Hawaï, 18 mai 2011

Le réceptionniste de l'hôtel « Mirador », connu pour son service impeccable et ses quatre étoiles qui attiraient des clients fortunés venus sur l'île pour passer des vacances agréables, se tenait droit comme un "i" derrière le comptoir doré et parfaitement propre du hall d'entré de l'hôtel.

Quand le téléphone sonnait le réceptionniste répondait immédiatement, se présentait selon la langue du client et répondait à toutes les questions qu'on lui posait. Celles-ci pouvaient être des plus banales comme elles pouvaient également être d'une extravagance rare, propres aux personnes fortunées.

Le jeune réceptionniste avait par exemple eu à réserver ce matin une suite qui devait avoir : exactement treize vases en verre de Murano contenant 18 roses rouges, oranges, et jaunes. Il devrait aussi y avoir un miroir à pied tout les trois mètres dans chaque pièce, chaque miroir devant faire 2m de haut et 80cm de large et le bois en chênes. Pour finir une personne devrait se charger de venir nettoyer la chambre toutes les heures et ce dans la plus grande discrétion.

Loin de trouver la requête étrange, le jeune homme confirma et affirma que la suite serait prête selon les goûts de Madame pour son arrivée.

Ainsi, il s'activait sur son ordinateur, passait des coups de téléphone et s'occupait de tous les clients qui arrivaient. Bien sûr il n'était pas seul pour accomplir ce travail, ils étaient au nombre de cinq : deux jeunes filles, une de 26 et l'autre de 27 ans, un autre homme de 25ans et lui-même qui en avait aussi 25. Il y avait également celui qu'on pouvait appeler "le doyen", il avait plus de 50 ans, de beaux cheveux poivre et sel et supervisait la réception. Il était connu de tous les habitués et très apprécié par eux.

Il était 10h00 quand une cliente entra dans le hall grandiose de l'hôtel, le jeune réceptionniste la remarqua immédiatement. En effet il était difficile de la rater car elle avait des cheveux roses ! Ils étaient coupés courts et raides avec deux mèches sur le côté. Habitué à rester impassible il ne laissa rien paraître de son étonnement et observa la nouvelle venue discrètement.

Elle portait des lunettes de soleil qui masquaient ses yeux sans pour autant cacher son visage pâle. Elle portait un débardeur blanc, simple, et un short en jean. Comme chaussures de petites ballerines bleues marines en toile très plates."Surement pour faciliter les déplacements pendant le voyage" se dit le jeune homme. Sur son épaule gauche elle tenait un grand sac à main, un cabas, en toile blanche et aux lanières en cordage bleu foncé.

Son style très vacance et décontracté l'aurait fait ressembler à n'importe quelle jeune fille simple de n'importe quelle ville, de n'importe quel quartier du monde. Mais le réceptionniste ne s'y trompa pas! Il était habitué à la riche clientèle et savait parfaitement qu'il ne fallait pas se fier à l'apparence, souvent trompeuse, des clients. Sa théorie fut confirmée quand il observa la jeune femme monter les marches de l'entrée du hall: sa démarche était calme mais assurée, son visage levé, droit, très distingué. Elle se tenait droite et avait des gestes gracieux tout en restant naturelle. Sans aucuns doutes, cette femme n'avait pas été élevée n'importe où. Pour confirmer ses pensés, elle se dirigea tout naturellement vers lui, habituée, suivie par un bagagiste qui poussait un chariot contenant trois valises de différentes tailles. Toutes des Louis Vuitton. Quand elle fut devant lui il put l'observer de plus prés.

Sans aucuns bijoux ni, il le devina, maquillage. Le vernis à ongle était lui aussi absent. La toute nouvelle cliente s'apprêta à lui parler quand une sonnerie retentit. La jeune femme réagit immédiatement, elle avait légèrement sursauté comme si elle ne s'attendait pas à recevoir un coup de téléphone. Elle sortit rapidement un Black Berry rouge de son sac, jeta un rapide coup d'œil au nom du correspondant, poussa un bref soupire et raccrocha. Elle se tourna à nouveau vers le réceptionniste.

- Bonjour Mademoiselle, bienvenue au Mirador que puis-je faire pour vous ? demanda-t-il d'une voix polie et accueillante.

- Bonjour, j'ai réservé une suite au nom de Haruno. Sa voix était claire, et chaleureuse pas du tout méprisante comme l'étaient certains des clients.

