arrêtai devant une chambre. Je venais de sentir quelque chose, une senteur sauvage qui rappelait le pin et, le loup ? Je devais me tromper, ça ne faisait qu'un an que mon odorat était passé de banal à surhumain. Je fis un pas puis deux et revins finalement en arrière. J'osais jeter un œil à l'intérieur, il y avait un homme qui parlait avec un patient. Il me faisait dos mais je pouvais sentir quelque chose émanant de lui, et ça m'attirait. Il s'arrêta de parler et se leva, apparemment ils en avaient fini. Je ne remarquai que je n'avais pas bougé que lorsqu'il se retourna et arqua un sourcil interrogatif en ma direction. Je paniquai, fis demi-tour et courus presque jusqu'à la sortie. On aurait dit une adolescente amoureuse.
Je rentrais à ma nouvelle maison en fin d'après-midi, passée prendre de nouveaux habits et un peu de nourriture. J'avais eu du mal à mettre la main sur une veste chaude mais maintenant que je l'avais trouvée il ne me restait plus qu'à décamper vers des horizons plus dégarnis de bâtiments et de routes. Je refermais la porte à clé en me demandant à quel endroit j'allais bien pouvoir planter ma tente lorsque quelqu'un m'interpella. J'ignorais délibérément la voix en respirant l'air de la nuit. J'avais remarqué que les émotions avaient des odeurs et bien que je ne les remarque pas toutes, il m'était possible de déterminer les plus importantes, la colère, la peur et l'envie. Mais je ne sentis rien hormis le pin et le loup, oh mon dieu ! C'était le médecin de cet après-midi, que faisait-il là ? Je mis plus de temps que nécessaire à verrouiller le panneau de bois.
« Il ne va pas te dire pourquoi je suis là, rigola le médecin. »
Je rougis de honte et gonfla les joues en me retournant, je faisais ça quand j'étais petite et que je boudais, cela faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivé. Il sourit en me voyant ainsi et je descendis les marches à sa rencontre.
« C'est que je n'ai pas l'habitude de me faire suivre jusqu'à chez moi, dis-je d'une voix amicale en lui tendant la main.
- Docteur Samuel Cornick, répondit-il en me la serrant. »
C'est alors que je le regardais dans les yeux pour la première fois, une bouffée de pouvoir me transperça et je retirai précipitamment ma main comme s'il me l'avait brûlée. Je les regardais tour à tour, lui et ma main, avec un air incertain et reculai de deux pas. Son expression changea du tout au tout, il s'avança pendant que je m'écartais, arborant un air désolé.
« Je ne voulais pas t'effrayer, s'excusa-t-il. »
Je le regardais à nouveau dans les yeux, essayant de comprendre ce qui c'était passé. Je réussi à les garder cinq bonnes secondes avant de nouveau les baisser en ressentant une puissante vague du même quelque chose qui m'avait poussé à le regarder à l'hôpital.
« Qu'est-ce que vous faites ? C'est un truc de loup-garou ? Un pouvoir que je n'ai pas encore ? dis-je à la fois effrayée et impressionnée.
- Je ne fais rien de particulier, sourit ledit Samuel, depuis quand es-tu loup-garou ?
- Un an et demi, dis-je en le dévisageant. »
Je m'approchais de nouveau de lui qui restait tout à fait immobile, le touchant du bout du doigt comme s'il n'était pas réel. Je le fis deux ou trois fois et quand je fus sûre que plus rien n'allait se passer je regardais à nouveau son visage, mais en évitant ses yeux cette fois-ci. Il avait des traits durs et l'image type d'un gallois, ce devait sûrement être son pays d'origine, j'avais assez voyagé pour pouvoir reconnaître les origines des personnes que je croisais. Il était indéniablement un loup-garou, son odeur ne mentait pas, mais il n'était pas que ça. Je pouvais le sentir, ma louve pouvait le sentir et elle me conseillait de l'écouter. Elle était toute ouïe face à lui et je la sentais impatiente. Il était un loup lui aussi, alors je desserrais la bride que je lui mettais habituellement.
« Je m'appelle India Skylard, finis-je par déclarer, et si nous allions parler autre part. Je n'ai pas très envie de croiser ma mère ou son compagnon, marmonnai-je.
- Comme vous voudrez tant que nous parlons.
- Ça tombe bien j'ai aussi des questions à vous poser, dis-je en lui emboîtant le pas. »
Sa maison se trouvait sur les rives de la Columbia, à côté d'une petite maison apparemment toute neuve mais qui paraissait miteuse comparé à la gigantesque demeure bien entretenue devant laquelle nous nous garions. Je sortais prudemment de la voiture me demandant quel genre de personne pouvait bien habiter une bâtisse pareille. Samuel avec son look décontracté et son sourire charmeur ne s'accordait pas du tout avec le style de cette maison. Il s'avança de quelques pas et se tourna vers moi en constatant que je ne le suivais pas.
