Apprendre à grandir
Chapitre un
L'histoire que je vais vous raconter, est de celles que l'on ne raconte jamais. Elle n'est pas pour les enfants, ni pour ceux qui ne veulent pas savoir la vérité. Elle est juste ce qu'elle est. Il n'y a rien à chercher derrière mes mots, il n'y a rien à trouver. C'est juste l'histoire de jeunes garçons, qui ont apprit la vie trop tôt. Le village se trouvait au milieu du désert. La seule raison de son existence était un grand lac entourait d'arbres fruitiers. Le village s'était construit autour du lac, à l'ombre des arbres de l'oasis. Les habitants vivaient en paix, vivants de leurs récoltent et de l'eau du Lac. Les enfants du village jouaient dans les rues en riant. En cette matinée où commence notre histoire, ils s'étaient retrouvés sur la grande place pour organiser une grande partie de « Vers des Sables ».
- C'est Tabur qui compte le premier ! s'exclama un des plus jeunes en agitant sa peluche.
- Ouais ! s'exclamèrent les autres en partant précipitamment dans tous les sens.
Tabur se mit à compter en soupirant, mais il regardait par-dessus son épaule. Les enfants avaient presque tous disparus lorsque des pleurs se firent entendre. Tabur arrêta de compter et se retourna pour voir ce qu'il s'était passé. Un des enfants était tombé et sanglotait en serrant contre lui ses genoux ensanglantés. En soupirant, il allait quitter son poste de compteur lorsqu'il s'aperçut que quelqu'un se dirigeait déjà vers le blessé. Il s'agissait d'un jeune garçon, du même âge que lui, avec des cheveux noirs qui lui tombaient devant les yeux.
- Alors, qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-il en s'accroupissant au près de son cadet.
- Laisse le faire son cinéma, grogna Tabur en rejoignant son ami. Tu es un homme ou pas ? demanda-t-il au garçon. Comment comptes-tu défendre le village quand tu seras grand si tu pleurs comme une fille ?
- Arrête ! le gronda Nabuca en aidant le garçon à se relever, ce n'est pas drôle.
Tabur grogna quelque chose du genre « J'essayais de lui faire oublier » en haussant les épaules. Visiblement peu convaincu, Nabuca se contenta de l'assassiner du regard en faisant monter le petit sur ses épaules. Tabur les regarda partir en soupirant.
- Hé bien, voilà, c'est soigné.
- Merci docteur !Le petit sauta de la table d'occultation et repartit en courant et en riant.
- Merci docteur, désolé de vous avoir dérangé.
- Ce n'est pas la peine de t'excuser mon grand.
- C'est que vous avez beaucoup de travail en ce moment …
- Oui, mais ce n'est pas pour autant que je vous oublie, répondit le docteur en souriant.
Il allait ajouter quelque chose mais il remarqua que Nabuca ne l'écoutait pas vraiment. Il avait les yeux comme perdu dans le vide.
- Quelque chose te préoccupe ?
- Nan c'est rien…
- Tu peux me le dire tu sais…
Nabuca grommela et baissa la tête. Le docteur avait toujours été très préventif envers lui. Il avait prit la place d'un père dans le cœur du jeune garçon. Mais depuis quelques temps, le docteur voyait son pupille s'éloigner de lui. Il savait bien que c'était dans l'ordre des choses, avec l'âge, les enfants devenaient plus distants, cherchant leur chemin. Mais cela le faisait quand même souffrir. D'autant que Nabuca était plutôt mature pour son âge. Dehors, des enfants passèrent en criant devant la porte, poursuivit par Tabur qui essayait de les attraper.
- Je vois…. murmura le médecin en regardant les enfants passer. Tu t'es encore disputé avec Tabur !
- Mais il est toujours aussi terre à terre ! Il a presque grondé…
- Nabuca… depuis le temps que vous vous connaissez !
Pour appuyer ses mots le docteur fit semblant de donner un coup de poing sur la tête de son protégé.