Il fit une brève recherche sur son ordinateur et leva vers elle un regard approbateur.

- Oui, vous aviez demandé la suite Océan c'est ça ?

- Oui, je n'avais pas donné d'heure d'arrivée est-ce qu'elle est prête ?

- Bien sure. Elle a été arrangée selon vos demandes Mademoiselle Haruno. Une femme de chambre vous y attend. Voici votre clef, une personne va vous accompagner jusqu'à votre suite.

- Merci.

Elle se dirigea vers les ascenseurs mais revient sur ses pas, préoccupée.

- Excusez-moi ?

- Un problème Mademoiselle Haruno ?

- Je n'ai donné aucune date de départ mais je pense rester une semaine. Peut-être plus.

- Bien Mademoiselle Haruno, je le note immédiatement. Passez un bon séjour au Mirador.

- Merci.

- Bonne journée.

La demoiselle se dirigea vers les ascenseurs, un garçon d'une vingtaine d'années portant l'uniforme de l'hôtel l'y attendait retenant les portes. Il inclina légèrement la tête devant elle et lui souhaita la bienvenue. Quand les portes se refermèrent il se présenta.

- Mademoiselle Haruno, je vais vous monter votre suite. Elle se trouve au dernier étage au fond du couloir.

- Bien.

Ils ne parlèrent plus le temps de la montée. La jeune femme cachée derrière ses lunettes semblait plongée dans ses pensés et ne fit pas attention aux étages qui défilaient sous ses yeux.

Arrivée devant la porte de la suite, le jeune homme y inséra une carte magnétique et ouvrit la porte. Sous les yeux de Mademoiselle Haruno apparu un magnifique salon, spacieux aux couleurs beiges. Un imposant canapé faisant la moitié du salon donnait envie de s'y allonger aux milieux des coussins. Un tapis aux tons sable, moelleux, recouvrait une large partie du plancher de la pièce sur lequel se tenaient deux fauteuils aux mêmes couleurs que le canapé et se tenaient face à ce dernier. La jeune femme fit quelques pas et retira ses lunettes pour mieux voir, laissant découvrir deux grands yeux émeraudes.

- Magnifique ! souffla-t-elle

- Bienvenue au Mirador Mademoiselle Haruno. clama une voix chaude

Elle se retourna pour voir, en plus de l'homme qui l'avait accompagné, une femme en tailleur noir, avec des talons, les cheveux tiraient en un chignon serré, avec des lunettes rectangulaires bordeaux, elle devait avoir la trentaine. Prés d'elle se tenait une jeune femme de chambre.

- Bonjour.

- Je suis la gouvernante de cet hôtel, Chloé Spencer. Nous sommes honorés par votre visite Mademoiselle Haruno et nous espérons que votre séjour ici sera le plus agréable possible.

- Je l'espère aussi. dit la demoiselle en ébouriffant ses cheveux roses.

- L'hôtel se met à votre entière disposition Mademoiselle. Nous proposons de nombreuses activités. Notre centre de remise en forme est à votre disposition comme vous nous l'aviez demandé. Tout le personnel sera présent pour répondre à la moindre de vos demandes. Jimmy, elle désigna le jeune homme qui avait accompagné la jeune femme, est à votre entière disposition.

- Demandez moi tout ce qu'il vous plaira Mademoiselle Haruno je suis là pour ça durant votre séjour. Dit-il poliment

- Et voici Rebecca, qui s'occupera de votre suite.

- Bonjour Mademoiselle, si vous avez le moindre souhait concernant la suite j'y répondrais.

- La suite vous plait-elle ? demanda alors la gouvernante une pointe d'empressement dans la voix

La jeune femme ne répondit pas tout de suite, jetant un regard circulaire à la pièce. Hormis le canapé, le fauteuil et le tapis, les meubles étaient en bois foncé et lustrés, magnifiques. Un écran plat géant se tenait dans l'angle droit de la pièce principale et prés de lui les derniers équipements pour écouter de la musique avec une bibliothèque remplis des dernières nouveautés musicales.

Derrière le canapé se trouvait un bar fait en bambous remplis de diverses boissons plus ou moins alcoolisées.

Ce qui faisait le charme de cette pièce était deux arcades en bois qui formaient un angle qui délimitaient l'espace sans le fermer. Une première arcade se trouvait devant la partie salon, devant le canapé et les fauteuils, et la deuxième à droite de l'entrée, donnait accès à la partie salle à manger. La salle à manger était simple : une grande table en verre, bordée de bois et posée sur quatre pieds en bois sur laquelle reposait un magnifique bouquet.

