Disclaimer : Ni Severus, ni aucun des personnages de cette histoire ne sont à moi, sauf Ioann, Milo, Henrique.
Béta : BettyMars
Bonjour à tous et bon dimanche. Corrigé en express et réceptionné ce matin même, voici la première partie de mon nouvel OS. Parti d'une idée qui m'est venue en vacances et écrit en une petite semaine, voici de quoi retrouver nos personnages adorés dans quelque chose de plus léger que le tome 2 de Simplicité. Toute ressemblance à des histoires réelles est tout à fait vraisemblable car elle est basée sur des souvenirs d'enfance et familiaux. (et encore, j'ai été gentille avec eux … parce que des souvenirs à la cons, j'en avais encore plein :) )
J'espère que vous passerais un bon moment en lisant cette longue première partie et normalement vous aurez la suite et fin dimanche prochain.
Bonne fin de week-end et à mercredi prochain pour le chapitre 25 du tome 2.
NOTES :
-Petite situation : Se passe l'été juste avant l'entrée de Draco à Poudlard. Il a donc 11 ans et Ioann 10ans.
-Les phrases entre * * sont en français.
Simplement une Aventure Canadienne
Partie 1 : Géhenne.
Dimanche 22 Juillet 1991
-Vous voulez faire quoi ?
-Et bien, comme je vous le disais, cette année comme c'est le dernier été avant que Draco n'entre à Poudlard, Henrique et moi pensions qu'au lieu de rester deux semaines avec nous à Londres, les garçons pourraient venir avec nous en vacances à l'étranger, répéta Milo.
-Oui ça j'avais bien compris, s'exaspéra Lucius. Et même si je suis inquiet quant au fait qu'ils s'éloignent autant de nous, ce n'est pas ce qui me dérangeait le plus dans votre explication.
-Oh, s'étonna faussement le Russe, alors c'est le fait qu'on sera chez les Moldus qui dérange ?
-En grande partie oui. Ioann et Draco sont des sorciers et ils n'ont pas à frayer avec des Moldus.
-Justement, il est bon de connaitre également ce monde là. C'est ce qu'on appelle avoir de la culture.
Le blond affronta, d'un regard noir, celui rieur de son vis-à-vis. Puis il se tourna vers Severus qui restait silencieux.
-Et tu n'as rien à dire toi ?
-Que veux-tu que je dise, Lucius. Tourne toi et regarde ton fils et le mien. Ils sont si extatiques à l'idée de partir en vacances dans un autre pays que leurs yeux pourraient faire pâlir le phare d'Alexandrie tellement ils brillent. Si je refuse, je vais devoir faire avec un garçon triste et peu enjoué pendant je ne sais combien de temps. Si j'accepte je vais angoisser pendant deux semaines. Tu m'excuses si je trouve le choix assez cornélien pour ne pas me prononcer avant toi.
-Dis oui papa. S'il te plait, intervint Draco qui, malgré la perspective Moldue, était très enthousiaste.
-Et je promets qu'au moindre problème on revient sur le champ. Nous serons à proximité d'un quartier Sorcier, appuya Henrique.
-Je pense que c'est une bonne idée, Lucius, même si j'ai le cœur lourd de laisser mon enfant partir si loin sans moi, dit Narcissa d'une voix douce.
-D'accord, soupira Lucius alors que deux cris joyeux retentissaient derrière lui. Espérons que tout se passe bien. Mais dites m'en plus sur ce que vous avez prévu.
-Et bien en cette saison la France est un pays agréable et puis après le russe ou l'anglais, ils pourraient s'essayer au français. C'est une belle langue.
-Et d'une simplicité à faire peur, grimaça Henrique.
-Tu dis ça parce que tu arrives à peine à te débrouiller dans cette langue.
-Si vous pouviez éviter la dispute conjugale et finir votre exposé, coupa Severus.
-Souris Sev', On va prendre soin de ton bébé ne t'inquiète pas, ricana le Russe.
-Crétin.
-Alors oncle Milo, on va aller où ? Demanda Ioann des étoiles plein les yeux à la perspective de ces vacances qui sortaient de l'ordinaire.
-Dans un petit village landais, dans le sud ouest de la France. En fait c'est ce que les français appellent un village de vacances.
-Un village que pour les vacances, c'est une bonne idée ça ! S'extasia Draco.
-Je trouve aussi. J'ai réservé pour deux semaines, du quatre au dix huit Aout.
-Tu avais déjà réservé avant même d'avoir notre approbation ? Siffla Lucius.
-Il est plus simple d'annuler, avec un sort de confusion s'il le faut, que de réserver en pleine saison dans ces coins là. Alors oui j'ai réservé depuis presque deux mois pour être sûr qu'on ait un bon emplacement.
-Un bon emplacement ? Pourquoi cette partie de la phrase me donne un drôle de pressentiment ? Intervint Severus, suspicieux.
-Oui, sache que dans le camping il vaut mieux avoir le choix de l'emplacement pour ne pas se retrouver à côté des poubelles ou des sanitaires.
-Un instant, coupa Lucius. Camping ? A quel moment avons-nous parlé de camping dans la conversation ?
-Oh, je l'avais pas dit ? S'étonna à nouveau faussement le Russe. Mince, j'étais pourtant sûr de l'avoir mentionné.
-Donc vous avez l'intention d'emmener les garçons en France, faire du camping Moldu pendant deux semaines, résuma Severus. Lucius respire, tu deviens bleu.
-Et c'est tout ce que ça te fait à toi ? S'écria le blond.
-Au moins seront-ils dans un « village de vacances » et non pas en train de faire du camping sauvage quelque part perdu dans l'Amazonie. Ne te fais pas d'illusion, avec ces deux là, ça aurait pu être envisageable.
-On n'aurait pas emmené les enfants dans ce cas là, sourit Henrique. C'est beaucoup trop dangereux pour eux.
-Narcissa, demanda Lucius en se tournant vers elle. Tu n'a rien à dire ?
-Non, j'étais déjà au courant et j'ai donné mon approbation. Je suis d'accord pour dire que cela ne pourra pas faire de mal aux garçons de vivre cette aventure.
-Gabrilov, qu'as-tu fait à ma femme ?
-Que du bien, se pavana Milo avant de se prendre une claque sur le crane d'Henrique et un regard noir des deux Malfoy.
-Mais, quand tu dis qu'on va faire du camping… tu veux dire quoi par là ? Demanda prudemment Draco dont l'humeur était un peu redescendue.
-Ah ça, mon grand, tu l'apprendras bien assez tôt, répondit Henrique avec un regard moqueur.
Ioann et Draco s'entreregardèrent. Bizarrement, là ils la sentaient moins bien cette idée de vacances. Et encore ils n'avaient pas tout vu. Parce que ce que les journalistes ne dirent pas, c'est qu'ils avaient prévu de faire toutes les vacances à la Moldue depuis le chargement de la voiture et de la remorque de location, jusqu'à l'arrivée après plusieurs heures de route et d'embouteillages.
o0o
Samedi 4 Aout 1991
2h00.
Ioann grogna. Il voulait dormir. Il se roula en boule dans le drap et enfonça son nez dans l'oreiller. Mais rien à faire. Il y avait quelque chose qui lui secouait l'épaule et une autre qui lui murmurait dans l'oreille de se réveiller.
-Dodo…
-Allez mon Ange, je sais que c'est tôt mais c'est les vacances. Il faut se lever sinon on va être en retard. Et si on rate le ferry de six heures, il faudra qu'on attende une heure de plus à l'embarcadère. Tu dormiras dans la voiture mais il faut se lever.
-Veux pas. Tant pis pour les vacances. Fais dodo.
Milo le regarda se pelotonner un peu plus dans son confort. Il jeta un œil à Draco de l'autre côté du lit qui s'était lui aussi rendormi. Il se releva en soupirant. Tant pis, il allait aider Henrique à charger la voiture et préparer des casse-croutes et ils chargeraient les garçons en pyjama au dernier moment.