- Mais…
- Je ne veux pas savoir ! Allez donc vous réconcilier, et arrêtez de vous embêter comme ça…
Nabuca soupira en sortit du cabinet du docteur en écartant le rideau qui en obstruait l'entrée. C'était une journée comme les autres. Le Soleil brillait haut dans le ciel, et il n'y avait aucun nuage à l'horizon. Un peu boudeur, mais en faisant attention à ne pas le montrer, Nabuca repartit vers la grande place. La partie devait être finie maintenant. Plus il entendait les rires des enfants, plus il accélérait pressé de retrouver ses amis. Mais alors qu'il entrait dans la grande place, un bruit étrange résonna dans l'air. Peu de temps après le sol se mit à trembler. Nabuca se figea sur place. Les sens aux aguets il leva d'abord la tête vers le ciel, puis regarda aux alentours, mais il ne vit rien. Au centre de la place les enfants s'étaient réunit autour des plus grands, Tabur, dont les cheveux blancs brillaient comme de la neige au soleil, Hitsu, le plus âgé d'entre eux, qui portait des lunettes à force de lire, et Uri, qui avait toujours un petit sourire espiègle aux lèvres. Toujours sauf maintenant. Comme les autres, il essayait de déterminer d'où venait le bruit qu'il avait entendu. La grande place était le point le plus en hauteur du village, mais à cause des arbres, ils ne pouvaient quand même pas bien voir ce qu'il se passait. Nabuca allait rassurer les enfants lorsqu'à nouveau le bruit se fit entendre. Cette fois-ci la répercussion fut immédiate, et la plupart des enfants perdirent l'équilibre. Nabuca interrogea Hitsu du regard, à la recherche d'un conseil. Mais ce dernier semblait aussi indécis que lui.
- Allons dans la grotte, dit Tabur en bombant un peu le torse.
Il aurait aimé avoir l'air courageux, mais sa voix tremblait. Cela permit cependant aux autres de reprendre leurs esprits. Nabuca approuva d'un hochement de tête, Uri aussi.
- Allez-y, moi je vais voir ce que font les autres, dit Hitsu en s'éloignant.
- Hitsu… ! essaya de le retenir Uri.
- Mais le garçon était déjà partit au loin.
- Pas de temps à perdre ! s'exclama Nabuca, allons-y !
Les trois plus grands rassemblèrent les plus jeunes devant eux et ils partirent en courant vers la cachette qu'ils utilisaient souvent lorsqu'ils voulaient échapper aux travaux des champs des adultes. Au loin les bruits se rapprochaient. Les tremblements avaient cessés cependant. Alors qu'ils approchaient de leur cachette, ils entendirent des cris de terreur. Les enfants se figèrent d'un même ensemble. A nouveau ces claquements secs retentirent. Ni Nabuca, ni Tabur, ni aucun des autres enfants n'avaient déjà entendu ce bruit. Mais à chaque fois qu'il retentissait de nouveaux cris s'élevaient dans les airs. Cette seule observations suffisait pour qu'ils comprennent que quelque soit la raison d'un tel vacarme, il valait mieux s'en tenir loin.
Ils reprirent leur course, trébuchants dans les racines et les hautes herbes dans leur précipitation. Nabuca se retourna un instant. Il avait cru entendre des voix derrière lui. Alors qu'il reportait son attention devant lui il n'eut pas le temps d'éviter la branche devant lui et s'étala par terre. Le choc le surprit tellement, ses poumons se vidèrent de tout leur air. Sonné il entendait des bruits autour de lui. Quelqu'un l'appelait. Des cris.
- Nabuca !
Tabur le secouait tellement qu'il sentit une vague nausée monter en lui.
- C'est bon, c'est bon, grogna Nabuca, je suis réveillé.
- Ouf, soupira Tabur en le lâchant subitement.
- Arg, grogna Nabuca en retombant par terre.
Il réussit quand même à se relever. Malgré son vertige, il allait encourager les enfants à avancer lorsque les buissons autour d'eux se mirent à bouger. Comme sortant de nulle part, des soldats les entourèrent. Dans leur main des fusils en bois et en métal. Les enfants en avaient déjà vu dans l'entrepôt du village. Mais jamais ils n'auraient pensés les voir ainsi, entre les mains de soldats réellement prêts à s'en servir. Tabur déglutit. Hellywood. Depuis qu'ils étaient petits, c'était la seule menace qui fonctionnait vraiment. Lorsqu'ils étaient désobéissants, qu'ils râlaient, leurs parents leur disaient toujours « Les soldats d'Hellywood vont venir te chercher ». Petits ils pensaient à un conte. En grandissant, ils avaient appris la vérité. Hellywood était le repère du seigneur Hamdo, un fou psychotique, qui avait décidé que le monde lui appartiendrait. De temps en temps, des soldats déserteurs arrivaient au village, donnaient des nouvelles. Le plus souvent ils restaient. Quelques fois ils partaient, encore plus loin, pour mettre le plus de distance entre la forteresse d'Hellywood et eux. Avant cette forteresse pouvait même voler, mais finalement, certains avaient réussit à l'arrimer, et l'empêcher de redécoller. Depuis, Hamdo avait lâché un peu de mou, et avait eut de plus en plus de mal à entendre sa guerre sainte. Mais ses troupes avançaient encore et encore, toujours plus loin, pour mater les rebelles qui soit disant en voulait au seigneur Hamdo, et surtout pour recruter toujours plus de soldats. Les troupes avançaient encore et encore… mais jamais les gens du village n'auraient pensé les voir débarquer ainsi.