« Ce n'est pas votre maison.
- Non, c'est celle de l'Alpha de la meute locale.
- Alors on vit en meute, marmonnai-je pour moi-même en le dépassant pour toquer à la porte. »
J'avais vu sa franche surprise mais n'en tenais pas compte, ce n'était pas de ma faute si personne n'avait jugé nécessaire de me dire quoi que ce soit sur le mode de vie d'un loup-garou. Je n'eus pas le temps de sonner qu'un homme grand et noir l'ouvra et me faisait signe d'entrer. Je le détaillais sans gènes tout en exagérant les gestes pour ne pas le blesser. J'arrivais dans un endroit inconnu rempli de gens que je ne connaissais pas, il fallait que je prenne des repères. Je posai une main sur mon menton et plissais les yeux, comme dans un de ses mauvais films policiers quand le bon flic interroge le méchant garçon. Mon nez et ma louve me disaient qu'il s'agissait d'un loup-garou. Il avait typiquement des origines africaines mais il y avait un autre pays en concurrence, je lui poserais bien la question mais ce n'était certainement pas la première chose à dire à quelqu'un que l'on venait de rencontrer. Il se dégageait de lui la même chose que de chez Samuel mais en moins présent.
« Vous êtes sympa à regarder, décidai-je finalement en entrant dans la maison. »
J'entendis le médecin rigoler et lui chuchoter que j'étais bizarre. Je me retournai vivement et les pointais du doigt, les faisant tous-deux me regarder.
« Ce n'est pas bien de chuchoter dans le dos des gens. »
Ils partirent d'un rire contenu qui m'offensait grandement alors je gonflais les joues et croisais les bras pour montrer mon mécontentement. Je ne voyais pas ce qu'il y avait de drôle mais eux le voyaient semblait-il.
« Crétins, dis-je en français, ma langue d'origine. »
J'avançais plus dans la maison en les laissant sur le pas de la porte, il y avait un salon richement décoré qui devait coûter des milliers de dollars et où étaient assises trois autres personnes sur deux canapés qui se faisaient face. Il y avait un homme en particulier qui captait mon attention, il était certes très beau il n'avait rien de particulier. Pourtant mon regard était inexorablement attiré par lui. Il avait la coupe militaire, des yeux chocolats, un corps bien musclé - mais Samuel et l'homme-de-la-porte étaient extrêmement bien bâtis aussi - et ce même quelque chose qu'avait le docteur. Je commençais à être convaincue que c'était un truc de loup-garou quand la personne assise en face de lui remua. Je ne pouvais pas le qualifier de beau mais il avait l'air très sympa, ma louve se détendit en le voyant. Décidément, les loups-garous sont des êtres complexes. La troisième personne était une femme assise à côté du militaire, mais à l'inverse des quatre autres personnes que j'avais rencontrées ce soir elle ne sentait pas le loup. Elle sentait le chien, non le coyote. Le coyote ? Pourquoi sentait-elle le coyote ? Ma louve me criait que c'était un autre prédateur et qu'il fallait montrer les crocs. Mais comme je l'ai déjà mentionné, je m'occupais des relations humaines et la fis donc taire. J'hésitais entre m'asseoir et rester debout quand Samuel décida pour moi. Il me poussa à côté du loup pas beau mais sympa et s'assit de tel sorte que j'ai le plus d'espace possible. Le noir s'assit à côté du militaire et personne ne pipa mots. J'étais extrêmement mal à l'aise et j'avais l'irrésistible envie de partir en courant. Mais ma louve était bien ici et elle ne comptait pas en bouger. Pour la première fois depuis qu'elle était apparue, je la sentis se détendre et être heureuse d'être entourée par d'autres personnes. Je me détendis donc, espérant qu'elle ne se trompait pas et pris la parole puisqu'apparemment aucun d'entre eux ne comptaient le faire.
« Bonsoir, dis-je timidement, je m'appelle India Skylard et suis très nerveuse que vous me fixiez comme un chat fixe le trou d'une souris.
- Ce n'est pas notre intention, je suis Adam Hauptman, l'Alpha de la meute du Bassin de la Columbia. Voici Mercy (celle qui sentait le coyote) ma femme et compagne, Darryl (celui qui m'a ouvert la porte) mon premier lieutenant et Peter (le pas beau mais sympa). Est-ce que tu sais pourquoi tu es ici ?
- Une partie pyjama entre loups-garous ? tentai-je alors qu'il me regardait froidement.