6h30.
Ioann avait perdu sa blancheur habituelle. Son joli teint pâle de porcelaine s'en était allé pour laisser place à un teint verdâtre et maladif. A genoux devant la cuvette des toilettes, il venait de vider toute la bile qui était encore présente dans son estomac. Accroupi à ses côtés, une main sur son front et un autre lui caressant le dos, Milo se félicita de ne pas avoir fait déjeuner les garçons avant de monter sur le ferry. Un peu plus de trois heures plus tôt, avec Henrique ils les avaient portés toujours endormi avant de les installer sur la banquette arrière. Draco avait vaguement grommelé alors que Ioann s'était contenté de se serrer contre lui et de repartir dans ses songes. Aucun des deux n'avait réagi qu'ils avaient roulé presque deux heures avant d'arriver sur les bords de la Manche.
Là comme prévu, il avait dû attendre presque quarante cinq minutes que l'embarquement se fasse et les deux dormeurs avaient moyennement apprécié ce réveil au milieu des autres véhicules, des pots d'échappement et les odeurs de poissons avariés qui remontaient de l'embarcadère. Ioann vomit le verre d'eau qu'Henrique venait de lui apporter et Milo se demanda si finalement faire le voyage à la Moldue était une si bonne idée. Sur le coup, comme son amant avait le permis de conduire et que lui-même s'était décidé à le passer un an plus tôt, il avait vu là l'occasion de faire de ces vacances une expédition unique pour ces deux fils de Sorciers. Et cette impression d'avoir trop voulu en faire s'accentua lorsque Draco leur signala qu'il ne se sentait pas très bien. Henrique l'entraina un peu plus loin tout en humidifiant ses tempes et son front.
9h00.
Cela faisait une heure qu'ils avaient repris la route mais côté France cette fois. Les garçons avaient fini la traversée de la Manche allongés dans la voiture après qu'une dame leur ait donné un petit cachet exprès pour le mal du transport. Henrique avait eu envie de se frapper. Il avait pensé à beaucoup de choses mais il avait oublié la version potion de ce médicament dans l'armoire à pharmacie. Ioann avait mis un peu de temps à se remettre, aussi ils avaient repris la route, les fenêtres ouvertes avant de s'arrêter sur le bord de la route pour prendre un encas pour les adultes et un petit déjeuner pour les enfants.
-J'ai envie de faire pipi, déclara le plus jeune après avoir fini sa tasse de chocolat.
-Et bien, regarde il y a des arbres là, tu n'as qu'à aller derrière, proposa Milo.
-Hein ? Mais on peut pas aller dans des toilettes ?
-Io, on est en pleine nature. Pour trouver des toilettes il faut déjà qu'on arrive dans une ville et en plus il faudrait qu'on s'arrête dans un bar. Et aucun ne voudra que vous alliez aux toilettes si on ne boit pas quelque chose.
-Oui mais si on boit il faudra qu'on aille faire pipi après, fit remarquer Draco.
-Et il faudra qu'on trouve un autre bar et ainsi de suite. Alors tous les deux, vous allez me faire le plaisir d'aller derrière cet arbre et de vider entièrement votre vessie. On ne va pas non plus s'arrêter toutes les dix minutes. Il nous reste encore beaucoup de route à faire, sourit Henrique.
Draco et Ioann se regardèrent en rougissant. C'était la première fois qu'ils allaient devoir faire leurs besoins dans la nature. Le premier était un peu scandalisé à cette idée car cela allait à l'encontre de son éducation. Le deuxième était dérangé car il se souvenait que trop bien d'une époque où il était enfermé dans un hangar et qu'il devait se soulager dans un coin sans meilleur moyen d'hygiène. Mais voyant Henrique se diriger derrière les arbres tout en abaissant sa braguette, il se dit que finalement si tout le monde était à la même enseigne, il pouvait bien passer outre … surtout qu'il avait maintenant vraiment envie. Aussi il se précipita à la suite de son oncle sous le rire de Milo. Le blond hésita encore un moment et attendit que les deux soient revenus pour essayer d'avoir un peu d'intimité dans cette nature inhospitalière.
14h00.
-On est bientôt arrivé ?
-Non, pas encore, Ioann, répondit Henrique en mettant son clignotant pour doubler une voiture sans permis.
-C'est long.
-Oui mais après tu verras, ce sera bien quand on sera arrivé.
-Alors on arrive quand ? Demanda Draco en bougonnant.
-Oh, p'tit Morveux, tu as déjà posé la question il y a cinq minutes et je t'ai déjà répondu !
-Oui t'as dit qu'on arriverait quand on arriverait !
-Ce qui est vrai, reprit Milo en le regardant dans le rétroviseur. Bon, on va faire un jeu, régulièrement sur le bord de la route, il y a des bornes blanches avec un chapeau rouge. Alors Henrique ne joue pas car il conduit, donc de nous trois, le premier qui voit la prochaine le dit et gagne un point. Le premier qui arrive à dix a gagné. D'accord ?
-Là, signala Draco avec flegme en tendant le doigt vers la borne, et il est nul ton jeu.
-Ok, alors le premier qui arrive à dix aura double ration de dessert ce soir. C'est mieux comme ça ?
Les deux garçons se regardèrent en faisant la moue avant que Ioann ne réponde.
-C'est quoi le dessert de ce soir ?
-Pour l'instant il n'y en a pas, mais on devrait trouver des petits stands qui vendent des fruits frais. On achètera des pèches, abricots, des …
-Il est nul ton jeu, Oncle Milo, coupa le plus jeune en se renfonçant dans la banquette en regardant par la fenêtre avec ennui.
15h30.
-J'ai faim, grogna Draco.
-Tu as refusé de manger lorsqu'on s'est arrêté à la boulangerie il y a vingt minutes, lui répondit sévèrement Henrique en se retournant.
-Oui mais tout à l'heure je n'avais pas faim.
Le Brésilien roula des yeux en se rasseyant correctement sur son siège. Il jeta un œil à Milo qui était concentré sur la conduite et la route. Il était crispé et fronçait les sourcils. Visiblement à lui aussi les récriminations des garçons commençaient être pesantes.
-C'est quand qu'on arrive ?
-Ioann, tu poses cette question toutes les cinq minutes et la réponse n'a toujours pas changé. Alors allonge toi et dors, tu verras que le voyage te paraitra moins long.
-J'ai pas envie de dormir.
-Alors tant pis pour toi. Il ne te reste plus qu'à prendre ton mal en patience.
15h40.
-J'veux faire pipi.
-Henrique, je t'en prie, fais les taire ou je les étripe tous les deux ! S'écria Milo tout en klaxonnant à la voiture qui venait de lui faire une queue de poisson.
-Très bien les garçons. On va jouer un peu : le premier qui parle à perdu et n'aura pas de glace demain.
Le Brésilien les regarda bouder sur le siège arrière. Se disant que cette fois ils auraient un peu la paix, il se concentra sur la route pour voir qu'ils avaient dû bifurquer trop tôt. La route était bien plus petite et moins circulée que prévue par la carte routière. Aussi sursauta-t-il quand Ioann s'agrippa à son siège tout en lui criant dans l'oreille :
-Oui mais moi je veux toujours faire pipi !
-Ok, là ça suffit.
Milo mit son clignotant, freina et se gara sur le bord de la route. Il sortit de la voiture, la contourna, ouvrit la portière arrière alors que son filleul se collait à Draco, légèrement anxieux de ce comportement. Puis il attrapa Ioann par le bras et le força à sortir de la voiture. Il l'entraina derrière un petit buisson pas bien épais avant de le relâcher.
-Maintenant tu fais ce que tu as à faire et même plus pour être tranquille, gronda-t-il avant de se tourner vers le véhicule. Toi aussi Morveux tu sors de là et tu en profites.
