Prologue :
J'ai toujours aimé l'obscurité. L'obscurité, c'est la sécurité. Cela signifie que je suis dans mon placard sous l'escalier et personne ne me faisait jamais de mal lorsque j'y étais. Oncle Vernon ne pouvait y entrer, Dudley non plus. Quant à la tante Pétunia, jamais elle n'aurait accepté de mettre les pieds dans un tel endroit. Je me sentais à l'abri dans cet endroit, plus que nulle part ailleurs. Peut être, étant donné mon passé, aurais-je dû être claustrophobe. Mais je le suis seulement lorsque je suis enfermé, peu importe que l'endroit soit grand ou pas. Autrement, l'obscurité prend le dessus et je me sens bien. J'ai le contrôle. Je suis invincible.
C'est peut être ironique que le garçon-qui-à-survécu, l'icône de la lumière, trouve un tel réconfort dans le noir. Mais c'est comme ça.
Mon attirance pour l'obscurité est, en partie, la raison pour laquelle je suis assis ici, sous les gradins du stade de Quidditch à 2h du matin, serrant un mouchoir d'une main tremblante contre mon bras ensanglanté, encore une fois.
Vous n'auriez jamais pu penser qu'il y ait autant de lumière dans un bâtiment au beau milieu de la nuit. Pourtant si. Les chandelles dans les couloirs, les lumières des quartiers des professeurs, la lanterne de Rusard quand il fait son tour de garde. La lumière que transportent les fantômes, les veilleuses, les cheminées des salles communes. Les seuls autres endroits comme celui-ci, où l'obscurité règne totalement, ce sont les placards ou sont rangés les balais. Mais c'est bien trop risqué, bien trop souvent surveillé par des professeurs ou le concierge, ou déjà utilisé par des couples désireux d'échapper aux regards indiscrets. Même si ici j'ai la chair de poule et que mes cicatrices ont l'air sorties tout droit d'un film de science fiction, c'est le meilleur endroit que j'aie trouvé.
Ceci, être assis sous les gradins, est devenu une partie de ma routine quotidienne. Qui, en gros, est composée ainsi : se réveiller à 5h du matin, prendre une douche, s'habiller, appliquer les charmes de dissimulation, aller à la cuisine pour prendre le petit déjeuner, aller courir, assister au vrai petit déjeuner, féliciter Ron et Hermione, aller en cours, prendre un peu de nourriture dans la grande salle, aller à la bibliothèque, y faire mes devoirs, retourner en cours, écouter les sermons d'Hermione et prétendre que je n'ai pas faim, prendre une douche, se mettre en pyjama, aller me coucher et ressortir lorsque mes camarades sont endormis. Ensuite venir ici, puis retourner se coucher vers 2h30, dormir, faire des cauchemars...
Je n'ai vraiment pas la force de retourner au château maintenant. J'ai froid, je suis fatigué et j'ai faim. Et je mérite tout cela. J'espère presque pouvoir rester ici, et mourir de froid. Mais je dois vraiment y retourner. Je soupire, et me force à me lever. Je me traîne sur le terrain et retourne doucement vers le château.
Et c'est là que tout va de travers.