- Rendez-vous ! dit un soldat en s'avançant un peu plus.
Il baissa son fusil et mit ses poings sur ses hanches, en regardant les enfants avec un sourire peu rassurant.
- N'approchez pas ! s'exclama Tabur en écartant les bras comme pour protéger les enfants.
Nabuca serra les dents. Cela ne servirait à rien de s'opposer aux soldats. Ils n'avaient aucune chance. Des enfants de dix ans contre des adultes armés et entraînés. C'était risible. Uri prit une grande inspiration et se précipita vers le soldat en hurlant, bousculant Tabur au passage. Un rictus sur les lèvres, le soldat ne fit qu'un pas sur le côté pour éviter l'attaque. Entraîné par son poids, Uri ne parvint pas à s'arrêter. Le soldat retourna son fusil et frappa le jeune garçon en plein milieu du dos avec le manche.
- Arrêtez ! s'exclama Hitsu en arrivant.
Visiblement le soldat n'avait pas vraiment envie de s'amuser, il jeta un regard dédaigneux à Uri et reporta son attention sur les autres enfants.
- Désormais vous êtes nos prisonniers. Les plus forts d'entre vous survivront, les autres… vous allez devenir des soldats de Hellywood et vous servirez avec fierté notre grand Seigneur Hamdo, pour qu'il puisse enfin remporter sa grande guerre sainte.
- Vous n'êtes que des voleurs et des meurtriers ! s'exclama une des petites filles en serrant contre elle sa peluche.
Le soldat rit doucement en faisant signe à ses soldats d'amener les enfants.
- Ne vous inquiétez pas ! s'exclama-t-il en posant sa main sur l'épaule de la petite fille qui avait parlé. Lorsque la guerre sera finie, vous pourrez rentrer chez vous. C'est la promesse de sir Hamdo.
Sa main caressa la joue de la petite. Tabur sentit une colère immense monter en lui et il allait se jeter sur le soldat, mais Nabuca l'attrapa par le poigné en faisant non de la tête, pour l'empêcher d'en faire plus. Il n'avait aucune chance. Tabur se dégagea en grognant.
- Allez avancez ! s'exclama un soldat en poussant du bout de son fusil les enfants.
- Les filles à droites, les garçons à gauches ! s'exclama un autre lorsqu'ils arrivèrent sur la grande place.
A travers tout le village, un horrible spectacle avait suivit les enfants. Les corps de leurs parents, en sang, parfois mutilés, gisaient par terre, au milieu de la boue. Les maisons avaient été pillées, laplupart brûlaient toujours. Sur la grande place, quelques adultes avaient été rassemblés, poings liées. Il s'agissait surtout de jeunes hommes et de femmes de tous les âges. Il y avait des corps ici aussi. Nabuca crut que son cœur allait s'arrêter de battre lorsqu'il reconnut le corps du vieux médecin au milieu des autres cadavres. Pour retenir ses larmes, il serra les mâchoires. Il devait être fort, pour montrer l'exemple aux autres enfants. A côté de lui Tabur marchait les yeux baissés.
- Dépêchez-vous ! s'exclama le soldat qui les avaient amenés. Montez dans le camion !
En obéissant, Nabuca regarda autour de lui. Il y avait de nombreux engins sur la place. En plus des camions, il y avait des sortes de serpents géants, pilotaient au niveau de la tête par des soldats, qui portaient le même uniformes beige usé tirant vers le jaune. Autour du cou tous avaient un foulard rouge éclatant, à la ceinture une petite bourse pour les recharges de munitions et un couteau de chasse. D'autres armures mobiles bipèdes, ressemblant à des autruches étaient là aussi, et menaçaient les quelques prisonniers avec le même modèle de fusils que les soldats mais cinq fois plus gros.