-J'ai pas envie de …
-J'en ai rien à faire, tu sors de là, tu baisses ton pantalon et tu pousses. Je vous préviens les garçons, on arrive d'ici deux heures, deux heures et demi et je ne m'arrête plus d'ici là. Alors vous pissez, vous marchez un peu, il y a du pain dans la voiture donc vous mangez si vous voulez. Je ne veux voir aucun de vous deux avec la bouteille pour l'instant. Ensuite vous remontez dans la voiture et je ne veux plus vous entendre une seul fois. C'est clair ?
-Oui oncle Milo, bougonnèrent les deux garçons avant de se déculotter derrière le buisson.
Le Russe revint vers Henrique qui l'avait laissé faire pendant qu'il vérifiait la carte. Aussi, le temps que les garçons fassent leur pause, ils convinrent qu'ils avaient raté la route au dernier croisement. Ils regardèrent s'ils pouvaient retrouver leur chemin sans faire demi-tour. Cependant le calme autour d'eux leur fit relever la tête et regarder les garçons. Une sueur froide glissa le long de la colonne vertébrale de Milo. Aucun des deux n'était en vu même derrière le maigre buisson qui n'était pas assez touffu pour cacher ce qu'il y avait derrière. Cinq minutes. Ils les avaient laissés cinq minutes seulement. Ils se précipitèrent et regardèrent tout autour pour voir deux silhouettes main dans la main, sur un petit chemin de terre, qui disparaissait dans un champ de maïs. Les deux adultes accélèrent le pas avant de les attraper fermement en les rattrapant.
-Non mais qu'est-ce que vous êtes encore en train de faire, cria Henrique avant de sentir sa colère tomber en même temps que Ioann relevait ses yeux débordant de larmes vers lui.
-Tu cries tout le temps et Oncle Milo aussi. J'veux pas aller en vacances si vous criez. Veux juste rentrer à la maison, sanglota le plus jeune alors que Draco resserrait sa prise sur sa main.
Milo et Henrique se regardèrent avant que le premier n'attrape son filleul en pleurs dans ses bras.
-Je suis désolé Ioann. On crie parce que le voyage est fatiguant et que c'est énervant de vous entendre râler tout le temps. Mais ce n'est pas vraiment après vous. Calme toi mon Ange, ce n'est rien. Allez, il nous reste encore un peu plus de deux heures et après on sera arrivé.
-C'est long.
-Je sais, mais c'est bientôt fini maintenant. Alors on retourne à la voiture et vous êtes sages. D'accord ?
Ioann hocha la tête dans le cou du Russe alors que Draco répondait d'une petite voix fatiguée. Ils remontèrent dans la voiture et reprirent la route dans le calme. Pourtant voyant que les garçons remuaient souvent comme pour trouver quoi faire, Henrique leur proposa un nouveau jeu. Cela ne les emballa pas beaucoup plus que les autres, mais ils participèrent tout de même. Et pendant un long moment ils se retrouvèrent tous les quatre à compter les voitures qu'ils croisaient. Draco comptait les rouges, Ioann les grises, Milo les blanches et Henrique les bleues. Ils avaient convenu que celui qui arriverait au plus grand nombre aurait droit à une double glace.
17h55.
Le portail du camping apparut devant la voiture au soulagement de Milo. La fin du voyage s'était passée dans un calme relatif. Draco avait bien un peu râlé en demandant s'ils allaient jusqu'en Chine mais rien de plus. Il se gara en soupirant sur le parking de la réception. Il descendit en ordonnant aux garçons de rester à leur place, qu'il reviendrait vite. Puis il s'étira et se dirigea vers le guichet de l'accueil. Après quelques difficultés de compréhension car même s'il parlait un peu le Français, Milo n'en avait pas moins un accent pas évident à comprendre. Il finit par ressortir avec le numéro de leur emplacement, et tous les papiers qu'ils avaient signés. Draco qui ne comprenait pas pourquoi il devait repartir dans la voiture, ronchonna une nouvelle fois alors que Ioann bâillait à s'en décrocher la mâchoire. Cinq minutes plus tard, il était devant un petit carré d'herbes et de terre portant le numéro quinze.
-C'est où qu'on va habiter ? Y a rien là, demanda Ioann.
-Nous allons faire du camping Io, il faut donc maintenant qu'on décharge la remorque pour sortir les tentes et les installer avant qu'on puisse dormir dedans.
-Je croyais que c'était comme à l'hôtel et qu'on aurait plus qu'à rentrer dans la tente, s'horrifia l'enfant.
-Et non, il va falloir travailler un peu plus avant de profiter des vacances.
-T'avais dit que c'était bientôt fini et quand on arrive tu dis qu'il faut encore en faire. T'es qu'un menteur, bouda-t-il en croisant les bras de façon brusque.
-Tu sais que si tu boudes, je ne suis pas sûr de venir t'aider à monter la tente et tu dormiras à la belle étoile.
-M'en fous, dormirais dans la voiture.
-Sauf que c'est moi qui aurais les clés, l'avertit Milo qui commençait à sentir la migraine poindre.
Ioann abdiqua mais garda une moue boudeuse accrochée à son visage tout le temps que les deux adultes déchargeaient le nécessaire vital à ces deux semaines qui ne s'annonçaient pas aussi bien qu'il l'avait prévu. Draco était resté en retrait mais n'en pensait pas moins. Il dirait à son père ce qu'il pensait de ses idées de l'envoyer en camping dès son retour !
18h33.
Un cri résonna, attirant l'attention des deux adultes. Milo se redressa alors qu'il était en train de fixer la grande tente à grands coups de sardines et maillet alors qu'Henrique quitta l'intérieur où il était en train d'arranger les armatures qui tenaient la toile. En effet, ils avaient prévu une grande tente familiale contenant une grande partie couchage qui servirait aux journalistes mais qui pouvait contenir jusqu'à quatre personnes. Puis il y avait un auvent avec porte en toile fermée par fermeture éclair où ils passeraient du temps si jamais il pleuvait. C'était également l'endroit où ils stockeraient les vivres, réchaud et mini frigidaire. Puis il y avait un petit emplacement qui pouvait servir de chambre d'appoint mais où ils rangeraient les affaires des garçons. A côté de cela, ils avaient emporté une canadienne où les deux garçons dormiraient.
Depuis trente minutes, ils s'étaient partagé les rôles, Ioann et Draco s'occupaient de monter la canadienne, Milo et Henrique leur tente. Sauf que visiblement les deux enfants étaient loin de pouvoir dormir dans la leur. Draco fusillait la toile qui s'était une nouvelle fois effondrée emportant les deux piquets sur le sol. Le plus jeune était assis au milieu des épines de Pin, le maillet à la main, regardant avec résignation ce qui devrait être sa chambre pendant quinze jours. Milo échangea un regard amusé avec son amant. Pour eux, c'était une promenade de santé. Etant journaliste de terrain, monter une canadienne ne prenait vraiment pas longtemps. Aussi Henrique indiqua au Russe d'aller les aider car il gérait pour le montage de la grande.
-Et bien les garçons, qu'est-ce qui se passe ici ?
-C'est nul le camping, grogna Draco en donna un coup de pied dans la toile posée au sol.
-Hey, tu n'as même pas commencé à voir ce que c'est. Je suis sûr que tu vas adorer.
-Oui ben là c'est nul ! La tente elle tient même pas. Elle tombe avant que Io puisse enfoncer les clous ! On peut pas utiliser la magie pour la monter ?
-Non, aucune magie tant qu'on est là. Et tu n'en parles même pas, avertit Milo. Ensuite, ce n'est pas des clous mais des sardines. Et vous vous y prenez mal. Vous ne m'avez pas écouté !
-On est fatigué aussi, ronchonna Ioann en se frottant les yeux.
-C'est pour cela qu'il faut vite monter la tente. Ensuite on mange vite fait et dodo. D'accord les garçons ?