- Adam, l'interrompit Samuel, elle ne sait même pas ce qu'est une meute. Commence par là. »
Il haussa un sourcil interrogateur et une vague de puissance s'éleva dans la pièce alors que les deux loups se toisaient du regard. J'avais l'impression qu'ils allaient se battre et je ressentais un besoin pressent de détourner leur attention pour que cela n'arrive pas.
« Mais oui quelle bonne idée, et si vous me racontiez ce que c'est qu'être un loup-garou ? Je dois bien avouer que j'ai eu un peu de mal à tout comprendre parfois. Et personne n'a jugé nécessaire de m'en informer, je ne me voyais pas questionner un humain sur ce qui m'arrivait alors je me suis débrouillée toute seule mais je dois bien dire qu'un peu d'aide ne me ferait pas de mal. Alors, vous ne voudriez pas me raconter un peu des trucs sur les loups-garous ? »
Ils n'avaient pas bougé depuis que j'avais pris la parole, mais l'air n'était plus aussi électrique et chargée d'envie de meurtre. Je vis la dénommée Mercy sourire et pouffer, ce qui lui valut un regard de son mari et du docteur.
« Oh ça va, s'enquit-elle, elle n'a pas l'air d'être hors contrôle et sur le point d'attaquer tout le monde dans cette pièce. N'est-ce pas ? (Je fis signe que oui.) Donc que diriez-vous que Darryl, Peter et moi allions faire du thé pendant que vous discutez tranquillement ? »
Elle avait dit cela avec le sourire qui prouvait qu'elle connaissait mieux que moi le fonctionnement d'un loup-garou, ce qui n'était pas dur. Elle se leva en compagnie des deux hommes qu'elle avait nommés et disparut dans la cuisine. Dès qu'ils furent hors de vue, les deux loups restant se détendirent notablement. L'Alpha laissa retomber ses épaules et Samuel s'affala un peu plus dans le canapé.
« Qu'est-ce que tu sais sur les loups-garous ? me demanda Adam.
- Que ce que j'ai pu constater sur moi-même. »
Mais voyant qu'ils en attendaient plus, je continuai :
« On se transforme à le pleine lune, et si on résiste ça fait mal. On a les sens plus développer, et on guérit plus vite que la moyenne. On est aussi plus colérique que la moyenne et plus fort. Oh et aussi j'ai faim quand je sens du sang, je ne sais pas si c'est pareille pour vous mais personnellement je trouve dérangeant de vouloir manger mon voisin parce qu'il s'est coupé avec son sécateur.
- Tu ne sais rien en ce qui concerne la meute et la dominance ? interrogea l'Alpha.
- Vous êtes les premiers loups-garous que je rencontre depuis que j'en suis un. »
Je les vis prendre un air choqué puis réfléchi, j'avais dit quelque chose de faux ?
« Comment t'es-tu fait Changer ? dis Samuel.
- Et bien, me remémorai-je, je faisais une randonnée dans les montagnes quand je me suis fait surprendre par une averse. Je me suis réfugiée dans une sorte de petite caverne dans laquelle un grand loup noir était aussi venu échapper à la pluie. Je suppose que c'est lui qui m'a changé quand j'ai glissé dans un ravin le lendemain à cause de la terre boueuse. Quand j'ai rouvert les yeux, j'étais étendue sur l'herbe loin du fond du ravin, mais il n'y avait personne. Au début j'ai cru avoir rêvé et puis à la lune suivante, quand je me suis transformée, je me suis dit que c'était peut-être bien ce qui s'était passé. »
Ils restèrent silencieux un moment, le temps que les autres reviennent de la cuisine avec du thé. Peter me tendit une tasse remplie que j'aurais bien décliné mais que son sourire m'interdit de faire, et en but une gorgée. Je n'aimais pas le thé, je me brûlais toujours la langue et je ne trouvais pas d'intérêt à boire de l'eau chaude.
« Ce loup n'est pas revenu te voir après ton Changement ?
- Non m'sieur l'Alpha, dis-je en soufflant sur ma tasse. Parce qu'il aurait dû le faire ?
- Oui, nous sommes attirés par les nouveaux loups, surtout si c'est nous qui les avons créé, m'expliqua Samuel. Et tu as appris à te contrôler toute seule depuis ?
- Ça fait onze ans que je me maîtrise pour ne pas tuer ma mère, ma louve est plus sauvage mais les sentiments sont les mêmes. Et on a passé un accord, ça facilite l'entente.
- Un accord ? répéta l'homme noir, Darryl.
- Ouais, je m'occupe du relationnel et la louve de l'instinct. »
Les loups présents me regardèrent d'une façon étrange, comme si j'avais fait quelque chose de mal ou d'incompréhensible. J'allais demander ce qu'il y avait lorsque Samuel pris la parole.