- Où est ma maman ! pleurait un petit garçon dans le camion.
- Moi aussi ! où est ma maman ! pleurait un autre.
- Allons calmez vous, essaya de les rassurer Tabur, pour l'instant, il faut être forts d'accord ? nous chercherons vos mamans dès que possible.
- Nabuca fut étonné d'entendre de telles paroles sortir de la bouche de son ami. Lui qui était toujours à rappeler qu'ils devaient être prêts en cas d'attaque, et forts face aux ennemis. Jamais Nabuca n'aurait imaginé le voir faire une promesse aussi improbable. Tabur s'approcha de Nabuca pour lui demander :
- Est-ce que tu sais pourquoi ils nous ont séparés des filles ?
Nabuca répondit en faisant non de la tête. Il ne savait pas, et il n'était pas certain de vouloir le savoir.
- Ils nous emmènent là bas n'est-ce pas ? murmura Tabur.
Nabuca ce contenta d'acquiescer doucement. Il sentait son cœur battre à tout rompre. Qu'allaient-ils devenir une fois à Hellywood ? Que se passerait-il là-bas ?
- Dame Abelia !
- Qu'y a-t-il ?
Nabuca ne faisait pas vraiment attention, le regard perdu dans le vide, il entendait sans vraiment écouter.
- Nous avons trouvé ceci dans le cabinet du docteur.
Le soldat tendit à la femme un vêtement froissé. La dame passa sa main dans ses cheveux courts avant de se pencher sur le vêtement. Nabuca pensa qu'elle était plutôt jolie.
- Lala Ru… dit-elle en serrant le vêtement avec force. Où est-elle ?
- Aucune trace d'elle dans tout le village. Le docteur a du l'avertir de notre venue et la faire partir.
Le docteur ? peu à peu les mots prenaient un sens pour le jeune garçon. Sans réfléchir il se leva, comme pour mieux écouter. Tabur le regarda avec étonnement.
- Où est ce docteur maintenant ? demanda Dame Abelia.
Le soldat hésitait à répondre. Nabuca agrippa les bords de la benne du camion et répondit à la place du soldat.
- Vous l'avez tuez ! s'exclama-t-il. Assassins !
- Qui est-ce ? demanda Abelia au soldat à côté d'elle.
Le soldat haussa les épaules en répondant qu'il n'en avait aucune idée.
- Ca vous apprendra ! s'exclama Nabuca.
Il sentait les larmes lui monter aux yeux. Il ne savait pas vraiment ce que cherchaient ces gens, il n'avait pas tout compris. Mais ce qui était certain c'est qu'ils avaient besoin du docteur, et qu'ils l'avaient tué.
- Nabuca ! s'exclama Tabur en lui attrapant le bras pour l'obliger à se rasseoir, tu es fou ou quoi !
Nabuca essaya de dégager son bras mais c'était peine perdu. Il finit par cesser de se débattre et replia ses genoux contre sa poitrine en boudant. Autour d'eux les enfants se serraient les uns contre les autres. Tentant du mieux qu'ils pouvaient de retenir leurs larmes. Des cris retentirent, et les machines se mirent en marche. Bien que secouaient par les cahots du camion, la plupart des enfants finirent par s'endormir. Tabur aussi. Nabuca observait son ami d'un regard rêveur, puis se tourna vers le Soleil qui se couchait au loin. De nombreuses questions se bousculaient dans son esprit. Et aucune ne trouvaient vraiment de réponse. Une voiture passa à côté du camion. Dame Abelia jeta un coup d'œil par-dessus les bords de la benne. Puis elle rentra dans la voiture et ordonna à son chauffeur :
- Lorsque nous serons à Hellywood, vous m'amènerait ce garçon !
- Oui, Dame Abelia !
Suite au prochain épisode !
Pour ceux qui ont encore le courage de lire :
Oyez braves lecteurs qui êtes arrivés jusque là !
Nous espérons que ce début vous a plus, et que vous vous posez plein de questions (surtout si vous ne connaissez pas la série) que vont-ils devenir ? Qui est Lala Ru ? Est-ce que Nabuca sait vraiment quelque chose ?
Eh bien vous saurez tout dans la suite !
Et pour ceux qui liront le prochain chapitre, vous aurez le droit en bonus aux extraits (complètements tordus) des conversations MSN entre les deux autrices, qui vous feront entrer dans les coulisses de la fanfic !
Bien à vous !
Vibatee & Epr