-Tu nous aides ? Demanda le plus jeune.
-Oui. Allez, Ioann rentre dans la toile et enlève les piquets. Oui voilà. Maintenant on étale bien le sol de la tente et on referme les fermetures éclair de l'entrée. Maintenant Ioann, tu mets les sardines dans les trous comme ça. Tu vois, il faut un peu tirer pour bien tendre le fond et un peu enfoncer avec ta main pour que ça tienne un minimum. Maintenant Draco, tu enfonces toutes les sardines. Et tape fort, faut bien les enfoncer jusqu'au bout dans le sol. Allez-y maintenant.
Ioann se redressa prestement, soudain plus intéressé de travailler avec l'aide de son oncle que tout seul. Il suivit son conseil et trouva finalement amusant cette nouvelle activité. Draco se sentit également ragaillardi. La poitrine gonflée d'une nouvelle volonté, il s'efforça de se servir de toute sa frustration de la journée pour bien enfoncer toutes les sardines l'une après l'autre. Une fois que cela fut fait, les deux garçons se sourirent. Bon, la tente n'était pas encore montée mais au moins la première étape était faite. Milo leur ébouriffa les cheveux.
-C'est bien, maintenant, Ioann tu rentres à nouveau dedans. Et Draco tu lui fais passer le premier piquet. Io, tu le mets bien en place au fond et tu le tiens pour l'instant. Draco, met celui de devant.
-Moi je tiens toujours ? Demanda le plus jeune.
-Oui. Est-ce que tu peux aussi tenir celui de devant.
-Sais pas. Il est loin. Attends.
-Ne fais surtout pas tomber le premier sinon il faudra recommencer.
-C'est bon, je tiens les deux !
-Bravo. Tiens-les bien pour l'instant. Ça va bouger un peu mais tu ne lâches pas. Draco attrape la ficelle.
-Elle est où ?
-Elle était avec les sardines. Tu ne l'as pas perdu ?
-Ah, elle est là ! S'écria le Blond en levant la ficelle dans son poing vainqueur.
-Bien, apporte là. Tu la mets sur le morceau qui dépasse du piquet devant l'entrée. Tiens la bien en place le temps que je la fixe au sol. Voilà. Apporte-moi la toile du dessus maintenant. Regarde, les deux trous là c'est pour faire passer les deux piquets. Ensuite on la met dans le bon sens, et on la pose. Je vais vous le faire. Draco, tu m'aides à bien la mettre. Io c'est bon, sors de là et fais attention de ne pas cogner les piquets car ça tient mais ce n'est pas encore consolidé. Maintenant vous recommencez avec cette toile en la tendant bien avec les sardines comme pour la première fois. Mais cette fois faites bien attention à ce qu'elle ne touche pas celle de dessous. Sinon vous serez mouillés quand il pleuvra. Demain on creusera des petites rigoles tout autour des tentes pour drainer l'eau s'il doit pleuvoir. Mais ce n'est pas urgent. Je vous laisse finir, je vais aider votre oncle pour l'autre tente.
Il les encouragea d'une petite tape dans le dos avant de reprendre son maillet et de continuer sa fixation. Cette fois les cris qui s'élevaient étaient plus de l'amusement que du dépit. Les journalistes savaient que la fatigue les gagnerait rapidement mais pour l'instant, il valait mieux profiter de l'accalmie.
19h40.
Les tentes étaient montées, les matelas gonflables gonflés, les valises installées, tout comme le nécessaire de cuisine et le repas étaient en train de se finir. Ioann mangeait son abricot plus par mécanisme que par réelle faim. Ses yeux le piquaient de fatigue et il baillait à s'en fait mal. Il déposa son noyau dans l'assiette avant de s'appuyer sur le dossier de sa chaise en laissant ses paupières se refermer. A côté de lui, même s'il était assis droit et avec classe, Draco n'en menait pas plus large. Il n'avait qu'une envie c'était de se glisser dans ce sac de couchage qui avait l'air bien moelleux et qu'il avait mis sur son matelas.
-Allez les garçons. Venez, on va aller aux sanitaires pour se préparer pour la nuit et dodo, les motiva Henrique alors que Milo ramassait la vaisselle dans une bassine.
-Aux sanitaires ? Demanda le blond
-Oui, c'est le bâtiment qui est là-bas. Il y a les toilettes, les lavabos, les douches et les machines à laver.
-Faut qu'on aille là bas pour se laver, faire pipi et tout ? S'horrifia Draco en pâlissant. Avec tout le monde autour ? Mais mais …
-Respire Draco.
-Mais je veux pas ! Je veux rentrer à la maison et retrouver la salle de bain et ma chambre et tout et tout !
-A moins que tu ne veuilles reprendre la voiture pour refaire autant de route qu'à l'allé, tu ne vas pas avoir d'autre choix que de rester ici et te servir des sanitaires, fit remarquer le Brésilien avec un brin de fermeté.
-Viens Draco, tant pis pour la toilette avec les autres, moi je veux faire dodo, couina Ioann en lui attrapant la main.
-N'oubliez pas vos trousses de toilettes, votre serviette et le rouleau de papier toilette.
20h05.
Milo revint du bloc sanitaire avec la bassine de vaisselle propre sous le bras. Son amant s'était occupé des garçons et étant donné que la canadienne était refermée il pouvait convenir qu'ils étaient couchés. Henrique lui confirma quand il posa son butin sur la table avant d'attraper le torchon.
-Ils n'ont pas trop râlés ?
-Ioann était épuisé, il a un peu décidé Draco à ne pas faire d'esclandre au milieu des sanitaires. A mon avis, ils se sont endormis dans la minute où leurs têtes s'est posée sur l'oreiller.
-J'espère que ces vacances se passeront bien, soupira Milo. Ils sont plus réfractaires que je ne l'aurais cru à ce voyage à la Moldue.
-Comprends-les. Le voyage était vraiment long et ils n'ont pas l'habitude. Quand Severus et toi vous emmenez Ioann sur la tombe de sa mère tous les ans, c'est beaucoup plus loin mais vous faites le trajet par cheminette. Là c'est leur première fois en voiture, on est parti à trois heures du matin et ils ont été malades sur le bateau. Bon il a fallu qu'on arrive presqu'une heure en avance pour le ferry et on a fait des pauses. Mais ça ne fait pas moins de quinze heures au total.
-C'est vrai. Enfin on verra bien de quoi demain est fait, soupira le Russe en étendant le torchon sur une chaise alors qu'Henrique finissait de ranger la vaisselle. Allons-nous coucher nous aussi. Je gage que demain ils se réveilleront tôt et qu'il vaut mieux qu'on soit nous aussi éveillé si on ne veut pas qu'une catastrophe n'arrive déjà.
-J'approuve. Dis, ronronna le Brésilien alors qu'il refermait la fermeture de la porte derrière eux, quand on a dit pas de magie … même pas un petit sort de silence sur notre chambre ?
-Question qui mérite qu'on s'y attarde, répondit Milo pensif, en grattant son menton râpeux avant qu'une bouche avide vienne grignoter son cou. Huuum, on insonorise…
o0o
Dimanche 5 Aout 1991
Lorsqu'il se réveilla, Ioann fut surprise de voir autant de lumière dans sa chambre. Il se demanda s'il avait oublié de fermer les volets avant de se coucher. Puis quand il réussit à ouvrir les yeux, il remarqua que le plafond était très bas, en toile et que ce n'était pas du tout sa chambre. D'un coup les souvenirs de la veille revinrent et il se redressa en écarquillant les yeux. Il faisait du camping ! Il se rallongea sans grâce et en soupirant avant de grimacer. Si la veille son matelas était bien ferme, ce matin il était légèrement dégonflé et beaucoup moins agréable. Il se renfonça dans son duvet en grommelant après les idées idiotes de ses oncles quand un soupir se fit entendre.
-Dray ? Dray tu dors ?