« Le lien entre la partie loup et la partie humaine varie suivant les individus, certains loups sont plus présents dans l'esprit humain que d'autres qui se contentent d'apporter de la sauvagerie à la personne.
- Vous pourriez m'expliquez maintenant ce que la meute signifie ? abordai-je après deux gorgées d'eau chaude.
- Nos cousins sauvages vivent en meute parce qu'ils ne supportent pas la solitude, il en va de même pour nous. La solitude peut rendre fou, la meute évite cela et stabilise la balance entre l'homme et l'animal. Et l'alpha est celui qui dirige la meute, qui évite qu'elle se disperse et se batte constamment. Notre devoir est de protéger les loups plus faibles.
- Comme un papa, dis-je en réfléchissant à ce qu'il venait de me dire. Ça doit être cool d'avoir des gens sur qui compter. »
Je bus quelques gorgées les alphas sont les plus puissants, ils protègent les faibles. Je savais que quand il s'agissait de pouvoir les conflits éclataient facilement entre ceux qui étaient à forces égales. Je coulais un regard en direction de Samuel puis d'Adam. Il y avait eu de l'agitation lorsque Samuel lui avait dit de commencer par m'expliquer ce qu'était une meute. C'était un ordre, ou bien l'avait-il pris comme ça, et plus on est puissant, moins on aime les ordres. Si Samuel lui avait donné un ordre, cela signifiait qu'il était au moins aussi puissant qu'Adam.
« Vous êtes aussi un Alpha ? demandai-je à Samuel.
- Non, sourit-il comme si j'avais eu un éclair de génie. Les alphas sont des dominants, tous les dominants ne sont pas alphas. Une meute est hiérarchisée par la dominance dont fait preuve la personne. Cela se sent d'instinct mais parfois il est difficile de savoir qui est plus dominant que l'autre et un combat débute, au début par le regard et puis par la violence.
- C'est bien un monde de mecs… Le regard hein ? raisonnai-je au souvenir de notre première conversation devant ma maison, ce qui le fit sourire. Et les femmes n'ont aucun un droit n'est-ce pas ?
- Hélas non, soupira Mercy, nous sommes de simples objets qui prennent la place hiérarchique de notre compagnon. Que le monde est cruel. »
Je l'aimais bien, elle avait l'air d'avoir une grande gueule et d'être très énergique. Mais ma louve continuait de s'en méfier.
Ça m'attristait de savoir que le statut des femmes était nul, mais en même temps je n'avais pas l'intention de rejoindre une meute. Je ne le pouvais pas de toute façon, ma mère me tenait pour ainsi dire en laisse.
« Vous n'êtes pas un loup-garou pourtant, remarquai-je en espérant qu'elle m'en révèlerait plus.
- Non et heureusement, sourit-elle, je suis une changeuse. Je peux me transformer en coyote, expliqua-t-elle devant mon air perplexe.
- C'est donc ça l'odeur, et pourquoi ma louve vous grogne après ?
- Dans la nature les loups chassent les coyotes parce que nous sommes aussi des prédateurs. Elle me grogne après et tu arrives à te tenir aussi tranquille ?
- Eh, m'indignai-je, j'ai bien été élevée.
- Dis-moi de remercier ta mère, rigola-t-elle. »
Je baissais les yeux, triste que l'on puisse penser que c'était ma mère qui m'avait élevée. Ma louve voulut la mettre en charpie pour m'avoir remémoré des souvenirs immondes mais je lui assurais que ce n'était pas de la faute de Mercy. Je relevais vivement la tête, un faux sourire sur le visage.
Ça c'était passé en quelques secondes mais ça avait été suffisant pour qu'ils remarquent que quelque chose clochait. Ils avaient tous leur regard braqué sur moi. Je ne voulais nullement parler de ma mère à qui que ce soit, même s'ils étaient des loups-garous.
« Il y a d'autres choses que je doive savoir sur les loups-garous ? m'enquis-je pour changer de sujet.
- Nous sentons les mensonges, dit Darryl.
- Darryl, grogna Adam. Tu restes ici ce soir, m'ordonna-t-il. »
Je n'avais pas l'habitude que l'on me donne des ordres et généralement je n'aimais pas les suivre car ils m'étaient tous donnés par ma mère. Pourtant ceux-là ne me répugnaient pas, ils ne me donnaient pas envie de fuir à toute vitesse, et cela m'effrayait. Mais je n'avais pas l'intention de penser à ça maintenant alors je laissais ces pensées de côté pour retrouver ma bonne humeur.
« J'ai une chambre et des repas gratuits, je vais peut-être m'installer ici, rigolai-je. Euh, par contre, est-ce qu'on peut éviter les ordres, dis-je timidement, je ne vais pas m'enfuir si vous me le proposez normalement. »
Merci d'avoir lu ma fic' :) La suite bientôt !