Mais ce qui attira le regard émeraude de la jeune cliente n'était la pièce mais l'immense baie vitrée qui suivait le contour de celle-ci. La baie vitrée donnait directement sur l'océan bleu turquoise qui s'étendait à perte de vue. La jeune femme eu soudain une envie irrépressible de plonger dans l'océan. Cette dernière s'approcha de la baie et se rendit compte qu'en étant prés de la vitre on découvrait quelques marches en bois clair qui menaient à un jardin verdoyant, avec plusieurs palmiers majestueux jetant de grandes ombres, et plusieurs fleurs exotiques aux couleurs chaudes rendaient vivant ce petit paradis.

La jeune femme fit coulisser la vitre et descendit les marches goutant avec plaisir le soleil sur sa peau et le léger vent dans ses cheveux. Arrivée sur la pelouse elle se rendit compte que le jardin avait la forme d'un croissant de lune ce qui faisait que la partie droite et gauche étaient cachées tant que l'on n'arrivait pas au centre du jardin.

Elle se tourna vers la gouvernante qui l'avait suivie et, sans qu'elle n'ait besoin de le lui demander, commença à lui fournir des explications.

- Votre suite est au bout du bâtiment, à l'angle ce qui lui donne une forme ovale. Le jardin est en contre bas mais garde la forme de l'hôtel. L'Architect qui à imaginé cette suite a voulu que l'océan soit visible en permanence pour donner une impression d'espace continu. Le jeu des perspectives fait que l'on ne voit pas le jardin de l'intérieur, seulement l'océan et lorsque l'on se trouve sur la pelouse on aperçoit les deux autres côtés du jardin. Le côté droit mène à la bibliothèque et le côté gauche à votre chambre. Les deux pièces sont accessibles de l'extérieur par des escaliers. Sur la gauche vous avez une table de jardin et devant vous, comme vous pouvez le voir, une piscine privée.

- Un téléphone se trouve sur la table de jardin et est à votre disposition. Cela vous convient-il Mademoiselle ? demanda la gouvernante légèrement tendue face au silence de sa cliente.

Muette, elle regarda encore ce jardin magnifique et c'est dans un souffle qu'elle répondit :

- C'est…parfait.

- Jimmy !

La jeune femme se tourna et vit Jimmy arriver, égale à lui même, droit comme un i. Il s'approcha et lui expliqua son rôle.

- Je suis à votre entière disposition Mademoiselle. Une touche spéciale sur les téléphones de la suite vous mettra immédiatement en relation avec à moi. N'hésitez pas à faire appel à mes services à n'importe quel moment. Voici une carte avec le numéro, pour m'appeler quand vous serez à l'extérieur.

- Merci bien. Maintenant j'aimerais me reposer, le voyage m'a épuisé.

- Évidemment Mademoiselle.

Ils se retirèrent tous, mais au moment de franchir la porte elle les rappela :

- Euh, une dernière chose si on me demande au téléphone ou à la réception dite que je ne suis pas dans cet hôtel, que vous n'avez pas de cliente de ce nom, et que vous ne m'avez jamais vu. Je ne veux pas être dérangée ni qu'on sache que je suis ici.

- C'est très claire, nous allons faire le nécessaire immédiatement. Notre hôtel garantit la plus grande discrétion pour ses clients qui le demandent.

- Parfait. Ah et est-ce possible de faire venir un masseur ?

- Bien sûr.

- Je l'attendrais dans le jardin.

- Bien Mademoiselle.

- Merci.

Ils sortirent tous de la pièce et laissèrent la femme aux cheveux roses au milieu du salon. Elle posa son sac sur la table basse et retira ses ballerines. Elle aimait le contact du tapis sous ses pieds. Elle retira ses lunettes. Son portable retentit une nouvelle fois. Elle laissa sonner et quand il s'arrêta regarda le correspondant. Excédé elle poussa un soupir d'agacement et retira la batterie de son téléphone qu'elle posa prés de son sac.

Quelques minutes plus tard alors qu'elle était dans le jardin elle entendit le masseur arriver. Il la rejoignit et 10min plus tard elle dormait sur la table face à l'océan. Elle se détendait enfin depuis qu'elle était arrivée.