-Avant que tu fasses du bruit oui.
-Oh, désolé.
-Pas grave. Alors j'ai pas rêvé, on est bien au camping Moldu et tout ?
-Si t'as rêvé alors moi aussi. Et on rêve encore… Et c'est pas un rêve très agréable.
-Je suis d'accord avec toi. Tu crois que si on reste tout le temps au lit, ils voudront bien qu'on rentre à la maison ?
-Je crois pas. Et puis le trajet il est très long, j'ai pas envie de recommencer aujourd'hui.
-T'as raison. Qu'est-ce qu'on fait ?
-On attend.
Draco hocha de la tête pour lui répondre avant de se retourner dans son duvet afin de faire face à son frère. Un bruit les fit sursauter. Quelque chose venait de tomber sur la toile de la tente et glissait progressivement jusqu'au sol.
-C'était quoi ? Demanda le Blond.
-Je sais pas et je veux pas savoir, répondit le plus jeune avant de se cacher dans son propre duvet, ne voulant pas imaginer le monstre qui était en train de les attaquer.
A quelques pas de là, Milo était paresseusement en train de répondre au baiser d'Henrique. Mine de rien il aurait bien dormi un petit peu plus. La veille avait été une journée vraiment épuisante et son corps réclamait encore du repos. Quand son amant se leva, il s'enfonça sous le duvet pour tenter de grappiller quelques instants de tranquillité supplémentaires. Il n'était pas idiot. Il savait d'après leur comportement de la veille, que les garçons ne seraient pas très enthousiastes et qu'il lui faudrait développer patience et sérénité pour ne pas les secouer à un moment ou à un autre.
Henrique ouvrit le auvent pour laisser l'air frais entrer avant de regarder autour de lui. Le village de vacances n'était pas très grand mais d'après ce qu'il en voyait, il était bien rempli. Il pouvait voir quelques emplacements de libres par-ci par-là et quelques caravanes de location non utilisées. Il était un habitué du camping sauvage. Avec sa famille, c'était souvent ainsi qu'il passait les vacances à découvrir les coins perdus du Brésil. C'était donc sa première expérience dans le monde assisté du village de vacances. Une radio diffusait un bulletin d'information un peu plus loin alors que les pleurs d'un bébé arrivaient jusqu'à lui. Le calme était là tout en étant doucement dérangé par le réveil de chacun. Des murmures venant de la canadienne le fit sourire et il revint dans la chambre aux côtés de Milo pour lui signaler que les deux petits monstres étaient réveillés. Le Russe marmonna quelques paroles qui se perdirent entre le duvet et l'oreiller avant de s'étirer et de se lever. Il enfila rapidement un caleçon, un bermuda et un tee-shirt avant de sortir, laissant à son homme le soin de préparer le déjeuner.
Ioann et Draco était en train de s'imaginer toutes les galères du monde auxquelles ils allaient être confrontés lors de ces vacances quand la fermeture éclair de la tente s'ouvrit. Ils se turent avant de voir la tête tout juste réveillée de Milo.
-Alors les Crapules, vous avez bien dormi ?
-Oui, ça va. Mais le matelas il est dégonflé et ça fait mal au dos, grimaça Ioann.
-Alors on le regonflera. Ça arrive des fois. Nous avons emprunté tout le matériel à des amis, il n'est donc pas neuf. Si jamais demain il est à nouveau dégonflé on vérifiera qu'il n'y ait pas de trou. Bien alors vous êtes prêts pour votre première journée au camping ?
-Non, répondirent-ils avec dépit.
-Tant pis pour vous. Maintenant debout, on déjeune et on va visiter les lieux. A onze heures, il y a un pot d'accueil pour les nouveaux arrivants dans le cœur du village.
-C'est quoi le cœur du village ?
-Alors j'ai vu qu'il y avait une salle pour les soirées, des jeux extérieurs pour les enfants et des terrains de sports. C'est à l'entrée du camp à côté de l'accueil et de la petite superette. Mais un peu plus près de nous, il y a aussi une piscine, deux terrains de tennis et deux tables de ping-pong.
-C'est quoi ? Demanda Ioann légèrement intéressé.
-C'est un sport Moldu. Et puis si vous êtes sages, en sortant du village, il y a un chemin à travers les Pins qui mène à un lac et on pourra y aller pour pique-niquer. Maintenant on se lève, le petit déjeuner est prêt.
-Oncle Milo ?
-Oui ?
-Tu m'accompagnes aux toilettes ? Rougit le plus jeune.
-Allez, je suis gentil ce matin et j'ai surtout envie d'y aller aussi. Alors levez vous, on y va tous les trois ensembles.
Milo ressortit de la tente et revint vers le auvent. Après un clin d'œil à son homme, il attrapa le rouleau de papier toilette. Les garçons le rejoignirent quelques instants plus tard, habillés de pantalons de toile, tee-shirt et chaussures. L'adulte se dit qu'il était temps qu'il fourre son nez là dedans et qu'il leur dégote des shorts et des sandales. Il était hors de question qu'ils restent habillés ainsi pendant les quinze jours qui allaient suivre. Collant le rouleau dans les mains de Ioann, il passa ses bras autour de leurs épaules et les entraina vers les sanitaires. Si la veille ils étaient fatigués et n'avaient pas retenu de grand-chose des derniers moments avant de dormir, en ce matin, ils ne purent que regarder avec curiosité tout autour d'eux.
-Pourquoi on prend le papier toilette avec nous ? Demanda Ioann en rougissant et en tentant de le cacher alors qu'une dame le regardait faire avec sourire.
-Parce qu'il n'y en a pas là bas.
-C'est nul ces toilettes ! S'indigna Draco.
-Peut-être mais je te conseille de ne jamais oublier le papier sinon tu devras faire sans. Allez, zou, prenez la file qu'on ne laisse pas passer notre tour.
-Pourquoi on fait la queue ?
-Parce que comme tu vois, il y a du monde. Ces trois cabines et les trois en face, sont des cabinets normaux. Il y en a trois autres derrière, qui d'ailleurs sont vides …
-Alors pourquoi on attend ? S'étonna Draco.
-Disons qu'ils sont un peu différents. Ce sont ce qu'on appelle des toilettes à la turc. Vous avez besoin de faire la grosse ou la petite commission ?
-La petite, répondirent en chœur les deux garçons.
-Alors on va aller derrière. Parce que je pense que vous n'aimerez pas faire la grosse commission dans ce genre de toilette là.
Il les entraina de l'autre côté de la cloison et Draco recula d'un pas en voyant l'inconfort des commodités. Ioann demanda comment on pouvait faire sans tomber dans le trou ou sans en mettre plein sur les chaussures. Milo rigola à leur air dégouté mais les invita à faire leurs affaires en premier. Et surtout à faire attention à leurs pieds quand ils tireraient la chasse.
De retour à la tente, les quatre vacanciers prirent un bon petit déjeuner détendu, oubliant ainsi tous les grognements et tensions de la veille. Draco ronchonna quand, après une petite incartade à la règle instaurée, Milo transforma trois de ses pantalons en short court ou de surfeur ainsi que deux paires de chaussures en sandales et en tong. Ioann fut logé à la même enseigne même s'il avait plus l'habitude de ce genre de vêtements que son frère. Par contre, les adultes ne purent que faire un concours de fou rire lorsque les deux jeunes firent leurs premiers pas avec les tongs. Ce fut Ioann qui arriva le premier à dompter ces nouvelles chaussures. Et pour bien le montrer et se vanter devant Draco, il se mit à sautiller avec. Henrique n'eut que le temps de l'appeler que le drame arrivait déjà. En faisant l'andouille, le garçon n'avait pas vu qu'il reculait progressivement vers la canadienne. Il se prit les jambes dans la ficelle avant de basculer les fesses les premières au sol … les jambes en l'air, bien posées sur la maudite ficelle.
-Et p'tit ange, ça va ? S'inquiéta Milo avec tout de même un sourire en fond.
-Oui mais j'ai mal sur la jambe là. Ça brule.
-C'est la ficelle qui fait ça. Lève-toi, on va mettre un peu de crème et ça va vite passer.
Milo l'attrapa par les bras, et le hissa fortement l'élevant bien au dessus du sol et de la ficelle, entrainant un cri de surprise de l'enfant. Puis alors qu'il le portait ainsi par les bras, Henrique glissa le tube de crème dans sa poche pour en profiter pour lui chatouiller les flans. Cette fois le cri tourna au rire avant que Draco ne s'en mêle et défende son frère en chatouillant le Brésilien. Bientôt Ioann se retrouva tranquillement dans les bras de son parrain alors que les deux autres se chamaillaient à grand coups de guiliguili devant les regards amusés des tous leurs voisins réveillés. Et malgré la petite brulure qui était apparu sur son mollet blanc, le jeune Snape oublia totalement sa blessure dans la bonne humeur ambiante.
Plus tard, au milieu d'un rassemblement de campeurs, les deux enfants s'ennuyaient. Comme prévu, après avoir visités le village de vacances, ils avaient rejoint tout le monde autour d'un pot de bienvenu. Sauf que tous parlaient français et qu'ils ne comprenaient rien. Par contre ils se jetèrent sur les petits gâteaux secs et le jus de fruit qui étaient alors proposés. D'autres enfants de leur âge, plus vieux et plus jeunes virent les voir mais la barrière de la langue agit et voyant qu'ils ne comprenaient pas, les petits français repartirent en courant s'amuser plus loin. Cela leur assombrit un peu plus leur moral. Les deux journalistes avaient bien vu qu'ils avaient que moyennement apprécié le pot d'accueil, aussi ils estimèrent que le concours de belote qui avait lieu l'après midi ne les botterait pas du tout. Aussi ils s'arrêtèrent à l'accueil pour louer des vélos afin de découvrir les environs d'une nouvelle façon. Mais là non plus, l'idée ne dérida pas les plus jeunes.
Pourtant, quelques heures plus tard, après avoir fait une grande promenade sur les petites routes au milieu des pins c'est de bonne humeur que Ioann et Draco se dirigèrent vers la piscine. Surtout que le lac à proximité leur avait assuré une certaine tranquillité. Peu de personnes étaient en train de se prélasser au bord de l'eau. Ioann installa sa serviette à l'ombre d'un petit buisson, en prenant soin d'enlever les petites pommes de pin qui étaient par terre. Draco étala la sienne pas très loin mais au soleil. Puis ils se précipitèrent vers le bassin en se bousculant avant de se jeter dans l'eau. C'est en riant qu'ils nagèrent un peu avant de tenter de se faire couler l'un l'autre. Finalement ces vacances n'étaient pas aussi nulles qu'ils l'avaient cru au départ. Ils râlèrent un peu lorsqu'Henrique les rappela à l'ordre afin de leur mettre une protection solaire. Mais quand Milo fut également grondé pour la même chose, ils retrouvèrent leur bonne humeur et se chargèrent eux même de le tartiner de crème.
Au repas du soir, les garçons étaient de nouveaux épuisés par une telle journée. Mais c'était surtout le changement, la vie au grand air plus que les activités qui les avaient fatigués. Pourtant ils regardèrent avec attention Henrique découper une bouteille en plastique en deux avant de retourner la partie goulot pour la renfoncer dans le fond.
-Qu'est-ce tu fais ? Demanda Draco.
-Je fais un piège à insectes. Il ne me reste plus qu'à mettre du sirop. Attrape-moi la bouteille. Merci. Et voilà.
-Mais comment ça marche ?
-Je vais la poser au pied de l'arbre là bas. Les guêpes et mouches aiment le sucre, elles vont être attirées et vont rentrer dedans pour se nourrir. Le problème étant que lorsqu'elles vont vouloir en sortir, elles n'y arriveront pas. Elles vont toujours sur le bord du récipient et volent vers le haut, elles se retrouvent donc coincées. Elles finissent par mourir et ne nous gênent plus quand on mange du melon.
-Pourquoi elles ne volent pas au milieu pour ressortir par le goulot ?
-Parce que ce n'est pas dans leur habitude de voler au milieu et surtout que la sortie est plus basse que les bords.
-Oh, répondit simplement Ioann en baillant. Ça marche aussi pour les moustiques ?
-Pas très bien non.
-Y a que Ioann qui peut les attirer, se moqua gentiment Draco, hein Moustique ?
-Pfff, lui répondit simplement Ioann
Il se frotta un peu les yeux et se dit qu'il dormirait bien quelques jours d'affilé pour se remettre. Draco sembla réellement dans la même situation car il n'avait plus sa verve traditionnelle. Cela n'empêcha pas Milo de les rattraper, un peu plus tard, alors qu'ils allaient se glisser dans leur tente pour passer une soirée tranquille.
-Hep, un instant les p'tits monstres. Où allez-vous comme ça ?
-Ben on va jouer un peu dans la tente avant de dormir, indiqua Draco en haussant les épaules.
-Ah mais vous avez oublié quelque chose. Ce matin c'est Henrique qui a fait la vaisselle et à midi c'était moi. Ce soir, c'est votre tour.
-Quoi ? S'indigna le blond.
-Pas de récriminations les garçons, avertit le Russe d'un air sévère pour étouffer dans l'œuf toute rébellion.
Cela fonctionna car Draco revint vers la table et attrapa la bassine de vaisselle. Mais cela ne l'empêcha pas de bougonner et de rouspéter alors que Ioann attrapait le produit et l'éponge en trainant les pieds. Arrivés au bloc sanitaire, ils firent le tour du bâtiment avant de retrouver les éviers. Draco haussa un sourcil. Il y avait une quinzaine de bacs qui s'alignaient devant eux et sur la droite, un dernier évier tout seul avec un robinet différent. Si on allumait l'eau en appuyant sur un bouton pour les quinze bacs, pour celui qui était seul, il fallait tourner le robinet. Et les garçons s'entreregardèrent pour savoir si l'autre avait une idée pour résoudre ce mystère. Mais comme aucun n'en avait, ils se mirent à émettre des hypothèses, tout en s'installant sur un évier. Une main sur l'épaule de Draco les fit se retourner. Une dame brune, assez jeune et qu'ils avaient croisé un peu plus tôt avec un bébé dans les bras.
-Bonjour les garçons, dit-elle dans un anglais peu sûr et fort d'un accent français. C'est votre première fois ici ?
-Oui madame, répondit Ioann.
-Je vous ai vu faire. Ça c'est l'eau chaude. C'est plus facile pour laver.
-Oh, merci.
Le sourire du petit brun la fit sourire également. Elle prit ensuite congé et les abandonna à leur vaisselle. Une chance pour eux qu'il n'était pas tôt et qu'ils n'étaient pas nombreux à faire la vaisselle. Sinon ils auraient surement paniqué de ne pas être à la hauteur de leur tache. Draco se chargea donc de mettre de l'eau chaude et du savon dans la bassine. Quand il se brula les doigts en voulant attraper une assiette, il revint vers les autres éviers et rajouta une bonne dose d'eau froide en secouant sa main blessé. Ioann lui attrapa les doigts et les passa sous le jet d'eau froide en lui disant que son père lui avait appris à calmer cette douleur là. Puis il attrapa l'éponge, se hissa sur la pointe des pieds et commença à frotter. A chaque ustensile savonné, il le déposait sur l'égouttoir à sa droite où Draco le prenait pour le rincer dans le bac d'à côté. Puis quand la dernière petite cuillère fut propre et prenant exemple sur les dernières personnes qui venaient de partir, Draco se chargea de rincer la bassine avant qu'ils ne la remplissent de vaisselle avant de rentrer, très fiers d'eux, vers la tente.
Henrique les attendait avec un torchon sur l'épaule tout en pariant avec Milo sur le combien de verres seraient cassés ou seraient à relaver. L'air orgueilleux des enfants les firent sourire. Ils inspectèrent leur travail avec minutie avant de déceler une fourchette et une assiette sales mais dans l'ensemble cette première fois était une réussite.
-C'est bien les garçons, vous avez bien travaillé.
-Evidement, on est les meilleurs, répondit pompeusement Draco en gonflant le torse alors que Ioann levait le nez tel un petit prince.
-Je confirme, intervint Milo. Un travail de pro. Vous allez pouvoir faire la vaisselle tous les midis alors.
Les petits clignèrent des yeux avant de perdre leur assurance. Puis ils croisèrent les bras en boudant, mais malheureusement le coup d'essai étant transformé, ils allaient réellement devoir faire cette corvée tous les jours à midi. Ils soufflèrent et soupirèrent mais attrapèrent leur trousse de toilette pour aller se laver les dents avant de filer dans leur duvet. Il était vingt et une heure trente et ils tombèrent comme des masses.
o0o
Lundi 6 Aout 1991.
Le lendemain matin, lorsque Ioann ouvrit les yeux, il ne put que ronchonner. Son matelas était encore plus dégonflé que la veille. Il se dit que la journée ne commençait vraiment pas très bien. Draco dormait toujours, avec une respiration profonde qui lui indiquait qu'il n'était pas prêt de se réveiller. Aussi le plus jeune décida de se lever. Il enleva rapidement son pyjama pour enfiler un short et un pull léger car mine de rien, il faisait assez frais ce matin là. Il sortit discrètement de la canadienne en refermant délicatement la fermeture éclair derrière lui. Evitant bien la ficelle, il remarqua que ses oncles devaient eux-aussi dormir, car le auvent était toujours fermé. Sa vessie choisit ce moment là pour se faire remarquer et il se dirigea automatiquement vers les sanitaires. Ce ne fut qu'une fois enfermé dans la petite cabine qu'il se rendit compte qu'il avait oublié l'essentiel. Le papier toilette ! Un affreux dilemme s'offrit à lui. Soit ressortir pour aller chercher le rouleau, soit rester et faire ce qu'il avait à faire quand même. Depuis que ses yeux s'étaient posés sur la cuvette devant lui, son envie était devenue encore plus pressante et il ne savait pas s'il serait capable de revenir à la tente. Il se demanda si le nerf optique était directement lié à la vessie car c'était assez énervant comme situation. Finalement il ressortit rapidement pour aller chercher son oubli et manqua de bousculer un homme qu'il n'aurait pas qualifié de vieux mais qui n'était pas tout jeune non plus.
-*Et bien mon garçon, tu as déjà fini ?*
Ioann le regarda avec le même air que Wattoo quand il tentait une discussion. Il n'avait rien compris. Il râla mentalement après Milo. Il avait beau avoir dix ans, il savait parler deux langues avec facilité, l'anglais et le russe. C'était beaucoup plus que la plupart des autres enfants de son âge. Alors pourquoi son oncle les avait emmenés dans un pays où il ne comprenait pas un mot ? L'homme reposa sa question ou du moins Ioann estima qu'il avait juste répété avant de lui répondre qu'il ne comprenait pas.
L'adulte le regarda avec surprise avant qu'une lueur de compréhension se fit. Le petit garçon n'était pas français. Il l'étudia un instant avant de remarquer quelque chose qui le fit sourire.
-*C'est ça que tu as oublié ?* Demanda-t-il en montrant bien le rouleau de papier hygiénique.
Ioann rougit fortement mais sembla comprendre la question et acquiesça d'un hochement rapide de la tête. Il s'apprêtait à repartir à la tente rapidement, et mort de honte, quand l'homme lui glissa le rouleau dans les mains et le poussa doucement dans la cabine. Il rougit un peu plus mais cette fois l'appel de la vessie s'étant couplé à celui de la grosse commission, il se déculotta et soupira en regardant le maudit papier. Il ne se ferait pas à l'idée de se trimbaler avec ça au milieu de tout le monde. Il se rhabilla et sortit, toujours aussi rouge avant de tendre le papier à l'homme en marmonnant un remerciement. Celui-ci sourit avant de prendre sa place.
Ioann alla se laver les mains dans le coin douche avant de se rendre compte que là non plus il n'avait pas pris de serviette. Aussi il secoua fortement ses mains avant de finir de les essuyer sur son pull. Puis il retourna à la tente tout en se grattant la clavicule. Il sourit en voyant que le auvent était ouvert et se précipita sur Milo qui était en train de s'étirer paresseusement.
-Et bien mon Ange, tu m'as l'air bien énergique ce matin. Et tu viens d'où ? Je n'ai pas entendu la tente s'ouvrir.
-J'étais aux toilettes, ronchonna Ioann en rougissant.
-Ça ne t'as pas mis de bonne humeur dis donc. Tu n'es pas constipé au moins ?
-Non ! Non c'est que j'avais oublié le papier…. Et un monsieur m'en a prêté.
-Tu verras, tu prendras vite le coup. Ton frère dort encore ?
-Il dormait quand je me suis levé. On déjeune ? J'ai faim.
-Allez, je te prépare ça.
-Il est où Henrique ?
-Sous la douche. Attrape les bols et les couverts le temps que je fasse chauffer le lait. Sors aussi des affaires pour Draco, sinon il va râler qu'on ne pense pas à lui quand il se … Ioann ça va ?
-Ça gratte, répondit l'enfant en se grattant furieusement dans le cou.
-Arrête ça où tu vas t'irriter un peu plus, avertit doucement Milo en lui attrapant la main pour voir ce qu'il avait. Je vais te mettre un peu de crème. J'ai toujours dit que tu étais mignon à croquer. Les moustiques sont d'accord avec moi. J'irais acheter un spray à la citronnelle pour ce soir, afin de limiter les futures piqures. Mais pour l'instant ne gratte pas. Est-ce que ça te démange ailleurs ?
-Sur le côté-là et sur la cuisse.
-Et bien, ça été un festin cette nuit dans la canadienne. Boude pas, ça arrive très souvent. Voilà, la crème va calmer les démangeaisons. Maintenant finis de mettre la table, je vais me laver les mains.
Milo coupa le feu sous la casserole avant de se diriger vers les sanitaires, un torchon sur l'épaule. Quand il revint en compagnie de son homme, Ioann avait attaqué le pot de confiture alors que Draco émergeait tout juste. Le russe ne put résister. Il l'attrapa dans ses bras et profita qu'il était encore à moitié endormi pour le câliner un peu avant de lui coller un baiser sur la joue. Le garçon ne réagit même pas et profita de la situation avant de sourire au bisou. Tous les quatre s'installèrent autour de la table pour le premier repas de la journée.
-Alors les garçons, qu'avez-vous de prévu pour aujourd'hui ?
-Piscine ! S'écria Ioann qui raffolait des jeux aquatiques.
-Toute la journée ?
-Oui ! Moi je veux toute la journée !
-Bien, journée très mouillée alors, sourit Henrique. N'oubliez pas de vous protéger du soleil. Vous avez une peau très pâle qui craint le soleil.
-Par contre, j'aimerais que vous fassiez une petite sieste après le repas de midi. Ce soir, continua Milo en haussant la voix pour couper court aux récriminations, il y a un théâtre interactif au village et nous y allons tous ensemble. Vous allez donc vous coucher tard.
-C'est quoi ? demanda Ioann qui avait perdu de sa bonne humeur.
-Je ne sais pas trop ce qu'ils veulent dire par interactif, mais cela ne peut être qu'amusant à voir.
Les garçons comprirent qu'ils n'avaient de toute façon pas le choix et décidèrent, d'un accord muet, de tout faire pour être complètement épuisés d'ici le soir… quitte à faire semblant de dormir et de zapper la sieste.
Mais malheureusement, le soir arriva rapidement. Trop de l'avis des plus jeunes. Ce fut de mauvaise fois qu'ils suivirent leurs oncles dans la salle du village. Il y avait déjà du monde d'arrivé et la plupart des sièges étaient pris. Ce fut un Draco plus que boudeur et un Ioann peu motivé qui s'installèrent au deuxième rang, entourés par les deux adultes. Le petit brun était tout de même un peu intrigué. Il n'y avait pas d'estrade, juste un large espace arrondi entre le mur du fond et les premiers sièges. Le décor était sommaire : des tissus rouges, orange et noirs étaient étendus ou posés de façon bouffante. Une grande malle était posée en plein milieu de la scène. Une armoire, une table et une chaise installées sur un tapis qui devait avoir déjà connu plusieurs vies. L'attente fut longue et un petit prince devenait de plus en plus intenable. Il se prit une tape derrière la tête avec l'ordre d'arrêter son cinéma mais il ne fit que tenter de fusiller le journaliste en retour. Peine perdue. Il n'avait pas la prestance de son père pour intimider des habitués au regard Malfoy.
A l'heure prévue passée de cinq minutes, un homme habillé d'un costume du début du siècle, une cape marron à petits carreaux sur les épaules, une sorte de casquette dans le même tissu et une pipe à la bouche arriva et s'arrêta devant la malle. Il se racla la gorge et tira sur sa pipe en attendant d'avoir l'attention. Ioann chercha des yeux le reste de la troupe mais à moins qu'il soit caché dans une pièce à côté, il ne voyait rien.
-*Bonsoir à tous, bienvenus dans mon monde théâtral. Sûr que certains d'entre vous se demandent ce que le mot « interactif » signifie. N'est-ce pas ?*
Quelques murmures circulèrent doucement dans l'assistance alors que Milo traduisait aux garçons.
-*Bien, nous sommes déjà en retard, alors je ne vais pas faire durer le suspense un peu plus. Cette pièce de théâtre sera unique. Comme tous les soirs. Pour la simple raison que les acteurs … ce sera vous !*
Cette fois un brouhaha répondit alors que des rires ponctuaient le tout. Draco râla un peu plus, signalant que ce n'était pas une vraie pièce de théâtre s'il n'y avait pas de vrais acteurs. Mais étrangement même Ioann ne l'écouta pas. En effet le petit brun était plus intrigué qu'autre chose. Car comment faire une pièce avec des gens du public, sans entrainement et qu'elle soit si bien que le monsieur recommence tous les soirs ?
-*Nous allons jouer une énigme policière. Je serais moi-même le détective privé qui résoudra l'affaire. Mais il va me falloir du monde pour donner vie à tout cela. Dans cette malle là, il y a tous les costumes nécessaires pour cela. Il me faudrait un homme… avec une moustache… voyons voir … monsieur ? Non ? Tant pis … ah vous, oui oui vous là… parfait ! Comment vous appelez-vous ?
-*Michel*
-*Très bien, on applaudit Monsieur Michel. Maintenant, il vous faut une femme. Vous préférez une blonde, une brune ? Peu importe, de toute façon, c'est que pour ce soir. Madame ! Ne vous cachez pas. Je suis sûr que vous avez toujours rêvé d'avoir un homme comme Michel dans votre vie. Je suis généreux ce soir et je vous l'offre, votre homme ! Je ne vous ferais pas l'offense de vous demander votre âge, mais votre nom m'intrigue*
-*Danielle.*
-*Parfait. Michel et Danielle, vous voici mari et femme. Pour ce soir en tout cas. Hum. Il vous faut un enfant. Un garçon ou une fille. Qui veut venir ?*
Et alors que plusieurs enfants levaient la main en criant, Milo continuait de traduire aux deux garçons qui tentaient de se faire le plus petit possible. Une petite fille fut appelée, suivie par deux hommes devant jouer le frère et le cousin de Michel, un autre homme devant être le majordome, trois femmes trouvant le rôle de cuisinière, de voisine et belle-sœur. Deux autres jeunes enfants vinrent rejoindre le tableau.
-*Voyons voir, il nous reste encore un rôle. Il me faudrait un homme.*
Après quelques instants de calme relatif, personne ne sembla se décider.
-*Bien, alors … toi là, oui, le petit blond. Ne te cache pas derrière ton père, tu sais très bien que je t'ai vu.*
Draco était pétrifié. Il ne comprenait pas ce que l'homme disait, mais il avait bien saisi qu'il voulait qu'il aille sur scène. Il tourna son regard affolé vers Milo qui lui traduisit aussitôt.
-*Oh, mais ce jeune homme n'est donc pas français.*
-*Il est Anglais* Répondit Milo dans un français chaotique.
-*Et vous monsieur, jusqu'où êtes vous prêt à aller ?*
-*Que me proposez-vous plutôt ?* Demanda Milo en haussant un sourcil.
-*Je continue à penser que ce garçon serait parfait pour le rôle de mon compagnon d'énigme. Mais il a besoin de vous pour traduire. Alors je rajoute un rôle dans cette affaire. Mais n'ayant pas de costumes à l'infini, il vous faudra vous contenter d'être la servante de Michel et Danielle. Acceptez-vous de jouer le jeu ?*
Milo fit mine de réfléchir avant de regarder le blond qui le suppliait du regard.
-*Je crois bien que ça me tente.*
-*On applaudit ce charmant homme et son fils. Quels sont vos noms ?
-*Milovan et Draco et ce n'est pas mon fils mais mon neveu* Répondit le Russe avant de se tourner vers le garçon. Allez Morveux, on va montrer aux autres ce qu'on est capable de faire.
-Hey mais je veux pas moi ! Pourquoi il prend pas Ioann ?
-Parce que c'est toi qu'il veut, ricana celui-ci, les yeux brillant de voir son frère dans cette situation.
Draco se fit trainer par un Russe motivé qui finit par lui dire qu'il était en train de se ridiculiser devant tout le monde alors qu'il devrait montrer la fierté des Malfoy. Cela suffit à stopper ses récriminations et il commença à regarder tout le monde de haut. Un peu plus tard, alors que Madame Danielle était habillée d'un boa noir et d'un chapeau à plumes, que monsieur Michel s'amusait avec sa canne et son monocle, que Milo arborait un joli tablier et un plumeau alors que Draco portait les mêmes cape et casquette que l'homme de théâtre, la pièce commença. Le présentateur expliqua qu'un meurtre avait été commis, qu'il s'agissait du patriarche, le père de Michel. Il aurait été poignardé avec un couteau à pain dans son bureau. Le rôle des participants étant de répondre à ses questions de façon à défendre leur innocence alors que Draco et lui devaient mener l'enquête.
Une heure plus tard, Ioann riait aux éclats. Henrique lui traduisait au mieux afin qu'il comprenne le principal. La pièce était drôle car chacun s'emmêlait les pinceaux et le Sherlock tournait tout d'une manière hilarante. Milo prenait son rôle très à cœur et s'était grandement féminisé au grand dam de Draco qui était souvent rouge de honte. Il ne comprenait pas tout lui non plus mais pourtant, il prit très rapidement du plaisir à chercher des conclusions avec le professionnel. Il fit même remarquer que l'un des personnages s'était contredit, le mettant en position de coupable. Quand Sherlock se gratta le menton avant de le féliciter de son intuition, il fit un grand sourire fier et hautain qui aurait beaucoup plu à son père. Il s'avéra finalement que c'était le frère de Michel le coupable et que l'héritage était le mobile. La pièce en elle-même n'était pas du Shakespeare, mais elle avait eu l'avantage d'avoir fait rire tout le monde. De retour à la tente, Draco était intenable. Il ne se lassait pas de se vanter auprès de Ioann de tout ce qu'il avait fait. Et si Henrique dut les reprendre une fois, ils s'endormirent comme des bébés.
FIN DE LA PARTIE 1.
